Fortune, gloire et pouvoir. Tel est l’objectif que cherchent à atteindre certains étudiants en intégrant les plus grands cabinets de conseil. Pour autant, ce secteur, qui recrute énormément à la sortie des écoles de commerce, ne peut se résumer en ces trois mots. Focus sur un secteur porteur d’opportunités.
Par Samuel Bellemare,
Un secteur aux offres variées pourtant en manque de mains
L’un des grands atouts du conseil est la diversité des missions et domaines d’intervention. Si les cabinets de conseil en stratégie sont les plus souvent cités, ils ne représentent qu’un type de cabinet parmi d’autres. De la gestion des ressources humaines au numérique, en passant par les questions juridiques, le secteur du conseil couvre un ensemble assez large d’activités pouvant intéresser plusieurs profils. Outre les très bonnes rémunérations qu’on peut parfois trouver -3 000€ brut en moyenne à l’entrée- la promesse de ne pas s’enfermer dans une routine grâce à la diversité des missions proposées est un argument de poids avancé par les cabinets pour attirer de nouveaux talents. Ces éléments, ainsi que la promesse d’une évolution en responsabilités rapide, font des cabinets de conseil un objet de convoitise pour les étudiants d’écoles de commerce et un des plus gros recruteurs en sortie d’étude.
Pour autant, les cabinets de conseil font face à un déficit de main d’œuvre. En effet, en raison de la crise de la Covid, le secteur du conseil a accumulé du retard dans les recrutements. Les interruptions dans les processus d’entretiens et les différents reports ont sévèrement amputés les campagnes de recrutement des cabinets de conseil. Ceci couplé à des promotions ininterrompues, pour conserver les talents, ainsi qu’un regain d’activité qui ont provoqué la mise sous tension des « bas de pyramides » des cabinets sur les postes de consultant. Ainsi, seuls 4% des cabinets estiment aujourd’hui ne pas souffrir d’une pénurie de recrue selon le site spécialisé Consultor. Pour faire face à cette situation inédite, ces derniers ont dû prendre des mesures drastiques et faire évoluer leurs processus de recrutement. Pour atteindre un vivier de candidats plus large, ils n’hésitent pas à étendre leur cible d’école et à ouvrir des antennes en régions. Ainsi Simon-Kucher & Partners a récemment décidé de s’installer à Lyon et Bordeaux pour attirer ceux qui ne sont pas tentés par un emploi à Paris.
Une domination des grands cabinets anglo-saxons
Bien qu’ils éprouvent des difficultés à recruter, la période post-crise semble offrir de belles perspectives, en matière d’activité, aux cabinets de conseil. En effet, le secteur, qui a su faire preuve d’une certaine résilience durant la crise, voit les voyants progressivement passer au vert. Après un recul inédit de 7,2% de l’activité en 2020, les cabinets de conseil ont connu une croissance de plus de 10% de leur activité en 2021. Si l’ensemble du secteur bénéficie de cet effet de rattrapage, les grands cabinets, qui ont assis une véritable domination qui semble difficilement contestable, sont les principaux gagnants. Ils s’appellent PwC, EY, Boston Consulting Group, McKinsey… et représentent à eux seuls 56% du chiffre d’affaires mondial du conseil en 2021. Face à ces mastodontes, plusieurs « petits cabinets » se font les chantres d’un management plus humain et d’une mise en adéquation des aspirations des salariés avec leurs missions. On peut dès lors citer des cabinets français tels que Accuracy ou Niji. Il en résulte un écosystème très large, fort de plus de 15 000 entreprises en France.
Un secteur en mutation
Si leur taille et leur influence diffèrent, tous les cabinets de conseil ont été affectés par la crise de la covid. Dans ce secteur ultra-concurrentiel, ils ont dû prendre des mesures pour s’adapter et continuer à fournir à leurs clients des prestations de qualité. Cette crise a été un véritable point de bascule.
D’une part, nous retrouvons des mutations internes aux cabinets de conseil. Comme dans la grande majorité des secteurs, le télétravail a été de rigueur durant la crise. Sa mise en place ne semble pas avoir été une équation trop dure à résoudre au vu de la nature du travail et de l’âge moyen des consultants, plutôt jeunes et adaptables. La pratique du télétravail semble se maintenir en partie. En effet, plusieurs consultants y voient une bonne alternative aux longs déplacements pour des problématiques qui peuvent facilement être discutées et résolues à distance. Par ailleurs, comme le confiait Matthieu Courtecuisse (fondateur de Sia Partners) au média Consultor, les cabinets de conseil offrent de plus en plus la possibilité à leurs salariés de mieux occuper le territoire en opérant en région. Une bonne opportunité pour ceux qui veulent échapper à la vie parisienne et changer de cadre de vie.
En parallèle de ces changements internes, les cabinets de conseil ont aussi fait face aux évolutions des demandes des entreprises. Par exemple, plusieurs entreprises s’interrogent sur leur chaîne d’approvisionnement pour pouvoir faire face efficacement aux prochains chocs (économiques, technologiques, écologiques, sociaux). Le développement durable, la transition digitale et le développement de nouveaux canaux de distribution constituent également des préoccupations majeures pour les entreprises. Autant de sujets sur lesquels les cabinets de conseil devront se former et approfondir leur expertise pour espérer prospérer.