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MISI Inde 2019 – The good life à Faridabad

Souhaitant allier de la construction à du contact avec des enfants et la découverte d’une culture, Taha, Tréso de Soli, rêvait d’aller en Inde pour avoir un réel impact. C’est chose faite ! Avec Estelle, la respo, et le reste de l’équipe, ils ont notamment pu constater les changements dans le comportement des enfants handicapés au fur et à mesure de l’aménagement de leur école, voir des émotions se manifester sur leurs visages lors du rituel de danse à la fin de chaque journée.

Mêlés aux membres d’autres associations françaises, les membres de l’équipe pouvaient travailler sur différents projets pendant la MISI, permettant un épanouissement et une expérience unique pour chacun.

Enfin, grâce à l’aide de Vishy sur place, ils ont pu planifier et profiter d’excursions et d’un road trip de qualité, découvrant les richesses de la région du Rajasthan. Tous deux furent particulièrement touchés par la paisibilité des habitants de Dharamshala lors d’un weekend.

Période précédant le départ 

Ça t’es venu quand cette envie de devenir respo de PE et pour quelles raisons ?

Estelle : Je suis entrée à Soli pour ça. J’avais déjà fait une mission similaire – 1 mois aux Philippines au lycée, et je voulais recommencer avec une plus grande équipe, avec des gens de l’em et de Centrale. Je sais que Soli fait également des missions locales mais j’avais envie de quelque chose d’international.

Quand t’es venue l’envie de prendre part à un PE ? Pour quelles raisons ? 

Taha : Moi c’est un peu différent vu que je suis à Soli. Du coup, j’avais eu l’occasion de voir comment tous les PE se développaient, comment ils faisaient le suivi de l’argent, etc. Ça m’a vraiment intéressé de partir à ce moment-là. Mais je ne voulais pas simplement partir pour faire un projet qui ne concerne que les enfants ou le contact avec les populations, mais un qui alliait également la construction.

Du coup, dans notre projet on a construit un dispensaire, et c’est vraiment ça qui m’a plu dans ce PE, en plus du pays, cette partie de construction, alliée à d’autres projets (il n’y avait pas que ça). Et j’ai toujours eu envie de partir. J’ai failli partir plusieurs fois avant mon entrée à l’em, au Togo et au Bénin, mais à chaque fois ça a été annulé à la dernière minute. Avec Soli, je savais qu’il y avait peu de chances que ce soit annulé.

Qu’est-ce qui vous attirait en Inde ? Pourquoi ce pays en particulier ?

Estelle : Deux choses. Déjà je savais qu’il y avait beaucoup à faire au niveau de la pauvreté et des conditions de vies. Et c’est une culture que tu ne retrouves vraiment dans aucun autre pays, unique, que j’avais envie de découvrir.

Taha : En stage de préma, j’étais au Cambodge et je rêvais vraiment d’aller en Inde afin de voir les différences qu’il y avait. Il y a des similitudes au niveau de la langue et de la culture mais je voulais vraiment voir l’Inde car c’est beaucoup plus grand, c’est beaucoup plus la jungle. Il y aussi beaucoup plus de monde, naturellement, mais c’est aussi beaucoup plus pauvre. Pendant mon stage j’étais en contact avec des associations humanitaires au Cambodge qui voulaient aussi faire des missions humanitaires en Inde, ça m’a intéressé à ce moment-là mais je n’ai pas pu en faire. Du coup, je me suis dit que ça serait une superbe opportunité de le faire après, avec Soli.

Aviez vous des appréhensions avant le départ ?

Estelle : On avait beaucoup parlé et rencontré l’équipe partie l’année précédente. Ils nous ont dit comment c’était. Ce qui me faisait peur, c’était niveau homme-femme, c’est une société très masculine par exemple les filles ne peuvent pas porter de débardeurs ou de shorts ; c’était quelque chose qui me faisait peur. En fait au final, l’autre équipe nous a rassurés, ils nous dit qu’il fallait faire attention mais que ça allait très bien. 

Taha : Ce n’étaient pas des appréhensions si ce n’étaient des apriori, me basant surtout sur mon stage sur tout ce qui était l’insalubrité, sur les conditions dans lesquelles nous allions être logés. Je pensais vraiment que ça allait être pire, alors qu’en fait on était beaucoup mieux ce que je pensais. C’était un petit soulagement. Mais sinon, non j’étais vraiment juste super excité d’y aller.

Ils parlent anglais là-bas non ? Donc vous n’aviez pas de barrières à ce niveau-là ?

Ensemble : Tous les enfants ne parlaient pas anglais. C’était vraiment plus la langue des signes que l’on utilisait pour se faire comprendre. On a essayé d’apprendre l’hindi de base.

Concernant la préparation de ce PE, comment ça s’est passé ?

Estelle : Alors déjà concernant la création, ça a été assez compliqué car on a eu deux personnes qui se sont désistées. Donc après le recrutement de Soli, j’ai dû à nouveau recruter de mon côté d’autres personnes. Mais finalement, tout s’est bien passé à ce niveau-là même si on avait pris un petit peu de retard sur les autres PE.

Le but de base était que tout le monde se rencontre afin de se connaître un peu. Mais c’est compliqué dans la mesure où tout le monde a son emploi du temps, et en plus on en avait 4 de Centrale. Faire venir les 1A de Centrale sur Lyon c’est aussi compliqué que de faire venir les gens de l’em sur le campus. Du coup, on a eu un peu de mal et au final quand nous sommes partis nous ne nous connaissions pas tous très bien.

On a fait quelques évènements de team buildings mais pas de là à ce que tout le monde puisse connaître tout le monde. Au final on s’est tous connus sur place et il n’y a pas eu de soucis.

Pour récolter de l’argent, on a pas trop fait d’ensachage car ça ne marchait pas trop mais on a fait des revenus alternatifs. On a notamment vendus des repas indiens faits maison à domicile, une sorte de période de campagne, c’était top.

On avait 5000 de budget.

Comment as-tu vécu l’intégration au sein de l’équipe ? 

Taha : Les gens de l’em je les connaissais. En ce qui concerne les centraliens, avant le départ je ne les connaissais quasiment pas. Je pense que c’est vraiment au moment de la mission, une fois sur place, que nous nous sommes davantage ouverts aux centraliens et eux à nous. Ça s’est fait assez rapidement sur place.

Avec l’association française, vous aviez pu échanger avec elle avant le départ ?

Estelle : Oui mais je ne savais absolument pas que nous allions être avec d’autres associations sur place. Je savais qu’on travaillait en collaboration avec l’INSA Strasbourg : on construisait la moitié du dispensaire, ils construisaient la moitié.

Ça a été un peu compliqué parce que pour l’Inde, l’association française collabore avec une asso indienne. Elle fait l’intermédiaire, du coup pour avoir les informations de l’asso en Inde c’était un peu compliqué, car ils ne sont pas nécessairement réactifs.

Du coup les informations précises telles que le budget et le planning des choses que nous allions faire sur place, je l’ai eu assez tard (février-mars). Et je n’avais pas beaucoup de détails sur comment la vie allait être sur place avant de les appeler avant de partir.

On savait qu’il y avait de la construction et d’autres projets à côté mais nous ne connaissions pas le détail.

Que conseillerais-tu à un futur respo de PE par rapport à cette période ?

Estelle : Réussir à ce que l’équipe se connaisse au mieux, avec plus d’évents, de teambuilding, de choses à faire ensemble quoi. Faire en sorte que tout le monde se sente investi dans la mission avant le départ.

Taha : Faire davantage d’évents sur l’un des deux campus plutôt qu’à Lyon. Prendre quelques HH pour les faire qu’avec la team et les centraliens plutôt qu’avec ses potes.

Sur place

Vous étiez où exactement en Inde ?

Estelle : On était à Faridabad, une énorme ville à 1h30 de New Delhi. On logeait dans un orphelinat : au rez-de chaussée 5 orphelins étaient logés là et nous habitions dans les étages au-dessus avec 40 autres bénévoles.

L’association française avec laquelle nous travaillions s’occupe d’envoyer des bénévoles sur place : des médecines, des pharmas, des écoles de commerce, etc.

Quel était l’encadrement sur place ?

Taha : On avait un référent sur place, Vishy, qui devait d’ailleurs probablement connaître tout le monde sur place voire dans le pays, c’était assez impressionnant. Du coup, quand on avait besoin de quelque chose, il avait des chauffeurs de tuk-tuk qui nous emmenaient etc. Il a chapeauté tous les différents projets. Il avait aussi différentes maisons dans lesquelles il logeait les bénévoles. Et chaque semaine, il y avait un planning et les bénévoles devaient s’inscrire à un projet. Nous nous avions notre projet de construction qui nous était propre ; les infirmiers et les pharmas avaient leurs projets, plus tournés médical bien sûr. Chacun s’inscrivait et on était très encadrés. On nous amenait et ramenait du chantier, nous faisait à manger, etc. 

Estelle : C’était hyper encadré car il y avait des gens qui avaient tout juste 18 ans et d’autres mineurs.

Taha : On y est allé en PE mais au final on ne s’inscrivait pas aux “activités” en PE, chaque personne s’inscrivait là où il voulait.

Est-ce que le fait d’être dispatchés a eu un impact sur votre groupe ?

Ensemble : Ça dépend un peu des gens, on ne l’a pas tous vécu de la même manière.

Estelle : Je trouvais que c’était un peu dommage parce que justement on avait pas cette vie de PE. On était dilué avec les autres personnes, donc on pouvait ne pas voir d’autres membres du PE pendant toute une journée, voire deux. Mais après le fait de s’inscrire sur les projets que l’on voulait c’était bien parce que tout le monde pouvait y trouver son compte. Certains étaient plus tournés construction et se mettaient à fond là-dedans, et d’autres étaient plus tournés enfants et se dirigaient plus vers ça. 

Taha : Mon opinion n’est pas si différent. J’ai trouvé ça incroyable de pouvoir rencontrer d’autres bénévoles. Après c’est vrai qu’il y avait d’autres personnes qui étaient plus dans l’optique de rester entre membres du PE. Du coup, on ne les voyait plus trop même si au final on trouve toujours le temps de voir telle ou telle personne. Plus que de faire une mission PE pour souder un groupe, je pense qu’on est vraiment-là pour rencontrer des gens, s’ouvrir à eux et faire d’autres activités.

Le roadtrip est justement-là pour souder l’équipe vu qu’on est ensemble en permanence.

Concernant le but de la mission et ce que vous avez concrètement fait sur place, est-ce que ça différait ?

Taha : Nous n’aurions pas pu passer tout notre temps à construire le dispensaire, techniquement. On était obligés de travailler de 6h30 à 11h, et on y retournait à 16h quand il n’y avait plus trop de soleil (il faisait beaucoup trop chaud dans la journée, 40 degrés), et même-là on était totalement crevés même si on faisait des siestes l’après-midi. 

Estelle : De plus, on ne pouvait aller à la construction qu’à cinq six personnes car c’était assez petit et on avait pas énormément de matériel.

Taha : Donc on n’aurait pas pu se concentrer seulement sur ce projet-là, et je trouve que c’est vraiment bien car autant de monde sur la construction tous les jours, cela aurait été invivable. 

Estelle : Après la seule surprise, c’est qu’on ne savait pas qu’il allait y avoir autant de bénévoles, et autant de projets.

Taha : En plus des projets de construction, on a vraiment pu développer des projets en soi comme par l’exemple le projet d’une école pour handicapés qui pour moi et d’autres personnes du PE était vraiment notre projet de coeur, qu’on a vraiment adoré. Et on voyait tellement l’évolution au fil du temps : au début l’école était assez grande mais totalement vide, et les enfants n’exprimaient pas forcément toutes les émotions d’un enfant, et on a vraiment vu au fur et à mesure qu’ils commençaient vraiment à rire, à pleurer, à vivre quoi. Voir l’évolution de tous les projets pendant notre mission était vraiment quelque chose de fort.

Pendant les weekends, est-ce que vous pouviez visiter les environs ?

Ensemble : En gros on bossait toute la semaine et on avait tous nos weekends de dispos. Notre coordinateur local nous proposait les trucs typiques à visiter. Le premier weekend on est allés à Dharamshala, dans l’Himalaya à côté du Népal, là où le Dalaï-Lama est réfugié, à 6-8h de bus. Cette ville, très religieuse, est assez mystique. Après, on a aussi fait pas mal d’endroits connus comme le Taj Mahal par exemple.

Quels étaient vos loisirs pendant la semaine, quand vous ne faisiez pas la sieste ?

Ensemble : Certains projets étaient à côté d’un bidonville, avec des enfants déscolarisés. On les faisait se dépenser puis on leur donnait de petits cours.

Estelle : L’après-midi était libre, donc certains allaient rendre visite à des enfants dans des orphelinats, d’autres en amenaient au cinéma. On jouait également au cricket, et c’était drôle parce que c’était justement pendant la coupe du monde et on sentait un réel engouement de la population pour la compétition.

Taha : Il y avait un rooftop là où on logeait donc on pouvait vraiment chiller avec les autres bénévoles, et là c’était vraiment partager l’avancée dans les différents projets, jouer aux cartes.

Quid du sport sur place ?

Taha : On a fait quelques foots sur place avec des enfants des bidonvilles environnants et entre nous on se faisait de belles petites séances de sport.

Que retenez-vous de la nourriture sur place ?

Estelle : La nourriture était bien car il y avait une femme qui nous faisait à manger tous les jours, mais c’était safe pour les occidentaux : pas trop d’épices, pas trop de crudités car sinon on tombait malade). C’était trop bon. Mon plat préféré c’était l’aloo gobi, pommes de terre, chou fleurs, etc.

Taha : La base était un peu tout le temps la même : du riz, des patates, du chou fleur. C’était végétarien pendant trois semaines donc après pendant le roadtrip on s’est jeté sur de la viande. Mon plat préféré c’était le butter-chicken.

Que retenez vous de la culture sur place ?

Taha : Mettre des mots dessus, c’est difficile. Voir à quel point la religion rythme leurs journées et leur vie en général, c’était fort. C’était assez intéressant de voir, en plus des Hindous et des Bouddhistes, comment les Sikhs vivaient. Mais c’est surtout à Dharamshala que cet aspect de la culture m’a touché : les moines sont tous très calmes et foncièrement bons, c’est assez impressionnant même si c’est un peu cliché.

Estelle : La culture du travail est un peu spéciale, car ils ne travaillent pas beaucoup. Ils doivent bosser la moitié du temps, avec beaucoup de jours fériés ; ça doit être dans leur culture, ils passent beaucoup de temps à discuter, plus qu’à bosser.

Un souvenir marquant sur place ?

Ensemble : Tous les deux on est allé à l’école pour les handicapés et on a mis en place une sorte de rituel où chaque jour avant de partir on leur mettait de la musique et on dansait tous ensemble. À la fin, c’était hyper touchant de les voir danser, rigoler. C’était impressionnant surtout quand tu vois l’évolution sur les trois semaines, quand au début ils étaient très timides, ils n’osaient pas danser, et ne comprenaient par nécessairement le fait de danser pendant 15 minutes avant de partir. On les voyait vraiment heureux, c’était incroyable.

Estelle : Un autre souvenir aussi, c’était à la fin de la construction. On a appelait tous les gens du bidonville et on a fait une sorte de pendaison de crémaillère, une petite fête pour la fin de la construction, avec des tam tams, de la nourriture, et on a dansait aussi. Ça m’a fait trop plaisir de voir qu’on leur laissait quelque chose, le dispensaire, qui allait être utilisé et que ce n’était pas juste un petit truc pour nous.

Après la période PE

Qu’avez-vous fait pendant votre roadtrip ?

Ensemble : C’était très intense. Ça a duré 10 jours. On bougeait tous les deux-trois jours, c’était dans la région du Rajasthan, avec 10 à 15h de car entre les différentes étapes. On avait un car pour nous, deux places par personne, tranquille. Pushkar, l’une des villes de notre road trip, est une ville très religieuse où il y a la seule représentation du dieu Brahma et un lac sacré : le tourisme religieux y est très important. On a fait trois quatre jours dans le désert du Thar, juste à côté du Pakistan. Et plusieurs autres très belles villes.

C’est la respo logistique de l’équipe qui avait prévu les lieux, et c’est Vishy sur place qui s’est occupé de tout réserver une fois sur place.

Que conseillerais-tu à quelqu’un d’un futur mandat de Soli qui souhaiterait prendre la respo d’un PE ?

Estelle : C’est une expérience de dingue. J’ai bien aimé organiser, gérer tous les soucis, etc. Les weekends j’assurai le lien avec les hôtels et les chauffeurs. Mais sur place, j’ai considéré que chacun vivait le truc un peu comme il voulait ; je ne voulais pas imposer. Après pendant le road trip, j’ai plus gérer les choses.

Sur place, ça ne se passera pas nécessairement comme prévu, donc il faut être flexible et s’adapter. Prendre les choses comme elles viennent.

Et si tu avais quelque chose à dire à quelqu’un qui hésiterait encore à prendre part à un PE pendant ses années à l’em, que lui dirais-tu ?

Taha : C’est plus qu’il sache s’il est fait pour ça. Parce que c’est un pur plaisir de le faire. Que ce soit si on a un bon feeling avec les enfants ou le simple fait de découvrir d’autres personnes. Et c’est une belle vie de groupe aussi, une superbe expérience.

Estelle : Ça fait un peu relativiser. 

Taha : Après, justement je pense qu’il ne faut pas entrer dans la culpabilisation quand on rentre, à dire qu’ils n’ont rien et qu’on a tout. Au lieu de se dire ça, je pense qu’il faut plus se dire que si on a un jour l’opportunité de faire quelque chose comme ça, de venir en aide à une population en prenant part à un tel projet, de le faire.

Alrights, le moment marquant de tout ce PE ?

Ensemble : La nuit dans le désert durant laquelle on n’a pas dormi. Le ciel était parfait, très chargé. Mais c’était un beau bordel car il y avait un tas d’insectes.

Pas mal de touristas, classique.