Par Hicham Ghermani
Netflix, OCS, Primevideo, Youtube (et j’en passe) sont des plateformes de streaming vidéo générant un nombre de clics faramineux : pour ne prendre que Youtube, plus de 43 000 vidéos sont visionnées sur le site par seconde, soit 1 460 milliards de vidéos par an.
Cette dématérialisation des données nous a permis de consommer des vidéos en tout genre sans avoir recours aux DVD / CD ou Blu-ray, ce qui veut donc dire que la quantité de plastique qui était autrefois utilisée pour la fabrication de ces anciens supports a considérablement diminué. Selon une étude de l’Université de Glasgow publiée en avril 2019, Kyle Devine ainsi que Matt Brennan ont estimé que, dans l’industrie de la musique, 61 000 tonnes de plastique avaient été produits en l’an 2000 aux US pour la fabrication de CD. Avec l’apparition du numérique en général, la fabrication de plastique est passé à seulement 8 000 tonnes de plastique produits en 2016. Une aubaine pour l’environnement ! [1]
Sauf que les services basés sur le streaming sont devenus si imposants et si présent dans nos vies quotidiennes, (« Pornhub », en 2018, a consommé autant de bande passante que tout internet en 2002 selon BFMTV), qu’il est légitime de se pencher un peu plus sur le sujet, histoire de mieux comprendre le fonctionnement de ces plateformes qui ne demande qu’un support physique de type ordinateur, tablette, téléphone, ainsi qu’une connexion internet pour avoir accès à une source gigantesque de vidéos et musiques en tout genre.
Comment les plateformes de streaming fonctionnent-elles ?
Il faut savoir que toutes ces données nécessitent d’importantes infrastructures de stockage informatique et d’équipements réseaux (switches, connectique, câblage, serveurs, pare feux, routeurs…). Il faut aussi prendre en compte le fait que les ordinateurs peuvent surchauffer : une infrastructure électrique et de refroidissement sont donc indispensables.
Les conséquences
Maintenant que nous avons pu mieux comprendre les composants des plateformes de streaming, on peut plus facilement comprendre l’impact de ces derniers sur l’environnement. Entre les différentes infrastructures polluantes entrant en jeu pour le maintien et l’amélioration de ces plateformes et la demande exponentielle qui est déjà bien conséquente, on peut en conclure que cela aura forcément un impact négatif sur l’environnement.
Selon un rapport de The Shift Project, les vidéos en ligne représenteraient près de 1% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Le coût environnemental est donc très élevé, si élevé que le fait de passer une demi-heure sur Netflix engendrerait des émissions proche de 1,6 Kg de CO2. Il faut savoir que 10 heures de vidéos en haute définition peuvent contenir plus de données que tous les articles Wikipédia en anglais au format texte, toujours selon le rapport, beaucoup de ressources énergétiques sont notamment consommées afin de pouvoir transférer ces vidéos entre différents terminaux. [2]
Malheureusement la tendance ne va pas en diminuant, puisque le nombre d’utilisateurs croît de plus en plus en plus et que la qualité du contenu proposé ne cesse de s’améliorer (1080p 60fps, 4K, 8K …).
Des solutions restent à trouver afin de palier à cette problématique. The Shift Project, par exemple, a développé l’extension Carbonalyser (que nous vous recommandons d’installer !), une extension servant à calculer la consommation électrique ainsi que les émissions de gaz à effet de serre engendrées par la navigation Internet. Ce logiciel, disponible aussi sur mobile, est simple d’utilisation ; On lance l’analyse via le bouton dédié et il suffit de naviguer sur internet de la même manière que d’habitude. On peut ensuite visualiser les résultats à tout moment et en temps réel en cliquant sur l’icône de l’add-on dans le navigateur. Lorsque toutes les fenêtres du navigateur sont fermées, les résultats des calculs et la comptabilisation des données sont remis à zéro.
Avec une consommation quasi exponentielle de la part des internautes, l’impact environnemental des plateformes de streaming est en train de prendre une véritable ampleur et les gens sont souvent encore trop peu sensibilisés à ce sujet.
N’hésitez pas à consulter le résumé du rapport de The Shift Project.
Sources :
[1] K. Devine, M. Brenan, (08/04/2019), “MUSIC CONSUMPTION HAS UNINTENDED ECONOMIC AND ENVIRONMENTAL COSTS”, University of Glasgow, disponible à : https://www.gla.ac.uk/news/archiveofnews/2019/april/headline_643297_en.html
[2] The Shift Project, (07/2019), “CLIMAT : L’INSOUTENABLE USAGE DE LA VIDÉO EN LIGNE”, disponible à : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/07/2019-01.pdf