Si le but du marketing, c’est bien de rester proche du client en contribuant à structurer la démarche stratégique de l’entreprise pour prospérer, alors les moyens d’y arriver évoluent au fur et à mesure du temps. Si l’on demande aux étudiants ce qu’ils pensent du marketing, beaucoup répondront que c’est du bullshit. Parlons peu mais parlons bien, les marketeurs ne jouissent pas d’une bonne image. Si leur réputation est à marketer, leur travail à de beaux jours devant eux, car le marketing reste indispensable, ne serait-ce que pour mettre en avant les attributs techniques du produit ou du service vendu. Et, même si les sempiternels campagnes publicitaires de soldes ne le laissent pas immédiatement paraître, le travail des équipes marketing évolue bien. Pour reprendre la phrase de Pierre Volle, professeur de marketing à l’Université Paris-Dauphine, « (…) chacun aspire à la croissance. Mais une croissance différente, plus qualitative, respectueuse de nouvelles exigences, notamment écologiques et éthiques. ». Si je ne vous ferais pas part d’exigences écologiques, les tendances marketing semblent bien portées vers la qualité du message communiqué et le respect de nouvelles exigences de consommation, si ce n’est celle de ne plus être sollicité du tout.
Du storytelling au storydoing :
Le storytelling, méthode de communication consistant pour l’entreprise à mettre en récit un message pour mieux le faire absorber par les consommateurs, fonctionne de moins en moins. Pas que, comme Platon, les citoyens veuillent bannir les conteurs de la cité, loin de là (sigh), mais seulement, ils sont trop mauvais. En effet, les messages publicitaires traditionnels ne sont plus convaincants, ils sonnent trop creux. Pour que leur message soit cru, certaines entreprises ont donc recours à une refonte en profondeur. Il s’agit non plus pour eux de raconter des histoires, mais de les faire. Le storydoing repose sur le fait que l’entreprise transforme son message de communication en véritable valeur de l’entreprise, que chaque acteur et partenaire se doit de dresser en valeur cardinale lorsqu’il travaille. On peut y voir un enseignement des start-ups. Dans Zero to One, Notes on Startups, Peter Thiel, figure de proue de la Silicon Valley, écrit que, pour qu’une start-up réussisse, les membres de la jeune pousse doivent se sentir investis d’une mission commune, que leurs intentions doivent être alignées. Selon lui, il n’y a pas de culture d’entreprise, mais l’entreprise est elle-même une culture. Il semble que les grandes entreprises s’en inspirent aujourd’hui et tentent d’appliquer ce principe à leur échelle.
En espérant que la philosophie ne soit pas juste un moyen au service d’une autre fin ! (Des campagnes com’ récentes de grandes entreprises)
Source : https://image.slidesharecdn.com/yal-storytellingtostorydoing-150615194902-lva1-app6891/95/storytelling-to-storydoing-24-638.jpg?cb=1434398816
« Des contenus plus courts, plus personnels et plus instantanés »
Le 25 décembre dernier, un décret publié à rendu légal la publicité éphémère sur les trottoirs de Bordeaux, Lyon et Nantes. Le trottoir, une des dernières surfaces de l’espace public interdite à la publicité, ne l’est plus. Pas sûr que cette nouvelle enchante les piétons, déjà surexposés à la publicité. En effet, le consommateur est en moyenne exposé à 5 000 logos par jour, et à 1 000 (milliards) publicités. En réaction à cet assaut cognitif, le consommateur se ferme de plus en plus, refuse tout en bloc et se réfugie dans son jardin secret, où il ne cultive que ses marques de référence et les quelques réussites publicitaires. Pour les toucher, Accenture Interactive résume assez bien les nouvelles approches à privilégier : des contenus plus courts, plus personnels et plus instantanés, comme la vidéo ou l’infographie.
Essayez d’être aussi malin que cette entreprise qui fait la promotion de sa réalisation d’infographies à travers une infographie.
Source : https://nostromo.fr/wp-content/uploads/2017/02/Nostromo_agence-de-communication_blog_infographie-5-chiffres-cles-sur-la-video-en-entreprise.jpg
Le content marketing
Pour mieux capter l’attention de son public sur internet, le content marketing est de plus en plus utilisé. Il consiste à donner plus de contenu informatif aux consommateurs. En tant que consommateurs, nous attendons de plus en plus d’informations des entreprises dont nous achetons. Internet devient la plateforme privilégiée de ces échanges, un lieu de rencontre entre l’entreprise et le consommateur. De plus en plus de marques, à l’instar de Bonnegueule, blog de mode masculine puis marque de vêtements – lorsque sa base de visiteurs était suffisamment conséquente pour s’assurer de l’écoulement des produits-, travaillent leur présence internet avant celle physique.
L’ultra-personnalisation
Puisque le marché est de plus en plus différencié -faute à la hausse des inégalités ?-, l’offre aussi se diversifie. Le marketing de masse, en visant tout le monde à la fois, tire au milieu et rate sa cible. Le marketing personnalisé, lui, s’enracine dans de meilleures données pour donner plus de fruits. Plus prosaïquement, il s’agit pour les entreprises de collecter plus de données sur les comportements des clients, notamment en se servant des technologies du Big Data qui analysent l’immensité des données issues des réseaux sociaux, des achats en ligne, du téléchargement d’applications mobiles ou encore des CMS (Content Management System). Que penser de ce système ? Personnellement, je ne suis pas contre recevoir moins de publicités mais qui me correspondraient plus. Néanmoins, les connaissances dont se servent les entreprises, en sciences humaines et de plus en plus en psychologie du consommateur, donnent de plus en plus l’impression qu’elles seront capables, non de subvenir à nos besoins de consommateurs, mais d’en créer toujours de nouveaux.
L’optimisation des taux de conversion :
Très lié au content marketing, il s’agira de plus en plus pour les entreprises de viser à augmenter le taux de conversion de visiteurs en clients via le web. Pour ce faire, vous aurez besoin : d’un site, d’une bonne stratégie marketing et d’une volonté d’améliorer l’expérience utilisateur sur les sites Internet. En réussissant, vous ferez d’une pierre deux coups : votre référencement sur les moteurs de recherche sera amélioré, et votre site fera plus de conversions. Le blog corporate se pose ainsi en bon moyen d’optimiser le SEO.
Note : Dans la communication externe, les entreprises tentent de plus en plus de se montrer comme étant à visage humain, à l’instar de Michel & Augustin, qui a récemment lancé une campagne de pub sur Youtube invitant ses consommateurs à enjoindre les entreprises du CAC40 à offrir des cadeaux pour leur événement, le tout filmé comme une séance de brainstorming dans le bureau, scène qui parlera à beaucoup. SI l’initiative est originale, on imagine d’autres entreprises monter au créneau pour essayer d’être la plus cool.
Attention à ne pas sombrer dans l’hypocrisie. (Allégorie de la simulation, Lorenzo Lippi, vers 1640)
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Nicolas Multon, étudiant en préma