Entrés à emlyon en septembre 2019, Benjamin Hautin et Dorian Zerroudi se consacrent au développement du média Mister Prépa, aujourd’hui suivi par plusieurs milliers de candidats aux Grandes Ecoles. Entre vie d’entrepreneurs et d’étudiants, ils reviennent avec nous sur leur aventure et leur quotidien.
Bonjour, pourriez vous, d’abord, nous présenter plus en détail Mister Prépa ?
Benjamin : Mister Prépa est avant tout un collectif d’étudiants de Grandes Ecoles (HEC, ESSEC, ESCP, emlyon, EDHEC, GEM, SKEMA, NEOMA et TBS) qui ont à cœur d’inciter les jeunes étudiants à tenter des études audacieuses en produisant du contenu au quotidien sur les réseaux sociaux et par un magazine imprimé en 10 000 exemplaires.
Dorian : Exact, nous travaillons main dans la main avec les écoles de commerce pour les aider à mieux se mettre en avant auprès des candidats. Nous savons à quel point les écoles se concurrencent entre elles et il n’est pas toujours facile de faire son choix au moment de l’intégration, nous travaillons donc d’arrache pied pour présenter les écoles en toute transparence, c’est un aspect très important pour nous.
Pourquoi avoir décidé de créer un média à destination des candidats aux écoles de commerces ? Qu’attendiez-vous de ce projet à son lancement ?
Benjamin : Avant toute chose, je précise que j’ai lancé cette initiative bien avant mon intégration à emlyon. Avant d’intégrer emlyon, j’ai arrêté les études pour financer ma scolarité. J’ai donc enchaîné pendant des mois les missions intérim à droite, à gauche. En parallèle de ces missions, j’ai lancé un compte Snapchat pour aider les étudiants en philosophie et en économie. Je n’avais pas soupçonné que ce concept plairait autant et que les étudiants se passeraient très vite le mot entre eux. En quelques mois, le compte fut suivi par environ 1 000 étudiants de CPGE à travers la France ! C’est alors que les directeurs de la communication de plusieurs Grandes Ecoles de commerce ont commencé à s’intéresser à l’initiative et m’ont proposé d’aller plus loin en lançant et en structurant un vrai média en collaboration avec eux. Je n’avais aucune expérience en communication, ni en entrepreneuriat d’ailleurs mais je me suis dit « pourquoi pas ? ». Ce fût la genèse de Mister Prépa. Suite à cela, de nombreux amis de différentes écoles, qui avaient tous performé aux concours, ont voulu rejoindre le mouvement !
Dorian : J’ai rejoint Benjamin quelques mois après le lancement, une fois ma classe préparatoire terminée. Je suivais déjà le projet de très près lorsque j’étais préparationnaire et avais échangé avec Benjamin à plusieurs reprises par téléphone et lors de mes oraux à GEM où nous nous étions rencontrés par hasard. M’orienter vers une entreprise EdTech (ndlr. le terme EdTech est né de la contraction des termes « éducation » et « technologie » et désigne les technologies destinées à faciliter l’apprentissage) à destination des préparationnaires fut pour moi une suite logique au moment de mon intégration en école. J’ai extrêmement bien vécu mes deux années de CPGE, je me suis découvert une réelle passion pour les mathématiques et l’économie et ne voulais pas arrêter cela subitement. La transmission, le partage, l’égalité des chances sont des valeurs qui me sont chères et qui font partie intégrante de l’esprit Mister Prépa.
Quel a été le défi le plus important lors de la création et le développement de Mister Prépa ?
Benjamin : Pour la création, je dirais le fait d’être seul, au début, et de devoir croire en mon projet quand personne ne pariait dessus. En ce qui concerne le développement ce fut la gestion du temps. À l’heure actuelle, nous sommes suivis par plus de 8 000 candidats et collaborons avec une quinzaine de Grandes Écoles. Nous nous rendons compte aujourd’hui que cela demande un investissement total, et que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps inutilement. Une fine gestion de notre emploi du temps a donc été, et est toujours, un défi important.
Dorian : Je n’étais pas présent à la création même de Mister Prépa mais j’ai rejoint le projet aux prémices de son développement à partir de l’été 2019. Le plus grand défi à ce moment-là résidait dans la structuration générale du média. En effet, nous avons pour ambition de devenir une référence dans le milieu des Grandes Ecoles et cela passe par la régularité dans le travail, la qualité des contenus fournis ainsi que le développement d’une multitude de projets qui demande un temps considérable.
Le fait d’être étudiant à emlyon a-t-il été un apport pour mener à bien ce projet ?
Benjamin : La flexibilité du Programme Grande Ecole d’emlyon m’a été utile après le lancement de Mister Prépa. J’ai, en effet, pu valider des cours grâce à mon expérience entrepreneuriale. Nous sommes aussi suivis par l’accélérateur Ed Job Tech de l’école, qui nous aide à franchir des paliers lorsque d’importantes questions apparaissent telles que la gestion optimale du chiffre d’affaires et du REX (ndlr. résultat d’exploitation) ou les grandes tendances et défis de l’industrie Edtech par exemple. Nous n’avons ni du temps, ni de l’argent à perdre !
Dorian : Pour être honnête, en arrivant à emlyon je ne pensais pas du tout me lancer dans l’entrepreneuriat. Je pense vraiment que c’est l’état d’esprit early maker de l’école, qui nous incite à entreprendre et qui m’a fait aimer ce milieu. Et, une fois qu’on y goûte, c’est difficile d’en sortir. J’ai par exemple pu mettre à profit mes cours de codage pour le développement du site et de manière générale notre expérience entrepreneuriale nous a permis de valider des cours comme PCE (ndlr. Projet Création d’Entreprise).
Vous êtes donc étudiants et chefs d’entreprise ! Comment parvenez-vous à concilier les deux ?
Benjamin : Ce n’est pas toujours évident mais c’est possible avec une organisation poussée et un plus faible temps de sommeil je dirais !
Dorian : Ce n’est pas toujours chose facile car il faut trouver un équilibre entre la gestion et le développement de sa boîte, ses cours et sa vie étudiante. Il faut, de fait, être organisé et efficace, faire des concessions et prendre des décisions importantes. Mais c’est aussi ça qui fait la beauté et le challenge d’une expérience entrepreneuriale.
Maintenant que Mister Prépa est bien connu sur le plan national, quelle est la suite pour vous ?
Benjamin : Nous sommes en train de nous diversifier. Beaucoup d’étudiants hors prépa nous contactent, Mister Prépa n’est donc plus suffisant. En parallèle de cela, nous voyons, en tant qu’étudiants, le besoin d’information de nos camarades d’écoles de commerce et d’ingénieurs. Nous travaillons donc depuis quelques mois au lancement de Planète Grandes Écoles, un nouveau média axé autour de l’actualité des Grandes Écoles de commerce, d’ingénieurs ainsi que d’entreprises, à l’instar de Bpifrance, Wavestone ou EY par exemple.
Dorian : Nous venons de prendre nos bureaux à Lyon pour notre équipe lyonnaise. En Septembre, nous emménagerons également à Paris où nous allons investir dans un vrai studio vidéo pour réaliser un grand nombre d’opérations. C’est fou de voir l’évolution et l’ampleur qu’a pris Mister Prépa ! En effet, nous étions à la base un simple compte Snapchat, ensuite nous nous sommes développés sur différents réseaux et avons lancé notre magazine mais aussi un certain nombre de concepts innovants notamment pendant le confinement.
Vous êtes à la fois étudiants à emlyon et directeurs d’un média censé être indépendant… N’avez-vous pas peur d’être à la fois juges et parti ?
Benjamin : Pas du tout. Nous savons bien faire la part des choses et différencier notre casquette d’étudiant de celle de média totalement indépendant. Le fait d’être étudiant à emlyon est un atout qui nous permet d’avoir une vision plus objective de l’école que nous présentons aux candidats. Nous travaillons d’ailleurs avec un certain nombre d’écoles directement concurrentes d’emlyon, comme tous les autres médias en fait !
Dorian : Exactement, je rappellerais aussi que Mister Prépa est un collectif d’une vingtaine d’étudiants issus d’une dizaine d’écoles différentes. Chaque membre de l’équipe occupe un rôle très important et nous représentons l’ensemble des écoles avec lesquelles nous collaborons, en insistant toujours sur la notion de transparence qui est fondamentale pour nous !
Que souhaiteriez-vous nous dire pour conclure ?
Benjamin : Je dirais qu’être entrepreneur, ce n’est pas courir après l’argent. L’argent, ça va , ça vient. Chaque jour, des riches deviennent pauvres et des pauvres deviennent riches. Le temps, en revanche… part et ne revient jamais. Il faut donc l’utiliser à bon escient. Faîtes avant tout ce qui vous fait vibrer, et vous verrez que vous le ferez si bien que tôt ou tard, des gens seront prêts à payer pour cela. Un modèle économique pourra en découler et vous permettre de construire quelque chose d’intéressant. C’est ce qu’on peut appeler une fenêtre économique. Cherchez l’impact, avant toute chose !
Dorian : Je recommanderais vraiment à tous les étudiants désireux d’entreprendre de le faire ! Nous sommes jeunes et c’est le moment où jamais pour se lancer. Au mieux vous montez une boîte qui marchera par la suite, au pire vous aurez acquis de nombreuses compétences qui seront valorisées par la suite car vous avez osé et pris des risques !