Le Programme Grande Ecole est la formation primaire et historique d’emlyon business school. De nombreux changements ont été opérés depuis quelques années déjà, nous abordons dans ce troisième article d’Au cœur de Confluence 2025, les nouveautés, pensées et mises en place en collaboration par Annabel-Mauve Bonnefous et Sylvie Jean. Sylvie Jean nous en dit plus sur le nouveau PGE.
Plusieurs mois se sont écoulés depuis la dernière interview que Sylvie Jean a accordée à Verbat’em lors de son entrée en fonction, quels projets ont été réalisés depuis ? 3 grands axes ont été abordés.
La réorganisation de mes équipes était la priorité avec la volonté de reprendre en main un sujet important de l’école qui est celui des concours.
Le premier projet, qui est le plus important : la réorganisation complète du service PGE pour gagner en performance et le focus sur la mission concours de l’école dans le recrutement des étudiants
« Entre fin août et début octobre, la réorganisation de mes équipes était la priorité avec la volonté de reprendre en main un sujet important de l’école qui est celui des concours, où se joue le recrutement des étudiants. Les équipes du PGE comptent près d’une trentaine de collaborateurs. Nous avons donc créé 4 unités d’opérations. La première concerne les admissions et les concours avec la création d’un nouveau poste, celui de responsable concours qui a été confié à Elora Beaulieu. Cette unité est divisée en deux grands services : le département des admissions qui concerne tout le back-office du concours i.e. gérer les épreuves, les notes, les admissibilités, les barres d’admissibilité et les jurés ; puis le concours, qui conduit toutes les opérations en lien avec les futurs candidats et les différentes parties prenantes pour atteindre les candidats (les salons, les forums, les déplacements dans les CPGE, etc.), jusqu’aux oraux avec l’équipe ACA. La deuxième unité concerne le service académique du PGE i.e. toute la chaîne d’opérations et de valeurs depuis l’entrée de l’étudiant dans le PGE jusqu’à l’obtention de son diplôme : prévoir l’offre de cours, la rendre opérationnelle notamment le parcours à la carte, l’accompagnement parcours et vie étudiante. La troisième unité englobe les doubles diplômes en France et à l’international. La dernière unité concerne l’innovation pédagogique, notamment les projets assez caractéristiques d’emlyon business school que sont les Makers’ Project, l’engagement responsable, la Makers’ Factory et les cours ADN. »
Le deuxième projet : revisiter la structure du programme PGE
L’une des forces d’emlyon est sa capacité à faire cohabiter des profils extrêmement divers […]. Le recrutement d’étudiants AST France en 2020 […] était près de deux fois plus élevé que des écoles concurrentes. Nous souhaitons […] recentrer nos priorités sur la diversité [des profils].
« Mon deuxième projet a été de retravailler l’architecture du programme pour qu’elle soit plus facilement lisible tout en préservant la modularité des parcours. »
Nous le savons, une des forces d’emlyon est son brassage au niveau des profils AST et CPGE qui se côtoient au sein de nombreux cours. Cependant, Sylvie Jean souhaite revisiter cette cohabitation académique tout en conservant cette coloration associative et culturelle propre à emlyon qui renforce finalement notre esprit de promotion.
« L’une des forces d’emlyon est sa capacité à faire cohabiter des profils extrêmement divers dans un rythme de programme différent. Cependant, considérer que les AST et les CPGE sont des «première année» (ndlr. : ce qu’on appelle des pré-master ou pré-ma) administrativement est une erreur puisque les AST n’ont pas les mêmes diplômes à l’entrée et sont intégrés directement en M1, soit la deuxième année du PGE. En termes de temporalité, il s’agit d’une même première année. »
Pour ce qui est des exigences académiques, les AST doivent suivre les mêmes cours ADN que les post-CPGE et les fondamentaux et prérequis au diplôme restent les mêmes. Le tout suivra une temporalité légèrement différente.
Le troisième projet : l’amélioration dans la manière dont le service s’adresse aux étudiants, relative aux choix des cours et plus
« Ma troisième action a été de clarifier le dispositif de choix des cours à la carte. Son essence fait qu’il faut établir des limites et proposer un cadre régulé aux étudiants. L’école propose près de 200 électifs. Cependant, ils ne sont pas tous au même niveau de pré-requis. Les étudiants en deuxième année se précipitent parfois sur des électifs dont le niveau de compétences techniques dépasse largement leurs connaissances et qui demandent à être passé par d’autres cours préambules, de sorte que l’électif leur soit effectivement bénéfique. Nous avons demandé aux professeurs de classifier les électifs par niveau de prérequis. En effet, nous avons travaillé sur la classification des électifs en 3 niveaux : basique, avancé, expert, avec les syllabi correspondant directement consultables au moment des choix et même en amont. Pour moi, ce processus de choix de cours à la carte est le cœur du réacteur et il faut le sublimer. Tout sera formalisé pour faciliter la lecture et la concentration des mêmes informations sur un même espace.
« Nous allons injecter dans le programme d’autres évolutions de choix à la carte, notamment des certificats. Il existe en réalité 3 niveaux de construction de parcours : soit vous choisissez des cours et des certificats à la carte (ndlr : véritables certifications diplômantes déposées au RNCP (le répertoire national des certifications professionnelles), vous composez votre parcours de A à Z ; soit vous choisissez une partie du menu prédéfini i.e. un parcours ADN sur des thématiques stratégiques pour l’école, comme l’entrepreneuriat, l’IA ou encore la RSE et un autre lié à la création d’un centre de recherche en ethnographie sur la science. Il existe également des tracks carrière qui sont associés à des métiers précis, pris en charge par le département accompagnement carrière. Je pense notamment au track conseil en stratégie ou encore en investment banking. »
Au-delà du parcours à la carte d’emlyon business school devenu incontournable, Sylvie Jean a souhaité développer deux nouveaux formats de proposition d’électifs aux étudiants, notamment pour celles et ceux qui souhaitent se spécialiser dans des domaines spécifiques ou acquérir une accréditation sur un thème particulier. Face à la diversité des électifs proposés dès la deuxième année pour les CPGE et dès la première année pour les AST, faire des choix peut s’avérer compliqué. Ces nouveaux formats ont été mis en place pour accompagner les étudiants dans leurs choix de spécialisation et donner de la visibilité également à l’employeur sur les compétences acquises par l’étudiant.
Quid de la rentrée 2021 ?
La rentrée 2021 va être une année de transition [pour l’école]. Nous préparons d’ores et déjà le renouvellement du visa.
Pour ce qui est des nouveautés pour la rentrée 2021, « (…) la rentrée 2021 va être une année de transition. Nous préparons d’ores et déjà le renouvellement du visa. » Les 1A auront des semestres bien plus équilibrés entre les cours ADN qui demandent du temps tels que le PCE (ndlr : projet de création d’entreprise), RECAPSS ou encore Designing with Web qui seront répartis équitablement sur les deux semestres et les autres cours fondamentaux. L’autre changement consiste à mieux communiquer sur les nouvelles possibilités du PGE en termes d’intégration d’une spécialisation dans son parcours. Nous avons évoqué plus haut la mise en place des certificats et des parcours ADN. Les étudiants qui sont actuellement déjà dans le PGE, les 2A, les 3A et les 4A, ne bénéficieront pas de ces changements.
PGE x RSE
La stratégie RSE est au cœur du plan Confluences 2025, et va se décliner en quatre grands axes. Sylvie Jean explique :
« Dès l’année prochaine, nous allons proposer un nouveau cours “Agir pour le climat” qui sera dispensé à la rentrée à tous les étudiants, ex-CPGE et AST. Nous allons également mettre en place un label qui va cartographier tous les cours du PGE en fonction des critères ODD. Cela montrera ainsi aux étudiants les cours qu’il leur restera à choisir pour avoir traité les 17 objectifs de développement durable durant leur scolarité. »
Le PGE et l’intégration de l’IA dans le dispositif
Pour faciliter la prise en main du schéma directeur de l’école, ses différents parcours et autres dispositifs, ce qui est d’autant plus important que le catalogue de cours à la carte proposé par emlyon aux étudiants est immense, l’école souhaite développer des outils digitaux. « emlyon sera bientôt en capacité de proposer des outils qui permettront de tenir compte des compétences déjà acquises par l’étudiant via la recommandation de cours et suivant celles qu’il ou elle souhaite acquérir. »
L’objectif étant d’augmenter l’excellence opérationnelle du service dans la manière de proposer les cours et d’augmenter la visibilité des étudiants sur leur parcours en termes de compétences.
Les changements dans la mobilité internationale
Comme évoqué dans l’interview d’Isabelle Huault dans ce dossier, le plan stratégique va apporter des changements dans la stratégie internationale de l’école : plus de partenaires pour les doubles diplômes et les échanges, l’ouverture d’un campus à Bombay en Inde et, sur le plus long terme, en Amérique du Sud. Sylvie Jean nous apporte également quelques éléments qui vont être modifiés au sein du PGE :
« J’ai constaté qu’aujourd’hui, les étudiants avaient la possibilité de partir en échange en fin de cursus pour la majorité des cas. L’objectif est donc de proposer d’autres périodes de mobilité aux étudiants qui souhaitent partir plus tôt. Cela ne veut pas dire que vous pourrez partir deux fois au cours de votre scolarité à emlyon, mais qu’il y aura plus de périodes aménagées dans le parcours pour partir à l’étranger. »
Apprentissage en 1 an
L’apprentissage s’inscrit dans la stratégie de recrutement d’étudiants boursiers.
« Notre objectif est d’atteindre 30% de boursiers d’ici 2025. De manière générale, l’apprentissage fait partie des efforts des écoles pour recruter plus de boursiers. L’accompagnement financier peut en effet être un élément décisif pour ces derniers. À emlyon, nous devons rattraper un retard concernant les places ouvertes en apprentissage. Nous sommes passés de 60 places l’année dernière à 90 places cette année. L’objectif est d’ouvrir 200 places en apprentissage d’ici 2025. »
Toutefois, l’apprentissage n’attire pas toujours les étudiants dans la mesure où cela les prive des nombreuses opportunités offertes par l’école : partir en échange à l’étranger, s’engager dans un mandat associatif, etc. Sylvie Jean l’a bien compris, et nous explique le dispositif qu’elle a imaginé.
« L’objectif n’est pas que l’apprentissage vous prive des opportunités de l’école et de la liberté que vous procure le Programme Grande Ecole. Vous devez avoir le temps d’expérimenter, à travers des stages à forte valeur ajoutée, de choisir les cours qui vous intéressent, de partir en échange, afin de déterminer la fonction dans laquelle vous avez envie de réaliser votre apprentissage et vérifier ce qui vous plaît. Pour moi, l’apprentissage a toute sa vertu en dernière année, quand vous êtes sûrs de ce que vous souhaitez faire et que vous avez pu profiter pleinement de l’expérience en école de commerce. Il ne s’agira donc pas d’un apprentissage en deux ans, mais de clore votre parcours par une année d’apprentissage. »
L’équilibre CPGE/AST et la question de la diminution des places réservées aux AST
En année de pré-master, l’objectif est d’avoir des étudiants qui viennent exclusivement de classe préparatoire. […] à partir de la deuxième année, ce public post-CPGE sera complété par des AST France et internationaux.
La volonté de diminuer les places réservées aux étudiants AST pour intégrer le PGE n’a pas toujours été bien reçue par les étudiants, qui ne comprennent pas ce choix. Sylvie Jean nous explique alors cette décision :
« Le recrutement d’AST France en 2020 à hauteur de 480 places était près de deux fois plus élevé que des écoles concurrentes. Nous souhaitons donc retrouver un équilibre pour recentrer nos priorités sur la diversité, en recrutant plus de scientifiques, de littéraires, d’historiens, de biologistes, etc. Par ailleurs, notre ambition est d’ouvrir plus de places aux ASTI (étudiants internationaux), ce qui amènera une diversité supplémentaire avec des étudiants de cultures différentes. En première année (ndlr : pré-master (cf. la partie sur le deuxième prioritaire de Sylvie Jean après son entrée en fonction)), l’objectif est d’avoir des étudiants qui viennent exclusivement de classe préparatoire. Ensuite, à partir de la deuxième année, ce public post-CPGE sera complété par des admissions sur titre France et des étudiants internationaux. Nous retrouverons ainsi un équilibre, avec 50% d’étudiants post-CPGE et 50% d’AST, ces derniers étant composés de plus d’internationaux. »
Quid de la sélectivité ? « Évidemment, si moins de places sont ouvertes, la sélectivité sera plus rude : nous allons prioriser les profils qui servent l’objectif de diversité et d’hybridation des savoirs et compétences de l’école ! »
La signature early marker d’emlyon
Pour les étudiants arrivés en 2019 à emlyon, vous avez baigné dans cet écosystème early marker. Sans l’avoir pour autant abandonnée, l’école semble ne plus mettre autant en avant cette signature. On fait le point avec Sylvie Jean :
« early maker est un état d’esprit qui a été érigé en signature de l’école, mais qui est resté trop conceptuel et complexe. Toutefois, la complexité peut aussi devenir une contrainte, et je pense que cela a été le cas avec early marker. Nous l’avons trop décliné : tout était early maker ! Cela partait d’une belle inspiration ; c’était séduisant et rupturiste, mais cela a ensuite été un peu trop marketé. Néanmoins, nous avons choisi de ne pas l’abandonner et de l’assumer, car cela fait partie de l’histoire de l’école. Au départ, les étudiants me disaient que ce concept ne leur parlait pas. Ce n’est qu’au cours de leur cursus qu’ils ont fini par le comprendre. Je n’ai pas été insensible à ces remarques que j’ai entendues de nombreuses fois. Nous voulons lui donner un autre relief, plus compréhensible et plus rassurant. »
La question du classement d’emlyon
Sachez qu’à emlyon, nous avons une vraie force de frappe en termes d’employabilité.
Nombreuses sont les inquiétudes liées au classement de leur école chez les étudiants d’emlyon. Nous souhaitions ainsi connaître la position de Sylvie Jean, qui vient rassurer les étudiants :
« Il faut savoir que nous occupons la 4ème place depuis trois voire quatre décennies. L’année dernière a été une année blanche, pour toutes les écoles, en raison de l’annulation des oraux. En 2019, le duel avec EDHEC a été resserré.
Je pense que le fait de perdre le grade Master pour 5 ans joue dans la balance, et fait perdre des points dans les différents classements nationaux. Début 2020, l’instabilité de la gouvernance de l’école a beaucoup pesé dans l’obtention du visa seulement pour 3 ans. Cependant, je connais très peu d’écoles capables de recruter les trois têtes de la direction en seulement 5 mois ! Je pense que c’est un gage de sécurisation extraordinaire. Depuis la rentrée, nous avons démontré que nous pouvions retrouver cette stabilité.
Pour les étudiants inquiets de la valeur de leur diplôme, sachez qu’à emlyon, nous avons une vraie force de frappe en termes d’employabilité. Pour la cinquième année consécutive, nous sommes à la 2ème place du classement du Times Higher Education ! Sur le classement QS, qui détermine la force de frappe du corps professoral, nous sommes à la 4ème place. Autre indicateur, nous devions passer la barre des 7 000 inscrits au concours, et nous en avons eu 7 200. Toutes les écoles ont baissé, mais à titre d’exemple, nous avons moins baissé que l ‘EDHEC, qui est à – 2,2 points entre 2019 et 2020, quand nous sommes à -1,9 points. Nous avons très bien résisté ! Je pense que nous sommes dans une situation où nous devons revivre l’heure de vérité du SIGEM, avec un décrochage en 2019 et une année blanche en 2020 pour tout le monde. Je le répète, attendons le SIGEM 2021 !
Avec des étudiants aussi incroyables que vous êtes, je suis assez confiante. C’est une différence majeure, qui transcende tout. Je n’ai jamais vu autant d’étudiantes et d’étudiants aussi massivement amoureux de leur école, notamment dans la période de turbulence, et cela continue : c’est extraordinaire. »
Merci à Sylvie Jean pour son temps et ses réponses à nos questions.
RETOUR SUR LE PARCOURS DE SYLVIE JEAN
Docteur en Sciences de Gestion, Sylvie Jean est professeur et chercheur en marketing. Après avoir passé 17 ans à l’EDHEC business school, d’abord en tant que professeur, puis Directrice MSc in Global Business et finalement, Directrice des admissions, elle devient Directrice du Programme Grande Ecole à NEOMA business school en 2017. Son impulsion se résume en plusieurs points : l’intégration de contenus sur les humanités dans la formation initiale, l’évolution du portefeuille de spécialisations en MSc pour accroître la dimension internationale du cursus des étudiants et enfin le développement de nouveaux parcours d’excellence comme “Future in Asia”. En août 2020, elle quitte ce poste pour rejoindre le PGE d’emlyon business school.
Par Carole Zheng et Marie Perney, rédactrices chez Verbat’em