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Presse Ta Grappe, en passe de détenir la première parcelle de vignes étudiante de France

Lancé il y a désormais 3 ans, le projet étudiant Presse Ta Grappe est animé par une mission : promouvoir et rendre accessible la culture viticole auprès des étudiants d’emlyon. Accompagné par un vigneron alumni d’emlyon, Xavier Thivolle, propriétaire du Domaine Thivolle – 4 hectares et demi de vignes plantées en appellation Morgon et Chiroubles dans le pays du Gamay, cépage roi du Beaujolais – dans la production d’une cuvée disponible à la vente pour les étudiants, alumni et services de l’École, le mandat 2022 est en passe d’atteindre l’objectif fixé au début de l’aventure : acheter une parcelle de vigne (½ hectare) afin de produire un vin « 100% emlyon ». Alors que 30 étudiants d’emlyon ont récemment pu participer aux vendanges aux côtés de l’équipe de Presse Ta Grappe et de Xavier Thivolle, Le M s’est entretenu avec deux des quatre porteurs du projet en 2022 : Arnaud Loridon et Aurélien Mornet tous deux étudiants en 3ème année à emlyon et amoureux des terroirs du Beaujolais. 

Propos recueillis par Vincent Loeuillet,

Nous sommes en toute fin de vendange pour les régions qui récoltent le plus tardivement (interview réalisée à la mi-octobre, ndlr), l’occasion de mettre la lumière sur l’initiative Presse Ta Grappe. Qu’est-ce que Presse Ta Grappe ? 

Arnaud : Presse Ta Grappe est un projet qui a vu le jour il y a 3 ans, lancé par un amoureux du vin et de la vigne, étudiant d’emlyon, qui a eu l’idée de mettre en relation un alumni devenu vigneron et 3 de ses amis dans le but de produire un vin 100% emlyen. Nous constituons le troisième mandat de l’association.

Aurélien : Pour ce faire, nous travaillons dans l’ultra local, à savoir dans le Beaujolais, avec le vigneron et alumni d’emlyon Xavier Thivolle. Nous souhaitons sensibiliser les étudiants au processus de production du vin, des vendanges en passant par l’embouteillage jusqu’à l’étiquetage. Dans cette optique, nous souhaitons acquérir une parcelle de vigne (environ ½ hectare) afin de pouvoir l’exploiter.

Arnaud : Presse Ta Grappe est une association, indépendante mais reliée au Conseil de Corporation, intermédiaire nécessaire pour agir sur les groupes de promotion. Nous avons la volonté de travailler de manière rapprochée avec emlyon puisque l’essentiel de nos ventes se font à emlyon et lors des événements emlyens. 

Quelles sont vos valeurs ? 

Aurélien : Nous souhaitons démocratiser une activité méconnue des étudiants. Nombreux sont ceux qui aiment le vin mais peu savent comment le produit final est réellement obtenu, ou ne connaissent pas la différence entre l’élaboration d’un vin rouge et un vin blanc, ou encore la raison pour laquelle nous obtenons tel ou tel goût. Nous souhaitons également promouvoir un esprit de camaraderie autour d’un projet 100% emlyen, mobiliser un maximum la communauté emlyenne et créer une symbiose entre étudiants, alumni et administration. Enfin, nous faisons également la promotion d’une consommation responsable, du bien manger. Notre vigneron est en train de passer toutes ses vignes, déjà certifiées BIO, en biodynamie.  

Comment est composée votre équipe ? 

Aurélien : Notre équipe est composée de quatre membres : Jules Néraudeau, le président ; Alice, la trésorière, Arnaud, le responsable communication et moi-même, le secrétaire général. Si chacun occupe un rôle administratif particulier, ces tâches n’occupent pas la majeure partie de notre temps au sein de PTG et nos relations ne sont évidemment pas hiérarchiques. Nous fonctionnons souvent à deux pour négocier la vente de notre vin avec nos divers clients. Sinon, nous œuvrons tous ensemble pour l’organisation des grapéros ou pour l’embouteillage et l’étiquetage chez Xavier. C’est d’ailleurs l’occasion de passer du temps ensemble dans un cadre exceptionnel : n’oublions pas que nous sommes avant tout une bande de copains !

Il y a une association bien connue des emlyens, SupDeCoteaux, dont la mission se rapproche de la vôtre, en quoi êtes-vous différents et complémentaires ? 

Arnaud : Nous intervenons en amont de SupDeCoteaux qui s’intéresse elle à l’œnologie, à la science de la dégustation. Leur but est de faire découvrir aux étudiants d’emlyon comment déguster et apprécier un vin, former leur palais, voire comment choisir un vin. Presse Ta Grappe explique comment passer de la vigne à la bouteille, le processus qui va nous permettre d’obtenir le vin que l’on retrouve en bouteille. En ce sens nous sommes parfaitement complémentaires. 

Nous avons passé un contrat avec SupDeCoteaux afin d’institutionnaliser le fait que l’on travaille ensemble, complémentairement. Ainsi, la moitié des membres de Presse Ta Grappe doivent être membres de SupDeCoteaux pour conserver cette entente. Toutefois, SupDeCoteaux n’a pas son mot à dire sur ce que nous faisons, et inversement. 

Parlez-nous désormais de votre activité concrète, comment faites-vous pour produire ce vin et ces cuvées emlyon ? 

Aurélien : Tout a commencé en 2019, lorsque Xavier Thivolle (promo PGE 2012) a acheté des vignes dans le Beaujolais. Xavier se charge de tout l’entretien des vignes, des bourgeons au Printemps, de la taille, etc. Il possède des vignes taillées en gobelet, typiques du Beaujolais, qui correspondent à des vignes ramassées qui permettent de protéger les pieds et leurs fruits du vent dans cette région vallonée. 

Presse Ta Grappe intervient lorsque les raisins arrivent à maturité. Nous formons des équipes d’étudiants au départ de Lyon afin de venir vendanger. Les étudiants sont moins efficaces dans les vendanges que les travailleurs de l’Est habitués à cet exercice mais ont l’avantage de pouvoir se déplacer aux dates déterminées par Xavier. – Les travailleurs de l’Est ne laissent effectivement que peu de choix aux vignerons car ils cherchent à optimiser leur venue en faisant le maximum de domaine en un laps de temps réduit.- Nous participons ensuite au pressurage. Pour amuser la galerie et les étudiants, nous faisons un peu de pressurage au pied comme il se faisait à l’époque (rires). Le vin que l’on vend est produit grâce à un pressurage classique à la machine. 

Xavier reprend la main lors de l’étape de la vinification. Il produit 4 cuvées mais nous choisissons une cuvée spécifique afin de la mettre en avant lors de notre mandat. Nous revenons ensuite lui prêter main forte pour l’embouteillage (qui se fait à la machine) et l’étiquetage. Nous créons le design des étiquettes en amont. Nous nous occupons ensuite de la vente. Nous sommes en quelque sorte sa force de vente. Nous vendons en BtoB auprès des associations ou de l’administration d’emlyon, par exemple lors du HH champagne de la Junior Entreprise, lors du Gala ou encore à la Conciergerie. Mais nous vendons également en BtoC, auprès des étudiants et des alumni, en dynamisant nos ventes tout au long de l’année à travers non seulement une cuvée par an mais également une présence lors d’événements tels que la Fête des Pères, Noël ou en fin d’année associative lorsque les étudiants finissent leurs mandats. 

L’équipe PresseTaGrappe au complet / PresseTaGrappe.

De quel type de vin s’agit-il, quel est le cépage ? Quelle est sa particularité ?

Arnaud : Pour le cépage, il s’agit exclusivement de Gamay puisque Xavier ne fait que du Gamay. Le Gamay est le cépage par excellence du Beaujolais, connu pour ses grappes serrées et son acidité. Au niveau des sols, c’est un terrain granitique qui libère de nombreux minéraux pour le raisin. 

” Le Gamay est le cépage par excellence du Beaujolais, connu pour ses grappes serrées et son acidité.”

son acidité.

Le domaine Thivolle est à cheval sur 2 appellations : le morgon et le chiroubles. Le chiroubles est un beaujolais classique extrêmement frais qui se boit jeune, contient beaucoup de notes fruitées, un peu d’acidité. C’est un vin léger qui se boit en apéritif. Le morgon est un vin puissant qui se garde plus longtemps, il est davantage tannique et se déguste accompagné d’une viande de type volaille, rôti de porc, etc. 

Aurélien :  Ce qui fait la particularité du chiroubles de Xavier est qu’il est vieilli en amphore, à la romaine, ce qui permet d’assouplir et d’arrondir l’acidité du Gamay. Il l’a appelé le chiroubles Amphoras et c’est assez rare de trouver des vins comme ceux-là. Au lieu de revêtir des notes boisées comme c’est le cas lors du vieillissement en fûts de chêne, l’amphore donne un côté minéral, plus léger que le bois pour se concentrer sur le fruit. A noter que ce ne sont pas des vins de garde, c’est-à-dire qu’ils doivent se boire avant 2-3 voire 4 ans maximum pour le morgon. 

Arnaud : Lors de première année de Presse Ta Grappe, seul le chiroubles, un vin à vendre en grande quantité et rapidement pour que les gens puissent le consommer immédiatement avait été produit. La seconde année seul le morgon avait été produit afin d’améliorer l’image de Presse Ta Grappe en proposant un vin qui se garde un peu plus longtemps. Cette année, nous avons pris la décision de garder les deux. 

Vous avez fait le choix de proposer à la vente 2 types de vins ? 

Aurélien : On en propose même trois ! Alors que les mandats précédents ne proposaient qu’une gamme, nous avons choisi de nous diversifier afin de plaire à tout le monde et pour que notre vin puisse être bu à tout type d’occasion. On a donc ce rouge léger, le chiroubles, et un rouge un peu plus tannique, le morgon. La raison pour laquelle nous nous sommes diversifiés est aussi née d’une proposition de Xavier qui s’est récemment lancée dans des pétillants rosés brut à partir du même raisin, du Gamay toujours. C’est d’ailleurs le troisième vin que l’on propose.

Arnaud : Il est fait à partir de raisin rouge classique qu’il vinifie comme un champagne même si évidemment cela n’a rien à voir avec du champagne, ni pour l’appellation, ni pour le goût. Comme nous sommes sur du raisin rouge, on retrouve une couleur très rosée mais avec la pétillance que l’on retrouve dans les champagnes ou mousseux. 

Les vendanges, un moment très convivial / PresseTaGrappe.

Votre vin est BIO et les parcelles sur lesquelles le raisin est cultivé seront bientôt en biodynamie. Cette méthode est vivement critiquée par certains pour ses fondements ésotériques notamment, qu’en pensez-vous ?

Aurélien : Le fait de passer en bio ou biodynamie permet de ne plus utiliser de produits chimiques et d’utiliser moins de sulfite, qui est un conservateur ajouté dans le vin, causant notamment le mal de crâne.  Donc cela a un avantage pour la santé. En revanche, cela met un certain temps pour que le vin soit stable. En effet, aléatoirement une bouteille se sera un peu oxydée. Aujourd’hui, Xavier est de plus en plus expérimenté et parvient à stabiliser les risques d’oxydation. C’est une vraie science. 

Arnaud : Pour avoir une qualité de raisin supérieure par rapport à ce qu’on pourrait trouver en général en laissant la vigne vivre d’elle-même, sans utiliser de produits chimiques, Xavier créait des petites infusions de plantes particulières : camomilles, verveine, etc. Des plantes reconnues pour leurs vertus réparatrices de la vigne. Aujourd’hui avec la biodynamie il refuse toujours les produits chimiques, pour avoir une vigne naturelle et tenter de la développer à son maximum.

” Ce qui fait la particularité du chiroubles de Xavier est qu’il est vieilli en amphore, à la romaine, ce qui permet d’assouplir et d’arrondir l’acidité du Gamay.”

Aurélien : Cette technique est plus durable qu’une vigne bombardée de produits chimiques. On le remarque rapidement : une vigne où l’herbe a disparu témoigne de l’usage de produits chimique. Les vignes de Xavier ne sont pas en friche mais presque. Alors ce n’est pas hyper pratique pour les branches lors de la récolte notamment mais c’est plus respectueux des sols, de leur fertilité, et c’est ce qui importe. 

Passons au modèle économique de votre projet. Qui sont vos cibles ?

Aurélien : Nous ciblons tout d’abord une branche BtoB, à savoir les associations et l’administration pour des événements connus et reconnus d’emlyon : le gala des 150 ans, le HH champagne de la JE, etc. Cela représente la majorité de nos ventes. Notre deuxième gros cœur de cible est en BtoC, à savoir les étudiants d’emlyon et leurs parents. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait mais peut-être qu’un jour nous serons distribués chez des cavistes à Lyon ou à Paris. Nous verrons comment le projet grandira.

En matière de marketing, quelles actions déployez-vous ? 

Arnaud : Chaque année, nous dessinons une étiquette principale, représentant toutes les associations d’emlyon. La dernière a été réalisée par un membre du BDA. Pour la cuvée 2021, nous essayons de faire la même chose mais avec un autre étudiant d’emlyon. 

Aurélien : Nous sommes surtout présent sur Instagram. C’est la page sur laquelle nous avons le plus de contenu. Nous publions des photos et vidéos des vendanges, de nos nouvelles étiquettes, etc. Un lien est proposé pour pouvoir commander et acheter nos bouteilles. Nous travaillons en parallèle, notamment Alice, sur un projet de construction d’un site pour bénéficier d’une vraie interface de vente, ce qui n’est pas encore le cas, c’est un gros chantier. Mais cela permettrait de centraliser les commandes. Le marketing se fait aussi de manière indirecte avec le bouche à oreille auprès des étudiants. 

Arnaud : Nous organisons également des Grappéros. Les canaux d’emlyon ne sont pas utilisés pour communiquer sur ces moments de partage mais les étudiants y sont conviés. Nous essayons de faire venir les étudiants pour passer un moment convivial et présenter toute notre gamme de vin avec des accords mets-vins. 

Aurélien : Ce qu’il faut comprendre, pour un produit agro-alimentaire, c’est que nous aurons beau marteler avec des pubs et des posts, il n’y aura rien de plus convaincant que de goûter notre vin et d’être convaincu par le produit en tant que tel : est-il bon ou pas ? C’est pour ça que l’on ne communique pas excessivement. Et aussi parce que nous sommes 4 (rires).  C’est vrai qu’il faut à la fois être visible théoriquement, sur les canaux classiques type Instagram, mais il faut aussi l’être directement par le goût et le concret. Pour cela nous passons par les Grapéros et par les évènements sur lesquels nous pouvons proposer des dégustations, tels que la balade Divigne qui nous a permis de nous faire connaître auprès de 100 étudiants. Nous voulons que les étudiants, qui peuvent se dire « Ouais c’est un vin du beaujolais, ce n’est pas forcément génial », goûtent et soient convaincus par le produit et le rapport qualité/prix.

Bonne humeur et rigolade lors des vendanges / PresseTaGrappe.

Quelles sont vos perspectives de développement à court-moyen terme et à plus long terme ?

Aurélien : Dès le lancement de Presse Ta Grappe, un objectif a été fixé : acheter une parcelle de vigne pour produire un vin 100% emlyon. En réalité, le vin est aujourd’hui à 90% emlyon, car les vignes ne nous appartiennent pas encore. Une parcelle, c’est environ un 1⁄2 hectare (Xavier possède 4 hectares et demi) et cela coûte 7000€. Lors de la première année, la levée de fonds a permis de récolter entre 4000€ auprès des alumni. La seconde année, le BtoC a été privilégié pour renforcer la présence dans le paysage emlyen mais moins de ventes ont été réalisées pour atteindre 4500€. Aujourd’hui nous sommes à 6500€ et à quelques centaines d’euros d’avoir la capacité d’acheter cette parcelle. Cela nous permettra in fine de réduire le coût de production des bouteilles. 

D’autre part, nous allons sortir pour Noël (départ des étudiants de 3ème année) des bouteilles avec étiquettes personnalisées pour les associations (voire les listes), une bouteille spéciale Noël et notre cuvée spéciale Presse Ta Grappe. L’idée serait de faire des lots de bouteilles incluant les trois vins et les trois étiquettes ci-dessus.

Comment faire pour acheter votre vin ? 

Aurélien : Le plus efficace est de cliquer sur le lien Instagram et sous nos posts Instagram et de commander en passant par Lydia. Toutefois nous aimons parler et échanger autour du vin et de notre projet avec les étudiants. C’est pour cela que l’on aime bien recevoir des messages et faire vivre ce projet dans un esprit de camaraderie. 

Le prix B2C d’une bouteille est entre 10€ et 12€. 2€ vont à la structure pour l’achat de la parcelle, on ne tire aucune rémunération de notre activité et le reste est pour Xavier, le vigneron. 

Comment faire si nous souhaitons vous suivre dans la réalisation de ce projet et nous tenir informés ?

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Un dernier mot pour la fin ?

Arnaud : Nous sommes en train de préparer notre recrutement du prochain mandat. Nous lançons un appel à des groupes de 4 ou 5 personnes composés d’au moins 2 membres de SupDeCoteaux pour constituer le mandat 2023.  Presse Ta Grappe est complètement compatible avec un mandat associatif. 

N’hésitez pas à nous contacter pour commander notre prochaine cuvée à l’occasion des fêtes de Noël !