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La finance éthique : Présentation

Définition

La finance éthique est la branche de la finance qui a pour particularité d’intégrer des critères extra-financiers dans les décisions de placements et la gestion de portefeuille. Ces critères extra-financier sont notamment à voir avec le respect de meilleures pratiques en matière sociétale et environnementale par les entreprises. En pratique, la finance éthique concerne tant les méthodes mises en œuvre dans la gestion des fonds que dans leur finalité, c’est-à-dire la manière dont ils sont utilisés.


Différentes approches

Pour déterminer quelles sont les entreprises dans lesquelles investir, plusieurs écoles s’opposent au sein de la finance éthique :

  • L’approche ESG: elle consiste à choisir les entreprises ayant les meilleures pratiques dans un secteur particulier (approche Best in Class). Existent aussi les approches Best in Universe, qui ne prend pas en considération le secteur, et Best Effort, qui privilégie les entreprises démontrant une amélioration ou de bonnes perspectives de leurs pratiques et de leurs performance ESG dans le temps.
  • L’approche exclusive: elle consiste à faire le tri entre les entreprises respectant les normes ou conventions internationales et celles qui les transgressent. Par exemple, toute entreprise violant les droits humains ou causant des dommages importants à l’environnement est non-sélectionnable . En vertu de cette approche, il arrive donc que certains secteurs entiers (tabac, armement) soient d’office exclus.
  • L’approche thématique: elle consiste à ne sélectionner que des entreprises opérant dans un secteur favorisant intrinsèquement certaines pratiques responsables et éthiques(développement durable, santé, agriculture biologique…).

Des labels pour attester

Afin de pouvoir reconnaître parmi les fonds se présentant comme éthiques lesquels ont vraiment des pratiques responsables de ceux qui se présentent comme tel pour en faire un argument marketing, des labels ont été créés.

En France, Novethic délivre notamment un Label ISR attestant de la qualité des produits financiers intégrant des critères ESG. Cette labellisation ISR place sur le même plan les caractéristiques environnementales, sociales et de gouvernance ; la labellisation environnementale, orientée vers l’économie verte et s’appliquant aux produits financiers dont les objectifs sont environnementaux. Ce label européen est attribué chaque année à une centaine de fonds.

D’autres labels existent, comme le TEEC (Transition Écologique et Énergétique pour le Climat) du ministère de l’Environnement, ou Finansol, délivré par l’agence du même nom.

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Si les termes “finance” et “éthique” peuvent paraître incompatible, le secteur ne cesse de prendre de l’ampleur et les sommes investies sont toujours plus importantes : le total des sommes investies en France dans la finance éthique a atteint les 11,5 milliards d’euros en 2017, soit 5 fois leur montant de 2009. En parallèle, selon une étude HSBC, 61% des investisseurs et 48% des entreprises dans le monde ont mis en place une stratégie intégrant des critères ESG.

La généralisation de la prise en compte de l’ESG s’explique notamment par la recherche de rentabilité financière et par les incitations fiscales, particulièrement pour les investisseurs. En retour, la pression des investisseurs incite de plus en plus les entreprises à utiliser cette approche ESG et surtout à améliorer leur communication en la matière.

Responsable… mais aussi efficace

Selon l’agence de notation Morningstar, les fonds ISR les plus performants ont une rentabilité alignée sur celle des fonds traditionnels (autour de 40% sur 5 ans), ce qui démontre que res- pecter les critères éthiques ne pénalisent pas nécessairement la performance d’un fond et qu’il est possible de concilier ISR et rentabilité.

Controverses

Des voix se sont élevées pour faire remarquer une certaine ambiguïté dans la démarche des acteurs de la finance éthique: dans un ouvrage intitulé Finance Ethique: le grand malentendu (2013, Fypéditeur), Gaëtan Mortier, ancien analyste ISR, dénonce l’utilisation de l’ISR comme simple instrument marketing servant les intérêts même des acteurs que la finance éthique est censée mettre en cause. Pour lui, les fonds éthiques ont aujourd’hui les mêmespratiquesquelesfondsclassiques:ilaffirmenotamment qu’un quart des fonds ISR ont une empreinte carbonesupérieure aux fonds classiques. Selon G.Mortier, cette évolution vient du fait que la notation ISR fonctionne exactement comme la notation financière classique : “les grandes agences de notations analysent les questions sociales et environnementales comme de purs facteurs de risques et d’opportunités financières”.

Autrement dit, les bons points ne vont souvent pas aux entre- prises modèles sur le plan éthique, mais plutôt à celles qui sont les moins exposées à des risques environnement aux ou juridiques: à force de vanter l’avantage financier de l’ISR, l’espérance d’un retour sur investissement prend le pas sur la raison d’être de la finance éthique et conduit à l’adoption de stratégies tout sauf responsables.

Selon lui, l’ISR ne peut retrouver son sens qu’à condition d’être jugé et encadré par des labels publics et non plus par d’agences de notation financièrement dépendantes des marchés et de leurs clients. Sans cela, l’ISR ne servira bientôt plus rien d’autre que les intérêts marketing des entreprises adeptes de greenwashing, perdant ainsi la confiance des investisseurs responsables et donc sa raison d’être.

Le métier d’analyste ISR

L’analyste ISR est chargé de mettre en évidence le niveau d’implication des entreprises ou des États dans les problématiques de développement durable et la pertinence de ces initiatives (Droits humains, Ressources humaines, Environnement, Comportements sur les marchés, Gouvernance d’entreprise, Engagement sociétal). 

Pour cela, il étudie les rapports publiés par les entreprises, collecte des données provenant d’agences de notation extra-financière, d’organes gouvernementaux, de syndicats, d’ONG ou de médias et interroge les dirigeants. 

Après avoir évalué la société, il élabore des recommandations en fonction d’une grille d’analyse axée sur la responsabilité sociale. Ces notes d’analyses viendront compléter celles de l’analyste financier dans le but de guider le choix des gestionnaires de fonds ou des investisseurs privés quant aux dispositions à prendre.

Ses missions :

  • Recueillir et traiter les informations publiques sur les entreprises publiques (gouvernance, ressources humaines, environnement et relations avec les parties prenantes).
  • Analyser, noter et comparer les performances des entre- prisesenmatièredeResponsabilitéSociale(selondesgrilles et des systèmes de notations développés eninterne).
  • Assurer la veille réglementaire et sectorielle via la rédaction de notes thématiques ou sectorielles.

Salaire après 3 ans : entre 60 et 90 000 euros
Perspectives d’évolution: L’évolution classique consiste à devenir gérant d’un fonds ISR. L’analyste peut aussi évoluer vers des postes de consultant en développement durable dans des cabinets généralistes spécialisées.