Jeune entrepreneur ambitieux, porteur d’un projet innovant, vous souhaitez donner une nouvelle dimension à votre société mais vous manquez de fonds. La solution est peut-être de faire appel à un business angel. Souvent ancien cadre d’entreprise ou ancien entrepreneur, ce dernier peut, sous réserve de croire au potentiel de croissance de votre entreprise, subvenir à vos besoins de financement, mais aussi vous faire bénéficier de son accompagnement et de ses conseils. Séduire les business angels : mode d’emploi, par Le M.
Par Houssam Nobbigh et Vincent Loeuillet,
Pourquoi faire appel aux business angels ?
Chaque entrepreneur est un jour confronté à un manque de fonds propres pour pouvoir appuyer le développement et la croissance de son entreprise. Faire appel à un business angel peut alors se révéler fort pertinent. Le business angel est avant tout un investisseur qui peut apporter un investissement financier direct à l’entreprise, permettant ainsi à l’entrepreneur d’investir ou de faire face aux dépenses courantes. Ce faisant, l’entreprise bénéficie également d’un effet de levier permettant d’obtenir de potentiels financements alternatifs (bancaires), notamment grâce au réseau du business angel mais aussi grâce au surcroît de crédibilité qu’il offre à l’entreprise par son soutien financier.
Le business angel n’est pas un simple apporteur de fonds. Il souhaite la réussite de la société dans laquelle il investit pour en retirer une plus-value lorsqu’il revendra sa participation. Le second apport du business angel est d’ordre immatériel. Ce sont ses conseils, ses compétences et son expérience qu’il met à profit de la société dans laquelle il investit. Ces conseils sont souvent avisés au regard du passé souvent riche du business angel. Il est d’ailleurs fréquent que le business angel n’investisse que dans un projet dont il connaît particulièrement bien le secteur d’activité avec un préalable universel, le caractère innovant du projet (innovation technologique ou autre). Le plus souvent, les business angels préfèrent investir dans des projets locaux (proches de leur lieu de résidence).
Les business angels n’investissent que dans des projets auxquels ils croient, c’est-à-dire des projets qui possèdent, selon eux, une valeur ajoutée suffisamment forte et un potentiel de croissance exponentiel. Ils peuvent ainsi financer des projets en phase d’amorçage (phase de développement et de test de l’offre sur le marché) ou en phase de développement (phase de croissance du chiffre d’affaires voire de recherche de nouveaux débouchés). Même s’il ne fait pas partie de l’entreprise, le business angel peut entrer à son capital (la part du capital est en général inférieure à 20%) et participer à sa vie active en étant notamment intégré à la prise de décisions. Les montants investis ne dépassent généralement pas 1 million d’euros mais sont compris entre 300 000 et 500 000 euros en moyenne. Le business angel revend sa participation dans un délai de 3 à 5 ans.
La sélection et les critères valorisés
Le processus de sélection opéré par les business angels est assez sévère. Certes, les business angels misent sur des projets innovants, à fort potentiel de croissance et à forte valeur ajoutée, mais le critère premier repose toujours sur la qualité de l’équipe porteuse du projet. Celle-ci s’évalue dès le 1er fit. Pour charmer les business angels, il est primordial de bénéficier d’une bonne entente et de jouir d’une complémentarité des compétences pour les associés. L’expérience de l’équipe peut aussi être un facteur « bonus » mais une équipe novice avec des ambitions identiques aura plus de chances d’être sélectionnée.
Au-delà de la qualité et de l’entente entre les membres de l’équipe, les business angels espèrent s’entendre avec l’équipe dirigeante. Comprenez bien que les investisseurs seront impliqués, parfois très activement, dans les processus de décisions au sein de l’entreprise. Du fait de leurs rôles de mentors et de conseillers, les business angels sont davantage attentifs au rapport humain avec les porteurs du projet qu’aux données financières prévisionnelles, souvent embellies. Si l’on traduit cela sous la forme de soft skills, nous pouvons dire que les business angels sont sensibles à la capacité d’écoute et d’échange des managers.
Le second critère le plus important est la qualité et la pertinence des éléments financiers. Quel est le potentiel de croissance du chiffre d’affaires de l’entreprise ? Quel est son potentiel de rentabilité à moyen terme (sur 5 ans) ? A combien est initialement valorisée l’entreprise ? De manière générale, les business angels privilégient la croissance du chiffre d’affaires à la rentabilité qui peut souvent être améliorée ultérieurement. En effet, la croissance du chiffre d’affaires est un marqueur fort de la réussite de l’entreprise dans son environnement : elle vend, et c’est le plus important ! En outre, la perspective de rentabilité permet au BA d’être rassuré sur la capacité de l’entreprise à attirer de nouveaux investisseurs. Ainsi ils ont la garantie de pouvoir céder leurs parts d’actionnaires facilement et rapidement.
Le troisième élément scruté par les business angels est sans aucun doute le potentiel de marché ciblé : les business angels jugent ainsi l’intérêt des clients pour l’offre. L’entreprise a-t-elle pu évaluer convenablement l’attrait des clients pour son offre ? Le marché est-il réel ? Pour cela, rien de mieux que de procéder en sens inverse et de tester son produit ou service en conditions réelles.
Enfin le dernier point à mettre en évidence est celui du potentiel de différenciation de l’offre : quelle est la maturité de la technologie ? L’entreprise dispose-t-elle d’un brevet ? Le produit ou service est-il complexe d’un point de vue technique ? Pour un business angel, la notion de différenciation est plus importante que celle d’innovation. En effet, le business angel recherche la différenciation par l’innovation et non l’inverse. Tout cela dans l’optique de créer un environnement non-concurrentiel pour l’entreprise soutenue.
Le processus de levée de fonds “de A à Z”
A moins de connaître un business angel susceptible d’être intéressé par votre projet, il est d’usage de se tourner vers un réseau de business angels. Le choix de ce réseau est fonction de la concordance entre sa spécialisation (secteur d’activité par exemple) et la nature de votre projet.
1. Lorsque le réseau est choisi, l’entrepreneur et ses associés doivent déposer un dossier de présentation de son projet sur une plateforme dédiée. Il s’agit généralement de l’executive summary (résumé opérationnel) et du business plan. Le dossier est ensuite analysé.
NB : une attention particulière est à apporter sur l’executive summary (résumé opérationnel), le document de synthèse du business plan. La plupart du temps les business angels se contentent de ce court résumé pour se forger un premier avis sur le projet d’investissement.
2. Si le projet a retenu l’attention des investisseurs, l’équipe est invitée à participer à une seconde phase d’évaluation. Il s’agit du “elevator pitch” ou argumentaire éclair, un pitch de présentation oral du projet de 10 à 15 minutes. Le comité de sélection, composé de plusieurs membres du réseau, peut poser des questions à l’issue du pitch et décide de poursuivre ou de stopper l’étude du projet.
3. Le ou les business angels intéressés par le projet approfondissent leur examen via une “due diligence” et entament des négociations sur les conditions de leur entrée au capital.
NB : Cette phase assez longue permet de co-construire la “Term Sheet” (proposition de l’investisseur d’investir dans l’entreprise, incluant les clauses du futur pacte). La Term Sheet n’est pas un document contractuel, il reste avant tout un document d’échange.
4. Le financement est finalement attribué lorsque l’équipe porteuse du projet et le ou les (ils se regroupent alors en société d’investissement de business angels “SIBA” afin de partager les risques) business angels s’accordent sur la signature d’un pacte d’actionnaires et définissent, notamment, des clauses de sorties du capital. C’est le closing.
5. Le suivi et l’accompagnement des business angels auprès des porteurs du projet peut débuter (le versement des fonds intervient généralement 1 mois après la signature du pacte d’actionnaire.
6. Après quelques années, les business angels opèrent leur sortie du capital. Le rapport contractuel est conclu entre les business angels et les associés. La sortie peut s’opérer par un rachat des parts par les associés, d’autres entrepreneurs, un fonds d’investissement ou par une introduction en bourse.
Ces étapes peuvent quelque peu diverger selon les business angels ou les plateformes rencontrés. De nombreuses plateformes de business angels existent, en voici quelques-unes : France angels, Euroquity, Femmes business angels, Angels santé ou encore Lyon Métropole Angels. Pour convaincre les investisseurs, il faut veiller à la solidité des critères énoncés ci-dessus, démontrer la faisabilité du projet et son potentiel.