Membres de la seule MISI composée d’autant d’emlyens que de centraliens, Arthur et Michaël l’ont vécue comme « une expérience incroyable ». « Ça serait dommage de ne pas tenter l’expérience. » souligne Michaël, profondément touché par ses échanges avec les enfants de l’école à la fin des journées sur le chantier. Tous « vazaha », « étrangers », les membres de cette équipe ont pu découvrir une culture malgache jusqu’alors inconnue et profiter de la nourriture locale très tournée riz-légumes-zébu.
Entretien avec Arthur, étudiant de Centrale Lyon respo de cette MISI
Période précédant le départ
Quand t’es venu l’envie de devenir respo de PE ? Pour quelles raisons ?
J’avais envie de partir en mission humanitaire bien avant de rentrer en école, dès la prépa. Quand je suis arrivé en école et que j’ai vu que Soli’ proposait ça j’ai eu envie de m’investir immédiatement à Soli’ mais aussi dans un PE. A Centrale, la décision des postes se fait au moment du dévoilement de la nouvelle équipe. J’avais donc postulé pendant ma prétendance (cooptation) au poste de respo de PE.
Pourquoi avoir choisi cette destination ? À titre personnel, avant ton départ, avais-tu des préjugés, une certaine appréhension de la destination et de ce qui pouvait t’attendre sur place ?
J’ai vécu à Madagascar quand j’étais petit car mon père a été expatrié là-bas pendant 5 ans. J’en suis parti assez tôt et je n’avais que très peu de souvenirs de ce pays. J’ai toujours voulu y retourner et le PE Madagascar m’a semblé être le meilleur moyen de le faire. Je n’avais aucuns préjugés sur la destination à part ce que mes parents m’avaient raconté sur Madagascar et sur les malgaches.
Comment s’est passé la période précédent le départ au niveau de l’organisation de l’équipe, l’intégration des centraliens dans le groupe, le financement de ce PE, les échanges avec les associations partenaires présentes sur place ?
L’amont de la mission s’est plutôt bien passé. J’avais décidé de diviser les tâches pour que chacun ait quelque chose à faire. Certaines personnes étaient bien évidemment plus impliquées que d’autres mais ça n’a pas réellement posé de soucis au déroulement du PE. Pour ce que est de l’intégration des centraliens, pas de soucis vu que le PE était moitié moitié Centrale/EM. Pour le financement on a eu beaucoup de chance, on a récolté 6100 € sur un objectif de 5000€. Pour la communication avec l’association sur place, ça s’est plutôt bien passé sachant que c’était la troisième année qu’on était en contact avec l’asso.
Que recommanderais-tu à un futur respo de PE pour cette période précédant le départ ?
Peut etre faire plus de team-bulding que ce que j’avais fait mais c’est assez compliqué car il faut prendre en compte l’EdtT des centraliens et les EdT des Em qui sont tous hyper différents
Sur place
Vous étiez où exactement et quel encadrement avez-vous eu sur place ?
On était à Ambalavao, au sud ouest de Tana la capitale (environ 500 km. On a été reçu par l’asso locale (qui était une école) mais aussi par les habitants de la ville et notamment les parents d’élèves.
Qu’est-ce que vous avez fait concrètement sur place ? Est-ce que cela différait de ce qui était prévu ?
En gros on se levait assez tôt, vers 6h30, on était sur le chantier dès 7h30. Nos horaires de chantier étaient 7h30/12h, 14h/17h. On passait la plupart du temps sur le chantier même si il était pas rare qu’on participe à des cours pendant la journée. Le midi, soit on allait faire la sieste, soit on se baladait un peu dans la ville.
Pouviez-vous visiter les environs les weekends ? Que faisiez-vous comme “loisirs” ?
Yes c’était carrément possible, on a passé tout nos we à faires des excursions. Il y a beaucoup de parcs naturels autour d’Ambalavo ce qui nous a permis de pas mal nous occuper pendant nos WE. L’asso sur place s’occupait aussi très bien de nous et c’est eux qui nous programmait toutes les visites et trouvait les guides.
Que retiens-tu des personnes sur place, de la culture, de la nourriture, etc. ?
Les personnes sur place étaient vraiment incroyables et très très accueillantes surtout les membres de l’asso sur place.
Pour la culture c’était très riche et très différent par rapport à la france du coup très intéressant du point de vue culturel.
Enfin pour la nourriture, c’était très riz et zébu. Au début c’était super cool car ça change pas mal mais au bout d’un mois on commençait tous à en avoir un peu mal et on était pressés de rentrer en france.
Après la période PE
Avez vous fait un roadtrip ?
On a fait un roadtrip de 5 jours sur la fin du PE. On est allés vers le sud en direction de Tuléar en visitant notamment le parc d’Isalo, Ifaty et le parc d’Anakao, le tout en se déplaçant en taxi-brousse.
De manière générale sur ton expérience, que conseillerais-tu à quelqu’un de Soli, des futurs mandats, qui souhaiterait prendre la respo d’un PE ?
D’être prêt à s’investir car ca demande énormément de temps mais ne pas hésiter à s’engager car c’est vraiment génial comme expérience.
Et si tu avais quelque chose à dire à quelqu’un qui hésiterait encore à prendre part à un PE pendant ses années à l’em, que lui dirais-tu ?
C’est bateau mais c’est une expérience incroyable avec une équipe incroyable et je pense qu’il n’y a qu’en école où on peut participer à ce genre de projet et ça serait dommage de ne pas tenter l’expérience.
Entretien avec Michaël, étudiant de Centrale Lyon membre de cette MISI
Période précédant le départ
Quand t’es venu l’envie de prendre part à un PE ? Pour quelles raisons ?
Au même moment que j’ai découvert Soli’. Un 2A de Soli m’a parlé de son asso et j’ai tout de suite accroché et voulu en faire partie. J’ai voulu faire quelque chose en lien avec le solidaire et m’ouvrir plus aux autres, et Soli’ m’a donné cette opportunité. Ensuite, pour moi, faire partie d’un PE était la suite logique de mon engagement à Soli’ : l’envie d’aider, de se donner à fond pour une cause que je soutiens, et découvrir une nouvelle culture aussi. C’est un peu cliché mais en étant à Centrale et en sortant de prépa, on est souvent confrontés aux mêmes personnes, aux mêmes milieux et c’est bien d’en sortir pour découvrir de nouvelles choses.
Pourquoi cette destination ? À titre personnel, avant ton départ, avais-tu des préjugés, une certaine appréhension de la destination et de ce qui pouvait t’attendre sur place ?
Personnellement je suis parti à Ambalavao, à Madagascar, à environ 10h de route au sud de la capitale Tananarive. Pourquoi ? En fait, j’ai eu la chance de pouvoir parler à des gens qui étaient partis l’année d’avant et qui m’avaient raconté leur projet et ça m’a vraiment donné envie d’aller là-bas, principalement en raison du fait de faire le chantier dans une école francophone. En effet, on m’a vendu qu’on pouvait passer beaucoup de temps avec les enfants, jouer avec eux, leur apporter l’énergie qui nous restait après le chantier, un peu de joie aussi. C’est donc vraiment ça qui m’a plus.
Ensuite, au niveau des appréhensions… Je savais que le chantier allait être dur quoiqu’il arrive, et on m’avait aussi dit qu’à Madagascar, le fait de pas être un local est assez discriminant (ils ont même un nom pour les étrangers, les “vazaha”).
Ton entretien avec Soli s’est (évidemment) bien passé, mais aurais-tu des conseils au niveau de l’entretien pour quelqu’un qui candidaterait à de futures missions ?
Poser des questions au maximum. La personne qui te fait passer ton entretien a fait le projet qui t’intéresse et est la plus à même de répondre à tes questions, donc profites en pour demander tout ce qui te passe par la tête. Après j’ai pas vraiment de conseils pour l’entretien en lui-même, parce que si t’es vraiment motivé et que tes intentions sont bonnes, ça se ressentira (et inversement).
Comment as-tu vécu la période précédant votre départ (découverte de l’équipe, team-building, ensachage, etc.) ?
C’est toujours compliqué de faire des réunions à 15 personnes parce que tout le monde a un emploi du temps chargé et c’est quasi impossible que les 15 personnes soient disponibles en même temps. Je pense que pour notre équipe on aurait voulu faire mieux au niveau du team building avant le départ mais on aurait pas pu faire mieux au vu des agendas de chacun…
En ce qui concerne les ensachages et la récolte de fonds en général, c’est clairement pas les moments les plus drôles de l’expérience mais ça reste un bon moment que tu partages avec des gens que tu connais pour la plupart pas encore. T’es à la sortie d’un supermarché avec ton bocal, t’essaies de garder le sourire et de l’énergie malgré tous les vents et bâches que tu te prends (t’en rigoles d’ailleurs) et tu fais ton possible pour récupérer quelques pièces.
Sur place
Quelles étaient les conditions de vie sur place ? Est-ce que ça différait avec ce à quoi tu t’attendais ?
On a eu la chance et l’immense privilège de loger chez la soeur de la directrice de l’école qu’on aidait. Vraiment une chance incroyable parce que la soeur de la directrice venait de faire construire cette maison quelques mois auparavant et elle était donc “moderne”(on avait l’électricité et l’eau chaude a été installée une semaine après notre arrivée). Je m’attendais vraiment pas à ce type de logement. Parce qu’à côté, c’étaient des maisons en briques sans eau ni électricité. On était hyper privilégié, et je l’ai d’ailleurs assez mal vécu parce que je trouvais ça vraiment pas correct qu’on vive relativement confortablement tandis qu’une grande partie des gens du village vivait dans des conditions précaires.
Décris-moi une journée type s’il te plaît.
On se levait tous les jours entre 6h45 et 7h. On prenait rapidement notre petit déjeuner qui consistait en un peu de pain avec du beurre et du café/thé, et on partait à l’école qui était à moins d’une dizaine de minutes de là où on logeait. A 7h30, on commençait le chantier (parfois un peu plus tard, la ponctualité n’étant pas le fort des malgaches…). On travaillait jusqu’à 10h où on avait une pause “bananes” 30min (on nous apportait des bananes frites pour nous redonner des forces). On reprenait ensuite le chantier jusqu’à midi où c’était la pause déjeuner. Après manger, avec quelques membres du groupe on restait souvent à l’école pour jouer avec les enfants demi-pensionnaires (de la maternelle au collège). La plupart parlait français, mais de toute façon c’était pas le plus important. Les enfants avaient tellement d’énergie, ils étaient tellement heureux de pouvoir jouer avec nous (c’est pas tous les jours qu’ils peuvent passer du temps avec un vazaha…), ça faisait vraiment plaisir. A 14h, on reprenait le chantier jusqu’à 17h environ. On rentrait directement à la maison, assez fatigués. On prenait une douche et on mangeait assez tôt, vers 18h30. Après manger c’étaient les moments qu’on passait ensemble avec l’équipe (les meilleurs moments), on parlait un peu de tout et n’importe quoi, on apprenait à se connaître aussi. Après un petit loup-garou des familles ou quelques jeux de cartes, on allait se coucher vers 21h.
Que retiens-tu des personnes sur place, de la culture, de la nourriture, etc. ?
Pour la plupart les malgaches sont vraiment accueillants, mais pour être honnêtes c’est des gros flemmards. Après, ya deux types de réactions quand ils voient des étrangers : soit il sont en admiration, soit ils sont très méfiants voir hostiles.
Aussi, la culture malgache est assez vieux-jeu : pour eux, les femmes font à manger, mettent la table et font la vaisselle par exemple…
En terme de nourriture, c’est pas très varié mais ça reste bon. On avait presque tout le temps du riz, des légumes (patates et courgettes) et un peu de viande (du zébu notamment). Ah oui, et les malgaches mettent BEAUCOUP de matières grasses dans leurs plats. Ils ont une sorte de beurre qu’ils mettent vraiment partout, ce qui rend les plats vraiment très très gras.
Question bateau : un souvenir marquant de la période PE ?
Y’en a tellement. Si je devais n’en choisir qu’un, ce serait le cadeau que m’a offert un des enfants de l’école. On m’avait raconté tellement de choses sur lui : qu’il avait perdu sa mère, que son père avait abandonné sa mère avant sa mort, qu’il vivait chez sa grand-mère et sa tante mais qu’elles ne l’appréciaient pas et qu’elles ne lui donnaient pas grand chose à manger… Et pourtant il était toujours plein de vie, toujours le sourire aux lèvres, toujours de bonne humeur. Il adorait le tricot : il avait récupéré deux stylos bics qui faisaient office d’aiguilles et avait trouvé une pelote de fils quelque part. Un jour, pendant la pause, il était en train de tricoter et vient me voir, me prend le tour du poignet et me dit qu’il me fera un bracelet avec ce qu’il est en train de tricoter. Le lendemain, il revient me voir en disant qu’il a tricoté toute la soirée pour finir le bracelet et me le donner. Je me suis jamais senti autant honoré et reconnaissant de recevoir quelque chose. C’était si spontanée, si innocent, ça m’a vraiment marqué. Je continue de porter son bracelet d’ailleurs.
Après la période PE
Peux-tu me parler en quelques lignes de votre road trip ?
On est parti vers l’est de l’île, dans les parties les plus touristique de Madagascar. On a pu visiter quelques parcs nationaux, faire des sorties en mer (notamment aller voir les baleines en pirogue, c’était incroyable…). On a surtout passé de super bons moments en groupe. Parce qu’à la fin, on était vraiment devenu une super bande de potes, donc c’était comme si tu partais en vacances avec tes potes quoi, c’était vraiment incroyable.
Et si tu avais quelque chose à dire à quelqu’un qui hésiterait encore à prendre part à un PE pendant ses années à l’em, que lui dirais-tu ?
N’hésite pas, fonce ! C’est vraiment une expérience incroyable. Tu vas découvrir des personnes que tu n’auras probablement jamais l’occasion de rencontrer autre part, et découvrir une nouvelle culture.