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Interview d’Alice Crabeil chez Politeia

La pandémie de COVID-19 a plus que jamais souligné l’importance pour les collectivités territoriales de jouer la carte de l’attractivité et de la transformation structurelle pour gagner en performance. Souvent victimes des préjugés véhiculés par leur propre système, le secteur public n’est pas la voie la plus naturelle à emprunter pour les diplômés d’école de commerce. C’est pourtant sur cette voie qu’Alice décide de s’engager. Après être passée dans des grands groupes, elle s’est orientée vers des structures plus petites, à mi-chemin entre le privé et le public, pour retrouver l’ivresse de l’engagement et savoir que chacun de ses efforts a un impact immédiat sur les personnes qu’elle accompagne. Elle est aujourd’hui chez Politeia et le M vous invite à découvrir son histoire ! Ré-apprenons à connaître le secteur public. 


Carole : Pourrais-tu te présenter ?

Alice : Alice Crabeil, j’ai 24 ans. Après deux années de classe préparatoire, j’ai intégré emlyon business school. Je suis en stage de fin d’étude chez Politeia. À emlyon business school, j’ai fait une année très engagée en mandat associatif en tant que présidente du Bureau des Etudiants. J’ai énormément appris en découvrant le monde associatif, que ce soit la notion d’engagement ou en expérimentant véritablement le management à la tête d’une équipe de 38 membres. J’ai passé 6 mois en Thaïlande en première année, puis j’ai fait un stage en marketing dans un grand groupe à Paris. Même si ce fut une belle expérience côté professionnel, cela ne m’a pas du tout plu en termes de projet. Je n’avais aucune motivation à aller au boulot le matin. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire un service civique lors de ma dernière année d’école. Je l’ai fait à Lyon, à Entrepreneurs dans la Ville qui est un programme de l’association Sport dans la ville. L’association accompagne les jeunes des quartiers vers l’emploi en allant à leur rencontre grâce au sport. Elle a ensuite développé plusieurs autres programmes dont Entrepreneurs dans la Ville qui a été co-créé avec emlyon. Pendant deux ans, nous accompagnons des entrepreneurs des quartiers populaires à monter leur entreprise. Ils ont des cours avec les professeurs d’emlyon, puis ils sont incubés directement dans les locaux de Sport dans la Ville. Ce fut une expérience très enrichissante de 10 mois. Et puis nous en revenons à mon stage de fin d’étude chez Politeia que je finis dans 2 mois !

C. Est-ce le manque de motivation et l’impression de ne pas être utile dans un grand groupe qui t’ont poussée à te diriger vers des structures plus petites ?

A. C’est effectivement une notion assez à la mode dans les écoles de commerce que de trouver un sens dans son travail. Je m’étais dirigée vers du marketing mais travailler pour une marque ne m’intéressait finalement pas. Dans les grands groupes, il y a une logique hiérarchique qui peut être très intéressante pour atteindre de hauts postes, qui, je pense, me passionneraient, mais j’ai fait le choix d’aller dans des structures plus petites : les missions y sont plus diverses et font appel à de nombreuses compétences. Nous touchons rapidement à différentes choses et c’est ça qui m’a plu. 

C. Le mot “vocation” est aussi un mot très à la mode. Après Entrepreneurs dans la Ville qui est un programme à visée sociale et d’intérêt général, tu as choisi de travailler chez Politeia. Était-ce une “vocation” d’intégrer le secteur public ou du moins, d’œuvrer pour le secteur public ?

A. Le secteur public n’était pas une vocation, loin de là, mais j’insiste pour dire que je ne suis pas arrivée là-dedans par hasard. Mon service civique m’a vraiment fait prendre conscience de toute l’ampleur de la notion d’engagement et j’en suis ressortie avec une idée claire de ce que je voulais : trouver un poste qui me donnerait envie de m’engager pleinement. Et ça a été le cas chez Politeia. J’ai vu l’offre de stage sur JobTeaser. Sans connaître très bien le secteur public – du moins, pas plus que les autres étudiants de ma promotion -, sans savoir vraiment ce qu’était qu’un cabinet de conseil pour la fonction publique, leur offre m’a immédiatement parlé. C’est une petite entreprise qui a la volonté de faire en sorte que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice et puisse être force de proposition.

C. Qu’est-ce que Politeia ?

A. Politeia est un cabinet de conseil basé à Lyon dédié à la fonction publique territoriale. Cela concerne des collectivités territoriales de toutes tailles, allant des mairies, aux grands établissements publics ou aux communautés de communes – c’est-à-dire des entités communales qui se sont regroupées. C’est vraiment le fil rouge du cabinet. Les deux fondateurs, François Journy et Matthieu Escura, ont tous les deux travaillé dans un précédent cabinet de conseil pour la fonction publique. Ils ont décidé de créer Politeia pour avoir plus de flexibilité et de liberté concernant les méthodes et les solutions qu’ils pouvaient proposer aux collectivités afin de les accompagner dans leurs projets, en privilégiant là aussi, plus de proximité avec leurs clients. 

Nous avons quatre grands axes d’intervention : le premier est l’organisation, nous aidons les collectivités à avoir une organisation et des plans d’action plus performants. Prenons l’exemple des récentes élections qui induisent l’arrivée de nouveaux mandats, nous accompagnons de nombreuses mairies dans la restructuration de leurs services. Je pense notamment à une de nos récentes missions : la maire a fait appel à nous pour voir si ses ambitions politiques étaient en adéquation avec les capacités actuelles des services de sa mairie. Dans ce cas, nous les conseillons sur leur organisation : envisager de nouveaux recrutements, repenser l’organisation des services et faire évoluer leurs missions.  Le deuxième axe est la stratégie territoriale. Cela peut être des projets de territoire avec des communes qui ont fusionné pour qu’elles puissent écrire une trajectoire commune, pallier des manques dans l’organisation de projets qu’ils souhaitent mener en commun. Dans ce cas, nous travaillerons davantage avec des élus. Le troisième axe sur lequel nous travaillons est la fonction RH. Pour les collectivités territoriales, il est aussi crucial d’avoir une marque employeur, de proposer des offres et des services à la fois en interne, pour leurs agents en passant par des formations et de l’accompagnement sur leur parcours professionnel, à la fois des offres externes pour de potentiels candidats. Il y a un véritable enjeu dans la fonction RH et nous accompagnons beaucoup de collectivités dans ce travail. Le dernier axe de travail est la relation usager/numérique. Nous avons mis les deux concepts ensemble puisque l’un influence inévitablement l’autre. C’est aussi un axe grandissant, nous le voyons notamment avec une nouvelle tendance : les citoyens veulent s’informer, en savoir plus sur ce qu’ils peuvent faire dans et pour leur ville. De même, durant cette année avec la COVID-19, de nombreuses personnes ont pris le temps de s’engager auprès de leur commune.

C. Et toi, tu es plutôt sur quel secteur ? 

A. Alors, pour le moment j’ai principalement été positionnée sur des missions d’organisation et de fonction RH. Dans les faits, nous faisons plusieurs missions en même temps. Actuellement, je participe à quatre missions. La logique de travail est quelque peu différente de celle des cabinets de conseil privé. Nous n’allons pas être 3 mois ou X mois, tous les jours à travailler pour une unique collectivité territoriale. Cette pluralité des missions est très intéressante, cela m’a permis de très vite me positionner et maîtriser plusieurs sujets ! J’aimerais pouvoir toucher à la stratégie territoriale et à la relation fonction usager et numérique dans mes prochaines missions. Il faut savoir que les sujets se recroisent : la relation usager a forcément un impact sur l’organisation dans la mesure où pour répondre aux besoins des usagers, il faut de fait jouer sur les leviers de l’organisation des services. 

Chez Politeia, j’entends souvent les fondateurs dire qu’il n’y a pas de manager. Dans les faits, Politeia est né de ce sentiment : ils ne se retrouvaient plus dans leur précédente boîte, très hiérarchique. Aujourd’hui, nous sommes 12 au sein du cabinet, ce qui est déjà conséquent pour une entreprise assez récente – 3 ans d’existence – et Politeia a aussi pu embaucher 4 personnes en 2020, malgré la crise. Tout le monde touche à tout. Il y a beaucoup de stagiaires qui sont devenus salariés par la suite. Les fondateurs ont vraiment cette logique d’accompagner les collaborateurs à gagner en compétences. Je suis arrivée il y a 4 mois et j’ai déjà été pleinement intégrée à la boîte. Ils veulent nous faire travailler à la fois sur les missions que j’ai évoquées plus haut, à la fois en interne, sur l’évolution du cabinet qui est amené à grandir et à se transformer. Ils souhaitent faire tout cela intelligemment, comme toutes boîtes en somme ; nous sommes donc tous très impliqués et c’est très appréciable. Je suis allée sur le terrain dès mon premier mois de stage pour rencontrer les clients : j’ai fait des entretiens avec des agents pour mieux comprendre leur métier. Je participe à toutes les étapes des missions. C’est vraiment agréable de travailler dans une telle boîte !

C. Aurais-tu un exemple plus précis des missions que vous menez, un exemple de projet d’action publique que vous avez mené ?

A. J’en ai même plusieurs ! Je pense notamment à une mission en Bretagne, pour une communauté d’agglomérations. Nous avons accompagné la fonction RH dans la création d’un projet de direction. Le contexte : il y a eu des fusions d’agglomérations ce qui a fait que des agents travaillant dans différentes communautés au départ, se sont retrouvés dans un même service. Nous devions apporter une certaine unité à cet ensemble, les aider à créer une trajectoire commune pour réfléchir à l’offre qu’ils proposeraient à la fois en interne et en externe. Pour les accompagner, nous avons organisé de nombreux entretiens avec les managers pour comprendre l’organisation de la direction des RH. Nous avons rencontré les managers des différents services, puis nous sommes partis à la rencontre des agents de ces services. Nous passons vraiment des journées entières sur le terrain avec les agents pour véritablement comprendre leurs problématiques et leur quotidien. Plus tard, nous avons travaillé avec eux sur des ateliers. Malheureusement, ces ateliers ont eu lieu en novembre, ils ont donc été faits à distance mais nous avons pu les accompagner jusqu’au bout ! Nous avons bien évidemment dû adapter l’ensemble de nos outils à la crise.

C. J’ai fait quelques recherches sur Politeia et j’ai remarqué que les profils des collaborateurs y sont assez variés. Bon nombre d’entre eux ont tout de même fait Sciences Po, du droit, etc. Comment apportes-tu ta pierre à l’édifice avec une formation en management ?

A. C’est vrai qu’au début, Politeia a connu beaucoup de profils de membres issus d’une formation Sciences Po. Les profils se sont beaucoup diversifiés par la suite – la dernière stagiaire à avoir intégré le cabinet vient de l’EDHEC. Les fondateurs ont une formation à la fois de Sciences Po et d’école de commerce. Ils se sont rendus compte que la diversité des profils apportent beaucoup au cabinet. Nous travaillons tous ensemble sur les missions, nous pouvons être 2 voire 3 personnes par mission. Mais comme dit précédemment, nous pouvons – dans les faits, être sur 3-4 missions en même temps. Nous en venons donc à travailler avec de nombreuses personnes différentes. Nous apprenons de chacun. Chaque membre à une façon différente de travailler et d’aborder certains points, c’est donc très enrichissant. Je tiens à dire que le management se retrouve partout dans nos missions ! Nous accompagnons beaucoup les managers sur des questions du type : comment gérer les équipes ? Comment travailler l’organisation ? La restructuration de leurs services demande forcément aux managers de savoir accompagner leurs équipes tout au long du changement. Nous n’en avons pas forcément conscience quand nous y sommes, mais sur ce point, la formation à emlyon et le professionnalisme que j’y ai acquis m’ont énormément aidée. Dès les premières semaines, j’ai été envoyée sur le terrain pour échanger avec des agents. J’ai très vite gagné la confiance des fondateurs de Politeia grâce à cette rigueur acquise en école de commerce – je ne dis pas qu’elle ne s’acquiert pas à Sciences Po, je préfère ne pas m’avancer sur les autres formations que je n’ai pas eues – qui leur a plu. Par ailleurs, que ce soit dans des entreprises privées ou dans des structures publiques, le conseil demande d’avoir cette rigueur.

C. Quelle image avais-tu du secteur public avant d’arriver chez Politeia ? Et après ?

A. C’est vrai que je me suis posée beaucoup de questions suite aux réactions de certaines personnes quand je leur ai dit que j’allais faire du conseil pour le secteur public : le secteur public est lent, avec une bureaucratie qui empêche d’être innovant et d’être dynamique dans son job. Je n’avais pas particulièrement d’attentes, j’avais surtout des questions vis-à-vis de tous ces préjugés. J’ai été très agréablement surprise ! Ce n’est pas du tout le cas – enfin il y a de la bureaucratie, nous n’allons pas le nier – mais il y a surtout beaucoup de personnes qui sont très engagées dans leur métier, qui sont là parce qu’ils l’ont choisi ; ce ne sont pas toujours les métiers les plus faciles, ni les métiers les mieux rémunérés et encore moins les plus reconnus. Nous avons vraiment des personnes qui sont heureuses d’être là, qui savent pourquoi elles se lèvent le matin et qui ont vraiment envie de faire bouger les choses. Nous l’avons vu avec la crise de la COVID – je suis arrivée en plein dedans, je ne peux donc pas comparer à l’avant crise – les collectivités étaient extrêmement sollicitées parce qu’elles gèrent des piscines, des écoles, tous les équipements sportifs publics de la ville, des événements, etc.- elles ont été très réactives et très résilientes face à la crise. Nous retrouvons beaucoup ce rapport à l’innovation dans la relation avec les citoyens. Les citoyens aujourd’hui sont de plus en plus demandeurs. Solliciter les citoyens demande aussi de l’organisation. Nous ne pouvons pas demander l’avis aux citoyens sur n’importe quel sujet. Cela demande parfois une certaine formation et certaines connaissances.

C. Pour vos missions, comment est-ce que cela se passe ? Les collectivités territoriales viennent vous voir directement, vous répondez à des appels d’offres ou est-ce que vous êtes force de proposition ?

A. Nous pouvons retrouver les deux cas. Nous répondons à beaucoup d’appels d’offres. Depuis que nous avons mené certains gros projets, nous avons gagné en crédibilité et en légitimité ; nous mettons des exemples et des références et des numéros de clients qui nous font confiance pour appuyer nos dossiers.  Il y a aussi des collectivités qui nous conseillent à d’autres collectivités – ces opportunités sont de l’ordre du relationnel. Ils ne peuvent pas nous appeler pour n’importe quel prix et nous solliciter dans la démarche de leur projet. Au regard de leur budget, ils sont obligés, au-delà d’un certain montant, de faire un appel à concurrence, d’où l’intérêt des appels d’offres. 

C. Avez-vous des partenariats avec d’autres entreprises pour proposer leurs solutions applicables aux collectivités ?

A. Sur ce point, nous nous appuyons directement sur les relations que les collectivités ont déjà tissées. Les partenariats que nous allons nouer de notre côté concernent plutôt des entités qui couvrent des sujets que nous maîtrisons moins comme un cabinet de finance si nous voulons ajouter un peu plus de technicité dans l’accompagnement sur des sujets financiers, un cabinet sur la transition écologique qui va faire un audit de l’état des collectivités, etc. 

C. Selon toi, quels sont les défis et les enjeux pour le secteur public ces prochaines années ?

A. Le secteur public se divise en plusieurs branches : la fonction publique étatique, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière. Je tiens à préciser que chez Politeia, nous ne travaillons que pour la fonction publique territoriale. Je ne parlerai que pour cette branche-là. Selon moi, il y a plusieurs défis. Le premier est celui du numérique : avoir les outils performants pour être à la hauteur des ambitions qu’ils ont dans des enjeux d’innovation. Dématérialiser pour alléger la bureaucratie. Le deuxième plus gros défi est l’attractivité pour les collectivités. C’est notamment pour ça que vous en faîtes un sujet ! Le secteur public est touché par beaucoup de préjugés. En sortant d’une école de commerce, ce n’est pas du tout un secteur dans lequel nous nous dirigeons le plus naturellement. Dans mon cas aussi, je suis entrée dans le conseil dans le secteur public mais je reste dans une entreprise privée. Il y a un véritable enjeu d’attractivité pour recruter des personnes compétentes sur de nouveaux sujets, le numérique en est un. Ce n’est pas toujours bien rémunéré. Le salaire est un des points que nous regardons lorsque nous sortons d’école de commerce, de manière tout à fait justifiée. Le problème est que la fonction publique n’a pas toujours conscience qu’elle peut et qu’elle doit avoir une marque employeur. Les collectivités territoriales, les mairies etc. sont d’énormes recruteurs, mais ne le mettent pas en avant ; pourtant il y a plein de choses à faire selon moi, surtout pour des étudiants qui sortent d’école de commerce !

C. Quelles sont les synergies possibles/les solutions selon toi pour les relever ?

A. Selon moi, la formation est à la fois la solution et à la fois un enjeu central pour les collectivités. Il y a un réel besoin de formations dans les collectivités qui parfois ne privilégient pas le parcours professionnel des agents. Dans les collectivités, nous pensons souvent plus aux usagers externes (citoyens etc.) – dans une mairie par exemple, la réflexion se centrera sur l’accompagnement des citoyens dans leur quotidien et faciliter leurs démarches administratives – parfois au détriment des agents qui pourraient voir leurs missions gagner en valeur. 

C. À quel point la crise de la COVID-19 s’est faite ressentir pour le secteur public du point de vue de Politeia et de tes missions ?

A. Lors du premier confinement, je n’étais pas encore à Politeia. Des retours que j’ai eu, les missions pour le cabinet ont été généralement reportées. Les collectivités ont été directement touchées par la crise, elles avaient un gros rôle à jouer pour gérer la situation et répondre au plus vite aux citoyens. Progressivement et assez rapidement, les collectivités ont appris à “vivre avec” le virus. Pendant la période estivale et au cours du deuxième confinement, nous avons pu reprendre nos missions avec les clients, mais le distanciel s’est très vite imposé. Les collectivités de leur côté ont très peu fait de télétravail – elles ont obtenu le droit de continuer en présentiel et nous avons quasiment continué toutes nos missions. Elles avaient envie de continuer à se transformer malgré le contexte difficile.

C. Les accompagnez-vous sur la longue durée ? Par là j’entends : la mission est terminée, certes, mais vous allez continuer de les suivre, revenir les voir quelques temps plus tard pour voir si les collectivités appliquent et continuent d’appliquer vos conseils.

A. Nous essayons de le faire de plus en plus. Par envie notamment. Les fondateurs et tous les consultants du cabinet sont très engagés dans leurs missions par conviction. À la fin d’une mission, il y a toujours cette envie de s’assurer qu’ils aient bien toutes les cartes en main pour y parvenir : nous initions la transformation, mais pour le reste, l’application et la transformation en elle-même, ne sont souvent plus de notre ressort. Nous développons notre activité pour un accompagnement des collectivités sur du long terme. Cela peut prendre la forme d’une journée par mois au cours de laquelle nous allons voir les managers et les agents pour demander si tout se déroule comme prévu. S’il s’avère qu’il y a une variable que nous avions mal calculée ou mal envisagée, nous y apportons des ajustements.

C. Qu’aimes-tu le plus dans tes missions chez Politeia en dehors de ce qui a déjà été dit ?

A. Je vais en dire deux. Ce que j’aime beaucoup dans mes missions : la recherche de la proximité avec les clients. Lorsque nous travaillons avec une collectivité territoriale, nous n’allons pas uniquement voir les responsables qui ont commandé la mission. Nous allons impliquer toutes les personnes autour qui pourraient être potentiellement touchées par nos propositions et les changements que nous apporterons. Nous rencontrons des profils extrêmement différents et nous prenons conscience de l’impact direct que nous pouvons avoir. Dans le cabinet, ce qui est génial, c’est que nous sommes 12, que nous nous connaissons très vite facilement. L’intégration a été très rapide et les fondateurs nous impliquent tous dans la réflexion stratégique du cabinet – je triche un peu, je l’ai déjà dit ! – mais ça donne envie de s’engager dans sa boîte. Cela ne signifie pas forcément que notre avis sera toujours celui pris en compte mais nous sommes écoutés et entendus. Et je trouve cela très important.

C. Quels sont les axes de développement de Politeia ?

A. Il y a effectivement un besoin d’évoluer en permanence : réfléchir à de nouvelles méthodes à proposer à nos clients. Nous savons que certaines des missions que nous avons aujourd’hui seront dépassées et ne pourront pas être refaites dans quelques années. Nous faisons par exemple beaucoup de missions sur le temps de travail pour le moment : les agents doivent passer 1607 heures par an et ce, avant juin 2021. Après cette date, nous savons que ce seront des missions que nous ne ferons plus. Nous avons beaucoup de projets de territoire en début de mandat. Il s’agit de projets périodiques. Nous souhaitons évoluer dans les propositions que nous faisons. Notamment sur le numérique – nous essayons de plus en plus de nous positionner dessus – : comment accompagner les collectivités sur ce sujet qui n’est pas toujours très évident ? Il y a aussi le sujet de la transition écologique  : gros sujet ! Nous l’avons vu avec les élections récentes, avec une montée des verts très importante. Beaucoup d’élus intéressés souhaitent s’avancer sur ce sujet et proposer des projets plus respectueux de l’environnement mais ne savent pas toujours comment faire. Sur les projets de territoire, nous les guidons pour intégrer complètement la variable durable et écologique à leur projet de territoire et ne pas en faire seulement un sujet annexe du projet. Nous cherchons à toujours avoir un temps d’avance sur les collectivité, pour savoir au mieux comment les accompagner et répondre à leurs questions.

C. Nous opposons souvent le secteur public au secteur privé. Mais est-ce si différent ? 

A. Je pense que nous opposons souvent la bureaucratie du secteur public à la dynamique du secteur privé. Beaucoup de choses se ressemblent pourtant. Dans les grands groupes privés, l’organisation hiérarchique ressemble à celle des grandes collectivités du secteur public. La logique financière dans le privé et celle dans le public sont, quant à elles, très différentes. Nous le retrouvons dans l’engagement des agents dans les collectivités : ils ont souvent choisi le public pour une raison, la volonté de travailler pour leur ville, leur département. En revanche, les deux sont systématiquement liés ! Le public travaille avec le privé et les choix des collectivités ont un impact pour les entreprises privées et vice-versa.

Je pense que nous opposons souvent la bureaucratie du secteur public à la dynamique du secteur privé. Beaucoup de choses se ressemblent pourtant.

C. Quels conseils donnerais-tu à un étudiant qui souhaite s’orienter vers le secteur public notamment en termes d’astuces au moment de l’entretien ?  

Cela va fortement dépendre des entreprises mais il faut qu’il réfléchisse aux raisons de son orientation dans le public après une école de commerce. Cela lui permettra d’être convaincant au moment de justifier son choix et de montrer sa motivation ! Prenons le cas d’un étudiant qui souhaite s’orienter dans le secteur public territorial, il est intéressant d’aller sur le site de sa ville par exemple pour voir ce que font les collectivités et réfléchir à ce qu’il pourrait faire à tel ou tel poste.