You are currently viewing Action pour le climat : coup de chaud pour la planète (Diplo’mates)

Action pour le climat : coup de chaud pour la planète (Diplo’mates)

  À l’ouverture de la COP 23 à Bonn, l’ONU, par l’intermédiaire de son Programme pour l’Environnement (PNUE), dressait un effrayant bilan : 2017 serait l’année la plus chaude jamais enregistrée (2016 et 2015 occupant respectivement la deuxième et la troisième place du podium). Au-delà de l’augmentation des températures – dû à l’effet de serre, lui-même résultat de l’accumulation des Gaz à Effet de Serre (GES : CO2, méthane…) dans l’atmosphère des années précédentes –, le volume des émissions a recommencé à augmenter. 2 ans après la COP 21 à Paris, les premiers constats sont donc alarmants : du fait du manque d’efforts fournis, nous « sommes en train de perdre la bataille pour le climat » (Emmanuel Macron, en décembre dernier, lors du « One Planet Summit »).

  Bien que l’urgence créée par les conséquences du dérèglement climatique – déjà présentes et visibles – soit réelle, l’émergence d’une conscience et la mise en place d’actions au niveau global prennent beaucoup de temps. Si, après de grandes et longues discussions, la communauté scientifique est arrivée à la conclusion que l’action de l’homme est l’une des principales causes de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, et, sachant « qu’il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B » (Ban Ki Moon), n’est-il pas effrayant de constater que nous ne sommes pas tous concernés par le sujet ?

 

A qui la faute ?


  À cette question, il existe quatre façons d’expliquer la situation :

  1. On mesure la quantité brute de CO2 rejetée dans l’atmosphère par pays et par année.
  2. On mesure la quantité brute de CO2 rejetée dans l’atmosphère par pays et divisée par le nombre d’habitants.
  3. On mesure la quantité brute de CO2 rejetée dans l’atmosphère par pays et divisée par le PIB.
  4. On mesure la quantité brute de CO2 rejetée et accumulée dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle par pays.

 

  De la première méthode, il ressort que les Etats-Unis et la Chine sont les plus gros pollueurs : à eux donc de faire les plus gros efforts et pour la Chine de trouver une façon de se développer sans trop polluer. Cependant – et c’est ce qui nous mène à la deuxième façon de traiter la question –, si l’on divise cette quantité par le nombre d’habitants/pays, la Chine se retrouve en queue de peloton ; des pays développés comme l’Allemagne ou le Japon sont propulsés aux premières places. Pour la troisième méthode qui rend compte de l’intensité carbonée (l’émission de carbone par dollar de PIB), on retrouve les pays en voie de développement en tête, les pays développés ayant déjà fait les efforts d’efficacité pour leur développement. Concernant la quatrième méthode, qui consiste à utiliser les données disponibles depuis le développement de la machine à vapeur, on observe ces dernières années un changement dans l’ordre du classement : en matière d’accumulation les Etats-Unis sont encore largement en tête mais la Chine et les autres pays en développement les rattrapent (à cause de leur modèle de croissance intense en carbone), ce qui changera la donne d’ici quelques années.

  Nous sommes donc face à une situation complexe et changeante en fonction du critère adopté : personne ne veut endosser le rôle du « mauvais élève », chacun campe sur ses positions et refuse de changer ses habitudes.

  À cet égard, la COP 21 représente une réelle victoire : 23 ans après le Sommet de Rio de Janeiro pour le climat, des accords considérés comme potentiellement efficaces par la communauté internationale ont été adoptés – et signés par 196 délégations !  Seule ombre au tableau… Les déclarations du président Trump, pour qui ces accords seraient trop contraignants pour l’économie américaine. La COP 21 va-t-elle connaître le même échec que les accords de Kyoto signés en 1995 ?

Les experts sont cette fois-ci plus optimistes :  pour la première fois, maires, territoires, communautés citoyennes et entreprises, étaient présentes et ont participé aux négociations. Surtout, elles se sont appropriés les conséquences de cet accord.

L’Asie ou l’Europe : quel nouveau leader climatique ?

  Ces dernières années, tous les records ont été battus : records de chaleurs, mais aussi événements climatiques extrêmes ; Hong Kong a connu une série de typhons les plus puissants depuis ces 10 dernières années, de fortes inondations ont touché l’Asie du Sud-Est, les Caraïbes ont été frappées par une série d’ouragans destructeurs, incendies ravageurs en Europe et aux Etats-Unis, etc. Au-delà de la récurrence de de ces phénomènes naturels – provoquée, selon la communauté scientifique, par le dérèglement climatique, ce qui inquiète c’est le fait qu’ils soient de plus en plus intenses ; il devient donc de plus en plus difficile et coûteux de s’en remettre.

  Les enjeux sont donc considérables et justifient l’émergence d’une nouvelle science, appelée « attribution science ». Cette dernière permet de prouver qu’un événement peut trouver son origine dans un autre événement et créer une relation de cause à effet statistique. En émettant du gaz à effet de serre en grandes quantités à un endroit de la planète, une entreprise, par exemple, peut être l’une des principales causes d’une catastrophe naturelle (lié au dérèglement climatique) à un lieu totalement différent : cela ouvre la voie à de potentielles nouvelles lois et procédures juridiques en faveur des victimes contre les entreprises.

  Loin de toutes ces considérations, le président Trump continue de revenir sur les mesures prises par B. Obama pour la protection de l’environnement, ainsi que de choisir des climato-sceptiques à des postes importants (directement liés à la protection de l’environnement) : Rick Perry comme secrétaire d’État à l’énergie et Scott Pruitt à la tête de l’Agence de Protection de l’Environnement.

 

  Résultat : l’actuel gouvernement américain a laissé passer l’occasion de devenir le leader de la lutte contre le dérèglement climatique, et le reste du monde l’a compris ; pour preuve, le Président Macron n’a pas invité son homologue américain au sommet de Paris (12 Décembre 2017).

  La Chine, 2ème économie mondiale et un des pays les plus concernés et affectés par la pollution et le changement climatique (plus gros émetteur de CO2 avec presque 11 millions de tonnes rejetées chaque année dans l’atmosphère), pourrait alors s’affirmer comme nouvelle puissance verte. Avec une population dépassant le milliard d’individus, la République Populaire de Chine se doit d’agir, et ses dirigeants ont bien conscience de l’instabilité qu’entrainerait une crise climatique majeure. À ce titre, en plus d’avoir décidé d’un renforcement de la législation en vigueur et des contrôles aux entreprises, Xi Jinping a déclaré lors du 19ème Congrès du Parti Communiste Chinois « any harm we will inflict on nature will eventually return to haunt us ».

  La Chine possède d’énormes avantages : ses ressources financières (une croissance de 6.5% en 2017), technologiques (2.01% de son PIB consacré à la R&D), physiques (avec une superficie de 9.6 millions de km2) et démographiques (une population de 1.4 milliard d’individus ayant de plus en plus accès à un système éducatif de qualité) sont colossales. De plus, elle n’est pas soumise aux échéances politiques comme nombre de pays occidentaux (grâce à son système de Parti unique dirigeant) : la Chine a donc toutes les cartes en main pour prendre le devant de la scène et y rester, d’autant plus qu’elle dispose d’un secteur privé dynamique. De nombreux projets, suivant cette nouvelle feuille de route sont proposés (même si beaucoup sont considérés comme difficiles à mettre en œuvre pour l’instant) : stockage massif de CO2 (technologie développée par des entreprises occidentales et reprise par la Chine), aspiration des particules de CO2 contenues dans l’air, construction de vastes champs d’éoliennes ou de panneaux solaires, etc.

  Qu’en est-il de l’Union européenne ? Si elle en possède les moyens, en a-t-elle vraiment l’envie ? Cruellement en manque de leaders sur ce plan, et bien que le Président français récemment élu Emmanuel Macron ait exprimé à plusieurs reprises sa volonté de lutter contre le dérèglement du climat, de mesures concrètes n’ont pas encore été adoptées. L’Union suit la même logique : beaucoup de « politique politicienne », et peu d’actions concrètes. De fait, avoir un débat à 28 ralentit le processus et le complique : l’Union européenne est trop empêtrée dans un système qui implique des démarches longues, difficiles et n’aboutissant généralement pas. Un agenda politique contraignant et la focalisation sur des objectifs économiques troublent les priorités sur le court terme.

  Même si elle connaît des échecs, l’Union européenne est malgré tout valeur de référence : première à prendre conscience de ce problème et à tenter des solutions (comme le marché des droits à polluer), c’est elle qui a lancé la lutte contre le dérèglement climatique. Toutefois, à moins que celle-ci puisse se réorganiser de manière à accélérer la prise de décision et la mise en œuvre de ses actions, il sera difficile pour elle de prendre le leadership.

  Dès lors, l’Asie – en plein boom économique avec des records de croissance en 2017 (6.3% pour le Vietnam, 6.9% pour le Cambodge et le Myanmar, etc.), semble être la région la plus à même à mener le combat. Cet emballement n’a pas été sans conséquences puisque l’Asie est devenue la région la plus polluée au monde (la rendant de facto la plus concernée par la question). En effet, tous les pays de la région doivent faire face à des problèmes de pollution (comme le nuage brun), à tel point que selon une étude du MIT, si rien n’est fait pour améliorer la situation, certains pays d’Asie du Sud seront inhabitables pour l’homme d’ici 2100. Inondations destructrices, déplacements massifs de population, crises sanitaires et instabilité politique deviendront alors les symptômes de la région. C’est pourquoi selon l’OCDE, ces pays participeront à l’effort commun avec plus de vigueur que les pays d’Europe (puisqu’il est ici question de leur survie) et pourraient aspirer à prendre le leadership dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Conclusion : l’effort doit être global et à tous les niveaux.

  Selon une étude menée par l’Université de Yale, le point de non-retour concernant le dérèglement climatique aurait déjà été franchi, et ce dans l’indifférence la plus totale. La COP 21 a été le début d’une action à l’échelle des Etats, mais c’est à tous les niveaux que le combat doit être mené : les individus comme consommateurs/citoyens/investisseurs, les communes, les régions et les entreprises ne doivent pas être oubliés. Certaines initiatives, souvent peu connues du grand public, sont, en ce sens, des exemples. C’est notamment le cas du C40 (créé par Michael Bloomberg et dont la présidence est actuellement occupée par la Maire de la ville de Paris, Anne Hidalgo), à l’intérieur duquel sont regroupées les plus grandes villes du monde et dont l’objectif est de chercher et de mettre en œuvre des solutions pour remédier au dérèglement climatique.

  Le monde économique et entrepreneurial commence lui aussi à voir son intérêt dans cette lutte, en témoignent l’implication des entreprises dans le succès de la COP 21, le RE100, une initiative qui cherche à promouvoir l’utilisation d’énergies renouvelables à 100% par les entreprises (Facebook, HSBC, Apple ou encore l’Occitane en font partie, pour ne citer qu’eux) et l’initiative Science Based Targets, un projet ayant pour objectif d’aider les entreprises à atteindre leurs objectifs de performance tout en atteignant des objectifs de respect de l’environnement.

 La collaboration entre les Etats reste, cependant, primordiale : ce sont eux qui donnent les objectifs et encadrent juridiquement les comportements du monde des affaires et des consommateurs. « Nous n’héritons pas de la planète des générations passées mais nous l’empruntons aux générations futures » souvent attribué à Saint Exupéry : il revient à la génération de dirigeants actuellement au pouvoir d’agir pour la bonne cause.

 

Sources :

http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/10/31/01008-20171031ARTFIG00168-climat-une-hausse-d-au-moins-3c-de-la-temperature-moyenne-predit-l-onu.php

http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/10/31/01008-20171031ARTFIG00168-climat-une-hausse-d-au-moins-3c-de-la-temperature-moyenne-predit-l-onu.php

http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/10/31/01008-20171031ARTFIG00168-climat-une-hausse-d-au-moins-3c-de-la-temperature-moyenne-predit-l-onu.php

https://www.letemps.ch/economie/2017/05/29/environnement-chine-estelle-devenue-premiere-classe

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GB.XPD.RSDV.GD.ZS

https://www.lesechos.fr/13/06/2017/lesechos.fr/030379297885_environnement—face-aux-fraudes–la-chine-durcit-le-ton-avec-les-entreprises.htm

https://qz.com/1105119/watch-what-xi-jinpings-19th-chinese-communist-party-congress-work-report-said-on-climate-change/

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/30/climat-l-allemagne-accepte-d-examiner-la-requete-d-un-fermier-peruvien-contre-le-conglomerat-de-l-energie-rwe_5222720_3244.html

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20170827-hong-kong-macao-tempete-tropicale-pakhar-intemperies

 

Sources Images :

https://todaysweather.files.wordpress.com/2013/02/whose-fault.gif

http://www.adiac-congo.com/sites/default/files/onu.jpg

http://s.newsweek.com/sites/www.newsweek.com/files/styles/embed-lg/public/2017/05/11/djt_0.jpg

https://i.amz.mshcdn.com/ympKCLi8Ink149OWLjRYOAFhBVk=/fit-in/1200×9600/https%3A%2F%2Fblueprint-api-production.s3.amazonaws.com%2Fuploads%2Fcard%2Fimage%2F320164%2F2a0531e8-0a1a-4a88-a5c4-39e2590e7468.jpg

https://i.amz.mshcdn.com/ogWybouT4lDmH_TbjpnS11MBzT4=/fit-in/1200×9600/https%3A%2F%2Fblueprint-api-production.s3.amazonaws.com%2Fuploads%2Fcard%2Fimage%2F320153%2Fe86cbcde-1286-4f2b-9eb9-1d5030fcec62.jpg

http://www.motherjones.com/wp-content/uploads/Xi-Jinping-630px_0.jpg

http://maisons-bois.com/wp-content/uploads/ratification-cop-ue-1024×675.jpg