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A la rencontre d’Alexandre Serrière, étudiant et coach de rugby à l’emlyon

Au commencement, les équipes rugby n’avaient pas de coachs professionnels. C’est donc naturellement que les anciens joueurs expérimentés et motivés endossaient ce rôle.

Quand Alexandre arrive à l’em, il intègre l’équipe de rugby et rejoint les coachs des Jeanines quelques mois plus tard. La même année, les filles remportent la coupe de France. Côté Section, après 7 années sans atteindre la finale des ESC, les joueurs parviennent enfin à s’y hisser et s’offrent une place sur le podium. Un succès qui n’est pas sans rapport avec les entraînements supplémentaires qui sont organisés chaque semaine pendant l’année.

Aujourd’hui, l’école attribue des coachs professionnels aux équipes mais les coachs étudiants continuent de faire une grande partie du travail et gère en moyenne 2 entraînements sur 3.

 

Verbat’em – Comment garder de la continuité pour que le travail d’une année ne soit pas perdu l’année suivante ?

Alexandre S. : Il y a toujours deux promotions qui se chevauchent, en septembre les 3èmes années accueillent les nouveaux, et quand ils partent en janvier ce sont les 2A qui prennent le relais avec la nouvelle promo. Quand il y avait beaucoup de préma, les anciens avaient un rôle de chaperonnage, mais avec la montée du nombre d’AST dans les effectifs, les nouveaux arrivants ont parfois autant d’expérience, donc les rôles évoluent.

 

Votre programme de match sur l’année, ça ressemble à quoi ?

Il y a deux gros championnats pour les filles comme pour les garçons. Le championnat des ESC, celui des écoles de commerces, qui est le plus important pour nous, on joue contre nos potes de prépas ! Cette année les qualification commencent en novembre, et ça fini en mars pour laisser place aux phases finales pour les 4 meilleures équipes en avril.  En parallèle, tout au long de l’année (dès septembre) on a le tournoi universitaire. Là on rencontre des équipes de la région lyonnaise, INSA, Santé Militaire, Lyon 3… L’équipe 1 et 2 de la Section jouent les jeudis dans un format de match classique de 80 minutes, et les filles sous forme de tournoi, une semaine sur deux pendant un après-midi, pour l’Ovale U.

Un autre évènement encore, le Top Eight, organisé à Marcoussis au sein du centre d’entraînement de l’équipe de France. Hec, Essec, Néoma, St Cyr, les Arts et Métiers, Dauphine … C’est un très bel événement sportif organisé par Néoma. C’est un bon moyen de finir l’année, ou un lot de consolation quand on a pas atteint nos objectifs en ESC. Et les filles participent aussi.

Après il y a aussi le Derby, les OJO, etc…

 

Selon toi, est ce que le Rugby incite plus à l’esprit d’équipe que les autres sports?

C’est différe. On a un rapport au coéquipier qui est différent, dans la mesure où il y a une solidarité qui est nécessaire dans le combat. Et je pense que c’est ça qui fait que dans les équipes de rugby les mecs qui jouent ensemble sont toujours très soudés. Parce que, quand tu joues, tu ne peux pas ne pas faire confiance, tu ne peux pas ne pas avoir envie de protéger et de “servir” ton coéquipier.

 

Et tu penses que c’est moins le cas dans d’autres sports?

C’est peut être un truc qu’on comprend difficilement quand on est pas initié mais dans le rugby le mouvement est vraiment collectif, tu ne peux pas jouer seul. En défense par exemple, c’est vraiment indispensable de travailler ensemble, car s’il y a une brèche, derrière c’est le boulevard. En attaque, bien sur il y a des moments de duels, à un contre un, avec un côté “défi personnel” mais tu ne peux clairement pas marquer tout seul non plus.

 

Et comment, en tant que coach, prendre des décisions difficiles sans briser cette solidarité dans l’équipe?

C’est compliqué! En particulier quand est à la fois copain et coach. Les décisions difficiles, ce sont des décisions de sélection, “tu joues, tu joues pas”. Avec les filles, c’était difficile d’avoir cette limite car elles ne comprennaient pas qu’une décision prise est une décision arrêtée, on partait dans des négociations, etc. C’était aussi lié au fait que beaucoup d’entre elles n’avaient pas fait de sport en compétition ou de rugby avant et ne se rendaient donc pas compte de l’exigence à avoir pour accéder à un certain niveau. Il y avait un côté affect chez elles qui n’y avait pas lieu d’être. Du point de vue du coach, c’est beaucoup plus froid, notre but c’est de gagner, on ne fait pas entrer le copinage dans nos choix.

Mais finalement, ça ne va pas contre l’esprit d’équipe, au contraire. C’est parce que l’esprit d’équipe est fort que le joueur comprend. L’unité fait partie de ce sport! Et l’humilité aussi, quand tu rentres sur un terrain de rugby tu sais que tu vas prendre des tartes, tu sais que tu vas avoir mal, il n’y a pas de place pour l’orgueil.

 

Qu’est ce que vous mettez en place pour renforcer l’esprit d’équipe? Est ce que cela peut venir du coach ou est ce que ça dépend uniquement de l’équipe ?

Chez les Jeanines, on encourageait les anciennes a organiser des beuveries, des diners, pour se rencontrer en dehors du terrain et casser un peu la barrière de l’em. Malgré la volonté des anciens d’éviter que ne se crée une distance entre les promos, il y a toujours un gap entre les préma qui listent et les présidents d’asso par exemple. On peut dire “quand on est au rugby, il n’y a plus de délire de liste”, mais rien que le fait de le dire ça voulait dire que ça existait. C’est un truc un peu difficile à gérer quand on veut atteindre un vrai esprit d’équipe, autant en tant que coach que en tant que joueurs.

 

Il y a aussi des choses toutes simples, se retrouver tous les jeudis soirs au 405 pour boire une bière après le match, c’est une tradition. On organise aussi un week end de team building, idéalement avant le final IV (la phase finale des ESC. On part avec les 30 choisis pour les phases finales, avec à la fois des petites soirées, à la fois une ambiance un peu militaire avec des réveils à 5 heures du mat pour aller courir dans la boue, faire un peu de préparation physique… le but c’est surtout d’être ensemble.

 

F.M.C , qu’est ce que cela signifie?

Fierté, Mérité, Courage. C’est la devise de la Section. Ou Fiers Mais Cons dans la version non officielle.
La Fierté pour la mystique de l’équipe de rugby et ses grandes gueules. Le Mérite pour notre équipe de compétiteurs, grâce aux coachs et aux mecs qui ont toujours encadré l’équipe. Il y a des mecs qui ont la dalle et c’est bien. On pourrait tout aussi bien avoir le côté un peu folko sans prendre le truc au sérieux, faire les matchs des Universitaires, boire des coups etc;.. Mais on a de la chance d’avoir une tradition compétitive, on accumule les entraînements, on cherche vraiment à aller plus loin.

Courage, ou con c’est la même chose. Il faut être un peu con pour faire du rugby de toute façon, il faut avoir envie de prendre des coups dans la tronche, il faut avoir envie de se faire mal. Tu peux dire que c’est con mais tu peux aussi dire que c’est du courage. Quand tu rentres sur le terrain tu ne sais pas comment tu vas en sortir. J’ai pété mes deux épaules, mes chevilles, mes ligaments croisés… Tu sais jamais dans quel état tu vas sortir, et c’est là qu’il faut du courage. Et c’est justement cette solidarité, cet esprit d’équipe qui fait que tu continues à chaque fois.

 

Est ce que, à force d’insister sur la solidarité de cette équipe, cela ne devient pas un peu communautaire et exclusifs par rapport aux personnes qui n’en font pas partie?

Peut être. Mais je pense que c’est un peu exagéré dans le sens où chacun a son asso ou sa liste à côté, chacun a sa vie. Pour moi, à l’em mes potes ce sont les mecs de la Section et les filles du rugby, parce que je n’ai fait que ça. Mais quasiment tous les autres ont listés, il y a des présidents d’asso dans tous les sens. Ils ont tous leurs centres d’intérêt, et chacun est libre. Mais c’est sur que pour avoir une équipe efficace, dans le sens du jeu, il y a un moment où faut se mettre dans une bulle et créer des temps un peu fermés où on se retrouve, en dehors de l’em mais aussi du terrain.

 

Etre coach:

Etre coach c’est un investissement à plein temps. En accumulant les entrainements et les matchs des équipes feminine et masculine, il y a rarement un jour sans rugby! C’est aussi une mission bien particulière de faire le lien entre les joueurs (ou joueuses) et les coachs pro, participer aux prises de décisions, faire les feuilles de match et continuer de coacher et d’encadrer pendant et jusqu’à la dernière minute du match.