La chronique du Libr’AIR

L’âme de l’empereur, Brandon Sanderson (2012)

Vous voulez découvrir la fantasy, mais vous avez toujours pris peur en voyant les pavés de 800 pages qui pullulent dans le genre ? N’ayez crainte, on vous a dégoté LE livre qui vous permettra de bien débuter. Il s’agit d’un bouquin d’à peine 200 pages, qui nous conte l’histoire de Shai, arrêtée pour tentative de vol (le sceptre de l’empereur, rien que ça). Elle est chargée d’une tâche impossible par ses geôliers et, sans vouloir trop en dévoiler, sachez qu’il sera question du destin d’une dynastie et de l’âme d’un empereur…

L’auteur, Brandon Sanderson, s’est appuyé sur des années d’expérience en tant qu’écrivain de fantasy pour nous offrir ce court roman qui a l’étoffe des grands. L’Âme de l’Empereur s’est d’ailleurs vu décerner le prix Hugo en 2013.

Il y a tout, dans L’Âme de l’Empereur : des personnages, peu nombreux certes, mais bien campés et ô combien fascinants ; un univers solide, vaste, dont ce livre nous offre un petit échantillon ; une histoire originale, sans trop d’action mais pleine de suspens. Et enfin, marque de fabrique de l’auteur : un système de magie inventif, régi par des lois clairement explicitées. Avec ça, vous pouvez être assuré de ne pas vous prendre un « Ta gueule, c’est magique » au détour d’une page. Après tout, même si un livre de fantasy n’est pas réaliste, le lecteur est tout de même en droit d’en exiger cohérence et vraisemblance.

6,10€ en format poche, une couverture souple pour un livre que vous pourrez trimbaler partout avec vous… que demande le peuple ?

On vous laisse avec une petite citation, tout droit tirée de L’Âme de l’Empereur :

« Si vous étiez le mur, que préféreriez-vous être ? Terne et morne, ou éclatant de peinture ?

  • Les murs ne pensent pas !
  • Ça ne les empêche pas de s’en soucier. »

 

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, Raphaëlle Giordano (2015)

Romancière presque inconnue il y a un an, Raphaëlle Giordano est devenue le deuxième auteur français le plus vendu en 2017. C’est ce roman, Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, qui l’a fait connaître.

L’auteure nous présente ici Camille, une femme qui n’a pas de quoi se plaindre dans la vie et pourtant… Pourtant, elle n’est pas heureuse. N’est-ce pas pourtant notre but à tous ? Raphaëlle Giordano vous donne par l’intermédiaire de son personnage des exercices pour réfléchir sur votre vie. Le bonheur est à votre portée, il ne tient qu’à vous de le saisir. Face à la lassitude de nos cours de l’EM, pourquoi ne pas profiter de quelques heures pour changer notre vie ? Personnellement, mes parents m’ont dit que j’étais trop jeune pour un roman remettant en question ma vie. Mais pourquoi remettre à plus tard des changements qu’on voudrait voir dès aujourd’hui ? Ce livre vous fera réfléchir peu importe votre âge.

Transformer un livre de développement personnel en roman, c’était un pari risqué peut-être, celui d’écrire une histoire sans queue ni tête, avec une fin bateau… Pourtant, Raphaëlle Giordano s’en sort avec les honneurs, grâce à sa plume très agréable, à la pincée d’humour qui saupoudre son livre et à une fin des plus surprenantes. Il n’en faut pas plus pour passer un bon moment de lecture.

 

Death Note, Tsugumi Ōba (2003-2006)

12 tomes, 108 chapitres, pour une idée de base toute bête : Light Yagami, un lycéen de 17 ans, découvre un cahier appelé Death Note. Toute personne dont il écrit le nom à l’intérieur meurt. S’ensuit un thriller sombre, glaçant, qui questionne les notions de bien, de mal, et de justice. Ce manga pose en filigrane une question fort épineuse : jusqu’à quelles extrémités a-t-on le droit d’aller pour rendre le monde meilleur ? Car Light, notre héros, est bien décidé à faire le bien, envers et contre tous. Et tant pis pour ceux qui se mettront en travers de sa route.

Death Note, c’est aussi un duel entre deux génies, un jeu de duperies et de manipulations psychologiques où chacun tente de deviner l’identité de l’autre. D’un côté, Light, notre protagoniste principal, pas si sympathique que ça. De l’autre, L, détective privé chargé d’arrêter notre héros. Quant à savoir qui coincera l’autre, et qui on souhaiterait voir coincer l’autre, c’est une autre histoire.

Avec Death Note, attendez-vous à être surpris. Peu de youkai, kami et autres créatures issues du folklore japonais dans ce manga. En revanche, vous aurez votre lot de rebondissements, de tension et parfois de sidération totale. Soyez certain que dans ce jeu de dupe, les personnages auront plusieurs coups d’avance sur vous.

Death Note se démarque d’ailleurs vraiment dans le paysage des shonens, ces « mangas pour jeunes garçons » : pas de bastons survoltées, une brièveté certaine (douze tomes, c’est en effet assez court pour un shonen). Les dessins sont soignés, très propres, le style plutôt adulte, pour une esthétique d’ensemble très réussie. On n’oublie pas le sens de lecture de droite à gauche, auquel on s’habitue d’ailleurs très facilement.

Question adaptation, un animé Death Note a bien entendu vu le jour. 2 saisons, 37 épisodes, qui donnent une série télé de grande qualité. Pour ce qui est du film, sorti récemment sur Netflix, un petit conseil : fuyez comme la peste.

 

L’ordre du Jour, Éric Vuillard (2017)

Nous vous présentons le dernier lauréat du Goncourt en 2017. Ce livre saura ravir les lecteurs un peu plus littéraires. Entre roman et essai, Éric Vuillard nous livre ici des détails et des anecdotes peu connues du régime nazi.

A l’aide d’une écriture simple mais acerbe, l’auteur souligne page après page l’idiotie et la cruauté des membres du parti nazi, des hommes politiques autrichiens et des industriels allemands qui soutinrent financièrement le parti d’Hitler. On y découvre ainsi les vieux industriels comme Krupp, Opel ou Quandt, jouer les rôles de mécènes du parti nazi en employant des Juifs déportés. Le président autrichien Miklas, lui, ne résiste que quelques jours avant de nommer le nazi Seyss-Inquart chancelier de l’Autriche. Même l’Anschluss apparaît pathétique : les chars allemands s’amoncèlent aux frontières de l’Autriche à cause… d’une panne générale.

Pour le prix Goncourt, « l’Histoire est [ainsi] un spectacle », sauf que ses protagonistes changent de camps selon leurs intérêts. Avec L’Ordre du Jour, Éric Vuillard signe un récit audacieux, où tous les acteurs de cette funeste période pré-1939 sont légitimement discrédités.

 

 

Pour plus d’infos, n’hésitez pas à lire le hors-série spécial cooptation du Krakem et à contacter notre avatar (George R.R. Mart’em) ou notre présidente, Margaux Cornille.