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Neuralink : des puces intelligentes pour soigner les lésions neurologiques

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Ce qui peut caractériser Elon Musk, ce sont ses projets tout aussi ambitieux les uns que les autres. Entre son rêve d’établir une colonie sur Mars, son train supersonique (Hyperloop) qui serait capable de dépasser la vitesse du son et son désir de donner accès à internet aux 7 milliards d’êtres humains présents sur Terre, Elon Musk s’est pris de passion pour un projet tout particulier, un projet qui est entrain de se concrétiser petit à petit et qui prend la forme d’un cochon, nommé Gertrude.

Gertrude, c’est un cochon à qui Elon Musk (ou en tout cas son équipe) a implanté, il y a quelques mois de cela, une puce dans le cerveau. « Un petit objet électronique de 23 millimètres de diamètre, 8 millimètres de hauteur » selon Le Point, l’équivalent à peu près d’une pièce de monnaie.

“C’est un peu comme un Fitbit [l’application de sport] dans votre crâne avec des fils minuscules”, a déclaré l’entrepreneur milliardaire lors d’une visioconférence.

L’objectif serait d’implanter cette puce en moins d’une heure, sans avoir besoin d’une anesthésie globale et en ayant la possibilité de ressortir de l’hôpital le jour même.

Architecture de la puce Neuralink

Elon Musk voudrait aussi que la quasi entièreté de l’opération soit réalisée par une sorte de « robot chirurgical ».

Robot chirurgical

Pour l’instant, dans les laboratoires de Neuralink, le cochon Gertrude marche sur un tapis roulant, le groin dans une mangeoire accrochée devant elle, pendant que la puce retransmet ses signaux neurologiques. A partir de ces informations, l’ordinateur est capable de prédire à tout instant où se trouve chacun de ses membres.

Neuralink enregistre les activités cérébrales du cochon et peut ainsi prédire où se trouvera chaque membre du cochon à tout instant.

Neuralink, en fonction des activités cérébrales du cochon, arrive à visualiser les mouvements que fait Gertrude sans pour autant les voir vraiment.

En cas de lésion à la moelle épinière, on pourrait implanter une autre puce à l’endroit de la blessure, et contourner les « circuits de transmission » endommagés, imagine ainsi Elon Musk. « Sur le long terme, je suis certain qu’on pourra retrouver l’usage complet de son corps ». De nombreux scientifiques rappellent cependant que le cerveau n’est pas aussi compartimenté qu’on aimerait le croire.

« Chaque cerveau a une structure unique, massivement interconnectée », a commenté Dean Burnett, chercheur de l’université de Cardiff, en amont de la conférence, se disant sceptique sur les véritables avancées de Neuralink.

Elon Musk est convaincu que cette avancée technologique permettra de guérir des affections neurologiques comme la maladie d’Alzheimer, des dépressions graves et même des lésions de la moelle épinière. Neuralink est donc avant tout une solution médicale pour des maladies comme Alzheimer, Parkinson, des troubles de la parole ou même une paralysie. Pour une paralysie du dos par exemple, Elon Musk envisagerait de placer une deuxième puce sur la colonne vertébrale, il y aurait donc un lien entre la machine, la puce dans le cerveau et celle située dans la colonne vertébrale et cette liaison permettrait de rétablir les signaux électriques et donc de retrouver la pleine possession de son corps.

Au-delà du médical, Neuralink représente la philosophie qui anime Elon Musk, le « transhumanisme ». Les transhumanistes sont animés par la volonté d’utiliser des avancées technoscientifiques afin de dépasser ce que ces derniers considèrent comme les limites du corps humain, la mort en fait partie. La motivation de l’augmentation chez les transhumanistes peut souvent venir de la crainte d’être dépassée par l’intelligence artificielle, il faudrait donc réussir à rester compétitif avec les machines. Elon Musk avait d’ailleurs dit lors d’une de ses premières conférences sur Neuralink que « même dans un scénario lambda d’une IA nous serons à la traine, mais je pense qu’en faisant un grand bon avec les interfaces cerveau-machine nous pourrons réussir à suivre » et donc dans un contexte un peu plus idéaliste mais probablement réalisable d’après la start-up, grâce à Neuralink nous pourrions être capable à l’avenir d’ouvrir une Tesla, de stocker des souvenirs et même jouer aux jeux vidéo à distance.

Outre la puce et le robot chirurgical qui sont des petits bijoux de technologie, côté neuroscience, nous sommes loin de l’avancée technologique qui nous permettra de rivaliser avec l’intelligence artificielle ; les prothèses bioniques contrôlées par des personnes amputées grâce à des connectiques cérébrales sont déjà présentes sur le marché et sont de plus en plus perfectionnées. Le domaine connaît même des percées plus innovantes mais n’ont malheureusement pas la même portée médiatique ni la même puissance de communication qu’un Elon Musk.

Le projet d’Elon Musk n’est donc pas un coup de génie unique en son genre, mais repose sur des données et des recherches déjà présentes. Neuralink n’a pour l’instant pas apporté sa pierre à l’édifice sur le sujet des neurosciences. Mais force est de constater aussi que les entreprises d’Elon Musk ont déjà prouvé avec le temps à quel point elles pouvaient être compétitives, les premiers essais cliniques du Neuralink sur les humains auront d’ailleurs lieu en 2021. Au vu des technologies utilisées et des objectifs révolutionnaires de la start up, l’enthousiasme ainsi que le scepticisme sont au rendez-vous.

Par Hicham Ghermani