D’emlyon business school à Sotheby’s, il n’y a qu’un pas ! Forte de son expérience dans le marché de l’art, Camille Lacaze revient sur son parcours professionnel et académique qui l’a mené à la très réputée maison de vente.
Pauline Richard : Bonjour Camille, peux-tu commencer par te présenter ?
Camille Lacaze : ancienne étudiante d’emlyon business school, je travaille chez Sotheby’s depuis maintenant 2 ans. Durant mon cursus au sein d’emlyon, j’ai suivi le parcours entrepreneuriat, et ai notamment pu profiter d’un échange académique à Shanghai. De plus, j’ai effectué mon premier stage à New York, dans le studio de l’artiste JR. Mon responsable m’avait alors conseillé de prendre en expérience professionnelle sur le marché de l’art, notamment dans une galerie ou dans une maison de vente aux enchères. J’ai ensuite eu la chance de pouvoir entrer chez Sotheby’s, qui était mon objectif, où j’ai réalisé mon stage de césure, et mon stage de fin d’études. La maison me correspondait complètement, autant pour la stimulation intellectuelle que pour l’accent qui est mis sur l’international. J’ai toujours souhaité travailler dans l’art. J’ai donc profité des opportunités du cursus entrepreneuriat afin de travailler pour le Musée des Beaux-Arts de Lyon, en les conseillant notamment sur leurs moyens de financement. La liberté permise par le parcours à la carte m’a donné la chance de pouvoir explorer librement ce secteur.
PR : Peux-tu décrire ton poste chez Sotheby’s ?
CL : Je suis cataloguer, c’est-à-dire que je prépare les ventes aux enchères. Chacune représente des mois de travail, pendant lesquels l’équipe va retracer l’historique des œuvres, répondre à des appels d’offres, rencontrer des clients, pour consigner des tableaux en vente, s’enquérir si une restauration de l’œuvre est nécessaire, lancer les procédures d’authenticité, produire le catalogue (papier ou digital). Une fois la vente passée, je vais également me charger de faire le suivi du transport de l’œuvre, les procédures d’authenticité, etc. Par ailleurs, la transformation digitale des ventes a fait évoluer mes missions : elle implique davantage d’efforts sur l’aspect visuel et digital en général, afin de mettre les œuvres le plus possible en valeur. Il y a également un aspect relation client, en les assistant et les conseillant, ainsi qu’un aspect financier, avec le travail d’estimation des œuvres. Au début, le travail de cataloguer demande beaucoup de recherches en bibliothèque. Le contact avec les experts d’artistes est également très important. Il s’agit donc d’un poste très complet, à multiples facettes, et qui active beaucoup de connaissances acquises en école de commerce. C’est à ce moment que l’on se forge ses connaissances et son œil.
PR : Quelle a été une des expériences professionnelles les plus marquantes à Sotheby’s ?
CL : Je me souviens particulièrement de la vente de la collection Daniel Cordier, un des éléments déclencheurs de mon embauche définitive chez Sotheby’s. Daniel Cordier était un marchand d’art, ancien résistant et secrétaire de Jean Moulin, qui a représenté des artistes d’après-guerre très importants comme Louise Nevelson, Simon Hantaï, Jean Dubuffet par exemple. Ce fut une très belle vente, qui a rencontré un grand succès. Elle m’a particulièrement marqué car c’était la première fois que Sotheby’s faisait une vente en ligne, en art contemporain, à Paris. Le challenge fut donc important et passionnant, et cela nous a fait particulièrement plaisir de rendre hommage à une aussi grande figure historique française. De manière générale, c’est à chaque fois un réel plaisir de travailler sur des collections d’exception, et c’est ce qui se produit régulièrement à Sotheby’s. En effet, la maison a par exemple récemment réalisé la vente de l’univers Lalanne et de la collection Pierre Bergé. Je suis consciente que c’est une réelle chance de pouvoir côtoyer des œuvres aussi exceptionnelles.
PR : Comment as-tu construit ton parcours et choisi tes stages pour atteindre ton objectif de travailler chez Sotheby’s ?
CL : Je me suis orientée dans le secteur culturel dès le stage de première année de 6 mois à l’étranger, je suis partie en stage au studio de JR à New-York. Le stage était très pratique, et mon maître de stage m’avait poussée à acquérir un maximum d’expérience sur le marché de l’art. J’ai alors écrit à toutes les galeries américaines et les plus grandes maisons de vente du monde (Sotheby’s, Christie’s, Phillips). Je suis arrivée chez Sotheby’s Paris quand l’art contemporain était en plein essor, et la charge de travail augmentait donc fortement. Mon stage s’est très bien passé et j’ai gardé un excellent contact avec toute l’équipe. J’ai ainsi pu réactiver ces contacts pour mon stage de fin d’études.
PR : Comment juges-tu l’apport de ta formation commerciale dans ton secteur ?
CL : Je dirais que ma formation d’école de commerce est essentielle. Le marché de l’art concerne avant tout la vente, la relation client, la négociation, le marketing, la recherche de résultats chiffrés, etc. De plus, la transition numérique est un enjeu clef du marché, donc nos profils sont particulièrement appréciés. Ne vous sentez pas dépréciés car vous venez d’école de commerce, au contraire : c’est une force !
PR : Que conseillerais-tu aux étudiants qui souhaitent s’orienter dans cette voie ?
CL : Je leur conseillerai de faire beaucoup de recherches et de s’y prendre tôt. Il faut faire l’effort de connaître toute la structure de la maison de vente et de bien suivre l’actualité de chaque maison. Profitez de votre liberté en école de commerce afin de construire votre réseau, de faire vos recherches, et de cultiver votre curiosité. Il faut que vous arriviez aux entretiens motivés, sérieux, renseignés, avec votre projet en tête. Lancez-vous, n’ayez pas peur, soyez curieux et accrochez-vous ! emlyon business school vous donne beaucoup d’outils différents, en termes d’organisation, d’état d’esprit, et de motivation, pour construire votre carrière.