Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous investir dans cette MISI ?
Noémie : Comme beaucoup, la pandémie m’a permis de me recentrer sur l’essentiel et m’a donné envie de faire quelque chose qui ait du sens et de l’impact une fois sortie du confinement. L’occasion de partir en MISI était parfaite !
Karine : Je fais partie de l’association Solidari’Terre, et j’aime m’investir pour les causes qui en valent la peine. La situation des villageois Togolais présentait un état d’urgence, et un certain investissement est nécessaire pour pouvoir partir.
Maxime : Après deux années de covid, j’avais besoin d’une aventure, ou du moins de sortir de ma zone de confort et quoi de mieux qu’une MISI qui lie engagement utile et épanouissement personnel. La MISI Togo m’a directement semblé la plus concrète et exigeante. De plus, je n’étais jamais allé en Afrique et le pays m’attirait.
Quelles étaient les missions prévues sur place ?
Noémie : Sur place, nous étions censés contribuer à la construction d’un puits foré par une machine et terminer la construction de l’école, entamée il y a quatre ans.Karine : La mission principale était d’apporter de l’eau au village grâce à un puits solaire. En parallèle, il fallait construire, rénover et peindre les écoles du village afin d’y instaurer un système éducatif durable. Enfin, le but de cette MISI était aussi de partager notre culture avec les villageois de Fadenyo-Kopé.
Comment avez-vous organisé la MISI en amont ?
Noémie : Nous avons réalisé une collecte de fonds relayée massivement auprès de nos proches et nous avons fait de l’ensachage pour faire croître le budget et donc faciliter notre action sur place. Nous avons aussi fait des réunions hebdomadaires à l’approche du départ pour organiser la logistique du voyage.
Maxime : En temps de covid, peu de jobs étudiants étaient disponibles, on a donc beaucoup misé sur la communication auprès de nos entourages avec un crowdfunding. Nous avons aussi fait un peu d’ensachage. Au-delà de l’aspect financier, nous avons aussi réalisé des réunions de préparation du projet avec le responsable local.
Comment la Covid-19 a-t-elle eu un impact surla MISI ?
Noémie : Nous sommes partis en 2021 et la pandémie de Covid était déjà moins forte, mais elle a eu un impact sur notre préparation : nous avons moins fait d’ensachage et l’équipe s’est moins vu avant le départ que pour une mission classique. Sur place, nous avons simplement eu à faire un test en arrivant à Lomé mais ensuite, il n’y avait pas de mesures sanitaires dans le village reculé où nous étions.
Karine : Cela a été très dur dans un premier temps pour démarcher et faire la collecte de fonds. Nous avons eu nos premiers billets d’avion annulés, ce qui nous pose encore problème aujourd’hui. Néanmoins, nous avons quand même réussi à partir.
Maxime : La situation a engendré plus de difficultés administratives et logistiques, notamment des tests PCR à faire au Togo. Ne pouvant collecter de fonds par intérim, la pandémie a également eu un impact financier
Quelles étaient les conditions de vie sur place ?
Noémie : Les conditions de vie sur place étaient rudes et le confort sommaire mais c’est une bonne expérience pour sortir de sa zone de confort ! Nous dormions dans des cases d’une douzaine de mètres carrés à 5 ou 6 et une fois les matelas, les moustiquaires et les sacs de voyage posés, il n’y avait plus beaucoup de place pour marcher. Nous cuisinions au charbon sur des réchauds et nous devions restreindre notre utilisation de l’eau, ce qui impliquait de ne pas se laver quotidiennement malgré nos travaux physiques à l’école.
Karine : C’était très dur. Il n’y a pas d’eau potable, pas d’électricité, pas de réseau et il fait plutôt chaud et humide, cela attire les moustiques. En plus d’une accumulation progressive de fatigue, nous avons tous été malades, et le voyage a semblé dur physiquement et moralement pour toute l’équipe.
Maxime : Nous avons relativement bien mangé, en quantité et en saveur, même si les repas étaient peu variés. Nous avons dormi sur des petits matelas ou des pagnes à même le sol. On s’habitue vite, tout comme le fait de se protéger des moustiques avec une moustiquaire. Personnellement j’ai eu une Tourista pendant l’ensemble du séjour et des maux de ventres, mais c’était largement supportable.
Décrivez-nous une journée type de votre mission
Noémie : Nous nous levions en général vers 6h30 ou 7h en fonction de la tâche quotidienne qui nous était assignée (Team cuisine, Team vaisselle, Team Corvée). Nous prenions le petit-déjeuner puis nous partions vers 8h sur le chantier. Nous y travaillions toute la matinée jusqu’au déjeuner vers 12 h 30. Ensuite, à cause de la chaleur, nous jouions aux cartes sous les arbres ou bien nous faisions la sieste. A partir de 16h, nous retournions parfois sur le chantier, ou alors nous jouions avec les enfants ou bien encore, nous leur faisions du soutien scolaire. La nuit tombait vers 18h et nous retournions alors au village pour préparer le dîner. Le soir, il nous arrivait de veiller, en chansons ou en jeux, entre volontaires ou avec les villageois.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?
Noémie : La débrouillardise des gens. Tout se fabrique à partir des éléments de l’environnement : balai en tiges de plantes, bancs en bois…Tout se répare ! Par exemple, une couturière vient les jours de marché pour recoudre des vêtements, tout se réutilise , comme par exemple les bouteilles en verre pour mettre de l’essence. Même les plus jeunes savent jouer avec les branchements électriques du panneau solaire.
Karine : Mise à part les conditions de vie, j’ai été marquée par la différence de culture, mais aussi par l’incroyable complicité que nous avions avec les villageois et surtout les enfants. J’ai aussi été marquée par l’engouement que toute l’équipe prenait pour la mission. C’était super !
Maxime : L’accueil des habitants, leur bienveillance, leur joie de vivre malgré les galères de la vie. J’en garde un souvenir extraordinaire, une vie totalement différente de la nôtre, sans confort et avec énormément de problématiques. Toutefois la capacité des Togolais à les surmonter, leur débrouillardise et leur résilience m’ont marqué. Et bien évidemment les paysages, coutumes, l’ambiance des villes, les échanges avec les Togolais.
Quels conseils donneriez-vous à une étudiante ou un étudiant qui voudrait participer à cette MISI ?
Noémie : Essaye d’être le plus ouvert d’esprit possible et d’oublier ton référentiel européen, même si quand on a vécu vingt ans dedans c’est compliqué. Ne t’attends à rien avant de partir, c’est la meilleure façon de te laisser découvrir ce que tu as à vivre. Surtout, FONCE, c’est l’expérience d’une vie.
Karine : Aucun conseil particulier, si ce n’est de profiter à fond de cette opportunité unique d’en apprendre beaucoup vis à vis de la vie agricole, de porter un regard nouveau sur le monde qui nous entoure, et de se déconnecter de la vie stressante et virtuelle que nous vivons actuellement.
Maxime : Y aller sans appréhension, être conscient qu’il y aura des moments difficiles mais que le bonheur de découvrir cet autre monde les surpassera. Je conseille aussi d’encore plus communiquer avant la mission avec l’AJSED (l’association locale), et aussi pendant, car ils sont devenus des vrais Tchale (frères) pour moi. Et ne pas venir avec une vision occidentale, il y a quand même des grosses différences de pensées.
Une anecdote à nous raconter ?
Noémie : Il y en a tellement… Un soir on a dormi à la belle étoile au milieu du village pour profiter du ciel étoilé sauf que la nuit dans le village, il n’y a vraiment pas beaucoup de lumière et les animaux, poules et chèvres, se baladent en liberté. Du coup, à trois heures du matin, on s’est retrouvé à se faire marcher dessus par des chèvres qui n’avaient pas pris la peine de nous contourner …
Karine : Allez. J’ai dû égorger une chèvre pour pouvoir manger à midi.
Maxime : Preuve des bons liens que je me suis fait avec l’AJSED, je suis en train de faire un son avec un membre local qui est rappeur là-bas et j’espère y retourner pour revoir le village dans lequel on a réalisé la mission.
Anecdote spoiler : Vous risquez de recevoir en cadeau de bienvenue, une chèvre qui ne passera pas la nuit.