Les départements RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) des grandes entreprises sont souvent très critiqués pour écrire de beaux rapports qui ne contiennent que de belles phrases et pas d’actions concrètes. Mais heureusement, certaines entreprises comme Danone ne pratiquent pas ce greenwashing. Alors, en quoi peut-on affirmer que Danone mène une bonne politique RSE ?
Danone, une entreprise historique
Commençons par une mise en contexte : Danone est une entreprise française créée à Barcelone en 1919, dont le siège est maintenant à Paris. Elle a 4 grands pôles et des nombreuses marques : produits laitiers et d’origine végétale (Activia, Danette, Gervais, Actimel, Velouté…), eaux en bouteille (Evian, Volvic, Badoit…), nutrition médicale (Nutricia) et nutrition infantile (Blédina, Gallia…). Le groupe emploie 105 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 25 milliards d’euros en 2018. Présente dans plus de 120 pays, la multinationale alimentaire réalise les 2/3 de ses ventes hors de l’Europe !
Depuis 100 ans, Danone a gardé le même objectif : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre.
Les départements RSE (« Corporate Social Responsibility » en anglais) sont plutôt récents dans les grandes entreprises. L’objectif de cette démarche est de montrer que les entreprises ont une responsabilité et qu’elles ont un rôle à jouer pour respecter les principes du développement durable.
Danone a la réputation d’être une des entreprises les plus en avance sur les thématiques sociales et environnementales. Par exemple, vous avez très probablement entendu le célèbre discours de son PDG Emmanuel Faber à HEC. Il y explique notamment l’importance de la justice sociale, de repenser l’économie telle qu’on nous l’a enseignée, de ne pas avoir la richesse financière comme seul objectif. « Aujourd’hui, on attend des grandes entreprises qu’elles aient un impact économique, social et environnemental positif. A travers notre vision ‘’One Planet, One Health’’, nous sommes convaincus que nous pouvons changer le monde grâce à l’alimentation », explique-t-il. De beaux messages ; mais qu’en est-il vraiment, de la démarche RSE de Danone ?
Danone, une entreprise qui fait du développement durable sa priorité
La multinationale française a récemment mis en place des actions qui respectent l’environnement. Dans sa lutte contre le réchauffement climatique, Danone a réduit ses émissions de CO2 de plus de 15% depuis 2015. En ce qui concerne l’utilisation de l’eau, sa consommation a diminué de 48% depuis 2000. Puisqu’elle veut être un acteur clé de l’économie circulaire, 87% des emballages de Danone sont recyclables, réutilisables ou compostables. En tant qu’entreprise agroalimentaire, elle se doit également de soutenir une agriculture durable et régénératrice. Par exemple, plus de 40% du lait collecté est certifié comme respectant le bien-être animal.
Mais contrairement à ce qu’on peut parfois penser, la RSE ne se limite pas à l’aspect écologique. En effet, Danone fait aussi beaucoup d’actions d’un point de vue social. Une entreprise sociale se doit par exemple de mettre en avant la diversité.
Chez Danone, 50% des cadres et cadres dirigeants sont des femmes.
Une telle parité est très rare pour des entreprises de cette taille. De plus, les salariés sont dispersés partout dans le monde et bénéficient pour la plupart d’une couverture santé de bonne qualité. A côté de tout cela, Danone possède de nombreux fonds qui servent à promouvoir l’innovation sociale.
D’un point de vue économique, si Danone continue de voir ses ventes augmenter, c’est en grande partie grâce à capacité à innover et à se renouveler. Par exemple, elle a su récemment s’adapter aux nouvelles tendances d’alimentation en étendant sa gamme à des produits d’origine végétale (cafés à emporter, desserts glacés, boissons et yaourts d’origine végétale) et à développer le bio. Cette entreprise aux nombreuses marques adopte de plus en plus le « Test & Learn », une technique qui consiste à faire goûter le produit à des consommateurs et se servir de leurs retours pour améliorer leur recette.
Evidemment, tout n’est pas parfait. Si Danone montre de la bonne volonté, on pourrait quand même souligner quelques pistes d’amélioration. Par exemple, la plupart de ses emballages sont en plastique, une matière polluante et qui génère beaucoup de déchets. Dans le pôle Eaux de Danone, seulement 12% des bouteilles en plastique sont recyclées ! De même, l’entreprise pourrait en faire davantage sur l’agriculture durable car les ¾ du lait collecté proviennent de producteurs qui n’ont pas de contrats de long terme avec Danone. Il reste donc quelques progrès à faire…
Danone, une entreprise avec de nombreux projets à venir
Danone est une entreprise qui se projette vers l’avenir. En 2018, les Objectifs Danone 2030 ont été lancés et sont en adéquation avec les 17 ODD (Objectifs du Développement Durable) de l’ONU.
Le premier objectif pour Danone en 2030 est d’avoir un modèle d’entreprise durable. Le géant français de l’agroalimentaire cherche sans cesse à innover pour générer une croissance durable et stable. Mais la croissance de l’activité économique n’est pas le seul objectif de l’entreprise. En effet, Danone souhaite continuer à recevoir de plus en plus de certifications sociales et environnementales, souvent remises par des agences de notation extra-financières, qui attestent de la bonne conduite de l’entreprise. Pour 2030, son objectif est d’utiliser 100% d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables.
Le deuxième objectif pour 2030 est de continuer à développer des marques engagées (« manifesto brands ») qui protègent la santé humaine et celle de la planète, en lui permettant notamment de renouveler ses ressources.
Enfin, le troisième grand objectif de Danone pour 2030 est de faire confiance à ses parties prenantes et de se développer de manière inclusive. Par exemple, une mesure importante commence à être mise en place pour créer un nouveau système de gouvernance inédit.
Le système « Une personne, une voix, une action » permettra à chaque collaborateur d’être actionnaire de Danone et de co-créer l’avenir de celle-ci.
Grâce à ce système de gouvernance très innovant, chacun des 105 000 salariés pourra faire entendre sa voix et être acteurs des décisions de l’entreprise.
Comment améliorer notre façon de faire de la RSE ?
Heureusement, il existe des entreprises comme Danone qui ont une vraie stratégie RSE et qui ont compris que le respect des normes sociales et environnementales n’est pas un frein à la performance financière d’une entreprise sur le long terme.
Aujourd’hui, il existe des grandes tendances dans la RSE qui font qu’elle s’améliore de jour en jour. Dans un rapport RSE, on n’attend pas du greenwashing, mais des chiffres percutants, des actions mises en place et des objectifs ambitieux pour les années à venir. La RSE ne devrait pas être un simple département contraignant pour une entreprise, mais il devrait en être la raison d’être.
On observe qu’il y a une véritable volonté politique pour changer les objectifs des entreprises au niveau international. En effet, les entreprises ont maintenant tout intérêt à prendre en considération dans leur stratégie les 17 ODD (Objectifs du Développement Durable), ainsi que les 10 principes de l’UNGC (United Nations Global Compact) : des principes énoncés par l’ONU qui présentent des objectifs à suivre tels que la préservation des droits humains, la protection de l’environnement, les bonnes conditions de travail, la lutte contre la corruption…
Les entreprises peuvent aussi être aidées pour savoir les critères à prendre en compte dans leur politique RSE. Tous ces critères sont regroupés par le GRI (Global Reporting Initiative). Il existe enfin un moyen pour les entreprises d’être en adéquation avec l’accord de Paris : les SBT (« Science Based Targets ») permettent à toutes les entreprises qui le souhaitent d’aligner leurs objectifs avec les 2°C de réchauffement climatique d’ici 2100.
A nous de jouer, emlyens, futurs cadres d’entreprise ! A nous d’aider les grandes entreprises dans lesquelles nous travaillerons demain à agir pour le développement durable !
Par Octave Kleynjans, journaliste au NOISE emlyon