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Interview de Vincent Pagano – Conseil en management chez PwC

Afin d’en découvrir un peu plus sur ce qu’est le conseil en management, souvent défini en opposition au conseil en stratégie, Clotilde Neau et Marie Perney sont parties à la rencontre de Vincent Pagano. Vincent vient tout juste de terminer son cursus à emlyon qu’il a intégrée en 2016, après deux années de classe préparatoire à Metz, en Moselle. Désormais en CDI chez PwC après les avoir rejoints pour son stage de fin d’études en septembre dernier, il livre de précieux conseils aux étudiants !


Peux-tu revenir plus précisément sur ton parcours et tes expériences ?

Tout d’abord, j’ai intégré la Jet (Ndlr : association étudiante de recrutement pour des missions de marketing opérationnel pour les entreprises) à mon arrivée à emlyon en octobre 2016. Puis, j’ai réalisé un stage en première année de six mois au Luxembourg en contrôle interne au sein de l’entreprise Lombard International Assurance. Je suis revenu de stage en janvier 2018 et j’ai effectué mon année de mandat en tant que président de la Jet.  Durant mon année de césure, j’ai fait un stage de trois mois en audit financier chez Deloitte ainsi qu’un autre stage de quatre mois dans une petite agence de conseil en gestion de projets innovants dénommée Rhizome.  J’avais pour mission de conseiller les entrepreneurs dans la définition de leurs modèles opérationnels ainsi que dans l’élaboration de leur business model. Je suis ensuite parti en échange académique durant cinq mois à Bangkok, puis je suis revenu en janvier 2020 sur le campus d’emlyon, et j’ai alors endossé le rôle de « responsable CRA » au sein du conseil de corporation. J’ai finalement intégré PwC au sein de l’équipe consulting finance en septembre 2020, tout d’abord dans le cadre de mon stage de fin d’études puis officiellement en CDI depuis mars dernier. 

Tu es arrivé chez PwC en septembre dernier en tant que consultant en management pour ton stage de fin d’études. Tu as été embauché en CDI à l’issue de ton stage dans la même fonction. En quoi consiste le conseil en management ?

Le conseil en management est également souvent appelé « conseil en organisation » et il se construit quelque peu en opposition par rapport au conseil en stratégie. En effet, il s’agit d’un conseil avant tout très opérationnel qui, contrairement au conseil en stratégie, se concentre sur des missions d’une durée assez longue. Le but du conseil en management est d’accompagner le client sur des sujets et problématiques très concrètes. Par exemple, concernant le conseil en management dans le domaine de la finance, nous sommes amenés à conseiller les directions financières sur des projets qui concernent majoritairement la transformation de leur fonction finance. Par conséquent, nous accompagnons les directions financières dans la mise en place d’outils comptables, d’ERP (Entreprise Resource Planning) ou encore d’EPM (Entreprise Performance Management) qui sont des outils de pilotage de la performance et de visualisation des données.

En outre, nous conseillons les entreprises sur des missions de révision et de refonte de leurs processus tels que les processus budgétaires. Nous pouvons également intervenir sur des missions d’adaptation aux normes. Cela fait ainsi du conseil en management une activité avec des modes d’action très variés. 

En quoi consiste ta mission ? Quel est ton quotidien ?

Actuellement, j’accompagne un des groupes leaders français de la grande distribution dans la mise en place d’un outil comptable. Cette mission dure depuis presque trois ans, elle avait commencé bien avant que j’intègre PwC. Pour revenir sur le contexte de la mission, il faut savoir que de nouvelles normes comptables internationales, nommées IFRS (International financial reporting standards), sont publiées régulièrement et obligent les entreprises à s’adapter. Ma mission concerne plus précisément une norme liée aux contrats locatifs qui touche tous les baux locatifs que les entreprises peuvent avoir dans la gestion et la location de leurs locaux et de leurs magasins. Notre client appartient au secteur de la grande distribution, il est ainsi grandement affecté par cette nouvelle norme de part ses nombreuses locations de magasins et d’entrepôts.

L’objectif de la mission a donc été de parvenir à mettre en place un outil comptable qui permettrait de matérialiser les impacts comptables de cette norme. Au début de la mission, PwC a accompagné notre client dans l’analyse du besoin en réalisant un benchmark afin d’identifier les différentes solutions possibles et les outils qui pourraient être pertinents à employer par la suite. Une fois l’outil choisi, nous avons commencé le pilotage du projet pour nous assurer que les délais soient bien respectés. Nous sommes actuellement trois acteurs à collaborer sur ce projet : le client, un intégrateur qui est un cabinet de conseil spécialisé dans la technique de l’outil chargé de le paramétrer et de le mettre en place, ainsi que PwC qui réalise donc le pilotage du projet.

Aujourd’hui, nous sommes à un stade assez avancé de la mission. Nous faisons réellement du pilotage de projet car la solution n’est pas encore finalisée et notre rôle est donc de continuer à accompagner le client. En ce qui me concerne, je n’ai donc pas eu un aperçu du début de la mission qui se concentre sur l’analyse du besoin du client et qui est typique d’une mission de conseil. 

Ainsi, mon quotidien sur la mission consiste avant tout à faire du pilotage de projet en organisant de nombreuses réunions avec les différentes Business Units du groupe pour veiller à l’accomplissement des différentes tâches et également à effectuer des tâches opérationnelles pour accompagner le client au quotidien dans son travail.  

Pourquoi as-tu décidé de rejoindre un Big 4 par rapport à un cabinet de conseil “classique” ? Selon toi, quels en sont les avantages ?

Je ne voyais pas vraiment le Big 4 en opposition à des entreprises spécialisées dans le conseil, tel que Capgemini par exemple. J’ai aussi postulé à ces cabinets lors de ma recherche car je souhaitais intégrer de grosses entreprises de conseil, très structurées, avec des clients du CAC40 et des missions à grosse valeur ajoutée. En revanche, je les opposais à de plus petits cabinets de conseil où l’on trouve moins d’encadrement : ce fut le cas de mon stage de césure chez Rhizome où je n’ai pas eu de formation comme dans un grand cabinet de conseil. 

De nombreuses formations sont en effet mises en place dans les plus grandes structures. Par exemple, quand je suis arrivé chez PwC, j’ai eu deux jours d’accueil dont l’objectif était de me transmettre l’esprit et les valeurs de l’entreprise. J’ai ensuite eu une semaine de formation orientée soft skills, au cours de laquelle j’ai appris à développer mon esprit de synthèse, ou encore à être opérationnel sur les présentations Powerpoint par exemple. Nous avons également des formations centrées sur l’acquisition de compétences plus techniques. Je prends l’exemple d’une formation finance où l’on a abordé le thème de consolidation reporting normes, les processus comptables, transactionnels, prévisionnels, etc. Finalement, à côté de nos missions où on travaille sur un sujet particulier, très spécifique ; ces formations nous permettent d’apprendre en continu, sur des thèmes variés. 

L’encadrement et la formation sont donc un aspect positif de ta fonction. Quels sont les autres avantages ? À l’inverse, quels sont les aspects négatifs ?

Le fait d’avoir des missions très intéressantes où on est très exposés est également un aspect positif de ma fonction. À Lyon, nous sommes un petit bureau et nous pouvons être plus facilement exposés et responsabilisés. Dans la mesure où l’équipe est en nombre restreint, nous sommes amenés à beaucoup échanger avec le client et les différentes parties prenantes. L’intérêt des missions, la responsabilisation et l’exposition sont de réels avantages. 

A l’inverse, je dirais que la durée des missions en conseils en management  peut-être perçue comme un inconvénient. Les missions peuvent parfois être longues, mais cela est essentiel pour répondre aux grands enjeux du client et bien l’embarquer sur nos projets jusqu’à la livraison finale.

Tu as évoqué l’avantage d’être formé en permanence et donc d’acquérir régulièrement de nouvelles compétences. Si tu devais en citer quelques-unes, quelles sont selon toi les compétences requises (hard et soft skills) ?

Les compétences relationnelles sont à mon sens essentielles. Le fait de pouvoir s’intégrer au sein de son équipe et de son cabinet, mais aussi être capable de travailler efficacement avec son client et être professionnel sont des soft skills nécessaires à avoir. Il faut également pouvoir adapter son discours aux différentes personnes avec qui on travaille, et faire preuve d’empathie. L’empathie est vraiment clé dans le métier de consultant, car il a un rôle d’accompagnateur. Par ailleurs, il faut savoir faire preuve de résilience car on est souvent amenés à sortir de notre zone de confort. Il faut adopter une certaine posture de consultant : accepter de ne pas savoir, tout en faisant le maximum pour comprendre vite et devenir opérationnel rapidement sur différents sujets. Il faut en effet savoir être autonome et proactif. L’objectif est de monter en responsabilités assez rapidement, il ne faut donc pas hésiter à être force de proposition. Par exemple, il arrive que nous ayons des périodes moins chargées. Lors de ces périodes un peu plus creuses, il ne faut pas hésiter à proposer son aide sur une mission.

Concernant les hard skills, cela dépend de la fonction pour laquelle vous postulez : finance, conduite du changement, technologie, supply chain. Si vous souhaitez rejoindre la compétence finance, vous devez avoir quelques bases : savoir lire un bilan, un compte de résultat, avoir des compétences en analyses financières, etc. Il faut savoir que de manière générale, les recruteurs recherchent surtout des personnalités i.e. des personnes qui vont s’intégrer à l’équipe. Concernant les études de cas, l’objectif est plus de comprendre comment vous réfléchissez, si vous êtes capables de mener des raisonnements, que de juger vos compétences techniques.

Justement, par rapport au cas, existe-t-il des spécificités lorsqu’on se tourne vers le conseil en management ?

Les cas de conseil en management sont en général des cas opérationnels. Il s’agit par exemple d’un cas sur la mauvaise performance d’une entreprise, une baisse des ventes ou des mauvais résultats : cela reste centré sur des problèmes opérationnels. 

Si vous postulez en conseil en management, je vous conseillerais de contacter en amont les personnes qui travaillent dans l’entreprise dans laquelle vous postulez pour leur poser des questions sur les cas qu’ils ont passés, car ils varient suivant l’entreprise. Essayez de comprendre leurs spécificités, quels sont les types de cas proposés, etc.

Aurais-tu d’autres conseils à donner aux étudiants pour intégrer le conseil, par exemple en termes de parcours ou d’expériences ?

Selon moi, il n’existe pas de parcours type. L’idéal est de réaliser un stage dans le conseil ; il est compliqué d’intégrer de gros cabinets en stage de césure car l’objectif des cabinets de conseil est d’embaucher en CDI à la suite du stage. Il existe cependant plus d’opportunités de stage de fin d’études. Chacun doit finalement identifier ce qui l’intéresse, quel type de conseil il veut faire, pour ensuite se renseigner et contacter des consultants afin de comprendre le fonctionnement de l’entreprise. Beaucoup de personnes pensent qu’il faut faire de l’audit avant le conseil, mais je ne pense pas que ce soit forcément nécessaire. Selon moi, il n’y a pas de parcours type, c’est la préparation en amont qui est déterminante.

Concernant mon parcours académique, j’ai suivi plusieurs cours d’analyse financière et tous les cours de conseil enseignés par Christophe Chaumont : méthodes et outils du conseil, débuter sa carrière dans le conseil et business technology and innovation. Ce dernier électif est dispensé en collaboration avec Capgemini et aborde des sujets très variés sur la technologie (IT, cybersécurité, infrastructures IT etc.).

De manière générale, c’est beaucoup une question de fit ; les entretiens jouent énormément, ainsi que la préparation aux cas.

Aurais-tu un dernier mot à ajouter ?

Si des étudiants d’emlyon veulent s’orienter dans le conseil, qu’ils n’hésitent pas : emlyon est une école ciblée par les cabinets, il faut simplement s’en donner les moyens !

Pour celles et ceux qui voudraient avoir plus de précisions, n’hésitez pas à contacter Vincent !