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Interview de Léo Savigni : un double-diplôme en droit et en management, la combinaison parfaite pour s’orienter dans les Ressources Humaines ?

“Dans la fonction RH, le sens est dans le fait de donner du sens.”

Léo Savigni est étudiant en dernière année à emlyon business school et suit en parallèle un double-diplôme en droit social. Son objectif ? S’orienter dans le domaine des Ressources Humaines ! Il nous explique alors sa motivation à intégrer ce secteur, de plus en plus catégorisé comme féminin. Entre absence de routine, connaissances et compétences transversales requises, contact direct avec l’humain et recherche de sens, les RH constituent finalement la “valeur fondamentale du bon fonctionnement de l’entreprise” !

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Léo Savigni, je viens de Corse, où j’y ai suivi une formation en classe préparatoire littéraire. J’ai ensuite intégré emlyon business school avec un double diplôme en droit. Je suis actuellement mes derniers cours à emlyon tout en étant en parallèle en master de droit social à l’université de Montpellier. La plupart des cours d’emlyon que j’ai choisis sont extrêmement liés au domaine des RH, et mon parcours en droit social est aussi construit de manière à répondre le mieux possible aux attentes et besoins de ce domaine.

Justement, par rapport aux électifs choisis à emlyon, peux-tu en énumérer quelques-uns pour les étudiants qui seraient intéressés par ce domaine ?

Pour vous en citer quelques-uns, le cours OB (Ndlr : Organizational Behavior, électif obligatoire qu’il est possible de prendre à partir de la deuxième année) constitue un peu le premier pas. J’ai également suivi le cours de Management stratégique des Ressources Humaines, qui est très intéressant !

Beaucoup de cours proposés ne traitent pas directement des Ressources Humaines, mais restent toutefois très liés à ce domaine. Je pense notamment au cours “ Le manager émotionnellement intelligent”, qui permet d’avoir un aspect moins technique, mais plus axé sur le comportement du manager, ce qui est très utile en RH dans la mesure où le contact humain est essentiel. “Manager les équipes internationales” est également un cours très intéressant si nous sommes amenés à travailler en RH dans de grandes structures, puisque les relations internationales internes à l’entreprise constituent un enjeu majeur. Enfin, les cours “Psychanalyse des managers” et “Stress et management” donnent une approche moderne sur les considérations de développement psychologique que l’on peut retrouver dans le domaine des RH.

Pour revenir sur ton parcours, en quoi cette combinaison management/droit est une plus-value selon toi ? Qu’est-ce que le droit t’apporte de plus ? 

Concernant mon parcours droit, j’ai choisi la voie du droit social. La plus-value est selon moi de connaître la manière dont se déroulent tous les processus de management en RH. Il est toujours utile d’avoir un certain nombre de compétences en droit social car lorsque l’on parle de RH, on parle autant d’administration, que de gestion du personnel, des talents ou encore des relations collectives. C’est donc très lié au domaine du législatif, mis en place dans le code du travail notamment. Cela permet également d’être plus aux faits, d’être au courant des enjeux du droit du travail et de la sécurité sociale, qui sont des problématiques que vont rencontrer les DRH. Il n’est bien sûr pas nécessaire d’avoir fait du droit pour travailler dans les RH, mais c’est une plus-value d’avoir cette compétence un peu technique, couplée à la formation d’emlyon

Quelles sont les raisons pour lesquelles tu as choisi de t’orienter dans les RH ? Qu’est-ce qui t’attire finalement dans ce domaine ? 

Pour commencer, j’ai toujours bien aimé tout ce qui avait trait au contact humain de manière générale. J’ai cette envie d’apprendre sur l’humain en soi, et je trouve que c’est un aspect qui manque un peu lorsque nous sommes dans d’autres fonctions, comme la finance pure où l’on raisonne plus en termes de chiffres qu’en termes humain par exemple. 

De plus, les RH sont un domaine qui est à la croisée de toutes les compétences acquises en école de commerce, ce que je trouve très stimulant. Pour avoir parlé avec de nombreuses personnes travaillant dans ce domaine, aucune journée ne se ressemble : c’est une fonction qui croise de nombreux domaines – partie administrative, partie gestion de paie, partie développement de formations, gestion des talents, suivi des employés, etc. Cela requiert ainsi de nombreuses connaissances ; à titre d’exemple, il faut avoir un minimum de connaissances en finance pour comprendre les bilans comptables, ou encore en psychologie pour comprendre la manière dont les personnes au sein de la structure souhaitent évoluer. Finalement, les Ressources Humaines constituent la valeur fondamentale du bon fonctionnement de l’entreprise. Ce qui m’attire, c’est de ne jamais tomber dans une routine, car nous sommes constamment confrontés à de nouveaux défis :  des défis humains.

Il faut savoir que les RH sont un domaine d’expertise assez récent. Auparavant, on confiait la gestion du personnel à la direction administrative et financière, et aujourd’hui, on s’est rendu compte de l’importance et du rôle pivot des salariés dans le fonctionnement des entreprises. De nombreuses problématiques humaines viennent miner ces entreprises, et elles peuvent être résolues par le travail des Ressources Humaines. Elles sont cette interface entre la nécessité de satisfaire des clients de plus en plus exigeants dans un marché hyper concurrentiel, et satisfaire les besoins des employés, en termes d’évolution de carrière par exemple. Si la seule motivation des employés à travailler dans une entreprise est de recevoir un salaire à la fin du mois, il y a un problème dans la gestion des équipes selon moi : il faut qu’ils se sentent bien et impliqués au sein de l’entreprise, ce qui constitue le rôle des RH. 

Finalement, travailler dans les Ressources Humaines, c’est avoir de nouveaux défis, de nouveaux enjeux et acquérir en permanence de nouvelles connaissances nécessaires au monde du travail.

Concernant ton plan de carrière, tu as eu une expérience chez Amaris en tant que chargé de recrutement, que t’a-t-elle apportée ? Comment visualises-tu ce plan de carrière ?

Amaris est une boîte de conseil en haute technologie. Ce stage était très concentré sur la fonction recrutement, qui est une fonction des RH parmi tant d’autres. J’ai donc fait du sourcing, des entretiens : cette première expérience m’a permis de me donner une idée d’une des prérogatives des RH, d’avoir un pied dedans et de comprendre certains rouages. Mais le recrutement reste un domaine très spécifique, et je n’aimerais pas faire uniquement cela toute ma vie. 

En termes de plan de carrière, j’aimerais que mon deuxième stage, qui sera probablement une alternance dans le cadre de mon M2 de droit social, soit tourné vers l’aspect juridique. J’aimerais avoir une approche complémentaire de juriste, afin d’avoir cette compréhension des enjeux et problématiques dans les rédactions contractuelles, ou encore les négociations d’accords collectifs, qu’ont les avocats spécialisés en droit social, et qui concernent les départements RH. 

À terme, l’idée serait de pouvoir avancer sur chacune des composantes : avoir une expérience en chargé de ressources humaines, puis en chargé de missions en ressources humaines, pour m’orienter ensuite dans le côté plus stratégique du business partner RH qui existe dans certaines entreprises, comme Ubisoft, ou les entreprises agroalimentaires. Dans ces entreprises, les RH sont extrêmement bien intégrées à la stratégie de l’entreprise, et je pense que c’est là où l’expérience est la plus intéressante. Nous sommes finalement à la croisée du management pur, appris en école de commerce, et la fonction RH un peu plus support. 

J’aimerais donc évoluer d’expériences en expériences pour gagner un maximum de compétences et être éventuellement,à terme, DRH. 

Pour rebondir sur les motivations que tu as évoquées un peu plus haut : on dit souvent que les RH sont un métier difficile dans la mesure où il est au cœur de l’humain. Est-ce que dans tes motivations, il n’y a pas aussi une recherche de sens pour ton métier ?

En effet, j’aurais du mal à concevoir un métier où je ne suis pas en contact avec l’humain. Je me sentirais moins utile si je ne suis pas utile à l’humain. J’aurais beaucoup de mal à travailler dans la finance pure par exemple, où j’aurais plutôt l’impression d’être uniquement au service d’une entité économique. 

J’ai par exemple toujours aimé aider les gens, les faire avancer pour qu’ils soient au maximum de leurs compétences : je retrouve cette idée dans la fonction RH, avec notamment le domaine des formations. Je trouve beau le fait de pouvoir faire partie de ces personnes qui sont capables de capter les meilleurs talents, en essayant de faire rencontrer les attentes économiques pures de l’entreprise, avec les attentes purement humaines de salariés qui eux aussi sont en quête de sens. Finalement, dans la fonction RH, le sens est dans le fait de donner du sens, si je peux faire une mise en abîme !

Pour finir, la fonction RH est catégorisée comme étant très féminine. Comment te positionnes-tu par rapport à ce caractère féminin de la fonction ? 

C’est vrai que la fonction RH se féminise. Dans les métiers de fonction support, de bureau, je n’ai jamais compris comment on pouvait faire une différenciation hommes/femmes. J’ai du mal à expliquer sociologiquement cette différence, je n’en ai pas les connaissances ni les compétences, mais je pense qu’il y a une question de sensibilité un peu catégorisée entre les genres. Pour moi, l’important, c’est de se dire que si l’on veut rentrer dans une fonction RH, il faut avoir une certaine sensibilité à l’humain, une finesse psychologique, ou encore être capable de mettre les salariés au cœur de ses propres préoccupations, peu importe le genre. 

Il faut aussi être capable de gérer des aspects plus difficiles, tels que les licenciements économiques : il faut pouvoir s’accrocher ! Finalement, qu’on soit homme ou femme, il est nécessaire d’avoir une sensibilité pour l’humain tout en ayant un intérêt majeur pour la situation économique de l’entreprise. 

Par Marie Perney, journaliste chez Verbat’em