Y compris dans des stages d’étudiants généralistes d’écoles de commerce, la dimension technologique peut être importante. Dans nos deux stages de fin de première année, nous avons évolué dans des secteurs très techniques.
Start-up en Afrique du Sud : design et data management dans l’industrie minière
C’était une startup composée de huit personnes, au tout début de son activité, crée seulement trois mois avant mon arrivée. Elle propose différentes solutions qui visent à améliorer les processus de design et de data-management pour les bureaux d’études de fabricants d’équipements d’origine (OEM), principalement dans l’industrie minière, fer de lance de l’économie sud-africaine. Mon rôle était d’aider l’entreprise à développer la dimension commerciale de son activité ainsi que son image de marque. À mon arrivée, les acteurs en place étaient davantage concentrés sur le développement des solutions techniques. Deux personnes seulement, le manager et la responsable du développement commercial, s’occupaient des aspects business de l’entreprise.
La phase d’apprentissage
À première vue, il semblait que j’étais destiné à passer six mois à élaborer et développer un site internet pour l’entreprise ainsi que tout autre support marketing nécessaire : cartes de visites, signalétique, réseaux sociaux, etc. En somme que du marketing, soit une voie assez commune pour bon nombre d’étudiants lors d’un premier stage à l’étranger car il est clair qu’on ne peut prétendre à quelque chose de plus pointu alors que l’on sort d’une première année en école de commerce des plus généralistes après deux ans de prépa ECE. Cependant, dès les premières semaines je me suis rendu compte que pour vendre un produit, des solutions, il faut être réellement capable de l’expliquer sous tous ses angles. Sauf que, personnellement je ne m’étais jamais intéressé en profondeur au secteur minier, ni au secteur B2B entre OEMs, et encore moins à leur cœur de métier, à savoir la fabrication de machines très techniques de traitement de matériaux et de minéraux – bref, je n’ai pas une formation d’ingénieur.
Ainsi, en plus des explications quotidiennes fournies que me faisait mon maître de stage sur le secteur d’activité de l’entreprise, sur ses enjeux, ses opportunités en Afrique du Sud et son rapport avec le développement de l’Industrie 4.0, je me suis plongé dans une recherche approfondie pour en apprendre davantage. À partir de là, j’ai commencé à comprendre la situation actuelle, en perpétuelle évolution, de l’industrie minière en Afrique du Sud, ainsi que celle des différentes technologies utilisées (digital twin, 3D Laser Scanning, Building Information Modelling, etc.). Grâce à ces recherches, j’ai développé ma compréhension de l’Industrie 4.0 et des enjeux qui y sont rattachés. Toutes les technologies ont des liens entre elles, du coup les secteurs d’activités qui les utilisent sont aussi liés entre eux. Ces recherches passaient par des sites spécialisés, les sites des organismes de normalisation, des magazines spécialisés, des salons d’exposition, etc.
De nouvelles opportunités
Cet apprentissage a fait évolué mes tâches dans l’entreprise. En effet, au-delà des différents supports de communication, j’ai contribué au développement de la start-up en apportant une réflexion plus orientée business sur les différentes solutions techniques. Il m’est arrivé de questionner les idées reçues et les définitions entendues qu’avaient les managers, que ce soit lors de réunion ou plus directement, car avec le temps, ma compréhension venait compléter la leur. En soi, ma légitimité initiale, qui était assez nulle dans un milieu d’ingénieur avec mon bagage généraliste d’étudiant en école de commerce, a évolué au point de voir mes idées et mes initiatives sur le plan technique réellement prises en compte par les décideurs de l’entreprise.
PME au Royaume-Uni : vente d’ordinateurs spécialisés en B2B
Lors de mon stage dans une entreprise qui vend des ordinateurs spécialisé en B2B j’ai été confronté à de nombreux enjeux technologiques. Mon rôle était d’effectuer des études de marchés pour l’entreprise dans le but de vendre de nouveaux produits dans des secteurs d’activités bien spécifiques comme l’industrie, la santé et les transports. Ma tâche consistait à répondre à des questions du type : peut-on vendre un produit sur ce marché ? Qui est intéressé (clients potentiels) ? Pourquoi (répond-il à leurs besoins/ résout-il leur problèmes) ? Combien peut-on en vendre (taille du marché) ? Est-ce rentable pour nous ?
La formation généraliste au service du technique
Il s’agissait donc d’une tâche centrale du marketing/business : comprendre ses clients, comprendre leurs enjeux/besoins.
Pour ce faire, je me suis servi des compétences que j’ai apprises en école de commerce. Il me fallait également comprendre les enjeux techniques des clients potentiels. Pour ce faire, il m’a fallu faire des recherches : apprendre le vocabulaire technique, faire le lien entre l’application que le client fait de nos produits et les spécificités que le produit doit comporter etc. Mon rôle était donc de comprendre et de lister ces enjeux et d’en faire part à mes collègues du département du « product management » qui sont en mesure de les traduire en spécifications informatiques (tant de MB de bande passante, tel CPU, GPU etc.). Il ne s’agit donc pas de tout savoir faire soi-même mais plutôt de comprendre les enjeux.
J’ai par exemple été amené à travailler sur le domaine du « machine vision ». L’entreprise voulait savoir qu’est ce qui intéressait les entreprises de robotiques et les usines qui utilisent des caméras et des robots dans des applications du type travail à la chaine. Ces entreprises ont besoin d’un ordinateur bien spécifique pour transformer les données capturées par les caméras en actions effectuées par les robots. Suite à des discussions avec mes collègues ayant certaines des connaissances techniques nécessaires et suite à des recherches, nous avons établi les spécificités recherchées pour ce type d’ordinateurs.
Personne n’est spécialiste de tous les domaines
Il ne s’agit donc pas – pour quelqu’un dans ma position – de connaître tout ce qu’il y a à savoir dans le domaine technique car d’autres sont spécialisés dans ce domaine. D’autant plus que même les personnes ayant reçu une formation dans la construction d’ordinateurs par exemple, ne sont pas nécessairement en mesure de tout comprendre et de tout savoir faire. Il y a toujours un niveau technique à partir duquel il faut recourir à un spécialiste du domaine. Il s’agit donc plutôt, pour quelqu’un ayant suivi des études « business » de comprendre les enjeux et de savoir à qui parler et quoi lui demander ; c’est une vrai force. Je l’ai remarqué au cours de mon stage. Au fur et à mesure que j’apprenais dans le domaine technique, j’étais capable de mieux réaliser mes tâches liées à l’aspect business (étude de marché avec analyse de la concurrence, du marché potentiel des clients, de leurs besoins, quels mots utiliser keywords etc).
Le mot de la fin
Au lieu de se dire qu’on est nul en informatique ou que le côté technique nous dépasse, mieux vaut ce rendre compte qu’à un certain point, tout le monde est dépassé ! C’est rassurant, contre intuitivement parce que ça veut dire que l’on peut comprendre un peu, s’y intéresser un peu et travailler dans un secteur très technique en ne sachant que très peu au départ. Après, plus on apprend, plus on peut faire – comme pour le reste d’ailleurs.