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Réaliser son projet, créer, innover grâce à la Makers’ Factory

Par Marie Perney

Qu’est-ce qu’un makers’ project ? En quoi reflète-t-il la pédagogie « early maker » d’emlyon ? Alexandra Diaferia, responsable de la Makers’ Factory d’emlyon, répond à toutes ces questions en partageant avec nous sa vision du makers’project. Apprendre en faisant, sortir de sa zone de confort, rebondir face à l’échec, tels sont les mots-clés de ces projets typiques d’emlyon.

Bonjour Madame Diaferia, pouvez-vous commencer par vous présenter ? 

Je suis Alexandra Diaferia, responsable de la Makers’ Factory depuis presque deux ans. J’ai un parcours atypique à emlyon, puisque cela fait une vingtaine d’années que j’y travaille. J’ai d’abord travaillé au sein de la faculté pendant une dizaine d’années. Je suis ensuite partie travailler au Learning Lab (ndlr. espace collaboratif d’expérimentation et d’innovation sur les nouvelles formes d’apprentissage d’emlyon), dans le cadre de l’alliance science et business, dont l’objectif était de repenser la pédagogie avec les espaces de notre école. Ensuite, je suis devenue ingénieure pédagogique, puis j’ai pris en charge le service de la Makers’ Factory. 

Pouvez-vous décrire dans les grandes lignes la Makers’ Factory et son rôle à emlyon ? 

La Makers’ Factory est un service qui est là pour accompagner les étudiants dans la structuration d’un projet, et surtout pour leur faire prendre conscience que l’on apprend certes beaucoup en salle de cours – la partie théorique est très importante -, mais que l’on apprend également en faisant. Le principe de la Makers’ Factory correspond donc exactement à l’esprit et l’ADN early maker : on apprend en faisant, on se trompe parfois, on prend du recul pour essayer de moins se tromper la prochaine fois. La Makers’ Factory est cet apprentissage par l’expérience qui passe par la gestion de projet. Nous ne nous bornons pas à une étude de cas comme vous pouvez le faire dans un cours classique, nous mettons véritablement l’accent sur l’action. Vous allez mettre à profit, dans votre projet, ce que vous allez apprendre en salle de cours, mais vous ne verrez pas en cours certains aspects que vous allez découvrir grâce à votre projet. Finalement, un makers’ project permet d’acquérir des compétences par l’expérience ; d’être un early maker. 

Selon vous, qu’est-ce qu’un makers’ project réussi ? 

Nous avons de la chance car nous avons beaucoup de makers’ project réussis. Un makers’ project réussi suit d’abord une véritable logique de projet, c’est-à-dire qu’il part d’une idée, d’une mise en œuvre, d’un groupe. Nous demandons toujours que ce projet soit concret, et, dans l’idéal, qu’il ait un impact, soit en générant de la valeur financière, soit en générant de la valeur sociale. 

Mais un projet réussi peut également être un makers’ project qui ne va pas se concrétiser parce qu’il est confronté à de nombreuses contraintes. Pour vous donner un exemple, nous avons beaucoup de makers’ projects superbes en ce moment, mais qui sont malheureusement arrêtés à cause du confinement, car ils ont une partie événementielle. L’idée est que ces étudiants soient malgré tout en mesure de nous fournir un travail pour ne pas être pénalisés. Pour ce faire, nous leur demandons de nous fournir un cahier des charges très précis, comme s’ils devaient transmettre le projet à un autre groupe qui mettrait en place cet événement. Le travail qui est fait dans ce sens est remarquable ! Un makers’ project réussi n’a donc pas nécessairement la finalité d’être réalisé comme les étudiants l’avaient imaginé. Mais c’est en tout cas un projet qui est réfléchi, travaillé, de qualité, et qui nécessite beaucoup d’investissement et de passion.

Avez-vous en tête deux ou trois exemples de projets qui ont eu un grand impact et marqué les esprits ? 

Vous pourrez voir sur mon LinkedIn que, généralement, pour les projets qui ont un impact, je fais toujours un petit post pour mettre en valeur les étudiants, au même titre que leur travail (cf fin de l’article). Ce qui est intéressant, c’est que nous avons des projets divers et variés. Nous avons eu un joli projet sur le château de l’Islette : un groupe d’étudiants avait travaillé sur l’ensemble d’un plan de communication pour redynamiser les visites de ce château. Nous avons également de beaux projets d’entrepreneuriat, avec des étudiants qui arrivent en étant déjà avancés sur une idée de création d’entreprise. J’ai aussi en tête des étudiants qui sont en train de recréer des trente-trois tours, et d’y graver la playlist des promotions étudiantes. Cela permet de créer du lien avec les alumnis, le tout avec un côté un peu vintage que j’apprécie. Dernièrement, nous avons eu un makers’ project qui n’a pas abouti, mais qui est juste fantastique. Un groupe d’étudiants voulait donner des cours de théâtre d’improvisation à des lycéens et organiser, à la fin, un gala. Ils n’ont malheureusement pas pu aller jusqu’à la réalisation finale, mais ils nous ont rendu un cahier des charges magnifique où toutes les séances d’improvisation étaient décrites et détaillées ; aussi, si un jour il fallait les organiser, ce serait clé en main pour que les successeurs prennent la relève. 

Je trouve que nous avons beaucoup de chance, à emlyon, car nous avons des étudiants très créatifs et innovants. La genèse de la Makers’ Factory, c’est aussi de laisser les étudiants travailler sur un projet parce qu’ils en ont envie, parce qu’ils ont cette passion, ce projet professionnel. L’idée, c’est que les étudiants se fassent plaisir. Et même si c’est un sujet qui passionne, on rencontre parfois beaucoup de difficultés. 

Ces difficultés permettent justement d’acquérir des compétences. Quelles sont celles que vous cherchez à transmettre à travers ces makers’ projects ? 

Nous sommes partis des huit grandes compétences early makers – comme la capacité à relier les mondes ou la capacité à passer rapidement à l’acte par exemple – et les avons déclinées en soft skills. Les étudiants peuvent donc sélectionner leurs compétences parmi les 75 proposées. Le makers’ project est avant tout une évaluation individuelle. En effet, bien que la dimension collective soit importante, l’objectif reste d’apprendre sur soi, se construire soi-même. Ainsi, lorsqu’ils démarrent leur makers’ project, les étudiants doivent choisir à titre personnel entre trois et cinq compétences qu’ils souhaitent développer, ou qu’ils pensent développer. Et, tout au long du makers’ project, ils vont tenir un journal de bord personnel afin de prendre du recul dès qu’ils réalisent une action marquante. À l’issue du projet, ils nous rendent un plan individuel de développement, dont l’objectif est de faire un véritable bilan rétrospectif : « je pensais que j’allais développer cette compétence dans mon projet, mais finalement, je ne l’ai pas du tout développée car je n’ai pas eu un rôle qui m’a permis de le faire. En revanche, j’ai développé cette compétence. » 

Finalement, je n’ai pas d’attente particulière sur une ou deux compétences, ce n’est pas ce qui m’intéresse, mais plutôt ce que l’étudiant en retire à titre personnel. Parfois, nous avons des étudiants timides qui ont décidé d’endosser le rôle de chef de projet, qui n’est pas un rôle facile. Ce n’est peut-être pas une des compétences référencées, mais je trouve cette attitude formidable. Se servir d’une faiblesse, d’une difficulté, sortir de sa zone de confort : ça, c’est une vraie compétence ! 

Un makers’ project qui échoue, ce n’est pas grave. L’essentiel est de savoir prendre du recul.

Le fait de sortir de sa zone de confort est d’ailleurs très connu pour être au coeur de la philosophie « early maker » d’emlyon, avec sa pédagogie par l’action. Diriez-vous que la Makers’ Factory a également pour objectif la transmission des valeurs de l’école auprès de ses étudiants ? 

Evidemment, certaines valeurs de l’école sont transmises, comme la pédagogie. Une autre des valeurs de l’école, c’est aussi entreprendre : entreprendre au sens de création d’entreprise, mais aussi entreprendre au sens plus simple : faire quelque chose avec sa tête et ses mains ; quelque chose qui nous plaît. C’est une valeur pédagogique, d’éducation. 

Accepter l’échec en est une autre. Un makers’ project qui échoue, ce n’est pas grave. L’essentiel est de savoir prendre du recul. On vous demandera toute votre vie de prendre du recul sur ce que vous faites. Vous le ferez à titre personnel, mais vous le ferez à titre professionnel aussi. Il vous arrivera de ne pas avoir rendu quelque chose de correct à un manager, ou lorsque vous serez vous-mêmes manager, d’accepter que, parfois, tout n’est pas parfait. Mais le plus important est de prendre du recul face à cela : accompagner ses équipes et ses collaborateurs et tirer des leçons de l’échec. Ce sont des valeurs portées par l’école, mais aussi, je pense, des valeurs propres à chacun, des valeurs de société. 

Finalement, en quoi diriez-vous que la Makers’ Factory est un atout pour emlyon, un moyen de se distinguer des autres écoles ? 

Je vais prêcher pour ma paroisse, mais je suis réellement convaincue de l’intérêt de la Makers’ Factory. Je pense que c’est un véritable atout, un véritable élément de différenciation pour emlyon. Certes, d’autres écoles ont aussi des services prônant la pédagogie par l’action. Mais je pense que, pour emlyon, et même pour les étudiants, la Makers’ Factory a une exigence particulière : tous les projets ne sont pas acceptés, nous les pré-qualifions, nous attendons beaucoup de nos étudiants en termes de capacité de travail, mais surtout en termes d’impact. Même si, parfois, les étudiants sont frustrés quand leur projet n’est pas accepté, je pense que l’exigence qui est la nôtre est une valeur ajoutée. En effet, ce service exigeant qui n’accepte pas tout et n’importe quoi qu’est la Makers’ Factory va vous pousser dans vos retranchements. C’est donc à mon sens un élément de différenciation des autres écoles, et une vraie valeur ajoutée pour vous car cela vous professionnalise. Nous avons beaucoup d’étudiants qui se confrontent au terrain pour la première fois : certains n’ont pas d’expérience professionnelle avant de commencer leur makers’ project par exemple. Ils vont se confronter à la réalité, et je vous assure que ce n’est pas toujours facile d’aller vendre son projet pour essayer de se faire sponsoriser ; encore une fois, quand je dis “vendre”, cela ne se limite pas à une notion financière. En effet, on peut aimer ce que l’on fait et trouver son projet superbe sans savoir le vendre, l’expliquer, le proposer. Il faut quelque chose de calibré, de sérieux. Je suis, en tout cas, convaincue que notre service est une valeur ajoutée et c’est pour cette raison que je me lève tous les matins. » 

Quelques exemples de makers’ projects des étudiants d’emlyon, que vous pourrez retrouver sur le LinkedIn d’Alexandra Diaferia : 
  • Un développement de partenariats du Tennis Club Ecully, par Mathilde Chung, Laurina Clerc, Candice Didion, Attilio Lemoues, Antoine Larcher et Alexandre Maurent 
  • Une élaboration d’un plan de communication visant à promouvoir l’application « mon coach aidant » à destination de personnes atteintes de maladies neurodégénératives, par Léa Soldaïni et Mona Sauvage 
  • L’organisation d’une journée à Marseille pour les lycéens de la Matinière Duchère avec pour objectifs l’égalité des chances, l’environnement, ou encore la culture, par Abdelhakim Bouydraren, Caroline Juillet, Sarah Mehilli, Arbnor Abyli et Sofia Boufraïne 
  • Un projet qui s’est terminé en Tanzanie avec, entre autres, la construction de nouvelles salles de classe, par Roméo Poncet Labouche, Mathieu Charret, Sarah Perret-Bagur, et Lucie Huertas 

..et bien d’autres encore !