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Etre consultant en stratégie au BCG, l’interview de Tristan Baraille

Tout juste diplômé du Programme Grande Ecole d’emlyon, Tristan Baraille a intégré le cabinet de conseil en stratégie international Boston Consulting Group (BCG) en janvier 2022. Étudiant au parcours associatif riche et désormais consultant en stratégie depuis 7 mois, il a accepté de répondre aux questions du M. Lumière sur une activité et un secteur qui suscitent l’intérêt d’un grand nombre d’étudiants d’emlyon. 

Propos recueillis par Emma Tourre

Le M : Bonjour Tristan, pourquoi avoir choisi de faire du conseil, et plus particulièrement en stratégie ?

Tristan Baraille : Pour moi, le projet du conseil est venu progressivement lors de mon parcours à emlyon. L’idée à commencé à germer dans ma tête alors que je débutais ma deuxième année. J’avais fait un premier stage en tant que Business Developer dans une start-up à Barcelone, puis mon stage de césure en audit financier chez KPMG. J’ai alors pris conscience de ce qui me plaisait et ce qui ne me plaisait pas au niveau professionnel. J’ai fini par faire un stage dans une petite boutique de conseil en stratégie, Axeans, puis par intégrer le BCG en janvier 2022. Je considère le conseil en stratégie comme un incroyable accélérateur de carrière, où l’on apprend au quotidien, dans un environnement extrêmement stimulant et entouré de gens brillants. On a l’occasion de travailler sur des missions ponctuelles avec des grosses entreprises et d’avoir un impact transformant sur nos clients.

Logo Boston Consulting Group. Crédits : BCG.

C’est quoi pour toi le conseil en stratégie ?

Le conseil, en général, est une manière pour les entreprises qui ont une problématique à laquelle elles ne savent pas répondre d’obtenir un avis extérieur et une expertise qu’elles ne possèdent pas. Le cabinet vient analyser la problématique de l’entreprise, proposer des solutions, l’accompagner et l’aiguiller sur la marche à suivre. Le conseil en stratégie, particulièrement, est le conseil tourné vers la transformation des entreprises. Dans ce genre de mission, le consultant se doit d’avoir une vision à 360° à la fois de l’entreprise et du contexte économique, puisque les transformations structurelles de l’entreprise dépendent du résultat de sa mission. Les cabinets de conseil ont cette capacité à apporter de la valeur aux entreprises au-delà de la mission pour laquelle ils ont été recrutés.

Pourquoi as-tu décidé de rejoindre le BCG ?

Lorsque j’avais passé mes entretiens, je les avais trouvés au fait des enjeux sociétaux et des enjeux liés à l’IA. C’était important pour moi d’être dans un cabinet qui agisse sur ces deux sujets. Le bureau parisien, tout particulièrement, est un véritable laboratoire d’innovation, prépondérant dans le réseau BCG.

Pourquoi les entreprises choisissent-elles le BCG ?

Premièrement, le BCG, comme beaucoup de grands cabinets internationaux, a la capacité et la force de frappe pour traiter tout type de problématique. Les effectifs dans chacun des bureaux sont gigantesques, répartis dans une multitude d’expertises différentes. Quel que soit le sujet à traiter et sa précision, le BCG possède les ressources et les experts en interne pour y répondre. Nous nous formons et travaillons constamment pour construire de nouvelles expertises et produire de nouvelles connaissances. Certaines équipes sont même consacrées à la recherche, afin d’épauler au mieux les consultants pendant leur mission. 

Deuxièmement, le BCG bénéficie d’une renommée mondiale. Les clients savent d’instinct qu’ils vont trouver chez nous un service de qualité, à la hauteur des enjeux de leur projet de transformation, et que le résultat sera toujours au rendez-vous.

Enfin, le BCG est un cabinet historique, qui a su se forger au fil des années un réseau dense et une clientèle fidèle. Nous suivons et conseillons certaines entreprises depuis plusieurs décennies. Cela représente pour eux un gain de temps phénoménal puisque le BCG connaît très bien leurs enjeux, leur structure et leurs problématiques.

Au cours de tes études à emlyon, tu as été très impliqué dans la vie associative (Responsable Communication de l’association Diplomates mais aussi chef de projet pour le Conseil de Corporation). Comment ces deux expériences ont contribué à ton accession au conseil en stratégie et particulièrement au BCG ?

Mon engagement associatif a été primordial lors de ma scolarité, de par son aspect très responsabilisant. Nombre de ces expériences ont été plus enrichissantes et m’ont plus appris que certains de mes stages. Pour faire simple, en association, un étudiant peut se retrouver immédiatement avec un niveau de responsabilité qu’il n’aurait pas pu obtenir avant plusieurs années en entreprise, notamment en faisant partie du bureau, d’autant plus lorsqu’il s’agit du Conseil de Corporation. De plus, la vie associative est le terreau parfait dans lequel cultiver toutes les compétences associées à ces responsabilités. Au sein du Conseil de Corporation, j’ai par exemple eu le plaisir d’occuper le poste de responsable CRA, un événement qui rassemble plus de 1000 étudiants pendant 3 jours chaque année, avec plusieurs milliers d’euros de budget en jeu. J’ai appris à travailler en équipe, à m’organiser, à prioriser et à gérer mon stress. Autant de compétences qui sont primordiales une fois en entreprise et encore plus en cabinet de conseil. 

La vie associative est l’une des plus grandes forces de notre école. S’investir dans une association à emlyon est une opportunité unique pour les étudiants de s’épanouir au niveau professionnel, de développer une certaine intelligence émotionnelle et relationnelle.

Le Boston Consulting Group (BCG) est un cabinet international de conseil en stratégie créé à Boston en 1963 par Bruce Henderson. Crédits : Les Echos.

Comment se déroule concrètement une mission de conseil en stratégie ?

Les projets peuvent être très variés puisqu’ils dépendent du besoin du client. Elles durent en général environ 6 semaines. Lorsqu’un Partner vend une mission, il désigne un chef de projet chargé de former une équipe composée d’Associates. Le chef de projet gère l’entièreté de la mission jusqu’à la rédaction des solutions et des recommandations à faire au client. Au cours de la mission, l’équipe d’Associate est complètement dédiée au projet, à la réalisation d’analyses, de travaux de recherche et de rédaction. Entre deux missions, le rythme de travail est souvent plus calme. C’est l’occasion pour un consultant, par exemple, de développer ses connaissances ou de se forger une autre expertise. 

Un Associate peut aussi se positionner sur une mission interne au cabinet : développer un nouveau secteur d’activité ou une stratégie de pénétration d’un autre marché, par exemple. 

En ce qui me concerne, depuis que je suis arrivée au BCG, je suis Associate et mon temps est consacré à un de nos gros projets internes au cabinet. En ce qui concerne les grades, au bout de 18 mois généralement, un Associate peut devenir Senior Associate. Il peut ensuite devenir Consultant, Senior Consultant,… En moyenne, au bout de 4-5 ans d’expérience, un consultant peut devenir Project Leader, c’est-à-dire chef de projet. Il faut près de 12 ans pour passer au grade de Managing Director and Partner (le haut de la pyramide en cabinet). 

Beaucoup de consultants le sont pour quelques années seulement, 3-4 ans, puis cessent cette activité pour rejoindre une autre entreprise. Pourquoi et quelle est ta vision sur le sujet ?

Le rythme de travail dans le milieu du conseil est assez exigeant. Les horaires de travail sont plus poussés que dans une entreprise classique, il est dur pour certains consultants de trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. 

De plus, beaucoup de consultants sont des jeunes diplômés qui, comme moi, ne savaient pas précisément vers quel secteur d’activité se tourner après leur scolarité. Le conseil permet de toucher à tous les secteurs et tous les métiers. Selon moi, le cabinet de conseil est un peu comme la classe préparatoire du monde professionnel. On y apprend beaucoup de choses et en très peu de temps. Il permet l’apprentissage d’une méthode de travail solide, qui sert tout au long de sa carrière. 

A mon sens, passer par un cabinet de conseil est un véritable accélérateur de carrière puisque cela permet aussi de se forger rapidement un réseau. Les consultants sont parfois débauchés par leurs propres clients qui veulent les garder au sein de leur structure. Ces opportunités de poste sont souvent très avantageuses, de nombreux consultants accèdent en quelques années à des postes haut placés en entreprise.

Les cabinets de conseil sont réputés pour leurs processus de sélection de candidats drastiques notamment en raison des cas à résoudre, comment s’est passé ce processus pour toi ?

Les différentes phases d’entretiens pour intégrer un cabinet sont très sélectives. Le cas pratique est un exercice à travailler et dont vous ne pouvez pas faire l’économie. Lors du recrutement deux critères sont évalués : la compatibilité avec le cabinet et l’étude de cas. Pour ce qui est du premier critère, les cabinets de conseil s’attendent à avoir en face d’eux des candidats renseignés sur les spécificités du cabinet et qui se projettent dans la structure. Ils cherchent un consultant compétent, avec qui ils ont envie de travailler et qui puisse être envoyé en mission chez un client. 

En ce qui concerne l’étude de cas, cet exercice est relativement standardisé. En une trentaine de minutes, vous devez analyser lors de l’entretien la problématique d’un client, comprendre le problème et proposer des solutions. On évalue ici votre capacité à structurer votre pensée face à un problème parfois abstrait et complexe. Pour cette partie de l’entretien, il n’y a aucun secret : seul l’entraînement et la pratique vous permettront de vous perfectionner. N’importe quel étudiant d’emlyon qui s’en donne les moyens, s’entraîne en binôme sur des dizaines et des dizaines de cas, peut recevoir une offre d’emploi dans les plus grands cabinets de conseil. 

Pour vous aider dans vos préparations, il y a beaucoup de ressources disponibles à emlyon. Vous pouvez notamment suivre le Career Track Consulting, parcours qui représente une grosse plus-value sans être obligatoire. Vous serez alors plongé dans un environnement extrêmement stimulant dans lequel tout le monde travaille pour la même chose. Parfait pour trouver un partenaire d’étude de cas. 

Le Career Center offre également un accès gratuit à CaseCoach, sur lequel vous pouvez vous entraîner sur une centaine de cas pratiques différents. La méthodologie du cas pratique y est très bien expliquée et les corrections sont claires et complètes. Vous pouvez aussi vous entraîner au calcul mental sur cette plateforme.

emlyon dispose aussi de sa propre plateforme, emlstrat.net, sur laquelle les étudiants partagent les cas pratiques sur lesquels ils sont tombés en entretien. Si le conseil vous intéresse, je vous conseille vivement de rejoindre le groupe Facebook associé, « EMLYON – Conseil En Stratégie – Entraînement », où vous pourrez trouver tous les conseils pour réussir vos entretiens, des offres d’emploi d’alumni et peut-être même votre binôme de cas pratique. 

Fuyez à tout prix les plateformes payantes qui proposent des stages et des formations à des prix exorbitants. Vous n’aurez pas besoin de ça à emlyon pour vous entraîner correctement. 

Y a-t-il des parcours à privilégier pour faire du conseil en stratégie ?

Aujourd’hui, il n’y a plus de stage obligatoire à faire lorsqu’on veut faire du conseil. Les cabinets ne cherchent plus à tout prix des étudiants ayant fait un stage en M&A ou autre. D’ailleurs, les CV d’emlyon passent les screenings de bon nombre de grands cabinets. Je pense qu’il faut avant tout savoir mettre en avant ses expériences et ses compétences. 

Lors de mes entretiens, j’ai beaucoup parlé de mon expérience au Conseil de Corporation, de la CRA. Je me suis servi de mes expériences les plus riches et les plus responsabilisantes pour mettre en avant mon profil. Je pense que cela a énormément été valorisé au cours de mes entretiens.

La matrice BCG a été créée à la fin des années 1960 par Bruce Henderson. Elle permet d’évaluer l’équilibre du porte-feuille d’une entreprise et permet de positionner les activités
selon deux dimensions : le taux de croissance du marché et la part de marché relative détenue par l’entreprise. Crédits : Google Images.

Dans un monde de plus en plus changeant, où l’incertitude est à son firmament, quel est l’avenir de la stratégie et plus généralement du conseil en stratégie ?

Dans notre contexte actuel d’incertitude, je suis convaincu que le conseil a de beaux jours devant lui. Tous les indicateurs le montrent ; les chiffres d’affaires des principaux cabinets de conseils sont en croissance, les cabinets recrutent énormément. Par exemple, le covid a remis en question les modes de fonctionnement de beaucoup d’entreprises et nombreuses sont celles qui ont fait appel à un cabinet de conseil pour les orienter dans leur transformation. La guerre en Ukraine, le réchauffement climatique, … autant d’enjeux et de problématiques qui affectent les entreprises et que les cabinets de conseil traitent au quotidien. 

Aujourd’hui, les grandes entreprises ne peuvent pas se permettre de prendre du retard par rapport au reste de leur écosystème, que ce soit sur les sujets de transformation digitale, de télétravail ou de responsabilité sociale et environnementale. 

Pour finir, qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?

J’adore l’aspect social du conseil. J’ai plaisir à travailler au quotidien avec des personnes brillantes, je trouve ça extrêmement stimulant et enrichissant. Les gens sont très bienveillants, toujours prêts à répondre aux questions de leurs collègues et à les aider dans leur mission. 

Si vous aimez travailler en équipe, le conseil est fait pour vous. Les équipes sont souvent très soudées, je prends fréquemment des verres avec mes collègues après le travail. C’est à mes yeux le parfait mélange entre l’ambiance de l’école de commerce, l’aspect passionnant de la classe préparatoire et une entreprise classiqu