Tous concernés, tous responsables? Au delà de ce type de généralités peu précise il peut être utile de chercher la nuance et de se poser les bonnes questions; surtout si l’objectif et de venir à bout du problème en question.
Quelle approche pour le réchauffement climatique?
Le réchauffement climatique est un problème qui nous concerne tous et que beaucoup prennent à cœur. Étant donné l’importance de la question climatique, mieux vaut l’aborder de façon factuelle. Cet article a pour but de donner des éléments informatifs qui permettent de mieux appréhender le réchauffement climatique, les façons de le combattre et le développement durable en général. Plus encore, l’objectif est de passer en revue les différents états d’esprit face à la question à travers des exemples pour savoir où se placer face à des problèmes de cette envergure.
Confirmer ses convictions ou chercher des informations nouvelles
Dans la lutte contre le réchauffement climatique – ou contre tout problème de ce type – il y a une différence entre proposer des mesures qui semblent utiles ou judicieuses, et les mesures qui le sont vraiment. Il est difficile de trouver les bonnes données, d’abord parce que cela demande un travail de recherche et de réflexion non négligeable, ensuite parce que nous avons tendance à ne chercher – et à trouver – seulement les informations qui confirment notre position. C’est ce que le psychologue et économiste Daniel Kahneman appelle « confirmation bias ». Prenons un exemple : l’impact environnemental des différents régimes alimentaire. Il est facile de trouver des articles qui diabolisent la consommation de viande. Il est également possible de trouver des sources qui relativisent l’impact de la consommation de viande sur l’environnent :
« A systematic peer-review of studies of going vegetarian shows that a non-meat diet will likely reduce an individual’s emissions by the equivalent of nearly 1,200 lbs carbon dioxide. For the average person in the industrialized world, that means an emissions cut of just 4.3%. »
Plutôt que de « choisir son camp » et de ne consulter et faire confiance qu’aux sources qui vont dans notre sens, il est utile de se poser les bonnes questions.
Il serait trop simple pour un mangeur de viande de rejeter toute autre information au profit de celle-ci car elle minimise l’impact environnemental de la consommation de viande. Les personnes ayant tendance à opposer la consommation de viande ou en faveur d’une consommation plus modérée auront tendance à rejeter ce genre d’informations. Ils questionneront les sources, les méthodes de calculs, les intentions des parties prenantes etc. C’est légitime. Il faudrait cependant appliquer la même attention au détail et à l’exactitude pour les informations qui valident notre position que pour celles qui la contredisent.
Fiabilité des sources
Un GIF sur facebook n’a pas la même fiabilité qu’un rapport scientifique de 400 pages rédigé par une source sure. Cela paraît évident ; il n’empêche que nous aurons tendance à croire ce que nous lisons, à confondre le vrai et le familier. Dans son livre « Thinking fast and slow » D.Kahneman résume ce biais cognitif par la formule : « what you see is all there is ». Les informations nouvelles semblent plus durex à croire. Inversement, si quelque chose est familier ou facile à se représenter on a tendance à croire que cette chose est vraie.
Les ordres de grandeurs
L’importance d’un problème est liée à son ordre de grandeur. Plutôt que de s’arrêter à « l’industrie pollue » il est bon de savoir que la production industrielle représente 22% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2017 (voir annexe). Les données chiffrées permettent de se poser les bonnes questions et de ne pas faire d’erreur.
Dire que l’avion pollue beaucoup est vrai : c’est le moyen de transport le plus polluant au km parcouru. Dire que réduire la pollution liée aux avions est une priorité est plus discutable : les vols d’avions représentent 1.5% des émissions de GES à l’échelle mondiale. Ce n’est pas rien, mais c’est loin derrière la voiture, l’industrie etc. Il ne faut toutefois pas oublier que l’avion est beaucoup moins utilisé que les autres moyens de transports, en France et surtout à l’échelle mondiale. L’ordre de grandeur serait amené à changer si tout le monde se mettait à voyager en avion.
Deux échelles
Il y a différente échelles de réflexions en matière de protection de l’environnent et de sauvegarde du climat : l’échelle globale, celle des entreprises, des États et des organisations internationales, et une échelle locale, celles des actions quotidiennes. Suivant l’échelle choisie, et donc l’angle d’analyse, une proposition peut être plus ou moins avisée. En vue de certains des éléments présentés nous pourrions déduire que réduire la consommation de viande et faire le choix de ne pas prendre l’avion ne sont pas des priorités.
L’échelle macro : ce qui nous dépasse
Cette proposition semble correcte à l’échelle des États et des décisions politiques : interdire l’avion et la consommation de viande (ou mettre en place des règles contribuant à en réduire l’utilisation/la consommation) représenterait des efforts colossaux, des coûts importants et une sauvegarde de l’environnent très limités. D’autres sujets mériteraient plus d’attention gouvernementale comme l’investissement dans des énergies renouvelables pour les rendre compétitives face au pétrole.
L’échelle micro : ce qui nous concerne directement
À l’échelle des individus, ce n’est pas la même histoire. On ne peut pas faire la R&D nécessaire soi-même (à moins d’être qualifié dans ce domaine ou de financer ce type d’initiatives). Il est par contre possible de réduire sa consommation de viande, de limiter son utilisation de l’avion et de manière générale de choisir l’option la moins polluante. Les ordres de grandeurs restent les mêmes : si tous le monde arrête de prendre l’avion, les émissions de GES ne s’en trouveront que de 1,5%. Néanmoins, c’est un moyen de participer à son échelle.
Toute solution durable pour surmonter les problèmes liés au réchauffement climatique ne peut se passer de l’échelle macroscopique, mais les actions individuelles jouent également leur rôle. Chaque geste compte, à sa façon et dans des proportions qui lui sont propres. Plutôt que de dire « de toute façon, ça ne change rien si je prends l’avion », pourquoi ne pas dire « et si je montrais l’exemple ». Notons que l’avion est choisi ici à titre d’exemple. Il n’y a pas une façon de contribuer positivement (ou moins négativement) au réchauffement climatique. Chacun peut choisir son combat, sa façon de faire avancer les choses. On pourrait reprendre l’idée des crédits carbones des États et se l’appliquer soi-même.
Des ressources utiles
Il peut être utile de chercher plus d’information sur le réchauffement climatique. Voici quelques sources intéressantes dans leur contenu et digeste dans leur format :
Cours sur l’énergie aux Mines Paristech : https://www.youtube.com/watch?v=xgy0rW0oaFI
Débat sur le réchauffement climatique, et les mesures à prendre : https://www.youtube.com/watch?v=F02w4J8c5Yo
Mise en perspective du débat climatique : alarmisme vs approche rationnelle : https://www.youtube.com/watch?v=tUR0LrSadkg