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MISI Arménie 2019

Pour Carline, 1A d’emlyon, c’était avant tout « une destination originale pour une mission humanitaire, un pays dans lequel je n’aurai “jamais” l’occasion d’aller, dont j’avais entendu parlé mais qui n’est pas un pays phare de l’humanitaire.». Ce qu’elle retient des Arméniens ? « Un peuple accueillant, souriant, qui vie comme on vivait il y a 70 ans, simplement, avec la culture de la terre et du bétail, un peuple où famille et tradition sont maître-mots. Un peuple avec beaucoup d’histoire et une culture riche, un peuple dont on tombe amoureux…». Céliane, la respo, préconise a posteriori d’essayer de rapidement rencontrer voire collaborer avec les associations arméniennes basées ici à Lyon afin de donner du sens à la préparation du projet.

Entretien avec Céliane, 3A d’emlyon respo de la MISI

Période précédant le départ

Quand t’es venue l’envie de devenir respo de PE ? Pour quelles raisons ? 

C’est un peu particulier car en janvier de cette année, le responsable Arménie n’est pas revenu de son stage préma, restant aux Philippines, là où il effectuait son stage. C’est à ce moment-là que je me suis motivée, quand ils cherchaient quelqu’un.

Dans tous les cas, j’avais envie de partir. Et de l’Arménie, je n’y connaissais vraiment rien du tout, même pas la capitale. C’était l’occasion de réellement découvrir un pays autrement via l’humanitaire.

Je ne m’étais pas encore tout à fait projetée dans l’asso au moment des choix de respos de PE lors des élections peu de temps après notre cooptation, donc je ne m’étais pas initialement proposée comme respo de PE. Du coup, en janvier ça tombait parfaitement : c’est un heureux hasard.

Pourquoi avoir choisi cette destination ? À titre personnel, avant ton départ, avais-tu des préjugés, une certaine appréhension de la destination et de ce qui pouvait t’attendre sur place ? 

Vraiment de ne rien connaître là-bas. A contrario, le Pérou ou l’Inde par exemple on parvient à y situer quelques monuments et quelques villes. Concernant l’Arménie, je ne parvenais pas du tout à m’y projeter, et c’est ça qui me plaisait, de partir à l’inconnu.

Dans tout mon entourage, je n’avais jamais rencontré d’Arméniens et ni eu l’occasion d’en faire la rencontre. Je partais vraiment vers l’inconnu.

Comment s’est passé la période précédent le départ au niveau de l’organisation de l’équipe, l’intégration des centraliens dans le groupe, le financement de ce PE, les échanges avec les associations partenaires présentes sur place ? 

La particularité de l’Arménie, c’est d’être un tout petit PE : on est parti à six, uniquement des gens d’emlyon. On avait par conséquent deux-trois respos mais pas réellement de missions attitrées. Et au regard du petit budget à récolter (presque 2000 euros), nous n’avions pas à faire d’ensachage comme les autres PE : uniquement du crowdfunding.

On a beaucoup démarché pour le crowd en faisant la connaissance de la très grande communauté arménienne ici à Lyon. Je suis entrée en contact avec plusieurs associations pour leur présenter notre projet (notamment à Vaulx-en-Velin).

À six, l’intégration se fait vraiment rapidement. Toutes les semaines ou deux, nous faisions des réunions sous forme d’apéros. Ces réunions étaient surtout consacrées à ce que nous souhaitions faire sur place. Nous allions là-bas en partie pour nous occuper d’enfants, et nous voulions donc prévoir à l’avance ce que nous y ferions avec eux : le projet c’est vraiment ce que tu en fais. Si t’as une passion (sport, créative, etc.) et que tu veux la transmettre aux enfants, libre à toi.

De notre budget, 1800 euros étaient destinés à l’association local (Armenian Youth Organization) pour l’achat du matériel pour rénover le gymnase (peinture, matériel de chantier, paiement des ouvriers). 

Que recommanderais-tu à un futur respo de PE pour cette période précédant le départ ? 

Pour le futur responsable du PE Arménie en tout cas, je lui conseillerais de plus se déplacer en personne dans les associations sur Lyon, qui pourraient soit faire un partenariat avec nous soit directement nous soutenir d’une manière ou d’une autre.

L’idée avait été émise d’organiser un dîner de levée de fonds avec le Centre National de la Mémoire Arménienne ici à Lyon. Mais malheureusement, cela ne s’est pas fait par manque de temps.

Sur place

Vous étiez où exactement et quel encadrement avez-vous eu sur place ? 

À 1h à l’est de la capitale Yerevan. L’association Armenian Youth Organization est une association basée à Paris qui n’a pas de personnes y travaillant à plein temps, ce sont des bénévoles. Une personne sur place, Davit, s’occupe de trouver un village et des familles pouvant nous héberger.

Nous étions douze au total, avec six autres personnes de cette association, le tout avec une ambiance très conviviale.

Davit, le seul employé à mi-temps de l’association, était présent, pas en temps que responsable du PE mais en tant qu’interprète, car notre plus grosse barrière sur place, c’était indéniablement la langue. Peu de bénévoles parlaient arménien, il nous traduisait donc le vocabulaire nécessaire en lien avec le chantier, ainsi que les mots de bases. 

Qu’avez-vous fait concrètement sur place ? Est-ce que cela différait de ce qui était prévu ? 

Alors ça n’a pas du tout différé. La journée était divisée en deux parties : matin et après-midi. La moitié s’occupait du chantier le matin et des enfants l’après-midi, on alternait. Il n’y avait aucune différence entre les 6 emlyens et les 6 autres bénévoles. Nous étions une équipe de 12 bénévoles très soudés.

Le chantier consistait à rénover un gymnase qui, à notre arrivée, était délabré. On a poncé les murs puis repeint les murs, en faisant des décorations à la dernière minute avec les enfants. Il y avait nous, les deux groupes de jeunes, mais il y avait également des gens qui y travaillaient réellement sur ce chantier, qui étaient là pour nous encadrer également sur comment faire ce que l’on faisait.

Solidari’terre se rend en Arménie depuis sept ans mais ce n’est pas tous les ans au même endroit. Chaque année, on change de village sauf si la mission de l’année précédente n’a pas été achevé. 

Pouviez-vous visiter les environs les weekends ? Que faisiez-vous comme “loisirs” ?

On avait deux journées d’excursion de prévues sur ces deux semaines de chantier. Deux journées où nous sommes partis visiter avec Davit en minibus deux régions totalement différentes : au nord du pays, la région de Lori à la frontière géorgienne, et d’autres monuments et lieu d’intérêt donc le mont Aragat dans la région d’Aragatsotn. 

Comme loisirs, on passait beaucoup de temps avec les enfants en plus des moments dédiés à eux. Et ce qui est particulier avec la mission AYO : tous les soirs t’es invité dans une famille où t’es reçu comme un roi. Nous avons été invités six ou sept fois sur une mission de deux semaines et demi, ce qui fait beaucoup. Certains soirs, on restait un peu plus tard à l’école où on s’occupait des enfants, partait au meilleur spot en haut du village pour regarder le couché du soleil derrière les montagnes qui nous entouraient ou alors on continuait à jouer au foot avec eux.

Les enfants étaient en vacances. Pendant que nous rénovions le gymnase, une partie des enfants rénovait leur salle de classe. Toute l’école était en chantier, et l’argent amené venait renforcer l’argent des parents mis dans ces rénovations. En venant dans le village, AYO a simplement accéléré le processus de rénovation qui devait se faire.

Que retiens-tu des personnes sur place, de la culture, de la nourriture, etc. ?

C’était incroyable : des gens accueillants au possible, qui nous donnent tout ce qu’ils ont. Bien qu’ils aient un certain confort, ils restent relativement pauvres, souvent issus d’un milieu agraire. Il y avait très peu de pères présents dans le village car ils partent tous travailler en Russie.

Culture très forte, au niveau de la langue et surtout des chants et des danses. Immersion totale car nous étions sous la “contrainte” de parler arménien avec tout le monde, l’anglais n’étant pas une alternative possible.

Au niveau de la nourriture, vu que c’est une population très agraire, c’est énormément de fruits et de légumes. Le repas de fête, c’est le barbecue alias holovatz. C’est assez riche en termes de nourriture, très bon. Simple mais bonne.

Par contre, dès que tu vas dans la capitale, une grande ville, vu que la diaspora arménienne est présente un peu partout dans les pays du Caucase, tu vas manger libanais, iranien, turque. C’est hyper varié.

Un souvenir marquant de la période PE ?

Le premier jour reste en mémoire, avec la barrière de la langue : quand on te propose pour seules options de parler soit russe soit arménien, tu te dis que deux semaines ça va être compliqué. 

Autre chose, ce serait la convivialité : de voir à quel point on était invités partout, tout le temps, reçus comme des princes.

Et les adieux étaient déchirants aussi au regard des liens forts que nous avions développé avec les mères de famille qui nous hébergaient.

Après la période PE 

Avez vous fait un roadtrip avant ou après la partie PE ?  

Oui on est arrivé avec trois autres filles quelques jours avant le début du PE. Et on a toutes les quatre découvert un pays que l’on ne connaissait absolument pas, en découvrant les villes et en faisant des excursions. La particularité de l’Arménie, c’est que tu as deux grandes villes, Yerevan et Gyumri, et partout ailleurs, les choses que tu vas visiter vont être des monastères. Ceci en raison du fait que l’Arménie est le premier pays à avoir reconnu la religion chrétienne comme religion d’État.

On a visité un monastère sur la frontière géorgienne, et un autre à l’ouest à la frontière turque d’où tu voyais les miradors, et c’est-là que tu prends conscience de ce climat particulier.

De manière générale sur ton expérience, que conseillerais-tu à quelqu’un de Soli, des futurs mandats, qui souhaiterait prendre la respo d’un PE ? 

De surtout ne pas se renseigner sur le pays. C’est à double tranchant car c’est la première fois que je visite un pays que je ne connaissais absolument pas. Après, c’est sûr qu’on ne peut pas se permettre ça dans tous les pays, notamment les pays à risque.

Autre chose que je conseillerai, ce serait d’apprendre les rudiments du langage arménien.

Et si tu avais quelque chose à dire à quelqu’un qui hésiterait encore à prendre part à un PE pendant ses années à l’em, que lui dirais-tu ?

De cibler ce qu’il veut faire : construire quelque chose, plus être dans le partage, découvrir une culture. Dans tous les cas, ce sont des pays fantastiques où tu rencontres des gens que tu n’aurais jamais rencontré dans toute ta vie sinon. Tu dois cerner ce dans quoi tu t’épanouiras le plus.


Entretien avec Carline, 1A d’emlyon

Période précédant le départ 

Quand t’es venu l’envie de prendre part à un PE ? Pour quelles raisons ? 

Dès mon arrivée à l’em j’avais entendu parler de Soli et cela fait des années que je rêve de réaliser une mission de solidarité.

Pourquoi cette destination ? À titre personnel, avant ton départ, avais-tu des préjugés, une certaine appréhension de la destination et de ce qui pouvait t’attendre sur place ? 

J’ai postulé en octobre puis en janvier pour les missions jusqu’à ce que je tombe sur LA mission dont j’avais toujours rêvé. Une destination originale pour une mission humanitaire, un pays dans lequel je n’aurai “jamais” l’occasion d’aller, dont j’avais entendu parler mais qui n’est pas un pays phare de l’humanitaire. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre car personne ne connaît l’Arménie, personne ne savait à quoi s’attendre mais les bénévoles partis l’année d’avant nous ont éclairés. 

Ton entretien avec Soli s’est (évidemment) bien passé, mais aurais-tu des conseils au niveau de l’entretien pour quelqu’un qui candidaterait à de futures missions  ?

J’ai passé 2 fois les entretiens pour les missions Soli, et la seule chose que je conseillerai c’est d’être soi-même, transparent et honnête, sinon cela finira mal. Par exemple, j’ai rêvé de la mission Pérou mais elle se situe en altitude et étant très asthmatique je n’aurais pas pu rester aussi haut pendant l’intégralité de la mission. Si je n’avais rien dis j’y serai peut-être allée et alors j’aurai gâché ma mission et celle des autres.

Comment as-tu vécu la période précédant votre départ (découverte de l’équipe, team-building, ensachage, etc.) ? 

L’équipe Arménie est une toute petite famille de 6 emlyens (cette année) donc on s’est vite retrouvé comme des amis, à la fin on avait juste hâte de partager des moments de convivialité avec ces camarades devenus amis. 

Sur place

Quelles étaient les conditions de vie sur place ? Est-ce que ça différait avec ce à quoi tu t’attendais ?

Ne sachant pas à quoi m’attendre c’était plus facile pour s’adapter. Nous avions des matelas au sol dans une maison avec sanitaire, eau et électricité, le grand luxe ! On a eu beaucoup de chance cette année, nous étions dans une famille aisée qui avait une maison confortable mais ce n’est pas toujours le cas et il est important d’être bien équipé et disposé mentalement à peu de confort pendant ces quelques semaines.

Décris-moi une journée type s’il te plaît.

Réveil 8H en fanfare, petit dej à l’arménienne (café très serré avec beaucoup de mare, pastèque, fromage, lait de la vache dans le jardin.  9H départ pour l’école à 1 min à pied, arrivée avec notre horde d’enfant qui nous attendaient tous les jours, certains vont sur le chantiers pour avancer les travaux et d’autres restent avec les enfants pour faire des activités : jeux extérieurs, cours de français de Cécé, je leur donnais de temps en temps des cours de danse afin de préparer un spectacle pour la kermesse, atelier dessin de Sophie (les enfants étaient extrêmement talentueux), tournoi de pingpong de Nico, gros foot d’Adri, atelier de Bracelet de Candice, bref des activités où les sourires et nos mains suffisaient pour communiquer ! 

Que retiens-tu des personnes sur place, de la culture, de la nourriture, etc. ?

Un peuple accueillant, souriant, qui vie comme on vivait il y a 70 ans, simplement, avec la culture de la terre et du bétail, un peuple où famille et tradition sont maître-mots. Un peuple avec beaucoup d’histoire et une culture riche, un peuple dont on tombe amoureux… 

Question bateau : un souvenir marquant de la période PE ?

Premier jour, on se balade dans le village, on tombe sur une petite église toute noire, on sort et là une horde d’enfants arrivent, ils n’osent pas nous approcher. Un des bénévoles parlant arménien nous présentent. Leur mère arrive et nous invite chez elle, on accepte. On entre dans une toute petite maison, très pauvre, très très pauvre, ils n’avaient rien et pourtant elle nous a tout donnée, elle nous a fait asseoir et nous a dressé une table si remplie qu’on ne voyait plus la vieille nappe. Il nous donne du café arménien, c’est-à-dire de la marc de café chauffée, ayant des ennuis de santé je ne peux pas en boire mais par politesse je me force. Une voisine arrive, s’assoit et nous explique qu’elle lit dans la marc de café, elle finit par attraper ma tasse et me lire mon avenir. Elle ajoutait des détails si réalistes, des anecdotes sur ma vie et ma personne, très très perturbantes, on se regardait tous choqués par la véracité de ses dires. En repartant, je restais bien perturbée par la lecture de mon avenir et nous croisons une vieille dame avec un bébé dans les bras. On s’approche, j’embrasse le bébé, le prends dans mes bras et au moment de repartir le bébé ne veut plus quitter mes bras. Il se met à pleurer, c’était assez étrange, ce bébé fût mon coup de coeur de la mission. Une histoire un peu longue que je vous raconte là mais pour un premier jour ç ne prévoyait que beaucoup de moments forts et ce fût le cas !  

Après la période PE

Peux-tu me parler en quelques lignes de votre road trip ? Notamment les moments les plus marquants. 

On est restée entre filles 5 jours avant la mission et 5 jours après la mission pour visiter le pays. Heureusement qu’on la fait car c’est un pays magnifique avec des paysages diverses et précieux, des monastères par milliers tous plus beaux les uns que les autres et beaucoup de belles personnes sur notre chemin. Un conseil pour vos prochaines vacances : partez en Arménie ! C’est pas cher et ça vaut vraiment le détour !!!  

Et si tu avais quelque chose à dire à quelqu’un qui hésiterait encore à prendre part à un PE pendant ses années à l’em, que lui dirais-tu ?

Fonce, ce serait la plus belle expérience de ta vie ! Tu grandis, tu apprends sur toi-même alors que tu pensais être déjà mature, tu rencontres des gens qui changeront ta vie, tu vis des moments qui resteront dans ton coeur à jamais et tu réalises quelque chose de bon pour des êtres qui n’ont pas un quotidien aussi confortable que toi. Dans la vie il faut donner pour recevoir, alors part tu donneras de ton temps, de ta force, mais tu recevras au centuples de l’amour. Notre responsable arménien nous a dit un jour : “Peut-être que vous ne vous rendez pas compte du changement que vous opérez, mais je vous assure que tout ce que vous faites ici aujourd’hui changera certains de ces enfants à jamais, et demain grâce à vous certains voudront devenir footballeur, enseignant, apprendre le français, voyager, croire en leur rêve ou juste rêver, alors merci c’est la seule chose que l’on puisse vous dire.”