Par Hortense Fortin
Inventé dans les années 1970 à des fins militaires, Internet n’aura un usage commercial qu’à partir de 1989. En à peine 30 ans, le cyberespace a bien grandit et son utilisation occupe aujourd’hui une grande partie de notre quotidien. Pourtant, s’il est évident pour chacun d’entre nous que jeter une bouteille plastique à la mer n’est pas l’action d’un naufragé sur une île déserte mais bien celle d’un pollueur inconscient, envoyer un mail au Welcome Desk est pour nous quelque chose de tout à fait innocent. Détrompez-vous. Ceci est tout autant salissant pour notre belle planète bleue.
Tout d’abord, il est intéressant de donner quelques chiffres sur ce que l’on appelle la pollution numérique. Celle-ci représente aujourd’hui 2% des émissions mondiales de CO2 et si Internet était un pays il serait la 6ème nation la plus polluante au monde. Pour être plus percutant, prenons des chiffres à notre échelle, et étudions le cas d’un élève lambda. Chaque jour, chacun d’entre nous émet 7g de CO2 en faisant une recherche Google, et dégage 10 autres grammes pour envoyer un mail sans pièce jointe. Pour vous donner une idée, cela correspond à la quantité de dioxyde de carbone qu’un arbre peut absorber en une journée. Je vous laisse faire les calculs pour estimer l’impact environnemental des 10 milliards de mails envoyés chaque heure dans le monde. En rentrant chez nous, dans le même laps de temps, une heure passée sur votre site préféré équivaut, en termes d’énergie consommée, à 4000t de pétrole soit l’énergie de 4000 aller-retours Paris-New York. Mais alors, face à tous ces chiffres alarmants il est naturel de se poser la question suivante : Pourquoi et comment Internet peut-il polluer ?
La pollution numérique se décompose en deux grandes parties : celle générée par l’utilisation du cyberespace et celle produite lors de la fabrication de nos appareils électroniques. Si nous n’allons pas aborder ce second point, il est cependant important de rappeler que le simple fait de posséder un ordinateur ou un téléphone a déjà un énorme impact sur l’environnement. Abordons désormais le vif du sujet. La pollution émise par l’utilisation d’Internet peut se résumer en deux mots : data center. Un data center est un entrepôt à l’intérieur duquel sont réunis des serveurs empilés les uns sur les autres, connectés en permanence à une alimentation électrique et entourés de systèmes de refroidissements. Les data centers sont la version physique de votre cloud. Chaque fichier stocké dans votre drive, chaque mail dans votre boîte est conservé dans l’un de ces immenses hangars. Situés pour 45% d’entre eux aux Etats-Unis, ils confèrent au pays un avantage géopolitique non négligeable. Mais s’ils sont des puissantes armes de données, ils sont également très gourmands en énergie. En effet, en France, ils représentent 10% de la consommation totale de l’électricité nationale. A l’échelle mondiale en 2019, ces centres de données représentent à eux seuls 25% de la pollution numérique et émettent autant de CO2 que la flotte aérienne planétaire. De plus, les serveurs chauffent vite et les systèmes de refroidissements sont également d’importants consommateurs d’eau.
Heureusement, face à ces données glaçantes, il existe des solutions pour rendre ces centres plus propres. Par exemple, à Paris, la piscine de la Butte aux Cailles dans le 13ème arrondissement est chauffée grâce à la chaleur dégagée par un data center. Cela permet de réduire de 45t de CO2 par an l’impact de ces serveurs et 250MWh sont économisés dans le même laps de temps, soit 150 000 douches ! Cette brillante idée a été mise au point par une start up grenobloise Stimergy qui met en relation des datas centers avec des bâtiments publics ou des immeubles. La chaleur dégagée par ces centres de données est alors acheminée jusque dans les bâtiments pour remplacer nos chaudières classiques. C’est ainsi que depuis décembre 2014 l’université Lyon 3 est chauffée grâce aux mails de ses étudiants.
Mais des solutions existent également à notre échelle pour réduire l’impact de la pollution numérique. Aussi, face à votre pollution numérique quotidienne essentielle pour aller sur Brightspace ou regarder la dernière saison de la Casa de Papel, voici quelques petites astuces pour réduire son empreinte environnementale.
Pour les recherches Internet :
- Utiliser un moteur de recherche plus éthique que Google comme Ecosia ou Lilo par exemple.
- Ajouter ses sites récurrents en favoris afin de raccourcir le plus possible le chemin jusqu’à la page Internet souhaitée.
- N’ouvrir si possible qu’un seul onglet. Les onglets ouverts sont très énergivores.
Pour les activités quotidiennes :
- Regarder Youtube et Netflix en basse définition, cela permet de réduire de 4 à 10 fois la consommation d’énergie (tout façon en bonne ou mauvaise qualité vous ne voyez rien sur votre téléphone).
- Privilégier les disques durs externes pour stocker ses fichiers et les partager au maximum par clé USB et non par mail.
- Installer Cleanfox qui supprime automatiquement vos anciennes newsletters et vous aide à vous désabonner facilement de celles inintéressantes.
- Utiliser Newmanity, un réseau social avec messagerie instantanée, boîte mail et drive qui stocke ses données dans des datacenters neutres en émission carbone et écoconçus.
Et voilà ! Le tour est joué !