Quatre ans après sa diplomation, cet éternel emlyien continue d’aider les étudiants à s’orienter en supervisant le groupe Facebook de préparation aux cases. Il revient pour nous sur son parcours.
L’emlyon, un moyen d’obtenir des stages très responsabilisants
Tu as fait du chemin depuis l’emlyon. Peux-tu revenir sur tes expériences principales ?
Mon premier stage a été ma mission à l’international, en pré-master. C’était vraiment un stage charnière, et ce pour deux raisons : les personnes que j’y ai rencontrées et les missions que j’y ai eues.
Les personnes m’ont vraiment orienté pour la suite. Mon manager, passé par McKinsey, m’a transmis sa fibre pour le conseil et la confiance de me dire que je pouvais y faire carrière. Il m’a donné le recul nécessaire pour construire mon parcours dans ce but.
Ensuite, il m’a rapidement confié un grand niveau de responsabilités. Business developer de base, j’avais au bout de quatre mois sous ma responsabilité toute la logistique de la France et des Pays-Bas. Je travaillais également sur VBA, j’ai pu affiner le Business Plan et beaucoup travaillé en Supply Chain.
Cette première expérience m’a permis d’acquérir des compétences intéressantes ce qui m’a ouvert les portes, en césure, d’Accor et de Procter & Gamble.
Le deuxième stage le plus important fut celui chez Procter & Gamble, en deuxième partie de césure. J’avais eu la proposition en première partie de césure, mais préférais d’abord aller chez Accor. Ce deuxième stage s’est d’ailleurs très bien passé, puisque mon équipe chez Procter m’a fait une offre d’embauche, ce qui m’a permis d’aborder mes entretiens au BCG et à Bain avec plus de sérénité. Chez Procter & Gamble, j’ai fait de l’analyse financière et de l’analyse de performance.
Peux-tu revenir sur ton stage d’analyste stratégique chez Accor ?
J’étais intégré à la direction de la stratégie et des investissements d’Accor, un stage régulièrement effectué par des étudiants de l’emlyon. Sur la partie investissements, j’effectuais la revue des business plans pour les ouvertures d’hôtels à venir. Je reprenais également les estimations des business plans, souvent fausses.
Dans le domaine stratégique, j’étais chargé de regarder l’actualité hôtelière. J’ai eu l’occasion de rédiger des analyses de marché et des études ad-hoc.
En quoi consistait ton stage d’analyste financier ?
J’étais chez Procter & Gamble, intégré à la division Prestige (filiale « luxe », qui vendait des parfums). Plus précisément, j’ai rejoint la direction monde à Genève, dans une petite équipe.
J’ai passé mes deux premiers mois sur des problématiques d’analyse par marque ou groupes de marques, récupérant les prix et les consolidant, effectuant des vérifications de cohérence de prix, analysant les ventes et le mix produit/prix.
Mes trois derniers mois, j’ai plutôt eu des missions d’analyste stratégique, comme chez Accor. J’ai rédigé des études de la concurrence des parfums appliqué à la Supply Chain. La grande question à laquelle je devais répondre était : comment nos grands concurrents organisent-ils leur Supply Chain ? Pour ce faire, j’effectuais beaucoup de recherches sur internet. J’ai pu comparer nos coûts de production de parfums, puis le département achats m’aidait à déterminer ceux de la concurrence. Par exemple, je trouvais les matériaux des flacons de notre concurrence, et nous déterminions en interne une estimation des coûts de production.
Quelle expérience en gardes-tu ?
J’ai vraiment adoré. D’une part, il y avait une vraie culture de l’excellence chez Procter & Gamble : Les équipes avaient une capacité à partager l’information remarquable, et chacun savait se remettre en question pour le bien de l’équipe. D’autre part, j’ai pu évoluer dans une équipe internationale : je travaillais avec des Russes, Lituaniens, et un Italien. C’était un plaisir au quotidien.
Le passage par Bain & Company, l’école du conseil en stratégie
Bain couvre une vingtaine industries, y es-tu rentré spécialisé ?
Bain, comme la majorité des cabinets de conseil, est organisé selon le double axe sectoriel-fonctionnel. Le consultant jeune diplômé rentre avec un background généraliste, et le cabinet lui donne des missions diversifiées afin qu’il s’essaye à tout et trouve sa voie. Plus le consultant monte dans la hiérarchie, plus il se spécialise. Ce n’est qu’après 6 ans, lorsqu’il devient manager, que le manager doit véritablement se positionner sur un secteur.
D’expérience, le choix du secteur est surtout une affaire de rencontre. Un manager prend un consultant sous son aile et l’aide à monter en compétences.
Quelles étaient tes missions ?
J’ai pu évoluer dans différents milieux : conseil financier, food & beverage, due diligence et real estate. Les missions étaient très diversifiées, l’on apprend tout le temps et l’on est constamment formé.
Mon passage a Bain a aussi été très marqué par l’international. Sur deux ans et demi, j’ai effectué plus d’un an à l’étranger. J’avais demandé au département des ressources humaines des missions à l’étranger, et j’affectionnais l’industrie food & beverage. Mes vœux ont été exaucés, et j’ai pu évoluer en Arabie Saoudite, au Togo et au Congo dans ce secteur.
Depuis un an déjà, le défi de structurer une startup prometteuse
À l’instar d’autres consultants issus de grands cabinets de conseil, comme Jérémy Hodara qui a fondé Jumia, l’Amazon africain, tu as été porté par un secteur dynamisable, la restauration. Qu’est-ce qui t’as fait t’intéresser au groupe Big Mamma ?
J’ai toujours été intéressé par le Retail, et en particulier le food & beverage. Mes trois premiers stages s’inscrivaient pleinement dans cette logique, et j’ai pu approfondir cet intérêt à Bain. Lorsque Big Mamma m’a appelé, je n’ai pas pu dire non. Le groupe, qui bouscule les codes de la restauration, est très scruté par les acteurs du milieu. J’avais déjà travaillé dans la restauration, et des amis travaillent dans le milieu. J’ai donc rejoint le groupe, avec comme objectif de structurer le groupe en interne.
Quelles sont tes missions au jour le jour ?
Mes missions ont énormément évolué depuis mes débuts. À mon arrivée, le suivi analytique de l’entreprise était relativement faible. Avec mon côté un peu geek – j’ai un bagage en big data et sur VBA -, j’ai pu mettre en place des dashboards utiles au suivi de performance. Au début, j’étudiais surtout la top line, les revenus de la vente. Aujourd’hui, j’ai une maîtrise parfaite de ces aspects du business.
Peu à peu, j’ai commencé à étudier les objectifs liés aux coûts : food costs, people costs, et d’émettre des recommandations opérationnelles pour les améliorer. De temps en temps, j’étudie aussi l’impact de certains phénomènes sur le business. Récemment, j’ai étudié l’impact des gilets jaunes sur le business via un proxy, qui fonctionne de la manière suivante : si je veux savoir le nombre de vente de microprocesseurs sur un marché, je vais regarder le nombre de ventes d’ordinateurs sur ce marché, puisque tous en ont un.
Conseils aux étudiants pour les stages
Quel stage conseillerais-tu de faire ?
En pré-master, tout est possible. Chacun à des aspirations différentes, donc il est difficile de trancher. Je conseillerais juste à chacun de regarder le type de missions proposées, et recommanderais même d’aller dans une structure plus petite, plus souple, avec une vraie culture de la débrouille. Étudiez avec attention les personnes avec qui vous allez travailler. Vérifiez que le courant passe bien. Vous pouvez regarder la géographie pour ce que vous voulez faire après, mais je vous conseille de privilégier les missions et les personnes.
Enfin, je recommande vraiment de s’essayer à des missions opérationnelles, puisqu’après beaucoup se destinent aux métiers de la banque et du conseil, qui sont bien plus éloignés du quotidien. Une telle expérience permet de relativiser.
Pour ceux qui sont intéressés par le conseil en stratégie, vous pouvez chercher dans des startups montées par des anciens consultants ou dans des départements stratégiques d’entreprises. Selon moi, il est préférable de travailler dans un grand groupe plutôt que dans un cabinet moyen. Je recommande également de faire au moins un stage ou deux en industrie. Par la suite, beaucoup se dirigeront vers des stages en finance et en conseil, qui sont beaucoup moins opérationnels.