Par Hicham Ghermani
La VR, ou Virtual Reality (réalité virtuelle en français) s’est considérablement démocratisée ces derniers temps. Bien que l’on entende parler de la VR principalement dans le domaine des jeux vidéo, il faut savoir qu’elle est présente dans de très nombreux domaines comme la santé, la science, l’art, etc.
La VR, quésaco ?
Concrètement, la VR est une technologie qui permet de simuler la présence physique de l’utilisateur dans un monde artificiel généré par ordinateur et avec lequel il peut intéragir. À ne surtout pas confondre avec la réalité augmentée qui transpose des éléments virtuels dans le monde réel de la réalité véritable.
Les origines
Le concept de VR remonte aux années 1960, lorsqu’un certain Morton Heilig, cinéaste réputé comme étant le sacro saint père de la réalité virtuelle, dépose un brevet pour son invention qu’il nomma Sensorama (image ci-contre, disponible sur VRLAB). Un appareil mécanique ressemblant beaucoup à une grosse borne d’arcade et se composant d’une chaise simulant des mouvements, d’un écran stéréoscopique et de hauts-parleurs stéréo. Ce beau bébé possède même une soufflerie permettant de recréer les effets du vent et un diffuseur de parfum. Sensorama proposait plusieurs démos, comme par exemple voler à bord d’un hélicoptère, se balader en moto dans les rues de Brooklyn, et même assister à une danse du ventre réalisée par une artiste new-yorkaise.
Beaucoup trop en avance sur son temps, Morton Heilig et son Sensorama n’ont pas réussi à convaincre les investisseurs, beaucoup trop sceptiques quant à la réelle utilité de cette grosse machine. De ce fait, cet appareil ne fut jamais commercialisé.
À noter aussi que l’entièreté de cette invention était mécanique, là où à notre époque, la réalité virtuelle est totalement informatisée.
La VR informatisée telle qu’on la connaît aujourd’hui a eu énormément de mal à se développer, notamment à cause du fait que les prototypes ainsi que les produits VR mis en vente au début des années 1980-1990 avait une fâcheuse tendance à donner des maux de têtes ainsi que des nausées.
Notre époque
Au 21e siècle, la VR se voit projetée en haut de l’affiche dans le domaine du jeu vidéo notamment avec l’Oculus Rift ou l’HTC Vive, la Playstation VR, etc., mais elle reste très importante dans plusieurs domaines artistiques et scientifiques. En médecine, par exemple, la VR est utilisée pour l’imagerie médicale, ce qui permet de poser plus facilement un diagnostic sur une pathologie ; il est possible de visualiser un organe en 3D et à 360 degrés et de réaliser des coupes virtuelles afin de détecter plus facilement une anomalie.
La VR aide énormément au traitement de phobies, le but étant de confronter le patient à sa peur de manière graduelle et progressive. Comme le dit le Dr Eric Malbos: « Inutile que l’image soit parfaite et réaliste. Car notre cerveau fonctionne par représentation. Il suffit qu’on ait l’illusion de la réalité avec les informations que nous fournissent nos yeux, nos oreilles et notre corps. »
La VR permet aussi d’aider les personnes à mobilité réduite de retrouver leurs fonctions motrices, c’est ce qu’une équipe de français s’est mise en tête de concrétiser. Paul Monnier, devenu tétraplégique suite à un accident, arrive à accomplir des gestes basiques comme le fait d’ouvrir et de refermer sa main dans la réalité virtuelle mais pas dans le monde réel. Avec l’aide d’une entreprise spécialisée dans la VR, ICEBERG, ces derniers ont réussi à mettre au point un programme de rééducation pour les personnes à mobilité réduite.
La VR permet de diminuer la douleur physique ressentie. Des scientifiques américains ont réussi à diminuer de 35 à 50% la douleur ressentie par des grands brûlés à l’aide de la VR grâce au programme de réalité virtuelle « SnowWorld » ; Ces grand brûlés se retrouvent dans un univers enneigé où ils doivent lancer des boules de neiges sur des igloos et des bonhommes de neige, l’immersion est si importante que la douleur diminue plus efficacement que les médicaments habituels.
Dans un autre secteur, la réalité virtuelle peut aussi aider à promouvoir le tourisme (on peut visiter la Nouvelle Calédonie à 360 degrés par exemple). La VR est aussi exploitable dans le domaine de l’agriculture, une expérience très controversée a vu le jour en Russie, expérience dont l’objectif est de développer un logiciel « simulant un champ d’été » à destination… des vaches (!) afin que ces belles bêtes produisent un lait de meilleur qualité.
Facebook ambitionne aussi d’exploiter la VR, notamment via Facebook Horizon qui sera, selon Mark Zuckerberg, un « lieu de rencontre et de créativité ». Un univers dans lequel il sera possible de créer ses propres mondes et ses propres mini-jeux et surtout un univers qui nous permettra d’interagir d’une manière tout à fait inédite avec d’autres utilisateurs.
La VR c’est bien, mais …
Une technologie comme celle-ci n’est malheureusement pas exempte de risques. Certaines expériences VR sont si réalistes qu’elles exposent les utilisateurs à des risques cardiaques.
Comment fonctionne notre cerveau lorsque l’on est dans un monde virtuel ? C’est ce que des scientifiques ainsi qu’un étudiant diplômé d’UCLA ont essayé de comprendre en effectuant des expériences sur des rats. Il faut savoir qu’il est difficile de distinguer et de différencier les neurones d’un rat et ceux d’un cerveau humain. Les résultats sont d’ailleurs pour le moins troublant.
L’étude, publiée en 2013, montre que plus de la moitié des neurones de l’hippocampe devient inactive pendant le test en VR, tandis que le reste des neurones agissent de manière complètement désordonnés, le rythme cérébral et l’activité électrique des neurones ont eux aussi sensiblement baissé. Du jamais vu dans l’histoire de la neuroscience !
La réalité virtuelle a clairement le potentiel de révolutionner notre façon de vivre et d’aborder le monde, la VR dans un futur proche pourra s’implanter dans nos vies quotidiennes que ce soit pour du divertissement ou encore plus pour des raisons professionnelles. C’est une technologie que nous devons essayer d’aborder sérieusement, notamment en se penchant sur les effets de la réalité virtuelle sur le cerveau, en animant des discussions et des débats constructifs qui nous permettront de mieux anticiper les inévitables retombés de ce qui, il n y a pas si longtemps de cela, n’était qu’un fantasme aux yeux des gens ; un projet farfelu que la majorité des gens ont refusés de croire ou ont même réfuté. Comprendre réellement les problématiques liées à la VR et essayer d’anticiper les retombés de cette technologie utile dans le monde d’aujourd’hui nous permettra peut-être de mieux s’armer dans le futur et de réellement bénéficier de tout ce que la réalité virtuelle peut nous apporter de positif en cette période de transition technologique. Les possibilités de cette invention est proportionnel à l’imagination de l’homme, et comme l’a si bien dit un certain Jean Jacques Rousseau : « Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières ».