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INTERVIEW CRA – avec Tristan Baraille

On est nombreux à attendre cet événement étrange de la vie étudiante et associative de l’école, plus qu’un événement, c’est une période qui envahit notre espace personnel, académique et professionnel, floodant notre fil d’actualité Facebook, floodant nos groupes de discussion Messenger. Même lorsque vous n’y participez pas ou plus – pour les 2A – c’est LE sujet du moment qui revient à la charge en temps de travaux de groupe. Bref, la CRA est devenue iconique. Mais, la CRA, késako ? Chaque nouveau mandat de la Corpo essaie de perpétuer les traditions et d’améliorer toujours plus l’événement. Rencontre avec le responsable CRA Des Corpollo 11, Tristan Baraille pour en savoir plus sur la CRA édition 2021. 


Qu’est-ce que la CRA et quels sont les objectifs de la CRA en temps normal ?

La CRA est la Campagne de renouvellement des associations qui s’étend sur plusieurs mois – souvent de novembre à mars – et commence véritablement après le dépôt des listes, avec la phase de pré-présélections menée par les 4 associations à liste : le BDA, le BDE, le Ski Club et le Petit Paumé. S’ensuit une phase de préparation des présélections : elles ont commencé cette année le 4 février. Les pré-sélections forment LE gros mois intense des campagnes avec les coachs, les défis associatifs et des missions pour les listeux. À l’issue de ces présélections, 3 listes par association maximum restent dans la course et se qualifient pour les 3 Jours. Traditionnellement, les 3 Jours correspondent à 3 journées – les plus attendues des campagnes – au cours desquelles chaque liste finaliste organise plusieurs événements. Les BDE organisent la soirée du lundi et l’after du mardi, les Ski Club organisent l’after du lundi et la soirée du mardi. Les Petit Paumé organisent un brunch et un dîner prestige et les BDA organisent un mini festival, un brunch et travaillent sur un petit journal des associations, le SPAAM ( NDLR : acronyme pour Stuff Posing As A Magazine co). À l’issue de ces trois jours, une dernière SAT a lieu, celle des résultats où nous apprenons l’identité des mandats qui sont élus pour succéder aux mandats actuels. 

Comment sont sélectionnées les listes gagnantes ?

Les listes gagnantes sont élues par tous les participants aux trois Jours sur la base d’un vote qui a lieu sur Myemlife pour garantir la confidentialité du scrutin. Parmi les participants, il faut compter les membres des listes finalistes qui staffent ces 3 jours, les 1A qui, soit ont listé et ont perdu, soit n’ont pas listé, les 2A, les 4A mais aussi certains 3A qui prennent quelques jours de congé au cours de leur césure pour venir faire Les 3 jours. L’objectif étant qu’à la fin de ces trois journées, les mandats de l’année suivante soient élus par un plus grand nombre de personnes et soient légitimes auprès de leur propre promotion.

Qu’est-ce qui explique que certaines associations fassent l’objet d’une campagne d’une telle ampleur et ne passent pas par des cooptations classiques comme pour les autres associations ?

Je pense que cela s’explique en grande partie par l’histoire associative d’emlyon. Cela a toujours été comme ça ; le fait que les associations à liste dont nous parlons sont quatre grandes associations de l’école justifie que ce modèle ne change pas : avec le Petit Paumé, par exemple, qui est le deuxième plus gros budget financier associatif de France, ou encore le BDE, qui organise le plus gros WEI de France. Ce sont des associations qui nécessitent beaucoup d’organisation et de méthodes, impliquant donc de nombreuses responsabilités. Ces quatre associations font l’objet d’un examen plus approfondi, un examen qu’une cooptation classique ne permettrait pas. La différence entre les campagnes et les cooptations réside dans le fait que les campagnes permettent d’élire un mandat qui est déjà soudé, déjà organisé et qui sait déjà travailler ensemble ; ce qui n’est pas le cas des cooptations classiques où il s’agit plutôt d’une sélection par “fit” avec les valeurs de l’association, et dont les recrutements se font exclusivement, ou presque, sur l’appréciation des 2A en mandat.

Quelles sont les nouveautés en 2021 pour la CRA ?

La finalité de la CRA reste la même : qu’à la mi-avril – avec un calendrier quelque peu décalé – nous ayons des mandats 2022 BDE, BDA, Petit Paumé et Ski Club qui soient élus par leur promotion, qui soient opérationnels et qui, nous l’espérons, auront pu se challenger et organiser des événements afin de préserver la continuité des traditions de la vie associative de l’école d’une année à l’autre. Dans les faits, comment s’y prend-t-on ? Nous avons dû adapter toute la phase de présélection – pour le moment, cela se passe globalement très bien. Nous pouvons organiser des défis et les coachs peuvent accompagner leurs listeux. Nous avons un peu plus d’incertitudes pour les 3 Jours. Actuellement, nous travaillons sur des formats alternatifs ; je ne t’en dis pas plus pour le moment ! 

La RSE semble avoir une place très importante dans la CRA 2021. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Nous prenons la relève du mandat précédent qui a amorcé un travail sur la RSE dans les campagnes. Depuis l’année dernière, les listeux ont des projets RSE à réaliser en amont des présélections, entre la phase de présélections et de sélections. Nous avons poursuivi ce travail et nous l’avons davantage formalisé pour s’assurer que les listeux aient plus de temps pour réaliser leur projet et que nous puissions bien les accompagner. Cette année, nous avons mis une contrainte qui est de travailler avec une association extérieure à emlyon, ce qui n’était pas forcément le cas l’année dernière où de nombreux projets ont été réalisés en partenariat avec des associations étudiantes de l’école. L’objectif est multiple : premièrement de les sensibiliser aux thématiques de la RSE, à la fois pour leur vie associative et pour leur vie managériale future et deuxièmement, les faire sortir de leur zone de confort. Le concept de “zone de confort” est vraiment très particulier cette année étant donné le contexte dans lequel ils sont arrivés à emlyon. L’idée c’est qu’ils se mettent d’ores et déjà dans une démarche professionnelle : contacter des personnes extérieures, les démarcher, formaliser un projet avec eux, etc. Nous avions validé en amont des dossiers de leur projet pour vérifier leur cohérence. Nous avons regroupé les listes qui avaient des projets similaires. Ce projet reste une étape très importante des campagnes surtout pour l’aspect opérationnel. Les listes travaillent véritablement sur un projet et non plus uniquement sur une question de fond. De nombreux autres volets RSE ont été abordés cette année au sein de la Corpo : la lutte contre les discriminations, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’intégration des étudiants internationaux, etc. Ce sont beaucoup de volets sur lesquels nous avançons petit à petit et sur lesquels nous aimerions faire plus. Jusque-là, la RSE était le plus souvent une tendance de fond mais qui prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui et ce, pour le meilleur.

Comment assurer une gestion claire et efficace de la variable COVID au cours de la CRA ? Quelles sont les actions mises en place et qui seront mises en place par la Corpo ?

Au niveau de la COVID, nous avons défini des protocoles sanitaires très strictes. Depuis juillet dernier, après avoir défini l’équipe CRA, nous travaillons sur différents scénarios pour anticiper les différentes situations dans lesquelles nous pourrions nous retrouver. Nous avions défini 3 scénarios avec 3 hypothèses de restriction plus ou moins élevée. Malheureusement, nous sommes en plein dans le troisième scénario alors qu’en juillet, nous essayions uniquement de voir plus clair sur les possibilités d’action de notre mandat. Pour chaque scénario, nous avons défini des critères très strictes : des jauges de participants, un protocole sanitaire, le droit à la nourriture et boisson etc. De manière très concrète, aujourd’hui, nous avons pu activer, suivant les défis proposés aux listeux, l’un ou l’autre des scénarios sur lesquels nous avions travaillé. Nous distinguons deux grands types d’événements : ceux qui ont lieu sur le campus, sur lesquels nous avons l’aval de la direction et que nous pouvons faire passer sous format de TD associatif, ce qui nous permet de conserver un semblant de vie associative en lien avec les campagnes. Évidemment, tout le monde garde son masque lors des défis, respecte les gestes barrière ; nous mettons à leur disposition du gel etc. Globalement, cela nous permet d’avoir des jauges assez élevées : nous sommes au maximum 20 personnes par salle. En réservant plusieurs salles, cela nous permet d’organiser tout de même des événements et des rencontres avec les listeux et les associatifs dans le respect du protocole sanitaire. C’est plutôt positif. Pour ce qui est des événements à Lyon, ce sont les recommandations gouvernementales qui s’appliquent, soit pas plus de 6 personnes par appartement ; ce qui devient très vite assez compliqué et très restrictif. Même pour les défis en extérieur, il est interdit d’avoir plus de 6 personnes par groupe. Ce sont beaucoup de contraintes mais nous pouvons tout de même organiser beaucoup de choses. Nous faisons tout pour réaliser le maximum d’événements sur le campus. Avec la confiance de la Direction, nous avons pu faire une présentation de lancement des campagnes, ce qui n’aurait pas été quelque chose que nous aurions pu envisager au début de la crise. La CRA se passe bien. Nous sommes très rigoureux sur la manière dont nous nous protégeons de la COVID.

En rapport avec l’organisation de la CRA, les éditions précédentes ont souvent mis en avant le rapport des listeux avec les coachs, comment cela se passe-t-il aujourd’hui ?

Nous avons gardé le système de coach cette année qui est essentiel selon moi pour les campagnes. Nous travaillons de très près avec eux depuis leurs élections début octobre. Les coachs sont encadrés par la Corpo mais nous leur laissons beaucoup de latitude. Nous avons défini tout un cadre ensemble. Nous avons dû réviser certaines étapes traditionnelles de la CRA comme les “rassemblements”, qui ont tout de même pu être maintenus sur le campus avec cependant plus de restrictions. Le contact entre les coachs et les listeux est plutôt bien préservé. Là où nous observons plus de déconnexion, c’est entre les coachs et listeux, et le reste des étudiants. Traditionnellement, ces rassemblements avaient lieu pendant les HH sur le Roofpop avec tout un public étudiant autour. Malheureusement, cette année, cela est impossible. Les coachs font un maximum pour continuer d’interagir avec leurs listeux avec l’organisation d’un rassemblement par semaine, via des dépôts de créations réguliers et des défis coachs plus informels réalisés en interne. Nous conservons la même dynamique : des missions et des réalisations à faire et cela dans deux buts distincts. Que les listeux apprennent à s’organiser et à travailler ensemble, et qu’ils découvrent les traditions et l’esprit associatif de l’école. Je suis très content du travail réalisé avec les coachs, ils sont très réceptifs et ont bien compris les enjeux de la situation. Pendant plusieurs mois, nous avons mené tout un travail de réflexion pour réviser quelques étapes traditionnelles des campagnes, en amont des pré-sélections suite aux consignes de la nouvelle Direction de l’école. Cela s’est bien passé : les coachs sont très volontaires et force de proposition. Nous avons quatre très bons groupes de coachs cette année et c’est un plaisir de travailler avec eux. Je pense qu’ils ont eux-mêmes de nombreuses cartes entre leurs mains pour évaluer leurs listeux.

Comment sont élus les coachs ?

Les coachs font une campagne sur les groupes privés de leur promotion. Pour les 2A, ils ont fait une campagne moins encadrée par la Corpo que ce que nous ferions pour la CRA. Nous leur avons donné quelques règles et l’idée étant qu’ils se présentent auprès de leur promotion, qu’ils présentent leur projet et leur motivation. Ils réalisent alors des vidéos, des mèmes, etc. pendant à peu près un mois. Puis s’ensuit un vote via Myemlife pour élire les coachs. Cette année – et cela se poursuivra l’année prochaine – nous avons mis en place de nouvelles procédures d’élection : les coachs ne se présenteront plus par groupe mais individuellement. Lorsque les étudiants voteront, ils le feront pour un individu uniquement. Cela nous permet de nous assurer, un, d’avoir des coachs 100% motivés et deux, qu’ils soient tous légitimes auprès de leur propre promotion, ce qui est essentiel. Nous voyons que leur promotion est très fière d’eux et ont conscience de leur investissement. Une des grandes réussites pour cette édition des campagnes a été d’avoir rompu avec une tradition désuète qui voulait que les groupes de coachs soient “genrés”. Pour la première fois cette année, nous avons des coachs BDA masculins (entièrement féminins les années précédentes) et des groupes de coachs BDE, Ski Club et Petit Paumé mixtes (qui étaient soit exclusivement masculins soit exclusivement féminins auparavant). Je pense que c’est une grande avancée, et que cela envoie un signal très positif, loin de tous stéréotypes, aux 1A ! 

Merci à Tristan Baraille, responsable CRA de la Corpollo 11, pour toutes ces précisions !