Dans le cadre de la Semaine de l’Égalité des Chances organisée par Astuce, l’un des organisateurs, Marc Chardiny, introduit la question de l’égalité des chances sur les campus. Cet article se focalise sur les écoles de commerce, et s’intéresse aux solutions et mesures mises en place au niveau national et à emlyon.
Commençons par un constat : 38% des étudiants de l’enseignement supérieur français sont boursiers mais ils sont seulement 12 % dans les Grandes Écoles de commerce.
Ce manque de diversité, largement décrié, semble prendre ses sources dans le processus de sélection et plus particulièrement l’organe principal de ce dernier : le concours d’entrée.
Deux projets principaux ont été proposés, ces dernières années, dans l’objectif d’améliorer la diversité au sein de nos Grandes Écoles :
- La politique des quotas née de la volonté de Valérie Pécresse (LR) de porter le nombre de boursiers inscrits en grandes écoles à 30 %. « Il ne s’agira pas d’une moyenne, mais d’un objectif pour chaque établissement » a déclaré l’ancienne ministre. (2010)
- Le projet d’affecter des points bonus sur les notes aux écrits des concours pour les boursiers, proportionnellement à leur échelon, sans que le jury n’ait accès au nombre de points attribués. (2019)
Comme vous vous en doutez, voire même le comprenez, ces projets n’ont pas reçu un accueil très chaleureux de la part d’une bonne partie des étudiants et des corps professoraux des Grandes Ecoles. Au centre de leur préoccupation : la crainte d’une perte de valeur du diplôme.
Soyons clairs, dans nos grandes écoles, nous avons plutôt tendance à rejeter tout ce qui pourrait “simplifier” les sacro-saints concours d’entrée. Leur sélectivité est gage de qualité. Mais essayons de mieux comprendre les réflexions et justifications à l’origine des projets.
Pour justifier le projet de point bonus, nous pouvons citer une étude menée par l’association Article 1 qui lutte contre l’inégalité des chances à travers, notamment, des programmes de mentorat : “Il est inéquitable de juger de la même façon des étudiants qui ont des conditions d’études différentes : job étudiant soir et week-end, temps de transport conséquent, chambre partagée ou mal-logement, manque de réseau ou d’appui familial… À capacité égale, ces conditions d’études sont discriminantes aux concours. Dans une famille où les parents ont fait des études, l’enfant a reçu en moyenne un soutien scolaire plus soutenu. Les études montrent que ces parents poussent davantage leurs enfants à faire des études supérieures.”
Poussons la réflexion au-delà de ce simple concours. 50% des étudiants d’HEC viennent de 7 prépas. Pour les citer : Henri IV, Sainte-Geneviève, Intégrale / Initiale, Daniélou, l’Institution Saint-Jean et Hoche accueillent 175 étudiants des 338 étudiants intégrés à HEC après une classe préparatoire commerciale. Il apparaît clairement que, dans les plus grandes écoles de commerce, la sélectivité commence bien avant le concours. C’est bien là toute la complexe problématique de l’égalité des chances.
Aussi, pourquoi ne pas tenter de s’attaquer aux racines du problème ?
C’est ce que font les Grandes Ecoles aujourd’hui, notamment à travers leurs associations et leurs programmes d’égalité des chances.
À emlyon, le TUUM (Trait d’Union Multicampus Multiquartiers) et l’association étudiante Astuce (Association des Tuteurs pour la Culture et l’Épanouissement) offrent à des lycéens scolarisés en REP (ou établissements comparables), la possibilité d’envisager l’accès à des formations qui leur semblent, a priori interdites. Comment ? En mettant en place, chaque semaine, des sessions de tutorat animées par les étudiants de notre école. Ces rencontres hebdomadaires permettent aux lycéens de progresser et de prendre confiance en eux grâce aux conseils des étudiants tout en créant avec eux des relations fortes.
Et ces actions portent leurs fruits ! Vous pourrez découvrir, en fin après-midi, un podcast témoignage de Lydia Houmer. Originaire de Vénissieux, Lydia a été tutorée par Astuce au Lycée Jacques Brel, et a reçu le prix des femmes méritantes décerné par le ministère de l’égalité hommes-femmes en collaboration avec emlyon.
Notre volonté à travers cette Semaine de l’Égalité des Chances est donc d’agir, à notre échelle, en sensibilisant les étudiants d’emlyon à cette question difficile mais ô combien passionnante de l’ Égalité des Chances. Chacun de nous peut agir ! A emlyon via Astuce, mais également dans d’autres écoles ou via des associations externes, il existe de nombreux moyens de s’investir.
Nous souhaitons donc, tout au long de cette semaine, mettre en lumière des étudiants et alumni aux parcours inspirants via des témoignages concrets et vibrants. Nous allons aussi valoriser de nombreuses initiatives actrices de ce combat ! Nous aimerions faire découvrir à nos camarades emlyens toute la richesse et les histoires passionnantes et inspirantes qui se cachent derrière les visages des étudiants qu’ils croisent tous les jours dans les couloirs de notre école.
To be continued…
Par Marc Chardiny, membre d’Astuce
Sources :