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Travailler dans l’économie responsable

L’ESS à travers le Noise

Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Robin Godard, et suis élève dans le programme grande école en prémaster. J’ai intégré le Noise en octobre. Je voulais intégrer le Noise parce que le premier critère dans le choix de mon asso en école était de pouvoir faire quelque chose de concret, auquel je pouvais donner du sens. Pour me détacher de la prépa, où tout était théorique, je voulais vraiment agir sur le terrain. Le Noise me permettait d’agir tout en restant en accord avec mes principes. Pour moi, le Noise c’est une asso progressiste, ce qui était très important.

Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ?

S’il existe plusieurs définitions l’économie sociale et solidaire c’est, pour moi, toutes les activités économiques qui ont un impact social positif, cela comprend le domaine environnemental. Ces initiatives peuvent être des initiatives d’entreprises marchandes ou pas, c’est vraiment très large.

Et que fait le Noise ?

Le Noise, c’est un réseau national d’associations centré sur l’économie sociale et solidaire qui essaie de faire la promotion des initiatives entrepreneuriales sociales, et même d’en créer. À l’emlyon, nous nous concentrons plus sur l’entrepreneuriat social, ainsi que la microfinance. Il faut savoir que le Noise de l’emlyon, il y a quatre, cinq ans, s’appelait EM Microcrédit, et était bien sûr centré sur la micro-finance.

Vous avez d’ailleurs un événement de micro-crédit

Oui, The Rise ! C’est un partenariat avec baby loan, qui est une plateforme de micro-prêt, qui a lieu chaque année dans beaucoup de campus de France. Pendant cet événement qui dure deux jours, tous les étudiants de l’EM peuvent prêter la somme de leur choix à des porteurs de projet dans le monde entier. Ils récupèrent ensuite leur argent dans l’année qui vient, et Baby Loan se porte garant du remboursement. Pour plus d’informations : https://www.babyloan.org/fr/

Un petit rappel sur le principe du micro-prêt ?

La plateforme de micro-prêt qui l’a organisée veut récolter beaucoup de liquidités en deux jours, pour des micro-entrepreneurs qui sont un peu partout dans le monde. Le principe du microcrédit c’est de faire énormément de petits prêts, des particuliers à des entrepreneurs, qu’ils soient sociaux ou pas, généralement assez pauvres et qui sont exclus du système bancaire classique, de fait parce qu’ils ne sont pas considérés comme solvables. L’idée est qu’il y a énormément de prêts d’étudiants pour des micro entrepreneurs dans le monde.

 La particularité de The Rise est que ces prêts sont solidaires. Babyloan, la plateforme, permet à n’importe qui de soutenir des projets tout au long de l’année en les finançant. Ces prêts sont solidaires : contrairement à d’autres instituts de microfinance classiques où il va peut-être y avoir des intérêts, là, il n’y a vraiment aucun intérêt (dans le premier sens du terme seulement). On prête à un projet, et on est remboursé chaque mois.

Le fonctionnement du micro-prêt, simplifié.

 Le principe, c’est que ce prêt ne coûte pas d’argent à des individus qui n’en ont pas déjà beaucoup, mais cela permet de soutenir l’entrepreneuriat un peu partout dans le monde, d’individus qui ont vraiment envie de faire des choses, mais qui n’en ont pas vraiment les moyens. Ce que je trouve personnellement très intéressant avec ce projet, c’est que l’on sort de la logique verticale du don. Pas que le don soit mauvais, mais il pose le problème d’estime de soi de celui qui reçoit. Ce qui est vraiment intéressant avec The Rise, c’est que cela reste un prêt.

Et son projet doit être rentable

Oui, d’ailleurs, tous les projets qui sont financés par The Rise chaque année sont suivis par des instituts de microfinance, ces mêmes instituts qui accordent les prêts, et ils sont donc accompagnés. On ne prête donc pas à n’importe qui.

Et qu’a donné The Rise cette année ?

Cette année à l’emlyon, The Rise a été un gros succès. On a fini deuxièmes, pas très loin derrière l’EDHEC, alors que tous les ans l’EDHEC truste, notamment parce que les assos y sont en compétition afin de donner le plus possible, alors qu’à l’emlyon ce n’est pas du tout comme ça. Mais on n’était pas très loin, à quelques milliers d’euros de l’EDHEC.

Est-ce qu’il y a d’autres événements au Noise, dont tu aimerais nous parler ?

 Le Social Impact Week-end, un week-end qui a lieu du 13 au 15 avril, où le Noise organise un concours d’entrepreneuriat social ouvert aux étudiants de l’emlyon et aux extérieurs. Le principe c’est développer un projet de start-up social en un week-end. On peut venir sans idée, on peut venir sans équipe, l’idée c’est vraiment de trouver une idée de projet et de réfléchir dessus avec l’aide d’autres étudiants et surtout de coachs. Le format reste assez libre, Noise offre un accompagnement de l’événement. Si l’on ne refait pas le monde en un week-end, cette expérience offre une très bonne entrée en la matière.  

 J’apprécie particulièrement cet événement, parce qu’il nous offre à nous, étudiants, l’opportunité de réfléchir sur un projet stimulant, qui peut déboucher sur un projet à long-terme. Un membre du Noise y avait d’ailleurs trouvé son idée PCE (à bon entendeur). C’est aussi un moyen original de rencontrer d’autres personnes.

L’ESS : paradigme d’avenir ?

Les étudiants de l’emlyon sont très qualifiés mais très peu finissent dans un domaine social. Dans tous les secteurs classiques, peut-on trouver des entreprises qui offrent plus de sens toutes choses différentes égales ?

Oui. Prenons le secteur le plus décrié par les médias, la finance. Il est possible de trouver un équivalent de la finance qui reprend les principes de l’économie sociale et solidaire. Le terme générique est la finance éthique, la finance responsable. La Nef est un établissement financier qui permet de placer son argent avec une totale transparence sur où va cet argent. Il est possible de travailler dans un organisme comme celui-ci.  Plus généralement, dans tous les secteurs, l’ESS se développe : aux niveaux d’études peu élevés (beaucoup d’entrepreneurs sociaux n’ont pas fait énormément d’études, notamment dans les pays du Sud) mais aussi dans les métiers en accord avec les compétences données à l’emlyon. Dans les ressources humaines, des responsables RH sont spécialisés dans les missions diversité et handicap. Ils vont former les entreprises à la vie quotidienne au travail, avec les handicapés qui requièrent une attention spéciale.  

Travailler dans l’ESS et vouloir un haut salaire, est-ce contradictoire ?

 C’est une question qui se pose. À chaud, je n’ai pas tous les chiffres.  Ce qui est sûr, c’est que l’objectif de l’ESS est d’avoir une économie plus juste et plus équitable, donc cela exclut les salaires démesurés des patrons de grands groupes par exemple. À mon avis, de fait, il doit y avoir pas mal de managers ou d’autres qui travaillent dans l’ESS, qui gagnent un petit peu moins. Mais ce que je sais aussi, pour contrebalancer ce propos, c’est que dans les grandes structures humanitaires, qui gèrent beaucoup d’argent, des managers sont payés au niveau du marché. Il est donc totalement possible de travailler dans l’ESS et d’être bien payé, mais c’est vrai que, de fait, cela se fait moins.

 Si je peux rajouter quelque chose qui revient souvent dans l’ESS, c’est l’idée que le profit n’est pas une fin mais un moyen, ce qui résume assez bien l’idée. Il y a donc quand même dans l’idée que, si l’entreprise fait du profit, c’est bien, mais elle va le réinvestir… comme une association en somme.

Propos recueillis par Nicolas Rohrlich et Nicolas Multon, étudiants préma à l’emlyon