Nous avons interviewé Nicolas Multon, étudiant en quatrième année du PGE à emlyon, ancien président de Verbat’em et rédacteur-en-chef 2019 du M. Actuellement en stage de césure en cabinet ministériel, au sein du Secrétariat d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, il nous a parlé de son parcours, de son quotidien et de son ressenti.
Peux-tu nous détailler ton parcours ?
J’ai intégré emlyon après deux années de classes préparatoires ECS. En première année, j’ai réalisé mon stage en recrutement dans un groupe de conseil. En deuxième et troisième années, j’ai intégré le parcours droit tout en poursuivant des activités associatives et en menant des missions de conseil en tant qu’indépendant. Je suis actuellement en stage de césure au sein du cabinet ministériel du Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.
En quoi consiste ton stage ?
Mon objectif quotidien est d’accompagner la conseillère ministérielle qui pilote les politiques publiques d’inclusion numérique et de l’environnement. Les missions récurrentes consistent à préparer des notes et des dossiers à destination du ministre pour des déplacements ou des entretiens, à participer aux réunions d’élaboration et de suivi de la politique publique avec l’administration, et à accompagner la conseillère aux entretiens avec des acteurs des écosystèmes de l’inclusion et de l’environnement : dirigeants d’entreprises, responsables associatifs, élus, chercheurs, etc. Parmi les missions propres à ce stage, j’ai pu accompagner le déploiement du volet inclusion numérique du plan de relance en participant à la rédaction du site https://www.conseiller-numerique.gouv.fr/. J’ai également contribué à la feuille de route sur le numérique et l’environnement, l’irriguant de différentes études et préparant le colloque d’annonce qui a eu lieu en octobre.
Pourquoi faire un stage dans le secteur public ?
Je m’orientais initialement vers le conseil en stratégie quand j’ai vu l’offre de stage apparaître sur Jobteaser. J’y ai immédiatement postulé car le numérique, l’inclusion et l’environnement m’intéressaient beaucoup. J’ai passé un entretien et j’ai été pris. Ce poste offre la possibilité de toucher à de nombreuses missions qui ont du sens et couvrent un large périmètre : sur l’inclusion numérique, ce sont encore 13 millions de Français qu’il faut rapprocher du numérique. Enfin, c’est un secteur passionnant, avec ses règles de droit propres et ses impératifs politiques.
As-tu un impact réel ? Parle-nous des réussites dont tu es fier ?
Finalement, 6 mois est une période très courte pour en juger, mais j’ai pu observer les fruits de mon travail dans la mission d’inclusion numérique. En l’espace d’un mois, 10 000 personnes ont candidaté au dispositif et plus de 1 000 collectivités ont fait part de leur souhait de créer un poste pour accompagner les Français vers l’autonomie numérique grâce à notre action. C’est l’un des rares exemples où nous pouvons trouver une gratification rapide, une politique publique ayant souvent des retombées à plus long terme.
Ta formation à emlyon a été un atout pour toi ? Dans quelle mesure?
La formation suivie à emlyon m’a permis d’être très vite opérationnel : lors des cours et de la vie associative, l’accent est mis sur la gestion de projet. Les étudiants sont habitués à respecter des deadlines et à construire un très bon relationnel. Toutes ces compétences m’ont été utiles pour mener à bien les missions, qui prennent souvent la forme de projets qui ont plusieurs étapes et de nombreux interlocuteurs
Certains cabinets ministériels ont des liens avec des entreprises, l’ avantage des étudiants d’écoles de commerce face à des profils issus de sciences politiques peut aussi être de connaître le monde de l’entreprise et son fonctionnement.
Quelles sont les contraintes et les libertés qui viennent avec un poste dans le secteur public ?
Certaines rigidités viennent de la taille de l’organisation. Parce que les productions sont souvent publiées ou partagées à un grand nombre de personnes, et parce qu’elles portent parfois un engagement juridique et politique, les notes et communiqués font l’objet de relectures rigoureuses au sein du Gouvernement. Par ailleurs, certaines manières de faire font la part belle à la tradition : les dossiers sont encore partagés au format papier et les outils collaboratifs entrent doucement dans les mœurs.
A contrario, les relations avec les conseillers sont généralement très libres. Les conseillers donnent une grande autonomie dans la réalisation des missions et dans la gestion de l’emploi du temps, ils prennent en compte les propositions qui leur sont faites et sont ouverts à l’adoption de nouvelles manières de faire.
Quel conseil donnerais-tu à ceux qui s’orientent vers le secteur public ?
Pour vous orienter vers ce monde particulier, la voie royale reste un double-diplôme avec Sciences Po. Si vous êtes simplement curieux, prendre des cours en lien avec le secteur public à emlyon ou réaliser un séminaire IHEDN-Jeunes dans votre temps libre est également intéressant.
Essayez d’avoir des expériences professionnelles dans le domaine visé : j’avais réalisé une mission de conseil sur l’inclusion numérique -sur les tiers-lieux- qui avait attiré l’œil de la conseillère. Pour postuler en cabinet ministériel, les offres transitent peu via Jobteaser. Identifiez les cabinets qui vous intéressent, renseignez vous auprès des stagiaires en poste puis envoyez directement vos candidatures aux conseillers. D’autres postes existent également en ambassades ou dans les administrations (Direction générale du Trésor, Direction générale des entreprises, Agence nationale de la cohésion des territoires, etc).
Merci à Nicolas pour son temps et son enthousiasme !
Par Dea Gjokuta et Colin Faguet, journalistes de Verbat’em