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Les leçons à tirer du sport pour le management en entreprise

Cristiano Ronaldo, Serena Williams, Tony Parker, vous connaissez peut-être leurs exploits, leur palmarès, sûrement avez-vous encore en mémoire un but, un dunk, un set… une action fulgurante mais pourtant inoubliable de ces immenses athlètes. Mais savez-vous qu’au-delà des foules qu’ils soulèvent et des rêves d’enfants qu’ils façonnent, ces sportifs inspirent aussi les managers, de la petite entreprise familiale aux plus hautes tours de la Défense. Quelles leçons tirer du sport pour le management en entreprise ?

Par Thomas Jouanno, 

Le soleil brille à Paris en ce 26 août 2021. Il est 15h lorsque, à l’hippodrome Longchamp, conviés à l’université d’été du MEDEF, les deux ramistes champion olympique Matthieu Androdias et Hugo Boucheron s’apprêtent à prononcer leurs premiers mots face à un parterre de dirigeants d’entreprise. Tous écoutent, attentifs, les deux médaillés d’or et les leçons de management qu’ils ont à offrir. En effet, le sport est une véritable source d’apprentissage et de bonnes pratiques pour les managers.

L’esprit d’équipe et l’importance de la cohésion

Il est important pour un manager de bâtir une équipe cohérente et complémentaire. Il en est de même pour le sport, où un collectif complémentaire est souvent la clé du succès.  Défenseurs ou profils plus offensifs, finisseurs ou récupérateurs, gardien de but ou entraîneur. En effet et n’en déplaise à Booba, il ne faut pas que des numéros dix dans sa team. Un manager doit composer son équipe en s’appuyant sur les atouts des membres de son effectif, rechercher la complémentarité par la différence, définir des rôles clairs et satisfaisants pour tous, mélanger ces ingrédients afin d’obtenir une bonne cohésion d’équipe. Le manager doit s’attacher à construire une harmonie et à un esprit de corps, il pourra ainsi amener son équipe vers le succès.

Un esprit d’équipe aussi solide soit-il, n’est pas immuable et reste sujet à des divisions potentiellement menaçantes. Une des principales menaces à l’harmonie d’un groupe est la toxicité de certains membres, c’est-à-dire leur caractère égoïste, arrogant, procrastinateur ou encore susceptible et fermé d’esprit. Un manager doit veiller à chasser ces comportements afin de préserver le collectif” au-dessus de tout” comme aime à le rappeler Didier Deschamps. Ce principe s’applique assez clairement dans certaines entreprises telles que Michelin qui n’hésite pas à se séparer des éléments toxiques, bien que parfois performants.

Enfin, l’individualité doit se muer dans le collectif, et non l’inverse. La performance individuelle ne doit pas être le graal mais un conducteur. Pour faire le parallèle avec le football, un passeur altruiste vaut mieux qu’un buteur égoïste. Cela est vrai pour l’équipe mais aussi pour le manager, qui à la manière d’un capitaine doit être au centre du jeu, et non au-dessus. Pour favoriser cela, un manager devrait favoriser les indicateurs de performance collective, au détriment des individuels qui peuvent nuire à l’unité d’un groupe.

Pep Guardiola préparant son plan de jeu / Prime Vidéo.

La capacité d’adaptation, une compétence transverse

Une image tirée d’un documentaire d’Amazon Prime montrant les coulisses d’une saison de Manchester city est devenue un meme sur internet. Elle montre l’entraîneur Pep Guardiola déplaçant des aimants sur un tableau pour illustrer la tactique qu’il souhaitait mettre en place, et cela à la mi-temps d’un match de ligue des champions. Cela illustre la capacité d’adaptation des sportifs et de leurs entraîneurs, dont les managers peuvent tirer des leçons.

La capacité d’adaptation dont font preuve les sportifs doit inspirer les managers, amenés à s’adapter, à prendre des décisions dans un monde changeant. Du collègue absent à la crise sanitaire en passant par la fusion de son entreprise ou un mauvais résultat, il doit, à la manière d’un alpiniste, être capable de faire face à l’imprévisible, parfois même le plus extrême. Mais son rôle l’oblige également à être capable de s’adapter au sein même de son équipe. En effet, un manager se doit d’avoir une grande capacité d’adaptation non seulement parce que ses subordonnés n’ont pas tous le même rapport à l’autorité, attentes et susceptibilités, mais également parce qu’ il peut évoluer dans un monde interculturel, surtout s’il travaille dans une grande entreprise. Si tel était le cas, il devrait veiller à ne pas imposer de culture dominante, mais bien un environnement ouvert d’esprit et de compréhension mutuelle.

L’empathie au coeur du management

Un regard fixé à l’horizon, un cœur qui s’accélère, l’adrénaline qui s’empare de notre corps, puis une entrée dans une arène remplie de spectateurs. Et soudain, un but, une ligne d’arrivée franchie avant les autres, un coup de sifflet délivreur. Ça y est, c’est gagné.  L’émotion prend le contrôle, un cri nous échappe, un geste, un “suuu”. L’émotion dans le sport joue un rôle fondamental, et les célébrations des athlètes en sont l’illustration. Après des heures, des jours, des années de préparation, elle est un moyen pour les sportifs de libérer leur stress accumulé, éclipsé le temps d’un instant par un tourbillon de joie et de fierté.

La balle est entre les pieds des managers / Entreprendre.

A l’instar du sportif, le manager doit accorder une grande importance aux émotions. En fait, elles sont un indicateur qualitatif sur l’état de ses équipes, un signal d’alerte lui permettant d’anticiper l’état futur de ses collaborateurs.

Si le manager peut utiliser les émotions comme baromètre de son management, il peut aussi les prendre en compte dans son management en lui-même, en adoptant une approche empathique. A cette fin, il pourra accorder un droit à l’erreur, pour favoriser la créativité et l’audace de ses effectifs. De même, il aura la possibilité de donner confiance en ses équipes, d’augmenter l’estime qu’ils ont d’eux même en leur donnant des responsabilités, et ainsi augmenter leur motivation.

A l’instar du sportif, le manager doit accorder une grande importance aux émotions.

Le mental, une qualité indispensable

Quand un sportif évoque les raisons de sa victoire, les raisons qui reviennent le plus sont le mental, la motivation et la détermination. Ce sont des moteurs essentiels qui permettent d’atteindre les sommets, parfois le supplément d’âme, de créer des exploits : une victoire du XV de France face aux mythiques All-Blacks néo-zélandais.

Dans le management, le mental et la détermination sont des qualités qui soudent le groupe et lui permettent d’outrepasser les difficultés, lui permettant ainsi de venir à bout d’un projet. Le manager doit faire preuve d’un mental d’acier, mais également savoir motiver ses troupes pour les emmener vers la réussite.

Le manager devrait donc retenir ces quatre éléments essentiels qui façonnent chaque grand sportif : le mental, l’émotion, la cohésion d’équipe et la capacité d’adaptation. Cependant, il serait dangereux d’appliquer les méthodes de management des entraîneurs sportifs. En effet, il ne faut pas oublier qu’un sportif évolue dans des conditions particulières intransférables au salarié ordinaire. Leur rémunération, leur médiatisation, le caractère passionné de leur activité, leur entraînement et surtout leur abnégation permettent d’exiger beaucoup d’eux. Un manager ne peut pas demander autant d’implication à un membre de son équipe. En effet, il n’est pas envisageable pour un manager d’entreprise d’imposer une alimentation et un mode de vie à ses collaborateurs, pratique pourtant courante chez les sportifs de haut niveau.