Par Matthieu Richard
Figure mythique de la CRA (Campagne de Renouvellement des Associations), Vincent Lanos est un passionné d’art et de culture. De Los Angeles à vos BallaRoues, découvrez le parcours d’un des plus redoutables de nos corpotes.
Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore (si tant est qu’il y en ait) ? Quel est ton parcours académique, associatif et professionnel, et quel lien fais-tu entre les trois domaines ?
Je suis Vincent Lanos, élève en quatrième année du programme grande école. Je suis arrivé à emlyon après une classe préparatoire ECS, et j’ai listé et gagné BDA en 2018. Au sein du mandat Sons of An’Art’chy, j’étais « responsable vie culturelle » et j’intervenais également en soutien pour staffer et organiser les événements du BDA. Aujourd’hui, je suis dans le mandat Corpocalypse Now, comme « responsable listeux ».
Je suis arrivé à emlyon sans expérience notable, comme de nombreux étudiants admis après classe préparatoire. J’ai fait mon stage de première année en marketing digital à Londres, sans que ce stage ne suscite chez moi un grand intérêt. Après mon mandat au sein du BDA, je suis parti en stage au théâtre Raymond Kabbaz, théâtre dédié à la culture francophone à Los Angeles dépendant du lycée français de la ville. L’attrait que je connaissais pour la culture, et que j’avais déjà pu développer au sein du Bureau Des Arts a été confirmé par ce stage.
Peux-tu nous en dire plus sur ton expérience au théâtre Raymond Kabbaz ?
Au sein d’une équipe de quatre personnes (le directeur, son assistante, une stagiaire de l’EDHEC et moi-même), ma mission première était la gestion de la communication du théâtre. Dans les faits, j’ai aussi contribué à la vie du théâtre au jour le jour. Par exemple, j’ai eu l’occasion de prendre part à l’organisation technique du théâtre. S’il est difficile de parler de journée-type, l’organisation suivait souvent le même modèle : arrivée à neuf heures, réunion, définition des objectifs de la journée et de la semaine, puis réalisation du travail assigné. Ce travail pouvait prendre des formes très diverses : rédaction de communiqués de presse, logistique, création de visuels pour des flyering, prise de contact avec des partenaires, résolution de problèmes techniques, développement d’activités parallèles comme la diffusion de films.
En plus du développement de compétences variées, cette expérience m’a offert de nombreuses opportunités, notamment celle de pouvoir être au contact d’artistes français de renom dans un environnement mythique pour la culture, la ville de Los Angeles. Cette expérience m’a également permis d’acquérir des notions de logistique propres aux tournées artistiques et d’être confronté aux tractations internes aux institutions culturelles, qui étaient à Los Angeles différentes de celles auxquelles j’aurais pu être confronté à Paris ou à Lyon.
As-tu pu faire le lien entre certains cours à emlyon et le développement d’une carrière professionnelle dans le monde de la culture ? L’apport d’une formation commerciale pour travailler dans le secteur culturel es-il réel ?
Il est évident que certains cours sont fondamentaux pour envisager une confrontation avec le secteur culturel. Deux cours spécifiques me viennent en tête en pensant à cela : évidemment le cours de management des projets culturels, dispensé par Marc Alvarado, un ancien de Canal, mais aussi de façon moins facilement cernable, le cours de branding de Lionel Sitz. En effet, ce n’est un secret pour personne, mais un établissement culturel a d’autant plus de valeur que sa réputation est bonne. Par ailleurs, les cours plus généraux (cours de marketing, de management, de finance) sont, par leur caractère absolument transversal, également très importants pour mener à bien un parcours professionnel dans le monde de la culture. Aussi, les cours de négociation internationale ainsi que de management interculturel peuvent s’avérer utiles dans la mesure où la production artistique est de plus en plus souvent une création multinationale.
Quoi qu’il en soit, notre parcours est tel à emlyon que l’objectif est avant tout de suivre des cours dont on pourra tirer le meilleur pour nous permettre de nous réaliser personnellement et professionnellement. Mon expérience au sein du Bureau Des Arts a également été déterminante, et particulièrement singularisante, notamment par rapport à d’autres étudiants qui pourraient avoir une expérience dans d’autres associations voire d’autres Bureaux Des Arts.
Selon toi, en quoi emlyon est-elle une école qui se singularise pour des étudiants qui souhaiteraient travailler dans le secteur culturel ?
D’une part, l’Histoire plaide pour nous, et des personnalités comme Stéphane Bern montrent bien qu’il est possible de devenir un grand homme ou une grande femme de culture en étant diplômé d’emlyon. Par ailleurs, la vie associative si développée à emlyon est l’occasion de développer de nombreuses compétences et fait partie intégrante de la formation de l’étudiant d’emlyon. J’ai l’impression d’avoir appris autant en participant à un événement ou en l’organisant qu’en cours, et c’est là une véritable force : emlyon nous invite à acquérir une attitude face au monde, et notamment face à la culture, en plus de connaissances académiques. Aussi, la ville de Lyon dans laquelle l’étudiant d’emlyon est amené à s’épanouir pendant sa formation est une ville de culture renommée qui permet d’avoir des confrontations directes avec les objets culturels et artistiques.
Quels sont les profils qui intéressent le monde de la culture, et qui seront intéressés par celui-ci ? Dans ton stage au théâtre Raymond Kabbaz, qu’est-ce qui t’a semblé le plus plaisant ? Et le plus déplaisant ?
Beaucoup le savent sans doute déjà mais il est important de le préciser : le monde de la culture n’est clairement pas le secteur d’activité le plus intéressant financièrement parlant. Ceux qui s’y dirigent le font par intérêt et appétit intellectuel, et non avec la volonté de dégager des profits démentiels. Il reste néanmoins possible de trouver des compromis, notamment grâce à des professions dans le conseil et l’audit en milieu culturel. Plus spécifiquement, les profils qui s’épanouiront le plus grâce à une expérience professionnelle dans le domaine culturel sont ceux qui font preuve d’une grande curiosité et qui portent en eux le désir de créer ou d’accompagner à la création.
En toute franchise, je pourrais être amené à dire que l’absence fondamentale de certitude sur la réussite des projets que l’on mène et le besoin de réalisme, financier notamment, sont parfois frustrants quand il s’agit d’exercer une profession dans le secteur culturel. Néanmoins, cette dimension momentanée de la réussite a aussi souvent un côté grisant très satisfaisant : le côté éphémère garantit une véritable fraîcheur, et la réussite d’un événement, car elle est véritablement le fruit d’un travail accompli correctement. Plus largement, travailler dans le secteur de la culture, c’est avant tout travailler pour créer de l’émotion chez le spectateur, c’est un processus de création, ce qui est particulièrement stimulant.
Est-ce que tu envisages une poursuite dans une carrière culturelle ? Penses-tu qu’il soit possible d’envisager une carrière artistique après emlyon ?
En ce qui me concerne, ce stage dans le secteur culturel a confirmé mon choix de travailler dans ce domaine. En revanche, si je me vois avancer dans le secteur culturel après ma formation à emlyon, j’ai identifié mes compétences et mes qualités, et je n’envisage pas directement une carrière artistique : je préfère permettre la création, y prendre ma part, plutôt que d’être véritablement le créateur. Néanmoins, les exemples d’artistes diplômés d’emlyon, et plus largement d’école de commerce sont nombreux, alors oui, on peut devenir artiste après emlyon.
As-tu quelque chose à ajouter ?
J’aimerais juste ajouter quelques petites précisions. Le PGE d’emlyon, c’est un parcours qui est très particulier, un parcours à la carte : c’est vraiment à chacun d’aller chercher dans tous les électifs celui qui va lui permettre de s’aventurer dans le domaine qui l’intéresse. C’est souvent compliqué, parfois frustrant, mais toujours très bénéfique.
Enfin, j’aimerais aussi dire que la culture, ça n’est pas simplement un horizon professionnel. Se préparer pour une carrière culturelle n’est pas simplement une préparation professionnelle, mais aussi une préparation personnelle. Le goût de la culture ne s’acquiert pas que dans les stages ou dans l’expérience d’école directement. Néanmoins, l’organisation de nos programmes est souvent propice à une découverte individuelle : pour moi, ce fut un mois de road trip sur la mythique Route 66 après mon stage. Une expérience personnelle de la culture qui a contribué à sa façon à me confirmer mon choix pour une carrière culturelle.