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INSIDE DRESS CODE : 5 directrices artistiques qui ont brisé les codes de la mode

Épisode 1

Elsa Schiaparelli

Elsa Schiaparelli fut une garçonne, une femme libérée, une féministe avant que tous ces mots soient à la mode. Née à Rome en 1890, elle était une femme à la fois pleine d’énergie et peu sympathique, paraît-il, mais sur tous points, fascinante. 

À trente ans, abandonnée par un mari volage, elle se retrouve sans le sou à New York, seule avec sa fille malade. Elle se fait alors la promesse de ne plus jamais dépendre d’un homme et rentre en Europe. 

C’est en 1927 qu’Elsa décide de se lancer dans la mode, sans savoir ni coudre ni dessiner. De fil en aiguille, l’audacieuse ouvre enfin sa première boutique parisienne en 1935. 

« Elle a giflé Paris, elle l’a ensorcelé, et en retour Paris est tombé follement amoureux d’elle », résumera bien plus tard l’admiratif Yves Saint Laurent. 

Elsa Schiaparelli a été la créatrice vedette des Années folles. Son imagination débordante s’épanouissait dans les propositions les plus excentriques, du chapeau-soulier fabriqué avec Dalí à la robe homard évoquant la sexualité féminine. 

Elsa avait un talent particulier pour habiller les femmes de tempérament, à la féminité assumée. Loin des conventions bourgeoises de l’époque, Elsa a fait entrer l’art et la fantaisie la plus débridée en Haute Couture. Très peu effrayée par le loufoque, brisant tous les codes vestimentaires de l’époque, elle a introduit la jupe-culotte dans la garde-robe féminine et le tweed, initialement matière typique de la garde-robe du gentleman, pour les tenues du soir des femmes. 

Fortes de l’héritage de la couturière, les collections de la Maison Schiaparelli détournent encore aujourd’hui les clichés associés au genre, questionnent le rapport au corps dans la mode et continuent de bouleverser les standards imposés aux femmes en remplissant une mission : leur donner du pouvoir.

Épisode 2

Mary Quant

La créatrice Mary Quant fut une figure mythique du Swinging London dans les années 1960 et a participé au développement d’une approche plus démocratique de la mode.

En 1955, elle lance avec son mari sa première boutique de vêtements, Bazaar, dans le quartier de Chelsea, alors en pleine ébullition. Cependant, ne se voyant pas les porter, elle se met ensuite à en confectionner elle-même. Et ce fut un grand succès ! Et attire des célébrités comme Brigitte Bardot, Audrey Hepburn, les Beatles et les Rolling Stones. 

Elle déclare “le bon goût est la mort, la vulgarité est la vie”. Quant a relevé l’ourlet bien au-dessus du genou, créant des robes et des jupes courtes aux formes simples et aux couleurs fortes qu’elle a décrites comme “arrogantes, agressives et sexy”. 

Son influence et sa personnalité permettent de démocratiser la mini-jupe dans le monde entier : elle en crée, en porte et des photographies d’elle font le tour du monde. 

On dit qu’elle était intrépide et pouvait faire les gros titres, en parlant de façon provocante de sexualité et de sa vie privée.  Cette audace se retrouve également dans ses vêtements, considérés comme assez scandaleux à l’époque. On se souvient d’ailleurs du scandale ayant fait la Une des journaux quand elle a dit qu’elle avait rasé ses poils pubiens en forme de cœur et les avait teints en vert. 

La personnalité et le style si reconnaissable de Mary Quant, avec sa fameuse frange brune sculptée par Vidal Sassoon, ont contribué à faire d’elle “la créatrice de mode la plus célèbre de ce pays”.

Épisode 3

Vivienne Westwood

Vivienne Westwood est LA figure britannique de la mode. Elle est le symbole de la mode anglaise, du mouvement punk et de la mode engagée. 

Née en 1941 dans une famille modeste, elle devient d’abord institutrice avant de s’intéresser à la mode. 

L’année 1976 marque vraiment le début de sa carrière dans la mode. Elle ouvrira d’abord une boutique au 430 Kings Road à Londres avec son compagnon de l’époque, Malcom McLaren, qui est aussi le manager des Sex Pistols et personnage emblématique du mouvement punk. La boutique changera de nom au gré de l’évolution des idées et des inspirations de Vivienne Westwood. 

Elle est la pionnière du style punk. Elle puise son inspiration dans la rébellion et ça se voit. Ses premières créations seront des t-shirts aux motifs provocateurs, elle s’intéressera aussi au cuir, au zip et tout l’univers des bikers. Les créations de Vivienne Westwood marquent son vif intérêt pour le rock et la culture urbaine de son époque.

Dans les années 90, elle commence à faire de ses tenues une parodie de la bourgeoisie. Elle veut, par ses créations, se moquer de la noblesse. 

Ses collections les plus emblématiques sont probablement celles qui mêlent art et mode en s’inspirant de la peinture et des arts décoratifs français du XVIIIe siècle pour faire passer le vêtement à l’objet d’art.

Elle a fortement contribué à apporter du sexe et de la décadence dans le monde rangé de la haute couture. Sans filtre et sans barrière, ses créations l’aident à faire passer des messages politiques. 

On résume aujourd’hui son style avec le terme « glam rock rebelle », un terme qui la représente plutôt bien au regard de la diversité de ses créations. Elle partage son surnom avec Jean Paul Gaultier comme l’enfant terrible de la mode

Très engagée, elle est l’une des premières à avoir refusé de travailler avec de la vraie fourrure. Ses idées anarchistes se sont atténuées au fil des années. Elle ne se reconnaissait plus dans le mouvement et elle a donc choisi de mettre sa fougue au service de l’environnement en changeant les slogans Fuck et Chaos par «  Climat Revolution » ou « I am not a terrorist » en référence au mal que fait l’être humain à la planète. Elle travaille actuellement sur une campagne de sensibilisation à la fonte des glaces « Save the Artic ».

En définitive, Vivienne Westwood est une figure emblématique de la mode par sa créativité et surtout son engagement politique et environnemental.

Épisode 4

Stella McCartney

Dès la première collection de Stella McCartney dans les années 90, son style unique se distingue par la qualité de ses coupes et par l’assurance naturelle de ses tenues, empreintes d’une féminité sensuelle. En 1997, après seulement deux collections, elle est nommée directrice de création chez Chloé à Paris, où elle connaîtra un immense succès, bien qu’au départ elle fut critiquée par Karl Lagerfeld lui-même, considérant qu’elle avait obtenu sa place uniquement grâce à son nom célèbre. 

En 2001, elle crée sa propre marque. Son engagement en faveur du développement durable se ressent dans toutes ses collections. Dès le début, elle n’utilise ni fourrure, ni cuir. Avant-gardiste de la mode durable, Stella McCartney a été sujet à des polémiques à ses débuts, désignée comme « la tarée de la nature, […] une cinglée écolo, […] une marginale », mais elle est parvenue à faire avancer ses idées. La preuve est là : la première fashion week vegan a été organisée en 2019 à Los Angeles. Stella a bien sûr répondu présente. Au-delà de l’engagement responsable, les collections de Stella mélangent les genres jusque sur le podium, présentant des défilés mixtes. Largement influencée par le style de ses parents qui n’hésitaient pas à partager leurs garde-robes, Stella lance sa marque en créant la veste boyfriend. 

Elle habille les athlètes britanniques à l’occasion des jeux olympiques de 2012, lui offrant ainsi une opportunité supplémentaire de confondre les genres et d’introduire le sportswear dans la mode féminine. Elle déclare elle-même : “ce penchant pour les oppositions, c’est le trait récurrent de ma mode”.

Épisode 5

Maria Grazia Chiuri

Née en 1964, Maria Grazia Chiuri est la première femme à présider la direction créative de la Maison Dior. 

Sous sa direction, les podiums des maisons ou elle travaille deviennent une plateforme de discussion permanente sur le féminisme et les arts.

Depuis 4 ans, elle enchaîne les best-sellers (les sacs Saddle Bag et Book Tote, les souliers J’Adior, sa réinterprétation de la veste Bar) et ses défilés sont d’efficaces porte-voix d’un féminisme militant.  Il faut « dire aux femmes qu’elles sont libres » affirme-t-elle,« je dispose d’une tribune incroyable pour donner la parole à d’autres femmes et soutenir certains projets ».

Sous la direction de Maria Grazia Chiuri, Dior a créé divers vêtements revendiquant le féminisme. Maria Grazia s’inspire des femmes artistes.

Lors de la Paris Fashion Week en janvier 2020, elle s’associe par exemple à l’artiste américaine Judy Chicago, connue pour son engagement féministe. Le défilé a lieu dans le corps géant gonflable de la déesse Athéna. A l’intérieur, on y découvre des étendards brodés de questions « Et si les femmes dirigeaient le monde ? Dieu serait-il féminin ? Les immeubles ressembleraient-ils à des utérus ? »

Un défilé qui se veut féministe jusqu’au bout : en effet, en Inde, les étudiantes qui ont travaillé sur la broderie ont dû aller à l’encontre des conventions sociales, car là-bas, traditionnellement, ce sont les hommes les brodeurs. Les femmes ne sont pas censées gagner de l’argent ni être indépendantes.

La créatrice du fameux slogan Dior « We should all be feminist » cherche ainsi une nouvelle façon de faire émerger le récit d’une puissante affirmation de soi.

Par Dress Code