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Concours Early Writers 2019 – Premier prix, Erwan Smith

La Chute de Satan

“Better to reign in Hell than serve in heaven”

John Milton, Paradise Lost

Au Panthéon céleste, un ange de Lumière,

Le préféré de Dieu et de tous le plus beau,

Répondait à ce nom glorieux de Lucifer ;

Et de la Vérité il portait le flambeau.

 

Au Panthéon céleste, abaissés jusqu’à terre,

Anges et chérubins s’inclinaient devant lui.

Et leur chœur mélodieux chantant le bréviaire

S’accordaient à sa voix, suave dans la nuit.

 

Au Panthéon céleste, il n’avait point de pair ;

Et tout être créé vers lui levait les yeux,

Et il les regardait chacun comme des frères,

Et il aimait le monde. Et il était heureux.

 

Au Panthéon céleste, un jour – divin mystère ! –

Un jour Dieu vint le voir car Il avait un plan :

Par Son Verbe en six jours créer le ciel et la terre.

« Fiat lux ! » et sortit un monde du néant.

 

Au Panthéon céleste, aux cieux s’illuminèrent,

Scintillantes beautés au firmament du ciel,

Des astres, un millier d’étoiles, luminaires

Qui déjà s’agitaient dans leurs courses plurielles.

 

Au Panthéon céleste, alors cinq jours passèrent

Où l’ange méditait – « Fiat lux » – la puissance

De deux mots. Quand soudain Dieu fit une chimère :

Au sixième jour, l’homme à Sa ressemblance.

 

Au Panthéon céleste, une moue altière

Vint ternir la beauté de l’archange devant

– En était-il jaloux ? – l’être de poussière :

« Je n’ai, dit-il à Dieu, nul besoin de servant. »

 

Au Panthéon céleste, à l’aurore première

Du septième jour, il vit dans le reflet

De l’Euphrate troublé des traits qui le grisèrent,

Et Narcisse fait ange eût dit : « Cela me plait ! »

 

Au Panthéon céleste, Eden était désert

Car Dieu se reposait. L’homme était seul ; et l’ange

Ne pouvait se résoudre à le servir – Misère ! –

Or Dieu était absent, il fallait qu’il se venge…

Au Panthéon céleste, il prépara la guerre

Et pour l’originel péché ce plan tordu :

La pomme défendue, la langue de vipère

Suffiront à damner l’humanité perdue.

 

Au Panthéon céleste, un archange trop fier,

Désirant être Dieu au mépris de son âme,

Fit le choix du Néant pour régner en enfer,

Dans sa chute cria deux mots : « Non serviam ! »

 

Ô toi, homme damné, écoute en ta colère

Le cri de ton orgueil, ce sombre qui funeste

Qui sorti du démon, ton ange de lumière,

Et qui résonne encore au Panthéon céleste !

À R. Clayton – mon semblable, mon frère

Erwan Smith