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La RH, un métier ancré dans le business et l’humain avec Canal + : adaptation, écoute et polyvalence

Chloé : Pouvez-vous vous présenter : Qui êtes-vous et quel est votre poste actuel ? 

Mélissa Kanizaj : Je m’appelle Mélissa Kanizaj. Je suis RH opérationnel au sein du groupe Canal + et plus particulièrement au sein du pôle Marketing/Commerce client.

C : Quel est votre parcours ? 

M : J’ai un parcours de formation assez atypique. À 16 ans, j’ai commencé mes études de coiffure en alternance. À la fin de ce parcours, je me suis rendue compte que je ne voulais pas vraiment finir ma carrière dans ce milieu-là. J’avais aussi eu des problèmes de santé liés à ce métier à cause de la station debout prolongée qu’il impose. J’ai décidé de me réorienter et de reprendre mes études. J’ai effectué un BTS assistant manager en école spécialisée dans la communication, le marketing, les RH et la relation client. J’ai fait toutes mes études en alternance, j’ai vraiment aimé ce format d’apprentissage qui permet de voir toute la réalité du marché et du milieu professionnel. J’ai effectué ce BTS en alternance au sein du groupe Boloré et plus précisément dans l’entreprise IER, une petite filiale du groupe. C’est là qu’est née mon attirance pour le métier des RH. J’ai donc décidé de continuer mes études en bachelor RH et puis, enfin, en master. J’étais tout d’abord en alternance au sein de la société Provalliance, dans les salons de coiffure de M. Provost, ce qui allait bien avec mon ancienne expérience de coiffeuse. Ensuite, j’ai fait mon master – ma première année chez Canal en tant qu’assistante de formation au sein du pôle de développement RH. Je termine actuellement ma deuxième année de master sur un poste de RH opérationnel, toujours en alternance. 

C : En quoi consiste exactement la RH opérationnelle ? 

M : Le poste de RH opérationnel est un poste à visée généraliste même s’il ne touche pas à tout. Le RH opérationnel est au plus proche des collaborateurs, comme un RH de proximité en quelque sorte. Il est en lien direct avec le collaborateur pour l’accompagner au mieux sur ces questions relatives aux RH tout au long de sa vie en entreprise.

C : Plus concrètement, à quoi ressemblerait la journée type d’un RH opérationnel ?

M : Il n’y a pas vraiment de journée type pour un RH opérationnel. Dans mon cas, je m’occupe de la population stagiaire et alternante. Je participe donc au recrutement. Je m’occupe ensuite de la vie en entreprise de l’apprenant : son suivi RH et son évolution de carrière. Plus ponctuellement, je peux aussi aider le ou la responsable RH sur des recrutements CDI et CDD. Que le RH opérationnel s’occupe d’une population stagiaire, alternante ou en CDD ou CDI, les missions restent globalement les mêmes. Seulement, pour un CDD ou un CDI, le suivi est plus long. Il y aura donc plus de suivi d’étapes, d’entretiens individuels, de suivis individuels, d’entretiens annuels, de points de carrières…

Ce que je fais au quotidien dépend donc vraiment des sujets en cours. En période de recrutement, par exemple, je m’occupe de traiter les candidatures, de recevoir les candidats potentiels en entretien. Ensuite, arrive la période d’intégration. Je suis l’arrivée du stagiaire, j’organise sa présentation RH, la présentation du groupe, les points de suivi individuels sur son intégration. Enfin, je me charge des demandes ponctuelles au quotidien. Je suis l’interlocuteur principal pour toutes les questions RH de l’alternant et du stagiaire. Mon objectif est de faire en sorte que la période de stage ou d’alternance se déroule au mieux.

C : Qu’est-ce qui vous plaît ou vous plaît moins dans ce poste de RH opérationnel ? 

M : C’est un poste qui demande beaucoup de rigueur et d’organisation mais aussi de la bienveillance. On peut être sollicité à tout moment. Il faut donc toujours être à l’écoute. Ce sont des qualités que j’ai envie de mettre en avant dans mon quotidien et mon travail. 

J’aime aussi aider les collaborateurs. C’est toujours plaisant de voir qu’on a aidé un stagiaire à refaire son CV. 

Plus personnellement, j’aime beaucoup la partie administrative de suivi comme par exemple enregistrer le personnel dans nos logiciels RH. 

C : Vous avez d’abord commencé une formation de coiffure pour finalement vous tourner vers la RH. Qu’est-ce qui vous a poussé dans cette reconversion dans la RH plutôt qu’une autre filière ? 

M : Quand j’ai arrêté la coiffure, c’était assez flou. C’est compliqué pour nous, les jeunes, de trouver notre voie. J’ai donc décidé pendant un an de mettre les choses à plat. J’ai fait une année en tant que conseillère de vente au sein de l’entreprise Histoire d’or. À un moment, j’ai pu avoir la responsabilité d’un petit magasin. C’était une réorganisation donc rien n’était officiel mais je me suis retrouvée à gérer une équipe de deux personnes. J’ai géré la partie administrative, les plannings. Cela m’a beaucoup plu. Je me suis donc renseignée ensuite sur les BTS possibles pour continuer dans cette voie. Le BTS assistant manager était assez large, il me permettrait de découvrir différents métiers de l’administration. Au cours de ce BTS, j’ai pu accompagner des stagiaires de 3ème. J’ai géré leur stage de 3ème au quotidien, j’ai mis en place des parcours d’intégration. C’est là que j’ai réalisé que les RH étaient la voie qui me plaisait.

C : Vous avez parlé tout à l’heure du métier d’assistante de formation. Quelle est la différence entre une assistante de formation et une RH opérationnel ?

M : L’assistante de formation est sur un seul volet des RH : le développement des compétences. Elle est en lien avec le collaborateur mais uniquement pour développer sa carrière. Cela concerne la revue de compétence annuelle et les plans de formation sur l’année. Le RH opérationnel voit  avec les managers les besoins des collaborateurs en termes de formation. Ils construisent ensuite un plan de formation sur une année et gèrent au quotidien les formations ponctuelles. Ce poste est donc vraiment relatif au développement professionnel du collaborateur pour qu’il soit le plus performant possible à son poste. 

C : Vous êtes RH chez Canal +, vous êtes passée par le groupe Provalliance qui est plutôt dans le domaine de la coiffure et de l’esthétique. Est-ce que vous trouvez qu’il y a une différence dans la manière d’exercer votre métier en RH en fonction du secteur ? 

M : Je pense que cela dépendra plus de la structure que du secteur. Un RH dans une grande entreprise n’aura qu’une casquette (carrière, recrutement,…) tandis que dans une petite entreprise, il ou elle pourra toucher à tous les domaines des métiers du RH. 

Pour le secteur d’activité, c’est le scope de métiers que l’on gère qui a une plus grande influence. Quand j’étais chez Provalliance, je me chargeais directement des coiffeurs sur le terrain. En comparaison avec ce que je fais actuellement auprès de personnes travaillant en marketing, la manière d’aborder les horaires et les contraintes est totalement différente. Finalement, la différence se situe sur le fait de s’occuper de personnes sur le terrain ou non. Les personnes sur le terrain n’ont pas le temps de s’occuper de petits détails administratifs. 

C : À choisir, vous préférez travailler avec des personnes sur le terrain ou des personnes qui ne sont pas sur le terrain, et pourquoi ? 

M : Je préfère le hors-terrain. Sur le terrain, c’est plus dur de rencontrer les collaborateurs dont on s’occupe. Les coiffeurs travaillent de 9h à 19h, ils sont toujours en activité.  Les contacts sont donc très rares et se font par téléphone. Le suivi est plus irrégulier. Ils n’ont pas le temps de s’occuper de nous en quelque sorte. Le travail finit donc par se cantonner à gérer les dossiers administratifs. Cela m’intéresse moins. Je préfère l’accompagnement du collaborateur. Si je ne peux pas l’accompagner, je me sens frustrée et c’est ce que j’ai ressenti à Provalliance. 

C : Vous parlez de cette frustration ressentie à Provalliance, j’imagine que c’est en partie cela qui vous a fait aller vers d’autres entreprises et secteurs, et notamment à Canal +. Était-ce un choix, une volonté d’aller à Canal + particulièrement ou était-ce dû à d’autres raisons ? 

M : Ce n’était pas spécialement une volonté. Je voulais vraiment exercer le métier des RH dans une grosse structure afin d’enrichir encore plus mes connaissances et pouvoir enfin appliquer les vraies pratiques RH, si je puis dire. Cependant, c’est vrai qu’en voyant l’offre de Canal +, j’ai postulé sans réfléchir et sans attendre. C’est un groupe que j’affectionne beaucoup. Je suis abonnée depuis toute petite et mon père est un fidèle de Canal +. C’était donc pour moi une évidence de postuler directement. J’ai eu la chance d’être retenue. Aujourd’hui, je m’épanouis dans cette entreprise. J’en apprends énormément sur le métier des RH et encore plus sur l’écosystème de Canal, des médias, de l’audiovisuel et même sur les métiers du marketing. 

C : Vous dites que le plus grand changement est dû au terrain ou hors terrain mais aussi à la taille de l’entreprise. Est-ce que vous conseilleriez aux étudiants d’emlyon qui veulent se lancer dans les RH de commencer à réfléchir au domaine dans lequel ils veulent exercer au domaine qu’ils veulent exercer, à la taille de l’entreprise qui les intéresse ou pour vous cela doit-il se faire en fonction des opportunités ? 

M : Il ne faut pas forcément faire le choix du secteur d’activité. Il faut avoir un réel engouement pour les métiers RH et après pourquoi pas choisir un secteur d’activité, mais pas l’inverse. Un RH doit vraiment aimer son métier car peu importe le secteur, il n’appréciera pas plus ce qu’il fait. 

Cependant, un conseil que je pourrais donner, c’est de commencer par une petite structure. C’est très formateur car cela permet de toucher à tout : au recrutement, à la formation, à l’administration du personnel voire même à la paye. Dans une grosse structure, le stagiaire est plus souvent limité à un domaine. 

C : Quels seraient, pour vous, les atouts en école de commerce pour travailler dans les RH ? 

M : Je dirais que l’étudiant en école de commerce a une vision généraliste des métiers, ce qui lui permet d’avoir une connaissance plus globale. Il est important pour le ou la RH de comprendre tous les métiers auxquels il a affaire pour répondre au mieux aux besoins des collaborateurs. 

C : Si vous deviez donner des conseils à des étudiants d’emlyon qui voudraient s’orienter vers les RH, que leur diriez-vous ? 

M : Il faut avoir un réel intérêt pour ce métier. Il faut aimer être dans le relationnel, à l’écoute, faire preuve de bienveillance, être serviable, avoir le sens de l’accompagnement, une certaine empathie. Cela nécessite aussi un esprit d’analyse des comportements. C’est pourquoi de plus en plus de personnes font des études en psychologie avant d’accéder à des postes en RH. Le RH doit savoir être discret car certains collaborateurs peuvent venir se confier à lui. Dans ce cas, il doit rester neutre tout en essayant de trouver une solution. Deux qualités sont essentielles surtout : l’organisation et la rigueur. Il faut savoir gérer des imprévus. Parfois, des recrutements très urgents arrivent. Enfin, l’étudiant doit être à l’aise avec l’administratif et le droit du travail. En quelque sorte, il doit être un petit caméléon. 

C : Vous avez parlé de conflits et de période de rush. Quelle a été la principale difficulté à laquelle vous avez dû faire face dans votre métier ? 

M : En recrutement, il faut essayer de s’adresser correctement aux managers qui n’ont pas toujours la réalité du marché actuel. Ils vont chercher un type de profil bien spécifique. Comme nous avons l’habitude de traiter les candidatures, nous savons que le marché a changé. Nous allons par exemple savoir que recruter des stagiaires en plein milieu d’avril n’est pas le meilleur choix puisque ces derniers commencent plutôt en janvier. Il faut pousser le manager à changer ses idées préconçues et sa mentalité. 

C : Avez-vous quelque chose à ajouter ? 

M : Je pense avoir fait le tour. J’ajouterai juste, en quelques mots, que le métier des RH est un métier polyvalent. Pour une personne qui aime faire plusieurs choses, cela peut vraiment être très intéressant. C’est un métier qui permet d’être constamment à la pointe de ce qui se fait sur le marché. On doit perpétuellement s’adapter aux nouvelles pratiques managériales pour pouvoir ensuite aider ses équipes en interne. Pour quelqu’un qui souhaite apprendre régulièrement et se challenger, c’est un métier très enrichissant !

Par Chloé Monange