You are currently viewing W Project, le tour du monde des entrepreneurs

W Project, le tour du monde des entrepreneurs

Salut Adrien ! Si j’ai bien compris tu fais le tour du monde en faisant partie du « WProject » c’est ça ?

Salut ! Exactement, je suis parti avec 2 amis Justine qui est à l’EDHEC et Guillaume de TBS. On parcourt le monde pour rencontrer et interviewer des entrepreneurs français qui ont décidé de s’expatrier pour monter leur startup. On se focalise plus particulièrement sur le thème de l’innovation technologique. Le but est de partager avec le plus de monde possible l’expérience de ces entrepreneurs.

Alors d’abord, qu’est-ce que le « WProject » ?

Le « WProject » est une plateforme en ligne qui propose gratuitement des centaines de portraits d’entrepreneurs français à l’étranger, des reportages écosystèmes, des fiches pays et bien plus encore pour donner un maximum d’informations aux français qui souhaitent créer leur boîte à l’étranger. En fait, c’est une association qui a été créé il y a 6 ans et qui envoie chaque année des groupes d’étudiants faire le tour du monde pour rencontrer ces startupers et enrichir sa plateforme (wproject.fr).

Qu’est ce qui t’a poussé à rejoindre ce projet ?

Ça fait un bail que je m’intéresse au monde des startups : pendant ma dernière année de licence (je suis AST) j’ai créé une asso entrepreneuriale à la Catho de Lille avec des potes dont Guillaume, ça s’appelait, et ça s’appelle toujours d’ailleurs, l’Instant Startup. On organisait des conférences avec des entrepreneurs qui venaient partager leur expérience avec les étudiants. J’avais aussi un projet entrepreneurial en arrivant à l’em (projet que j’ai un peu mis de côtés aujourd’hui). Pour ce qui est du « WProject » , ça m’est un peu tombé dessus par hasard (rires). En fait, c’est Justine qui a rencontré le président de l’asso pendant un apero startup à Paris. Ils se sont bien entendus. Il lui a présenté le projet et elle a directement accroché. Ensuite, elle en a parlé à Guillaume qui m’en a parlé et l’équipe était montée. C’était au mois d’octobre dernier. Pour moi qui suis à la fois un passionné de vidéos et de startups c’était le stage parfait !

Ton rôle c’est interviewer les entrepreneurs et faire des reportages vidéos ?

Entre autres oui. On bosse tous les trois sur les mêmes choses. Il n’y a pas vraiment de rôles attribués. Le boulot principal c’est donc effectivement de réaliser des portraits vidéo d’entrepreneurs mais on fait aussi d’autres missions pour nos sponsors comme des reportages en mode « guide d’expatriation » plus tournés PME pour BPI France, mais aussi des panoramas innovations pour le CIC, des infographies, du sourcing, etc.

Combien de temps dure ton tour du monde ?

Notre tour du monde dure 5 mois pendant lesquels on visite 10 pays : États-Unis, Mexique, Colombie, Chili, Australie, Singapour, Malaisie, Hong-Kong, Emirats Arabes Unis et enfin Turquie.

Que t’as apporté ce voyage pour l’instant ?

Ce voyage m’a apporté énormément de choses ! A chaque rencontre, j’en apprend plus sur une façon de travailler, des nouveaux secteurs, des nouvelles technologies, etc. En nous racontant leur expérience les entrepreneurs que nous rencontrons nous expliquent notamment ce qu’il faut faire ou ne pas faire lorsque l’on créé une entreprise. Ce voyage nous permet aussi d’en apprendre plus sur les cultures de chaque pays que nous visitons. D’un point de vu perso c’est aussi super formateur, je suis 90% du temps hors de ma zone de confort ce que me pousse à être plus attentif à mon environnement, à aller vers les gens, à saisir chaque opportunité qui se présente ! Bon et puis y a aussi le réseau haha, mon LinkedIn se remplit de jour en jour et je sens que ça me sera très utile quand je chercherai un stage ou que je me lancerai dans le monde actif.

Quels sont les points communs entre les différents entrepreneurs que tu as rencontrés ?

Tous les entrepreneurs que l’on rencontre sont différents, ils ont tous vécu une histoire unique qui les a conduits à créer leur entreprise et c’est peut-être ça leur point commun : on ne naît pas entrepreneurs, on le devient et c’est notre parcours, nos expériences, nos rencontres, notre histoire qui nous pousse vers l‘entrepreneuriat. Bon, bien sûr après avoir rencontré plus de 50 startupers différents on repère certains points communs. Par exemple,  ils se lancent toujours dans l’aventure pour répondre à un problème, quelque chose qui les choque ou qui les dérange dans leur vie perso ou pro, et non pas pour simplement payer les factures ; comme le disait un de nos interviewé « ils veulent changer le monde, ils veulent make the world a better place ». Autre point commun, ce sont à chaque fois des passionnés, et c’est cette passion qui leur permet d’enchaîner les nuits blanches à bosser, de ne pas s’effondrer au premier obstacle, au premier coup dur, et du coup de réussir !

Qu’est ce qui les a poussés à quitter la France ?

La plupart du temps ils atterrissent dans un pays étranger pour des raisons autres que la création de leur startup (conjoint qui s’expatrie, retour là où ils ont grandi, offre d’emplois, VIE, études…) et c’est une fois sur place qu’ils décident de se lancer dans l’entrepreneuriat. Bien sûr dans certains cas ils choisissent de quitter la France (et c’est surtout le cas pour les entrepreneurs que l’on a rencontré à San Francisco) pour les opportunités qu’offre le pays. Bien que la France soit en bonne voie pour devenir une véritable startup nation, la Silicon Valley continue de proposer des avantages incomparables à ce que l’on trouve chez nous. Déjà d’un point de vue financier, à SF si votre pitch est bien ficelé et que vous connaissez les bonnes personnes vous pouvez rapidement lever des millions de dollars. On a par exemple été dans des quartiers de San Francisco où l’investissement annuel dans des ventures était supérieur à celui de la France prise dans son ensemble (le quartier de SOMA par exemple, cumule à lui seul plus de huit milliards de $ investis par an). Et puis c’est là que vous trouverez les meilleurs développeurs du monde, ce qui est un point non négligeable quand on veut devenir le  prochain Uber.

Pensent-ils revenir en France un jour ?

Honnêtement : non. La plupart du temps ils ont trouvé un cadre de vie qu’ils ne retrouveront jamais en France. Pour beaucoup retourner à Paris serait même un cauchemar. C’est un choix difficile que de s’expatrier et de commencer une vie à zéro sans ses proches et sans point de repère mais c’est bien souvent un choix réfléchi et définitif.

Envisages-tu de les imiter plus tard ?

Pour ce qui est de créer mon entreprise je n’ai aucun doute sur le fait que je tenterai l’aventure comme eu,  un de ces jours. Une fois que t’as goûté à l’entrepreneuriat c’est difficile de se sortir ça de la tête et encore moi j’y ai goûté par procuration !

Pour ce qui est de quitter la France… là c’est moins sûr. Je suis vraiment attaché à mon pays (sans pour autant être chauvin) et je suis persuadé qu’il y a pleins d’opportunités à saisir ici.

Peux-tu citer une rencontre qui t’a marqué ?

Houlà ! Pas évident d’en choisir une ! Beaucoup de rencontres m’ont marqué, je pense notamment à Robin qui nous a gentiment hébergé à SF après qu’on ai posté un message sur le mur Facebook des Français à San Francisco. On pourrait faire un film sur son histoire ! Il a fait un BTS Électronique en France avant de se rendre compte que ça ne lui plaisait pas du tout. Du coup, il se lance dans l’informatique dont il avait eu un aperçu lors de sa formation précédente. Il rentre dans une école du web à Paris et se spécialise en Web Design. Au bout d’un moment, il se lance dans l’élaboration de son portfolio (l’équivalent du « book » pour un mannequin). Il s’enferme pendant plus de trois mois dans sa chambre d’étudiant en banlieue parisienne et commence à re-designer des sites internet français comme celui de Mercedes ou d’Allo Ciné histoire de montrer ce dont il est capable. Une fois son travail achevé il le poste sur Twitter en disant tout simplement « here is my portfolio, tell me what you think about it ». Il se rend ensuite à un match de foot au Stade de France avec un copain. Lorsqu’il sort du stade et qu’il retrouve du réseau il n’en croit pas ses yeux. Il a reçu pas moins de  cinquante-deux mails (et il continue d’en recevoir d’ailleurs) de la part de boîtes  comme Nike, Facebook, Google, Airbnb, Uber et notamment l’équivalent du Zidane du webdesign qui lui dit qu’il est en train de monter une agence à SF et qu’il voudrait qu’il soit de l’équipe. Aujourd’hui, Robin bosse dans une des agences de web design les plus demandées de la Silicon Valley et passe la plupart de ses semaines chez Google, Waze, Airbnb, Apple … Le rêve américain existe donc toujours !

Le pays que tu as le plus apprécié pour l’instant ?

Pas évident comme question ! J’ai eu un énorme coup de cœur pour Sydney. Le cadre de vie est juste fabuleux ! La ville est magnifique, à côté de la mer. Il y fait un temps sublime toute l’année et les températures descendent rarement en dessous de 20°C. Et puis, il suffit de faire deux heures de voiture pour tomber sur des paysages à couper le souffle : plages paradisiaques, forêt tropicale, bush, désert, et j’en passe. Et puis, les gens ont une super mentalité. Ils sont très ouverts, très friendly.  Ils ont une véritable culture du bien vivre (sport, nourriture healthy, séparation vie pro – vie perso). Et d’un point de vue business, malgré un marché relativement petit, c’est très dynamique et c’est un bon point de départ pour ensuite attaquer le marché asiatique.

Est-ce qu’il y a un aspect du sujet qui te semble important sur lequel tu n’as pas pu t’exprimer ?

Je crois qu’on a bien fait le tour (rires). C’est une expérience géniale et super enrichissante. Honnêtement, je souhaite à tout le monde de la vivre au moins une fois dans sa vie. J’ai l’impression d’avoir plus appris pendant ces cinq mois qu’en quatre ans d’études (j’exagère à peine) ! Aujourd’hui, l’entrepreneuriat tient une place centrale dans notre société car nous sommes à une période charnière de notre histoire. Les entrepreneurs auront sans aucun doute un rôle primordial à jouer dans cette transition. C’est pour ça que des initiatives comme le Wproject sont très importantes. Aujourd’hui beaucoup trop de gens se font une fausse idée de ce qu’est l’entrepreneuriat et ont peur de se lancer dans l’aventure. Créer sa startup ce n’est pas réservé aux génies d’Harvard ou du MIT. Aujourd’hui, avec les moyens mis à notre disposition, on peut créer sa boite avec un euro en poche, du moment qu’on est motivé, passionné et que l’on veut vraiment changer les choses. Autre point important, que l’on rencontre beaucoup en France, il ne faut pas avoir peur de crasher sa première boîte, au contraire, il faut intégrer cette éventualité et se dire que ce n’est qu’une étape de plus vers la réussite.

 

Pour plus d’infos, visitez leur site : https://www.wproject.fr/