Le secteur textile, une industrie pas réputé responsable
Que ce soit socialement ou en matière de responsabilité environnementale, le textile n’a pas bonne presse. Socialement d’abord, car comme révélé par la catastrophe du Rana Plaza en 2013, les entreprises textiles qui sous-traitent à l’autre bout du monde n’ont pas forcément un contrôle sur les conditions de travail locales.
Écologique ensuite, car le textile est aujourd’hui la deuxième industrie la plus polluante dans le monde, juste après celle du pétrole : elle serait à l’origine de l’émission de 3% des émissions mondiales de CO2, soit plus que l’ensemble des émissions du transport aérien et maritime réunis (rapport de la fondation Ellen MacArthur A new textiles economy : Redesigning fashion’s future).
Tout au long de leur cycle de vie, les vêtements polluent. A ce mode de production s’ajoute le fait que la consommation a explosé: +60% de vêtements achetés en France lors des quinze dernières années. Le secteur du textile a donc des progrès à faire.
Comment l’industrie textile pollue-t-elle ?
Tous les maillons de la chaîne de l’industrie polluent :
- Les matières premières : culture des fibres naturelles, récolte, et emballage. Pour les fibres synthétiques, extraction du pétrole et transformations pour arriver jusqu’au fil.
- Fabrication : confection du tissu, fabrication du vêtement textile, avec prise en compte du transport entre chaque étape, ainsi que les déchets générés.
- Distribution : packaging des produits, transport jusqu’au lieu de vente, consommation en énergie des points de vente
- Usage : nombre de cycles de lavage, séchage et repassage etc…
- Fin de vie : incinération ou recyclage, transport associé.
En réaction à ce constat est née une nouvelle tendance : la mode éthique
Face à cette critique de la surconsommation, des acteurs du textile ont fait de leur positionnement la mode éthique. La mode éthique est exactement dans la veine du développement durable : recourir à des matières écologiques, biologiques ou recyclées pour réduire l’impact environnemental des produits, et respecter les principes du commerce équitable. Aux Etats-Unis, Patagonia apparaît comme la figure de proue de ce mouvement responsable, avec une image de marque clairement associée à la lutte contre le gaspillage et la protection de l’environnement depuis ses débuts, en 1972.
En France, Veja, entreprise créée en 2004 par des diplômés d’HEC et de Dauphine, est également sur ce créneau en confectionnant des baskets écologiques issues du commerce équitable. Les deux sont des acteurs B-Corp, communauté qui regroupe des entreprises dont la mission sociale est reconnue par ce label.
Et que font les grands acteurs ?
Les grands acteurs suivent le mouvement, et lancent de plus en plus d’initiatives responsables. Le cabinet Mazars notait d’ailleurs que la filière luxe, qui ne fait pas figure de précurseur pour appréhender les enjeux environnementaux et éthiques, a engagé une dynamique irréversible où les questions éthiques sont portées à l’agenda stratégiques des firmes de la filière. En témoigne les départements RSE des grands groupes français LVMH et Kering, dont le but est de limiter leur impact négatif sur l’environnement. A LVMH, l’initiative LIFE mesure la performance écologique du groupe.
Mais chez beaucoup d’entre eux, les bonnes actions publiques côtoient les casseroles. Ainsi, H&M, cité comme l’un des meilleurs acteurs en matière de transition écologique par l’ONG Textile Exchange, est aussi soupçonné d’avoir brûlé une dizaine de tonnes de vêtements invendus depuis 2013. Les acteurs traditionnels agissent donc, mais gardent encore des mauvaises habitudes.