Envie de faire un stage formateur et responsabilisant, qui ne se limite pas à aligner des slides Powerpoint ? L’Armée recrute ! En quête de jeunes cadres, elle a multiplié, pour les étudiants, les possibilités de servir, pour six mois ou un an. Et pour ça, pas forcément besoin d’être un athlète ou de vouloir faire une carrière militaire.
Par Guillaume Balsan,
Apprentissage de la vie en collectivité, du respect de la hiérarchie, du travail en équipe, etc. Nombreux sont ceux qui déplorent la fin du service militaire, y compris au sein de la génération qui ne l’a pas connu. Pourtant, il existe des contrats similaires accessibles aux étudiants des Grandes Écoles : principalement le Partenariat Grandes Ecoles (PGE), de six mois, et le volontariat dans les armées, d’un an. Ces deux contrats permettent d’obtenir le même grade : celui d’Aspirant, c’est-à-dire d’un jeune cadre, un officier en langage militaire.
Le Partenariat Grandes Ecoles (PGE) : un contrat sélectif et opérationnel
L’Armée de terre, qui constitue le gros des effectifs des armées, a institué un partenariat avec les Grandes Écoles dans le but de renforcer le lien armée-nation en permettant aux futurs cadres du pays de posséder une culture militaire. « J’ai adoré le PGE. On trouve difficilement des stages plus enrichissants : on apprend beaucoup sur soi, on est responsabilisé, et surtout on sort de sa bulle d’école de commerce. Si c’était à refaire, je le referais cent fois. En entretien d’embauche, tout le monde m’en parle car c’est une ligne peu commune sur le CV et l’Armée a une bonne image dans la société » témoigne Brieuc, étudiants à HEC (PGE promotion 2021 au 31e régiment du génie).
En quoi cela consiste-t-il ?
Il s’agit d’un stage de six mois, de février à juillet. Cela commence par deux mois de formation initiale à l’école militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC), en Bretagne. Au programme : sport, trois à quatre fois par semaine, marche, bivouac, tir, marche au pas… tous les fondamentaux du militaire. Mais aussi cours de leadership et de commandement, de droit des conflits armés, etc. En tant qu’école d’officiers, l’EMAC ne forme pas que des militaires, elle forme des chefs.
A l’issue des deux mois, le PGE passe un mois en école d’application. Il s’agit d’apprendre les points principaux de l’arme vers laquelle on sera ensuite envoyé : artillerie, infanterie, cavalerie… des savoir-faire spécifiques qui exigent chacun une formation dans une école spécifique.
Après le troisième mois, direction le régiment d’affectation, pour trois mois. A ce stade, l’officier a été formé et il s’agit pour lui de mettre en pratique sa formation. Il sera donc placé à des postes variés et opérationnels : commander une section (trente militaires), dispenser des instructions, par exemple. C’est alors la vie en régiment, rythmée par le collectif et le sport. Pour avoir des missions intéressantes, « il faut être volontaire, tendre l’oreille » ajoute Brieuc.
Quels avantages et inconvénients à ce contrat ?
Les avantages du PGE tiennent principalement à son caractère très varié : deux mois de formation générale, un mois de formation de spécialité, puis trois mois de mise en pratique. Les temps de formation sont nombreux, et la mise en pratique est tout aussi formatrice. En outre, la durée du PGE,de six mois, permet à l’étudiant d’enchaîner sur un deuxième stage dans le civil.
Son défaut tient principalement au fait qu’une fois en régiment, aucun poste n’est attribué : on reste stagiaire, et on n’est là que pour trois mois. Les missions attribuées dépendent du bon vouloir du commandement, même si ce dernier fait toujours en sorte de garder le stagiaire occupé.
Comment être sélectionné ?
Depuis cette année, 60 étudiants issus de Grandes Écoles (contre 30 auparavant) sont sélectionnés chaque année.
La sélection se fait sur dossier, entretien, puis tests physiques. Mieux vaut se préparer au moins six mois en avance pour mettre toutes les chances de son côté : mettre l’accent sur la course à pied, les tractions, pompes et abdos, et la natation. Les résultats physiques seront déterminants pour la sélection. Mieux vaut également bien préparer l’entretien, en travaillant sa connaissance des questions de Défense et de géopolitique. Enfin, il est important d’avoir une certaine appétence pour le commandement et les responsabilités.
Pour plus d’informations : https://www.sengager.fr/partenariat-grandes-ecoles-pge
Le volontaire aspirant dans l’Armée de terre (VADAT) : à mi-chemin entre fonction support et opérationnel
Plus récent et moins connu, le VADAT répond à un autre besoin que le PGE : apporter des compétences à l’Armée pour un besoin spécifique et temporaire. « Être VADAT, c’est la possibilité de voir et faire des choses hors du commun : tirer avec des armes de guerre, voir des chars, visiter les camps de manœuvre des quatre coins de France, éventuellement faire une initiation commando… C’est une année exigeante, dans un milieu unique. Être officier en régiment à 22 ans n’est pas commun » déclare Pierre, élève-officier de l’Armée de terre, VADAT promotion 2020-2021 au régiment d’infanterie et chars de marine.
En quoi cela consiste-t-il ?
Des régiments, états-majors, brigades et divisions de l’Armée de terre ont fréquemment besoin de compétences dont elles ne disposent pas : ressources humaines, rédaction, droit, psychologue, historien… Ces structures font donc appel à un officier pour un an.
Ici, l’officier n’est pas stagiaire mais fait pleinement partie du régiment. Il a un poste attribué, avec des tâches précises. Mais il reste militaire avant tout. A ce titre, il tire, il fait du sport, il participe aux sorties marches, aux bivouacs, aux cérémonies, etc. Que l’on soit combattant ou officier historien, la vie en régiment est intense et mieux vaut bien s’y préparer !
Cependant, si on postule en état-major, en brigade ou en division, la vie sera plutôt celle d’une administration et à ce moment-là, nul besoin d’être un sportif. C’est pourquoi il est conseillé de postuler au titre d’une affectation plutôt que d’un poste : si l’on cherche une expérience militaire à proprement parler, mieux vaut être officier psychologue dans un régiment qu’officier logisticien en état-major. Et ce, même si l’on est plus intéressé par la logistique que par la psychologie. Le critère qui prévaut est celui de la structure que l’on va rejoindre, plus que du poste que l’on va occuper. Une fois sur place, un officier peut avoir des tâches très variées, qui pour certaines ne correspondent pas à son poste.
Quels avantages et inconvénients à ce contrat ?
Les avantages du VADAT tiennent à sa durée : une année entière, c’est une vraie expérience dans l’Armée. On arrive en juillet comme tous les nouveaux arrivants au régiment, on repart en juillet de l’année N+1 comme les partants. Par ailleurs, le fait de faire partie du commandement d’un régiment, plutôt que d’y être stagiaire pour le PGE, donne facilement accès à l’information et aux responsabilités.
L’inconvénient de ce contrat tient à la courte durée de la formation : 3 semaines de formation initiale à Coëtquidan, en comparaison des 3 mois du PGE, font que l’on n’arrive pas aussi bien formé en régiment qu’un PGE. Cela tient au fait que l’on est à l’origine plus attendu sur la spécialité au titre de laquelle on a été recruté, qu’à nos compétences militaires. Mais sur ce dernier point, il y aura tout le temps de progresser en régiment !
Comment être sélectionné ?
La sélection s’opère sur CV + Lettre de motivation. S’ensuivent 3 jours au centre de recrutement le plus proche de votre domicile pour passer des tests physiques, psychotechniques et médicaux. Mais ces tests n’ont pour vocation que de vérifier qu’il n’y a aucune contre-indication majeure (médicale ou psychologique) à votre engagement. Contrairement au PGE, pas besoin d’enchaîner quinze tractions, vous avez déjà été présélectionné à l’étape CV + lettre de motivation.
Pour en savoir plus, consultez la brochure des VADAT via le lien suivant : https://www.sengager.fr/sites/sengager/files/2021-12/2_catalogue_des_offres_2022.pdf
PGE ou VADAT, l’armée vous loge, nourrit et paye : entre 900€ et 1400€ par mois en incluant les primes, de quoi mettre une belle somme de côté tant les dépenses sont faibles. Et avec les -75% liés au tarif militaire, autant en profiter pour voyager !
Le passage dans l’armée est une expérience riche humainement et très formatrice. Que l’on s’oriente ou non vers une carrière militaire, ce sera valorisé sur un CV. Et cela pourra constituer une bonne première étape pour devenir officier de réserve !