Vous connaissez tous Bacchus, dieu de la vigne et des fêtes, figure emblématique du bon vivant. Sup’de Coteaux, l’association d’œnologie d’emlyon, en a fait l’égérie d’un de ses événements phares qui rassemble chaque année plus d’une quinzaine d’écoles et de partenaires autour de la même passion pour le vin : le Défi de Bacchus. Retour sur la XXème édition du Défi de Bacchus aux côtés d’Augustin Lucet.
“le défi a rassemblé 13 écoles, soit 42 participants répartis dans 14 équipes”
Carole : Bonjour Augustin est-ce que tu pourrais commencer par te présenter en quelques mots ?
Augustin : Bonjour, je m’appelle Augustin Lucet, je viens de Paris et j’ai fait une classe préparatoire avant d’intégrer emlyon. Je suis membre de Sup’de Coteaux et je suis responsable de l’événement le Défi de Bacchus qui s’est déroulé la semaine dernière (ndlr : le 1-2 octobre). Je suis actuellement en échange à Milan, j’ai cependant conservé cette responsabilité. Traditionnellement organisé au mois de mai, le défi a été reporté en octobre du fait de la covid, ce qui m’a laissé plus de temps pour le préparer et l’organiser en amont. Outre mes aller-retours à Lyon, j’ai pu compter sur le reste de l’association présente sur place à Lyon pour m’aider dans cette organisation à distance.
C. Pour en revenir au défi de Bacchus, pourrais-tu nous le présenter ?
A. Pour revenir rapidement sur le contexte général du défi, de nombreuses associations étudiantes d’œnologie ont une équipe coachée pour participer aux concours étudiants. Dans ce paysage des concours, le Défi Bacchus est celui organisé depuis 2001 par Sup’de Coteaux, l’association d’œnologie d’emlyon. On y convie les différentes associations d’œnologie des écoles de commerce, des écoles d’ingénieur, des IEP et des universités, voire certaines écoles étrangères. Cette année, nous comptions uniquement Cambridge, le contexte sanitaire empêchant certaines mobilités. Au gré des concours, on rencontre souvent les mêmes écoles que l’on sait par ailleurs motivées par ce type d’événement ; on peut donc dire qu’il y a un bloc stable de participants réguliers auquel s’agrègent, suivant le concours, d’autres écoles.
Ndlr : Le Défi de Bacchus est une dégustation à l’aveugle opposant plusieurs écoles. Ce dernier se découpe traditionnellement en plusieurs épreuves de dégustation et une épreuve théorique. Cette année, le défi a rassemblé 13 écoles, soit 42 participants répartis dans 14 équipes.
C. Cette XXème édition est assez particulière, elle a dû être repensée en fonction des contraintes induites par la situation sanitaire dans laquelle on est plongés depuis plus d’un an. Comment l’avez-vous retravaillée et quelles sont les spécificités de cette édition par rapport aux précédentes éditions ?
A. Alors que le Défi de Bacchus n’a pas pu être organisé en 2020, pour la 20ème édition, je m’étais fixé comme objectif de renforcer les partenariats que l’on avait déjà et de monter en gamme pour ce qui est des vins présentés. Pour la finale, nous avions par exemple un château Margaux 2004 et un Meursault premier cru. Je me suis inspiré à plusieurs reprises de ce qui avait été prévu pour l’année 2020 : la mise en place d’un partenariat avec La Maison de Whisky pour une masterclass sur les spiritueux à emlyon, qui a eu lieu la veille du concours ou encore la sélection du lieu qui accueillerait l’événement, la Cour des loges. J’ai choisi pour mon mandat un format assez classique : le vendredi nous avions la masterclass animée par la Maison du Whisky, à l’issue de laquelle nous avons organisé un buffet sponsorisé par la maison Cellerier qui est un traiteur lyonnais dans les Halles Bocuse. Même chose pour le lendemain, le format est classique – dégustation de 3 vins blancs, suivis de 3 vins rouges, puis une épreuve théorique – excepté l’épreuve spécifique du Nez du Vin qui découle d’un partenariat que j’ai noué avec les Editions Jean Lenoir. Le Nez du vin est un exercice qui consiste à reconnaître à l’odeur une cinquantaine de petits flacons porteurs chacun d’une odeur – ce jeu est très utilisé par les œnologues puisque cela leur permet d’entraîner leur odorat à reconnaître certains arômes qui seront ensuite utiles pour reconnaître les vins. De facto, les participants avaient devant eux 5 flacons qu’ils devaient associer à deux vins rouges présentés. Par la suite, on avait donc un cocktail, pour lequel on a renoué un ancien partenariat qui datait de 2017 avec la maison de champagne Gosset. Pour la finale, on retrouve le fameux pitch de vin qui consiste à présenter un vin de manière lyrique et dont l’identité, inconnue par l’orateur, sera dévoilée et découverte au fil de l’exercice, par la robe, le nez, les arômes, la longueur, ou encore les tanins.
Je suis également fier des membres du jury qui ont participé à cette XXème édition. Chaque membre était extrêmement pertinent.
- Frédéric Schaaf, président du jury, caviste à Lyon et master of Port 2002, il nous accompagne depuis 10 ans
- Madame Claire Sorine, travaille dans La Maison du Whisky en tant que chef de produit. Elle est de surcroît issue d’une famille de vigneron en Bourgogne, complète pertinemment et avec cohérence ce jury
- M. Bernard Burtschy. Ancien rédacteur en chef du Figaro vin, il a créé le site Internet l’Avis du Vin, premier site français du vin en termes de trafic. Il est aussi Président de l’Association de la Presse du Vin et membre du conseil d’administration de la Fédération Internationale des Journalistes et Ecrivains du Vin. Pointure dans le domaine, écouter ses explications sur le vin était extrêmement enrichissant, sa précision était très impressionnante.
C. En termes financiers, quel a été le budget du Défi de Bacchus ?
A. Je ne vais pas donner de chiffres précis. Cependant, comme chaque année, le Défi de Bacchus est déficitaire. Nous avons droit à une subvention d’emlyon à travers la Corpo (ndlr : la Corporation des étudiants, soit l’association des associations). Comme chaque année, le Défi de Bacchus est déficitaire. Nos activités annexes permettent de rééquilibrer en partie l’ensemble de nos budgets. Cependant, j’ai trouvé dommage que l’administration d’emlyon, malgré une relance pour augmenter sa participation financière à cet événement tourné en grande partie vers l’extérieur et qui renvoie globalement une très bonne image de notre propre école, avec notamment des partenariats multiples avec de grandes maisons et de grandes écoles, refuse. Le déficit était uniquement de 300 – 400 euros. Si les prochaines éditions parviennent à trouver d’autres sources de financement, il est possible que la donne change.
C. En termes RSE, qu’est-ce que le Défi de Bacchus propose ? Y a-t-il eu une sélection de vins de proximité, à savoir de vignobles de la région par exemple ?
A. Le Défi de Bacchus est un événement dont les retombées RSE sont assez limitées. Nous nous sommes assurés qu’un tri soit fait au niveau des bouteilles – une centaine de bouteilles ont été ouvertes le jour J – je voulais d’ailleurs saluer le travail de la Cour des Loges sur l’attention apportée au recyclage des bouteilles. Il faut souligner qu’une partie de nos partenaires se tournent naturellement vers une culture raisonnée, la biodynamie notamment, je pense à la maison Chapoutier qui nous a beaucoup aidés.
C. Selon toi, quelles ont été les réussites et les choses à améliorer ou tester pour les prochaines éditions ?
A. L’événement s’est déroulé comme je l’avais imaginé et je peux dire qu’il a été un succès. A l’issue des deux jours, les membres du jury et les participants semblaient contents. Cependant, le concours peut encore être amélioré de multiples autres façons. J’avais imaginé une retranscription live du Défi de Bacchus avec la collaboration de L2M – je n’ai malheureusement pas pu la mettre en place d’un point de vue logistique. Une seconde piste de nouveauté concerne les épreuves « spécifiques » et l’activité proposée en amont du concours. Beaucoup de domaines dont le Château d’Yquem avec le Y d’Yquem produisent d’autres vins que leurs premiers vins qui seraient intéressant de faire découvrir aux participants. Je pense également à faire venir des cavistes lyonnais qui proposeraient une approche différente de l’œnologie, à l’instar de la Cave de Georges Santos, avec qui nous entretenons de très bonnes relations. Dans la continuité des masterclass sur la série des spiritueux précédemment initiée, on pourrait présenter le saké par exemple.
C. Un dernier mot à ajouter ?
A. J’ai été ravi de continuer à travailler avec nos partenaires historiques qui nous accompagnent d’année en année et qui continuent de jouer le jeu pour pérenniser l’événement : le Château d’Yquem par exemple ou encore le domaine Thivin dans le Beaujolais. Je suis également fier des nouveaux partenariats noués avec par exemple le Château Margaux, le Domaine Vincent Girardin en Bourgogne ou le Château Gazin, un domaine prestigieux à Pomerol.