Par Pauline Sicsik
Nous utilisons des appareils électroniques tous les jours. Mais combien d’entre nous savent que nos activités numériques sont responsables de 4% des émissions de GES mondiales ? Peut-on envisager une utilisation responsable du numérique ? Nous avons interrogé Romain Willmann, consultant en sécurité chez IBM et formateur à emlyon business school sur les problématiques liées à la transformation digitale. Diplômé du programme grande école et du parcours droit d’emlyon business school en 2018, et membre du mandat 2017 Plug’n’Play, il y dispense désormais le cours « Être acteur de la transformation digitale ». Il a répondu à nos questions concernant le Green IT.
Qu’est-ce que le « Green IT » ?
Il n’y a pas une définition du Green IT. Le principe de base est que toute activité humaine, dont l’activité numérique, consomme des ressources naturelles et a un impact sur l’environnement. Lorsque l’informatique est apparue dans les années 1940/1950, ce n’était pas une discipline particulièrement polluante. Mais à partir des années 2000, une réflexion a émergé autour du caractère durable de l’informatique. Le terme utilisé pour la désigner est « informatique durable » en français, ou encore « Green IT » en anglais. La grande idée est de penser à l’impact écologique de l’informatique et la consommation de ressources sur les trois temps de l’unité technologique :
- l’amont : activités de fabrications du matériel informatique, conception de logiciels ;
- l’aval : usage du matériel informatique et des logiciels (par exemple : regarder un DVD consomme-t-il plus ou moins de ressources que regarder un film sur Netflix ?) ;
- gestion de l’après-vie : que fait-on de son matériel informatique lorsqu’on décide de ne plus l’utiliser ?
Le Green IT est aussi une initiative portée par un certain nombre d’entreprises du numérique qui est apparu en 2004. [ndla : pour en savoir plus : https://www.greenit.fr/]
Comment mesure-t-on la pollution numérique ?
Il n’y pas de difficultés méthodologiques particulières à ce niveau-là : comme pour n’importe quelle industrie, on peut mesurer l’empreinte écologique du numérique au niveau des ressources consommées (l’énergie, l’eau…) et des déchets produits (déchets toxiques, GES).
Les gens sont-ils conscients de la pollution numérique qu’ils émettent ?
D’une part, il y a énormément de lieux communs sur l’impact écologique de l’informatique qui sont en fait éloignés de la réalité. Par exemple, beaucoup de gens pensent que les principales sources de pollution dans l’industrie sont les datacenters, alors que c’est précisément la partie de l’informatique la plus optimisée comparée à d’autres gouffres, comme par exemple les box internet. Les entreprises technologiques sont également habiles sur le discours : les gens auront tendance à dire qu’une entreprise qui pollue, c’est par exemple Total, et non pas Netflix, alors que Netflix représente 30% du trafic internet mondial aux heures de pointe, et peut représenter jusqu’à 30% de la consommation électrique des ménages ! Il n’y a pas non plus de lobby pour dire « on va arrêter de consommer », et donc peu de remontée au niveau des consommateurs comme étant une préoccupation énorme.
Par exemple, la réflexion sur l’après-vie du matériel informatique ne fait qu’émerger : quand ton ordinateur tombe en panne, on ne se dit pas qu’on va le réparer soi-même, alors que ce sont des objets qui sont quand même relativement réparables.
Il ne faut pas être absolu non plus : il y a des mouvements qui émergent. Mais si l’on veut mener une vraie réflexion écologique, il faut réfléchir sur la posture et sur la démarche : les consommateurs sont-ils prêts à entendre qu’il faut revenir à d’autres usages, et sont-ils prêts à le faire ? C’est la question du : est-ce qu’on préfère dénoncer le réchauffement climatique en postant des photos sur Instagram, ou bien agir vraiment en utilisant un téléphone analogique ? Quand on entend que les millenials s’engagent aux côtés de Greta Thunberg mais que, de l’autre côté, ils tweetent et postent des photos sur Instagram, on se dit que si l’on veut être cohérent, c’est ce qu’il ne faut pas faire. Et ne pas mener de réflexion sur notre consommation d’énergie quand on tweet ou qu’on publie des photos sur Instagram, c’est passer à côté d’un gros morceau du sujet.
Quelles sont les sources de pollution au moment de la fabrication du produit ?
On peut mesurer l’impact écologique d’un produit par quatre éléments : la consommation d’énergie au sens large, la consommation d’eau, la consommation des ressources et l’émission de gaz à effet de serre. La fabrication est l’étape qui a le plus fort impact écologique de la vie d’un appareil électronique, car elle représente 97% des ressources non renouvelables consommées (terres rares, lithium, cobalt, or…), 61% de la consommation en eau et 54% de l’émission de GES. Lorsque l’appareil fonctionne, il consomme principalement de l’énergie. Pour fabriquer un ordinateur de 24kg, il faut 22k de produits chimiques dont certains toxiques, 240kg de combustibles, et 1,5 tonnes d’eau. A poids égal, la consommation de ressource pour fabriquer un ordinateur est à peu près 10 fois supérieure à celle de n’importe quel autre produit de grande consommation.
L’éclatement de la chaîne de production joue également mais dans une moindre mesure car, globalement, la majorité des équipement électroniques sont produits en Chine. En revanche, l’acheminement du produit jusqu’au consommateur consomme effectivement des ressources.
Parlons à présent de l’aval, et en particulier de la durée de vie des appareils et de la conception des logiciels. On parle beaucoup de l’obsolescence programmée mais est-ce une réalité ?
Dans l’utilisation du produit, il faut distinguer le monde professionnel et le grand public. L’obsolescence programmée est une problématique qui a été identifiée en tant que telle plutôt du côté des particuliers. Un serveur dans un datacenter peut vivre au moins cinq ans ! Cela semble étrange que les entreprises ne soient pas touchées par ce phénomène, ou en tout cas qu’elles en parlent peu. On aurait donc d’un côté le grand public, touché par l’obsolescence programmée, et du monde professionnel, qui ne le serait pas.
Un disque dur en tant que tel peut vivre jusqu’à quinze ans, pareil pour une RAM : les composants les plus utilisés ne sont pas touchés par l’obsolescence programmée ! Le sujet est donc plus complexe qu’il n’y paraît : l’obsolescence programmée est une réalité, mais elle trouve écho dans les usages des consommateurs car, plus un équipement est durable, moins il attire de personnes. Le Dell Vostro par exemple, est très modulaire et peut durer longtemps. Pourtant, un des ordinateurs les plus vendus est le Mac, où tous les éléments sont soudés et collés. On ne peut pas dire qu’il est impossible d’échapper à l’obsolescence programmée car il existe des alternatives efficaces, mais peu populaires. Encore une fois, il s’agit de ce que les gens sont réellement prêts à faire.
Est-ce qu’il y a également un effet marketing qui pousse à la surconsommation des appareils électroniques, comme les téléphones portables ?
Quelque chose d’amusant à noter c’est que la plupart du temps, ce qui est mis en avant dans les publicités, ce sont des performances dont la majorité des gens n’ont pas réellement d’utilité : avoir huit cœurs et un processeur de trois gigas ne sert pas à grand-chose si ce n’est à vider la batterie. En revanche, très peu de marques mettent en avant dans leur la modularité des téléphones. Seul Google l’a fait avec le Fairphone, qui n’a pas rencontré un grand succès. C’est aussi dû au fait que le consommateur ne remonte pas de telles revendications aux entreprises, et les entreprises évidemment jouent là-dessus : s’il n’y a pas de demande pour un téléphone modulaire, alors il n’y aura pas de production délibérée de téléphones qui dureraient plus longtemps, ce qui réduirait le nombre de ventes.
Qu’en est-il des logiciels ?
L’optimisation des logiciels est un aspect souvent oublié dans le Green IT. Plus un logiciel est optimisé, plus il va être efficient, en termes de RAM, d’entrées et de sorties sur les disques, et donc en consommation d’énergie.
Du point de vue de l’utilisation, on tolère des logiciels lourds et polluants, qui pourraient parfois être plus légers : l’utilisateur lambda sur Word utilise moins de 10 fonctions alors que le logiciel en offre plus de 200 ! Un des logiciels d’exploitation les plus écologiques est Linux, qui fait tourner la casi totalité des systèmes informatiques des entreprises, et une grosse partie des téléphones Android. Linux n’a pas d’interface graphique, est très efficient en termes de ressources, tourne encore sur les ordinateurs d’il y a 10 ans. Tout le monde pourrait l’utiliser mais encore une fois, c’est une question de choix : si l’on a vraiment une réflexion et une démarche d’écologie numérique, il y a un monde très mature qui s’offre à nous. Mais est-on prêt à laisser tomber le confort de Word pour l’éditeur de texte VI de Linux qui nécessite presque un mode emploi ?
Il faut aussi comprendre que dans l’industrie de l’informatique, on a eu l’essor de pratiques types méthodologies agiles, recours à la sous-traitance, qui ont éclaté entre des acteurs multiples la rédaction de logiciels. Au bout du compte, on se retrouve avec un logiciel écrit par quinze personnes différentes dans quinze endroits différents, sans forcément de vision globale, donc plus complexe et peu optimisé. Par exemple, Microsoft a une équipe qui travaille en interne sur le navigateur Edge. Lorsqu’ils ont mis en place leur outil Teams, ils se sont basés sur le navigateur Chromium. Quand on installe Teams sur Windows, on donc est obligé d’installer Chromium, alors qu’ils auraient pu utiliser leur navigateur Edge, déjà installé sur tous les ordinateurs Windows. La division des tâches, l’interopérabilité, et la cadence rapide imposée par l’évolution du monde du numérique qui oblige les entreprises du numérique à aller vite (et les priorités ne sont pas forcément mises sur le maintien d’ancien logiciels) ont tendance à créer des inefficiences au niveau des logiciels.
Mais ses inefficiences ont aussi une incidence sur la consommation en euros, et en particulier lorsqu’on utilise des infrastructures type cloud, où l’on paye à l’usage. On peut penser que, lorsque les entreprises se rendront compte de ce que leur usage du cloud leur a coûté, elles feront plus d’efforts sur l’optimisation des logiciels. Linkedin par exemple, a changé d’infrastructure web et a pu passer de 200 serveurs à 4 serveurs.
Lorsque le produit arrive en fin de vie, comment peut-on le valoriser en le recyclant ?
Si on rentre dans une démarche de recyclage, c’est déjà trop tard car on fait appel à une autre industrie qui va détruire ton appareil et récupérer les métaux qu’il y a dedans. Une voie plus intéressante c’est la réparation. Le marché de la pièce détachée est assez développé, et il existe des plateformes type Backmarket où il est possible d’acheter des composants de seconde main.
Pouvons-nous envisager de former massivement les consommateurs à allonger eux-mêmes la durée de vie de leurs appareils électroniques ?
On peut déjà commencer par informer les gens et les sensibiliser à ce genre de choses. Comme beaucoup de choses, c’est une question d’approche et de manière de penser. En Suisse, garçons et filles apprennent à coudre dès l’école primaire, car ce sont des compétences jugées utiles pour rendre les citoyens autonomes. On pourrait imaginer de la même façon des cours de réparation d’ordinateurs. Mais en pratique, on n’a pas le temps pour former tout le monde à tout. Il y a des gens qui se sont formés eux-mêmes et qui le font très bien : pour réparer un ordinateur, à part une boîte de tournevis pour l’électronique, on n’a pas besoin de grand-chose.
Donc d’un point de vue technique, oui, on pourrait former les gens : on a toutes les ressources sur internet. Mais d’un point de vue éthique, c’est plus compliqué de dire de qui c’est le rôle.
Il faut quand même rajouter un bémol : tous les équipements ne sont pas forcément réparables. Dans une perspective de responsabilisation des individus, on peut se demander : pourquoi achète-t-on des téléphones qui ne se réparent pas ? L’information, c’est aussi une démarche du consommateur en amont : comment et pourquoi le consommateur fait-il tel ou tel choix ? Dans la perspective des fabricants, la non-réparabilité des appareils est aussi un avantage technologique. Si les Mac sont aussi fins aujourd’hui, c’est principalement parce que les batteries sont soudées. Lorsqu’on fait des batteries qui peuvent être extraites, on est obligé d’organiser l’espace différemment et in fine d’augmenter un peu la taille de l’appareil. On parle beaucoup des téléphones pliants qui vont bientôt arriver sur le marché : pour y parvenir, il faut arriver à rapprocher le plus les matériaux entre eux et a priori, on va se retrouver avec des téléphones impossibles à réparer.
Retour à l’utilisation que nous faisons des appareils. Aux extrémités de la chaîne, il y a les datacenters, et nous, les utilisateurs. On a l’impression que les datacenters polluent énormément (brassage de données, consommation d’électricité, systèmes de refroidissement…). Qu’en est-il réellement ?
Un datacenter est un lieu où il n’y pas d’humain, qui a été totalement pensé pour la machine et qui est donc totalement optimisé pour la machine. Lorsqu’un technicien descend, il n’y a pas d’éclairage. Il n’y a pas non plus de climatisation, seulement les systèmes de refroidissement des machines.
Ce sont des lieux dans lesquels la disponibilité des équipements, c’est-à-dire le fait de les faire tourner en permanence, est l’enjeu principal, car c’est ce qui fait la rentabilité du datacenter. Les entreprises qui gèrent les datacenters se sont donc posé ces questions dès le début : comment faire rentrer le plus de serveurs ? Comment consommer le moins d’électricité ? Il y a par exemple des logiciels qui permettent d’évaluer la manière dont sort la chaleur d’un ordinateur afin de le refroidir précisément où il est le plus chaud. La plupart des datacenters sont également situés en Islande et en Norvège, qui bénéficient de la géothermie et où donc l’électricité est non seulement quasiment gratuite, mais aussi renouvelable.
La partie compliquée, c’est que le bout de la chaîne, c’est-à-dire les utilisateurs, qui consomment le plus. Pour remédier à cela, les entreprises ont recours à l’edge computing, qui consiste à rapprocher les datacenters des utilisateurs. Beaucoup de datacenters sont en train d’être construits en région parisienne, pour répondre aux demandes des gens : l’idée est de mettre au plus près des utilisateurs ce qu’ils consomment. C’est par exemple pour cette raison que les catalogues français et américain de Netflix sont différents : quand en France on regarde un film sur Netflix, le film n’est pas téléchargé à partir des datacenters de Netflix aux Etats-Unis, mais à partir des datacenters les plus proches de chez nous. Afin de ne déployer sur ces datacenters que le strict nécessaire et éviter de saturer l’espace sur ces datacenters, Netflix a fait des calculs sur ce que les gens regardaient le plus par pays. La logique d’être au plus près des utilisateurs implique de personnaliser à l’extrême ce qu’on met sur les datacenters pour réduire les coûts.
Cette logique n’est pas nouvelle : dès les débuts d’internet, les entreprises du numérique ont réfléchi à comment réduire les distances parcourues pour deux raisons. La première est la satisfaction des utilisateurs. Les données sont transmises en grande partie via des câbles sous-marins, et le temps nécessaire pour parcourir le câble se ressent (différences de débit par exemple). Plus le contenu est loin des utilisateurs, plus l’expérience utilisateur va être impactée. Quand on joue à World of Warcraft, on ne peut pas avoir deux millisecondes à chaque fois qu’on fait une action, ça rendrait les jeux en ligne inutilisable. La deuxième, est que plus on passe du temps sur un transit, plus on fait d’interconnexions, plus on va payer de redevances aux personnes qui possèdent les réseaux.
Les datacenters consomment évidemment énormément, car ce sont des infrastructures énormes, mais ils sont très efficients. S’il y a de l’optimisation à faire quelque part, c’est du côté des utilisateurs.
Quelles sont les types de pollution émises par l’utilisateur final ?
A l’usage, c’est principalement de l’électricité qui est utilisée, et il y a une grande marge d’optimisation. Globalement, plus on réduit son temps sur un écran, moins on laisse ses équipements allumés, plus on réduit son emprunte carbone. Assez simplement, on peut couper son téléphone la nuit ou encore débrancher sa box quand on part en vacances. Une box laissée en veille, en un an, consomme un mois d’électricité, c’est-à-dire une trentaine d’euros. La 4G est par exemple une des pires choses qu’on peut avoir en termes de consommation d’électricité, car elle repose sur des fréquences qui sont beaucoup plus énergivores que le wifi, et la 5G sera encore pire. Donc quand on est chez soi, autant se connecter sur le wifi, qui consomme beaucoup moins. Ce sont des gestes qui parlent au consommateur car ils reposent sur des histoires de consommation électrique.
Il y a une asymétrie entre envoyer versus recevoir des données. Mettre en ligne des données ou envoyer des données ne consomme pas beaucoup. En revanche télécharger des données, oui. Tout ce qui est lié à du téléchargement consomme énormément de ressources.
Un exemple marquant, et très contre-intuitif, est qu’il est plus écologique de fabriquer un DVD et de l’envoyer à la personne qui va le regarder que de le télécharger. Un autre exemple est qu’il est plus écologique d’imprimer tous ses mails que de les laisser stockés sur son serveur mail. Lorsqu’on imprime un papier, il y a un effort de ressource à l’instant t, la feuille, et c’est tout. Au contraire, tous les mails ou messages d’une messagerie sont enregistrés, c’est ce qui nous permet de pouvoir continuer à les consulter même une fois ouverts. Cela signifie que, quelque part, il y a des serveurs sur lesquels mails et messages sont stockés, et qui vont consommer du courant jusqu’à ce qu’ils soient supprimés.
La pollution numérique va-t-elle significativement augmenter à cause du confinement, au point de contrebalancer les effets positifs observés sur l’environnement jusque-là ?
Il y a deux façons d’envisager les choses. La première est la façon statique : ça versus ça, qu’est-ce qui pollue le plus ? La deuxième est la façon dynamique, qui est celle du monde dans lequel on vit. Les effets dynamiques sont très difficiles à évaluer, car il s’agit d’évaluer l’impact total de ce comportement s’il était généralisé. Un changement implique des tas d’autres changements, et on ne peut pas tous les mesurer. Quel serait l’impact final sur l’écologie si tout le monde se mettait à télétravailler ? Très difficile à dire, car c’est un ensemble d’usages et de pratiques qui changerait.
Les nouvelles façons de travailler et les nouveaux environnements de travail ont-ils plutôt tendance à réduire ou à augmenter la pollution numérique, ou au contraire s’agit-il d’un fonctionnement dynamique difficile à évaluer ?
Plutôt la deuxième option. Mais il y a une autre réflexion intéressante à avoir, qui celle de l’humain, et en particulier des inégalités. Les travails qui se prêtent le plus au télétravail ne sont pas la majorité des travails, et se sont généralement des travails relativement qualifiés, avec des personnes qui ont un bon niveau d’équipement. Est-ce qu’il est souhaitable que tout le monde passe en télétravail ? Je ne sais pas, car cela pourrait creuser les inégalités. Qu’est-ce que la fonction sociale de l’entreprise va devenir si chacun travaille de son côté ? Certes, on va économiser en transports, en gaz à effet de serre si on utilise la voiture individuelle, donc ça pourrait avoir du sens écologiquement, mais la question est quel type de société ça va créer. Ce sont les mêmes questions qui se posent avec l’uberisation du travail, par exemple. La démarche G ce n’est pas que de l’écologie au sens économique du terme, ce qu’on consomme ou ce qu’on produit. Tout l’aspect social et humain est à prendre en compte. Une question qui se posera sûrement dans très peu de temps par exemple, c’est le creusement des inégalités dû au télétravail. C’est ce qu’on voit déjà un peu avec l’école à distance : 8% des étudiants sont injoignables, probablement dans les milieux où il n’y pas internet ou pas suffisamment d’équipement. Faire du télétravail suppose d’être suffisamment autonome et suffisamment équipé. Il y aura ceux qui seront bons en télétravail parce qu’ils ont un environnement adéquat, et les autres qui seront désavantagés.
Le Green IT est-il désormais un enjeu de la transformation digitale des entreprises ? Ou la discipline n’est-elle pas encore complètement prise en compte dans la stratégie des entreprises ?
Les entreprises s’y intéressent pour diverses raisons. D’un côté il y a les entreprises informatiques qui sont plus matures sur le sujet, car c’est leur cœur de métier et un enjeu économique. De l’autre côté, il y a des entreprises qui se posent des vraies questions sur l’usage des ressources, en particulier avec les démarches ESG : mais ça dépend des secteurs, ça dépend des objectifs. Les entreprises de la tech se sont posées des questions que les autres ne se sont pas posées, mais est-ce que ces questions s’inscrivent dans une démarche écologique, c’est dur à dire.
Quel est le coût (financier ou non) du verdissement de l’environnement numérique pour les entreprises ?
Tout changement a un coût, mais dans quelle mesure il est quantifié, c’est dur à dire.
Comment se situent les entreprises françaises par rapport au green IT ?
Il n’y a pas particulièrement de spécificité française, nous sommes des élèves normaux qui suivons les tendances.