Considérée comme l’une des entreprises françaises à forte croissance à suivre en 2019, Phenix permet aux industriels de vendre leurs invendus au lieu de les jeter à la poubelle. Comment ça marche ? Quels emplois pourvoir dans ce type de start-up ?
Le principe : distribuer les invendus des industriels
Phenix est parti du principe que les déchets sont une des principales matières premières du XXIème siècle. L’entreprise a donc cherché à distribuer les invendus des grandes surfaces à des individus dans le besoin. Ainsi, Phenix parvient à donner une seconde vie aux déchets. Rien ne se perd, rien ne se jette, tout se transforme.
Pour les industriels (Carrefour, Leclerc, Franprix, Biocoop, L’Oréal…), la solution est très avantageuse. Phénix aide les distributeurs et les industriels à répondre à leurs enjeux économiques via la baisse du coût du traitement des déchets, environnementaux en réduisant leur nombre de déchets et sociaux avec la redistribution via le don alimentaire. En réduisant leur empreinte écologique, les entreprises gagnent de l’argent grâce à Phénix. Voilà un coup de pouce qui incite les entreprises de la grande distribution à s’inscrire dans une logique de développement durable.
Du côté de la demande, il y a plusieurs acteurs à qui ce système profite. Au départ, Phénix récupérait les invendus encore consommables des industriels et les distribuait à des associations caritatives (Restos du Cœur, Croix Rouge…). Mais maintenant, il y a d’autres récepteurs potentiels : les destockeurs, les acteurs du réemploi, du recyclage et de l’upcycling (action de récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage pour les transformer en produits de qualité ou d’utilité supérieure). L’entreprise a fait le choix de rendre ce service 100% gratuit. Elle demande simplement aux associations membres du réseau d’assurer les coûts de transport et de stockage des produits.
L’objectif de Phenix est de tendre vers le « zéro déchet » et une économie circulaire. Les résultats sont déjà significatifs : avec plus de 1000 clients, Phenix sauve plus 50 tonnes de déchets par jour. Dans le même style, l’application “Too Good To Go” permet à n’importe qui d’acheter les invendus de la journée des petits magasins de proximité (boulangeries, restaurants, supermarchés…) à prix cassés.
Depuis sa création, Phenix a créé plus de 1,3 milliards de repas et revalorisé plus de 15 000 tonnes de produits alimentaires.
Phenix, une start-up ambitieuse… et responsable
Créée en 2014, Phénix s’est vite développée. Trois ans après ses débuts, elle atteignait déjà 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires ! Avec plus de 100 personnes dans son équipe, Phenix est une aujourd’hui une scale-up, (= une start-up qui a réussi à transformer son produit innovant en business rentable) et commence à se déployer à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, au Portugal et en Espagne.
Cette ambition ne s’est pas faite au détriment de la cause. En effet, Phénix fait partie de cette nouvelle vague de start-ups se créent avec la volonté d’améliorer le monde. On assiste à un véritable mouvement d’entrepreneurs sociaux et environnementaux, et les innovations vertes comme celle de Phénix se développent.
Quel est le business model de Phenix ?
C’est vrai, on peut se demander comment Phenix gagne de l’argent. L’entreprise propose un système de commission au succès sur les volumes gérés par son intervention. Ca veut dire quoi ?
Pour les entreprises membres du réseau Phénix, la création de valeur se situe à la fois dans l’économie réalisée par l’absence de traitement des déchets et dans les 60 % de déduction fiscale dont ils bénéficient en donnant leurs invendus aux associations. Quand un supermarché propose par exemple sur la plate-forme une palette de fromage de 100 € et qu’une association la réserve en ligne, elle peut en déduire 60 €, montant sur lequel Phenix prend une commission de 30 %. A chaque fois qu’une entreprise industrielle donne ses invendus à des associations, elle gagne donc de l’argent, mais Phenix en touche également en prenant une certaine commission pour ce service.
Phenix se rémunère aussi en facturant 3 000 € hors taxes à ses clients la mise en place de sa plate-forme. En revanche, tout est gratuit pour les associations : elles doivent juste prendre en charge la logistique. Dans ce système, tout le monde est gagnant : Phenix, les offreurs (entreprises industrielles) et les demandeurs (associations caritatives, acteurs du recyclage).
Quels emplois dans ces start-up ?
Evidemment, faire le choix de devenir entrepreneur, c’est se créer son propre emploi. Le poste de fondateur ou de président d’une entreprise est donc le premier poste à pourvoir dans une entreprise. Etre entrepreneur, c’est un choix de vie. Jean Moreau (ancien de l’ESSEC), co-fondateur et président de Phenix, avait commencé sa carrière dans la grande banque d’investissement Merrill Lynch, avant de lancer Phenix et de faire un choix de carrière : celui du développement durable.
Dans une période de croissance, beaucoup d’emplois sont créés par ce type de start-up, et les étudiants qui sortent de grandes écoles de commerce sont des profils recherchés.
Chez Phenix par exemple, il y a beaucoup de postes qui s’appellent « chargé.e de projet ». Ce métier consiste notamment à concevoir un projet, à le piloter, à animer une équipe et à assurer la rentabilité de celui-ci.
Les responsables d’antenne ont aussi un rôle important car Phenix est implantée dans plusieurs villes françaises, et tous les emplois ne peuvent pas être centralisés à un seul endroit (en l’occurrence, Paris).
On retrouve également beaucoup de départements traditionnels dans ce type de start-up. Par exemple, des postes sont réservés aux ressources humaines, d’autres à la communication, d’autres ont des profils plus techniques d’ingénieurs. Beaucoup de postes de « chargé.e de développement » existent aussi dans ces start-up. Leur rôle est de renforcer l’impact des équipes commerciales, ils sont responsables des objectifs qualitatifs et quantitatifs.
Il y a aussi des consultants qui travaillent dans ce type de start-up, et notamment des consultants spécialisés sur l’économie circulaire. Ceci montre que les scale-up ne font pas uniquement appel à des consultants extérieurs pour résoudre leurs problèmes ponctuels, mais qu’elles en ont aussi dans leurs équipes.
L’exemple de Phenix montre que l’économie sociale et solidaire n’est pas un système gratuit et non lucratif. Il est possible de gagner de l’argent en développant des modes de fonctionnement respectueux de la société et de l’environnement : ce n’est pas de l’humanitaire. Les clichés concernant ce type de projets sont faux. On peut réussir et gagner de l’argent en étant un entrepreneur social et/ou environnemental. En fait, beaucoup de métiers convoités par les étudiants d’école de commerce sont présents dans les start-up. On peut exercer le même métier, mais dans deux entreprises très différentes, mais il y a aura peut-être une entreprise dans laquelle on se sentira utile à la société.
Jeunes emlyiens, à vous de jouer. Trouvez un sens dans votre carrière, lancez-vous. Vos projets et votre engagement dans des petites entreprises pourront aussi vous rendre heureux !
Article écrit par Octave Kleynjans, membre du Noise de l’emlyon