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L’expérience Raid Hannibal

Après deux mois et demi de confinement, deux mois et demi d’entraînement intense, une recherche d’équipe désespérée et 200 euros de courses dépensés frénétiquement en matériel de trail : le Raid Hannibal commence.

Nous sommes le 27 août 2020, place Bellecour, à 3 heures du matin, en tenue de course, sac sur le dos et valise en main. Les participants à moitié réveillés tournent autour des cars qui les mèneront dans les Alpes, cherchant leur place et leur équipe.

Mon équipe, les MalbaRaid, était un petit groupe composé de 4 étudiants d’emlyon qui ne se connaissaient pas. Nous nous étions réunis car nous voulions absolument participer à cet event, même sans nos amis qui avaient abandonné l’idée de le faire après le report imposé par le covid. Alors nous avons été mis ensemble, un peu par défaut. Le jour J nous nous rencontrions enfin, pour le début d’un Raid un peu particulier.

Parce que oui, même si nous ne l’avons jamais fait auparavant, on sent bien que cette édition du Raid est spéciale. Masque sur le nez et gel hydroalcoolique en main, tout est fait pour éviter les contacts en dehors de son équipe. Les membres du Raid expliquent rapidement le travail monstrueux qu’ils ont dû faire pour maintenir cet event ; et cela implique toute une liste de mesures de précautions  « Covid-friendly »: c’est le prérequis au maintien de l’événement. Nous râlons donc peu et nous nous y soumettons . Dès ce moment, et jusqu’au dernier jour, une marée de pulls bleu des Raideux tourbillonne tout autour de nous. Toute l’asso court à droite et à gauche pour que les besoins des coureurs soient satisfaits, le tout dans une organisation (presque) sans faille. Nous ne le dirons pas assez : le Raid Hannibal a réalisé un travail énorme. Logistique, transports, repas, logements, balisage et repérage des courses, tout le monde a été bluffé par leur efficacité.

C’est donc le jour 1. Une fois les bagages chargés et les coéquipiers retrouvés, tout ce beau monde embarque dans le car et somnole jusqu’à l’arrivée à Beaufort, le village de départ. Dès la descente du bus, les coureurs petit-déjeunent, discutent et se préparent. Nous assistons au discours du président de l’association, et c’est le grand départ : bâtons télescopiques en main et camelback (sac-gourde) sur le dos, on court, on chante et on crie; quelqu’un met de la musique sur une enceinte. Les bourrins partent devant en trombe, les autres trouvent leur rythme. Puis l’euphorie laisse place à l’endorphine : chacun se concentre sur l’effort et sur l’état de ses coéquipiers.

Et ce pendant quatre jours. Chaque jour, deux à trois épreuves de course ou de vélo nous emmènent aux plus beaux endroits de Savoie. Nous alternons entre émerveillement pour le paysage qui nous entoure et concentration sur l’épreuve que nous sommes en train de vivre. Les trajets sont jalonnés par les staffeurs nous indiquant la voie ; Déclic et L2M immortalisant les plus beaux moments (j’attends les photos et vidéos avec impatience) et, surtout, les troupes de ravitaillements offrant nourriture et boissons aux plus fatigués d’entre nous. Entre chaque épreuve, une pause pour déjeuner, se reposer, et décider quels membres de l’équipe participeront à l’épreuve suivante, avant de recommencer.

A mesure que les jours passent, la difficulté augmente. La fatigue se fait sentir, les courbatures tapent, les blessures commencent à apparaître (tous les membres de mon équipe, moi compris, ont fini plus ou moins blessés à la fin du dernier jour) ; alors, c’est direction la Croix-Rouge Française, les kinés, et les ostéos pour s’occuper des bobos, avant les repas préparés par ces diables de troubadours (nos cuisiniers pleins de talent). Autre grosse difficulté : la pluie. En effet, les 3 derniers jours, manque de bol (d’air haha), il pleut en permanence. Cela fait des souvenirs mémorables, comme la descente à vélo toute blinde sous la pluie qui nous fouette le visage, la forêt embrumée à la fin d’une épreuve du troisième jour, ou la descente en glissade de gadoue pendant l’épreuve nocturne. Mais il y a eu aussi d’autres moments moins fun, comme la montée difficile de la tente sous la pluie battante le deuxième soir, ou la file d’attente sans fin pour la douche tiède.

On est heureusement à l’abri le dernier soir. Le mandat du Raid, jamais en manque d’imagination, a fait dormir tout le monde dans un gymnase pour pallier au problème de la pluie. Le tout en faisant respecter à la lettre les mesures de précaution au Covid-19 : chaque équipe dormant dans un carré désigné. Chacun se prélasse sur son matelas pendant que retentissent, sous le toit, des playlists de SAT, des instructions d’un professeur de Pilate improvisé ou encore les chants basques d’une équipe patriote (big up les “MagRaid Canards 2”).

Enfin, arrive le dernier jour. On franchit la ligne d’arrivée en criant de joie; tout le monde profite enfin des bières dont on avait été si longtemps privés pendant l’entraînement, accompagnés d’un tajine. Bref, nous célébrons la fin d’un trail aussi épuisant que mémorable avec notre équipe et nous assistons à la remise des prix et au remerciement des Raideux. Certains promettent de revenir pour faire mieux l’année prochaine, tandis que d’autres comme moi se satisfont de l’avoir déjà fini une fois.

Les bus nous ramènent à Lyon, les équipes se séparent peu à peu après un dernier au revoir et chacun marche, difficilement, vers son chez-soi, les étoiles dans les yeux et une tendinite au pied.

MERCI LE RAID HANNIBAL ❤️

Par Antoine Bellivier