Par Pauline Sicsik
Selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), la reconnaissance faciale est une technique qui permet à partir des traits du visage d’authentifier une personne (c’est-à-dire, vérifier qu’une personne est celle qu’elle prétend être) et/ou d’identifier une personne (c’est-à-dire, de retrouver une personne au sein d’un groupe d’individus, dans un lieu, une image ou une base de données). [1]
Concrètement, la reconnaissance faciale est rendue possible grâce une technologie qui combine les techniques biométriques, c’est-à-dire, les caractéristiques physiques propres à un individu, l’intelligence artificielle, la cartographie 2D et 3D et le Deep Learning. Ainsi, la reconnaissance faciale s’est considérément développée ces dernières années, en particulier grâce à de multiples avancées en Big Data, en réseaux de neurones et en processeurs graphiques (en particulier les GPU – Graphic Processing Units). [2]
Quelles technologies rendent possible la reconnaissance faciale ?
Grâce au Deep Learning, il est possible d’entraîner des systèmes à localiser des visages sur des images, et des vidéos. Couplé à l’intelligence artificielle, un capteur 2D peut ainsi identifier, de façon instantanée ou non, un ou plusieurs visages sur des images et des vidéos.
Le visage peut aussi être détecté directement par un capteur 3D. Par exemple, le système de déverrouillage Face ID d’Apple utilise une technologie appelée TrueDepth, dont la caméra et l’illuminateur infrarouges permettent de projeter 30 000 points lumineux sur le visage de l’utilisateur afin de le cartographier pour obtenir une image en 3D.
Chaque visage détecté est ensuite encodé par un algorithme par analyse des points nodaux, c’est-à-dire, les caractéristiques physiques faciales propres à chaque individu, qui sont également identifiables grâce à l’IA. La plupart des systèmes actuels analysent 80 points nodaux, dont la distance entre les yeux, la longueur du nez, la forme des joues ou encore la largeur de la mâchoire. Certains systèmes vont même jusqu’à identifier la texture de la peau. Ces caractéristiques faciales sont ainsi transformées en données numériques. L’ensemble des données numériques d’un même visage forme un faceprint, ou empreinte faciale. Dis plus simplement, cela permet de recréer le visage numériquement et de le rendre analysable par un processeur.
Par exemple, les filtres faciaux de l’application Snapchat fonctionnent grâce à une détection 2D du visage sur l’image filmée par la caméra. Les points nodaux de l’utilisateur sont identifiés et le filtre facial est appliqué par rapport à ces points nodaux.
Ces données numériques peuvent ensuite être comparées avec une base de données d’empreintes faciales, ce qui permet d’identifier ou d’authentifier les individus.
Quelques limites techniques de la reconnaissance faciale
La reconnaissance faciale diffère des empreintes digitales et de l’ADN qui ne changent pas au cours de la vie de l’individu. Comme le souligne Interpol, la reconnaissance faciale doit prendre en compte les éléments tels que le vieillissement, la chirurgie plastique, le maquillage, la qualité de l’image, les effets de l’abus de drogues ou du tabagisme ou même la pose prise par le sujet.
Par ailleurs, il est facile de tromper un capteur 2D, puisque la photo d’un visage suffit à repérer les points nodaux. Bien qu’il soit globalement plus précis, le magazine Les Echos a toutefois révélé que le système Face ID d’Apple en trois dimensions était faillible : peu après sa sortie, une entreprise vietnamienne est parvenue à déverrouiller l’iPhone X de son vice-président en imprimant le visage de ce dernier en 3D. De même, deux visages se ressemblant peuvent déverrouiller le même iPhone X, rapportait le magazine le Point en 2017.
La fiabilité croissante de la reconnaissance faciale et les opportunités qu’elle offre en font un outil toujours plus utilisé par les entreprises, qu’elles soient spécialisées dans le secteur du numérique ou non, mais également par les administrations publiques et les gouvernements. Cela pose la question des fins de l’utilisation de la reconnaissance faciale puisque son emploi pourrait porter atteinte aux libertés fondamentales des individus. L’enjeu éthique est de taille !
Sources :
[1] CNIL, « Reconnaissance faciale », disponible à : https://www.cnil.fr/fr/definition/reconnaissance-faciale (date
d’accès : 22/01/2020)
[2] Bastien L., (23/10/2019), « Reconnaissance faciale : qu’est-ce que c’est et quels sont les dangers ? », Le Big
Data, disponible à : https://www.lebigdata.fr/reconnaissance-faciale-tout-savoir (date d’accès : 22/01/2020)