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Travailler chez France Télévisions – L’importance des fonctions support

Claire Launois est une ancienne étudiante d’emlyon (promotion 2016). Elle est aujourd’hui en CDI chez France Télévisions en tant que chargée d’études marketing. À l’occasion du M de mars sur la culture, Verbat’em l’a rencontrée. 


Verbat’em : Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Claire Launois. Je viens de finir ma scolarité à emlyon. Aujourd’hui, je suis en CDI chez France Télévisions en tant que chargée d’études marketing. Je suis entrée à emlyon après deux ans de classe préparatoire en 2016. En première année, j’ai fait mon stage chez Amaris en tant qu’assistante de relations publiques à Barcelone. Au milieu de ma scolarité, au lieu de faire la summer, j’ai fait un stage de 4 mois chez ACTEUR DE L’ÉCONOMIE de la tribune en tant qu’assistante promotion événementiel et communication. En parallèle, tout au long de l’année 2018, j’étais trésorière de Pnp, l’association IT d’emlyon. En 2019, j’ai effectué un stage de 6 mois chez France Télévisions en tant que chargée d’études marketing junior dans le département où je suis actuellement. À la suite de mes études à emlyon, je voulais trouver un emploi directement. J’ai été recontactée par France Télévisions en mai et j’ai intégré le poste dans lequel je suis actuellement. 

V. : Pourrais-tu expliquer en quoi consiste ton poste ?

Je suis chargée d’étude marketing chez France Télévisions et plus particulièrement chargée de reporting. Même si j’ai d’autres sujets transversaux, je me concentre principalement sur deux offres : Okoo et lumni. Ce sont deux offres complémentaires à destination du jeune public, enfants et adolescents. La première est focalisée sur le divertissement, là où la deuxième a plus trait à l’éducation. Mon rôle est d’accompagner les équipes de ces deux offres dans leur prise de décision et dans la mise en place de leur stratégie avec l’analyse des données qui sont à ma disposition. J’analyse les audiences et j’émets des recommandations. Une partie de mon métier consiste également à faire de la veille. Je me renseigne sur ce qui se passe chez la concurrence. Celle-ci est particulièrement étoffée. Okoo, par exemple, est une offre gratuite qui intervient sur trois marchés : le replay, la VOD et la SVOD. Mes concurrents concernent donc autant les chaînes traditionnelles du câble que les plateformes de VOD gratuites ou payantes comme Netflix ou Amazon Prime. Mon rôle est de me renseigner sur ce que fait la concurrence et comment cela pourrait impacter nos offres. Au-delà d’Okoo et Lumni, je travaillais sur des offres plus transverses comme les podcasts du groupe. 

V. : Tu disais vouloir à tout prix travailler dans l’audiovisuel, est-ce cette volonté qui t’a menée à ce stage puis à ce CDI ?

J’ai toujours su dès la classe préparatoire que je souhaitais travailler dans un univers audiovisuel. Je n’avais pas forcément en tête la télévision. La production, les séries m’intéressaient. Mes parents avaient l’habitude de dire que je connaissais mieux le programme télé que je ne connaissais mes leçons. 

J’ai aussi rencontré des acteurs de cet écosystème. Quand j’étais en stage chez Acteurs de l’économie, mon manager avait travaillé en boîte de production. Il a donc pu me donner un premier point de vue sur l’industrie et sur ce qu’il était possible de faire dans cette industrie. 

V. : Qu’est-ce qui te plaît dans ton poste ?

Il y a trois éléments, tous liés à mon parcours à emlyon

Tout d’abord, j’ai développé au cours de mon parcours un attrait pour les nouvelles technologies que ce soit avec Pnp ou mes cours à emlyon. Je retrouve ces nouvelles technologies dans mon métier. Je travaillais sur un produit numérique qui est une application mais également un site web. Je dois donc avoir des notions technologiques.

J’ai aussi un attrait pour les médias. À emlyon, j’ai suivi tous les cours possibles sur les médias et les activités culturelles et notamment sur la manière avec laquelle la finance et le marketing s’articulent avec les médias et les activités culturelles. Les médias sont aujourd’hui au cœur de mon métier. 

Le dernier élément est l’analyse de données que j’ai découverte lors de mon expérience chez Acteurs de l’économie à Lyon. J’ai développé cet élément par la suite pendant mon échange aux États-Unis. Là-bas, j’ai pris des cours sur la relation du client, sur comment exploiter les données à des fins marketing, des cours de coding, etc… Aujourd’hui, ce sont des compétences que je mobilise tous les jours. 

V. : Tu parles beaucoup des cours d’emlyon et de ce que l’école t’a apporté. Si tu devais conseiller des cours, lesquels conseillerais-tu ? 

Emlyon propose deux électifs centrés sur les industries culturelles : management de projets culturels et marketing des activités culturelles. Ils sont très intéressants. 

Au-delà de ça, les données sont, pour moi, au cœur de tous métiers. Emlyon propose des cours qui peuvent enrichir les compétences de chacun à ce sujet. Je pense notamment à VBA pour l’entreprise par exemple. J’avais suivi un cours sur python aussi. C’est un cours très utile pour travailler les données et faire de la visualisation. Les cours de marketing classiques comme comportement du consommateur et branding m’ont beaucoup aidé. Enfin, je conseillerais aux étudiants de prendre quelques cours de management, c’est toujours utile. 

V. : Quels conseils donnerais-tu aux étudiants d’emlyon qui cherchent un stage ou un emploi dans l’audiovisuel ?

L’audiovisuel est un secteur bloqué et étriqué. La plupart de mes collaborateurs sont arrivés à France Télévisions en stage ou en alternance. Je conseillerais donc aux étudiants de tenter surtout pour les stages. Il n’y a rien à perdre. De mon côté, ce qui m’a beaucoup servi, c’est de discuter avec des gens qui sont du métier, qui ont les connaissances sur l’évolution du secteur et sur la manière dont le recrutement se fait.

V. : Quels seraient les atouts d’une formation en école de commerce pour travailler dans l’audiovisuel par opposition à une formation cinéma ou audiovisuelle notamment ?

Il est vrai qu’une formation audiovisuelle peut paraître plus logique. Cependant, les compétences que j’ai développées à emlyon sont applicables à n’importe quel secteur. Les étudiants ont une vision globale du marketing, de la finance, etc… La plupart des métiers enseignés en école de commerce sont présents dans tous les secteurs et notamment dans l’audiovisuel.  Pour travailler dans les fonctions support, une école de commerce est un vrai atout. Nous avons appris des choses sur le consommateur, sur la manière de  gérer des études marketing, etc…

V. : Quelles seraient les qualités et les compétences essentielles pour travailler dans l’audiovisuel ?

Pour travailler dans l’audiovisuel, il faut être consommateur. Il faut être curieux et être au fait de ce qui se fait dans l’industrie. C’est une industrie qui peut bouger très vite. Il y a toujours des nouveaux contenus, des nouvelles habitudes de consommation. La veille est très importante dans ce secteur. 

En termes de compétences pures, aucune ne me vient en tête hormis le fait d’être au courant de ce qui se passe sur le marché. La proactivité et la rigueur sont très appréciées mais pas uniquement dans l’audiovisuel. 

Il faut s’accrocher puisque c’est un secteur fermé. Trouver un emploi n’est pas toujours facile mais il ne faut pas lâcher. 

V. : Quels seraient les principaux points négatifs de ton poste ?

J’ai eu beaucoup de chance. Comme j’avais déjà fait un stage sur le même public cible et dans le même environnement, je n’ai pas eu de difficultés majeures.

Le premier challenge auquel j’ai fait face fut de cerner l’environnement des sites sur lesquels j’évoluais. Okoo notamment est à la fois une application, un site internet mais aussi un programme télévisuel. Ainsi, je suis soumise aux pressions des grands acteurs de tous ces supports. Plus particulièrement, comme l’application est disponible sur Google et Apple, je suis soumise aux pressions des grands géants et de leurs décisions notamment en termes d’analyse de données. Par exemple, fin mai, Google a décidé que nous ne pourrions plus tracker certaines données sur les applications pour enfants. Cela nous a handicapés. Dans la foulée, Apple a pris une décision similaire. Je me souviens qu’à mon arrivée, ce fut deux éléments que j’avais dû bien comprendre, bien m’approprier pour bien maîtriser les offres sur lesquelles je travaille.

V. : Puisque tu évoques ta difficulté à saisir l’environnement qui était autour de toi, l’absence de connaissance terrain sur le milieu audiovisuel ou cinématographique peut être reprochée aux étudiants d’emlyon. Que leur conseillerais-tu s’ils cherchaient à travailler dans ce domaine ?

En France, nous avons de la chance. Beaucoup d’éléments sur la télévision et le cinéma sont disponibles. Je travaille notamment avec Médiamétrie dont les données sont publiques. Le CNC, lui aussi, fait beaucoup de rapports sur la production, la consommation des ménages, etc… Mon premier conseil serait d’aller se renseigner au maximum sur ces données. À partir du moment où vous savez sur quel public vous allez travailler, il faut vous renseigner sur internet. Bien évidemment, vous ne trouverez pas tout car tout n’est pas disponible gratuitement mais il existe plein de ressources en ligne sur ce sujet. 

Je pense qu’il n’y a pas de bons profils. Quand je recrute un stagiaire ou un alternant, je ne cherche pas le candidat parfait. Je ne m’attends pas à ce que le candidat ait vu tous nos programmes. Ce qui m’intéresse, c’est ce que regardent vraiment les candidats. Quand je dis ça, je ne parle pas de la Casa de Papel que tout le monde regarde, je parle des programmes singuliers que le candidat regarde. C’est très intéressant de voir un candidat qui parle des sujets qui l’intéressent plutôt qu’un candidat qui fait semblant de s’intéresser à ce qui pourrait plaire au recruteur. C’est ce que je faisais à mes entretiens. À la fin, le recruteur demande souvent si nous avons une question. Dans mon cas, je disais que je regardais tel contenu ou je leur demandais ce qu’il regarde. Ça montre au recruteur que nous ne sommes pas ici pour seulement se faire recruter mais également pour partager. 

V. : Voudrais-tu ajouter quelque chose ?


J’aimerais revenir sur les conseils que j’ai donnés. Je conseille aux étudiants d’emlyon de ne pas hésiter à s’accrocher. Dans mon cas, quand j’ai eu une réponse pour France Télévisions, j’allais passer à mon plan B. La réponse a pris beaucoup de temps mais c’est habituel dans ce milieu. Il ne faut donc pas abandonner, ça prend du temps mais ça arrive.

Par Chloé Monange, rédactrice chez Verbat’em