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Les NFT, socle d’un entrepreneuriat nouveau ?

Pour le M, PnP et Genius emlyon mobilisent leurs expertises pour questionner les activités liées au NFT. Ces jetons non fongibles offrent de nombreuses possibilités marketing aux entreprises mais sont-ils le socle d’une nouvelle forme d’entrepreneuriat ?

Par Alexandre Didier et Inès Anseur, PnP et Genius emlyon

91.8 millions de dollars, c’est le prix auquel s’est récemment vendue une série de NFT, la plus chère de l’histoire ! Nouvelle tendance consumériste annonciatrice d’un changement de paradigme dans la création artistique, la création, la vente ou l’achat de NFT semble se rapporter, d’une certaine manière, à une forme d’entrepreneuriat, dans sa définition la plus large. Créer, innover, prendre des risques, se différencier… Autant de défis auxquels entrepreneurs et créateurs de NFT sont effectivement confrontés pour valoriser leurs solutions. 

Le numérique a en effet ouvert un nouvel espace de liberté de faire : chacun est libre de créer sans contraintes ou presque. Il suffit d’une connexion internet pour publier ses créations : photos, vidéos, musiques et même livres grâce à l’auto-édition. Le nouveau phénomène des NFT et de la blockchain sont les exemples mêmes de cette entrepreneuriat 2.0. Prouesse artistique ou innovation de rupture : que sont les NFT ? Le débat persiste au sein du Web 3.0. : les activités de création et de vente ou d’achat-revente des NFT sont-ils une forme d’entrepreneuriat ? 

Illustration NFT. Crédits : Wikipédia.

Blockchain et NFT, superstars du numérique

Le numérique est devenu le meilleur ami de l’homme, c’est d’autant plus vrai dans l’entrepreneuriat ! Les plateformes de Freelances pullulent : Malt, Fiverr, crème de la crème… Le numérique permet aux entrepreneurs de travailler de chez eux, sans contraintes de déplacements, ni horaires fixes, et de se rémunérer, parfois confortablement. L’entrepreneuriat s’est aujourd’hui mélangé aux nouvelles technologies. Mais ces usages ne reposent que sur une infime partie des possibilités offertes par le numérique.  

Nouveau phénomène qui secoue la société depuis quelques années, la blockchain a révolutionné la manière de créer, de développer et d’innover. La Blockchain est une révolution de cryptage sur laquelle repose les fameux NFT ou Non-Fungible-Token qui ont fait tant de bruits ces derniers temps. La blockchain a créé le Web 3.0, qui se caractérise par une volonté de redonner le pouvoir de contrôle des données aux internautes en supprimant les intermédiaires par lesquelles les données voyagent, notamment les grands groupes technologiques tels que les GAFAM (Google – Alphabet, Amazon, Facebook – Meta, Apple et Microsoft).

Les NFT constituent, eux, des actifs possédant une valeur boursière et monétaire, à valeur unique. A chaque actif, qui possède une valeur propre, est accolé un certificat d’authenticité permis par la technologie de la blockchain, empêchant toute copie. Le NFT est non fongible car non échangeable. Le troc est donc impossible, pour une simple raison : c’est la place que la valeur a dans un échange. A titre d’exemple, cette comparaison : une musique NFT a-t-elle la même valeur qu’une image ? Il est difficile de le déterminer, c’est pourquoi il a été convenu que les NFT seraient “non-fongibles”. Dernière particularité, un NFT est lié à un jeton numérique (token) – posséder ce jeton, c’est posséder l’actif. Ces actifs numériques sont polymorphes, ils peuvent désigner des images, de la 3D, ou bien encore des musiques (cela correspond à la catégorie “artworks”). Il existe aussi des items collectionnables, des parcelles de terrain virtuelles, des items virtuels utilisables dans les jeux-vidéos et bien plus encore. Les possibilités entrepreneuriales évoluent grâce aux nouvelles technologies. 

Nicolas Julia, alumni d’emlyon, est le co-fondateur de Sorare.
Crédits : LesEchos.

Les NFT, entrepreneuriat 2.0 ?

Il semble que l’entrepreneuriat ne se restreigne plus à la pratique d’une activité professionnelle, et puisse s’élargir à la création de NFT ou encore à l’achat-revente d’actifs en ligne. D’une part, de la conception à la commercialisation des NFT, “les entrepreneurs” du numérique investissent temps et argent pour se différencier de leurs concurrents. Ils prennent des risques, développent des stratégies de lancement et espèrent séduire les consommateurs avec leurs NFT – produits qu’ils vendent en ligne. Dans ce cas de figure, au vu des actions entreprises et au vu de leur activité solitaire qui consiste à vendre des produits en ligne pour en récolter un gain financier, le qualitatif d’entrepreneur ne semble pas saugrenu. D’autre part, en ce qui concerne l’achat-revente de ces actifs en ligne, au même titre que le rachat d’entreprise, il s’agit pour les entrepreneurs de faire une plus-value. Ils deviennent propriétaires d’un actif, voire d’une marque dans certains cas (NFT développés par des artistes ou créateurs célèbres) dans l’espoir de la faire fructifier et d’attirer une large audience. 

Un terrain de jeu inépuisable

Les NFT sont englobés dans le “nouveau continent”, le métavers. Le métavers est un nouveau terrain digital qui permet de simuler une double vie virtuelle. Métaphoriquement, le voile du numérique se déplace dans la réalité. Il semble que le plan du numérique s’entrecroise avec celui du réel, à l’instar de l’”Upside Down” de la série Stranger Things. A titre d’exemple, on retrouve des NFT de joueurs de sports collectionnables. La start-up Sorare en a fait un jeu de football. Il existe même des vidéos sportives sous forme de NFT (NBA entre autres). Enfin, le luxe a lui aussi fait son entrée dans le métavers en proposant des vêtements Louis Vuitton, Dolce Gabana, Burberry pour revêtir les personnages dans les différents jeux du métavers tels que : Roblox, Decentraland ou Sandbox

Le numérique floute la définition de l’entrepreneuriat. Les activités liées aux NFT semblent se rapprocher de la définition élargie de l’entrepreneuriat mais n’en épousent pas parfaitement les traits. Quoi qu’il en soit, le numérique et ses enfants que sont la blockchain ou les NFT révolutionnent les pratiques et sont à l’origine d’un changement de paradigme. Peut-être cela annonce-t-il un nouvel ordre économique mondial : une chaîne de valeur aux nombreux maillons dans le processus d’un projet – un client ne se contentera pas seulement de passer par un intermédiaire (un freelance par exemple) pour réaliser son projet. Seul l’avenir le dira. Une chose est sûre, le développement du numérique n’est pas près de se tarir et les entrepreneurs seraient mal inspirés de ne pas s’y intéresser.