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MISI Togo – Mai 2021

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous investir dans cette MISI ?

Périne : Personnellement, je me suis toujours engagée dans de l’associatif pour aider des personnes dans le besoin. Je me considère comme une personne privilégiée, et il me semble essentiel de donner de son temps pour celles et ceux qui, justement, ne le sont pas. Avoir la possibilité de pouvoir le faire dans le cadre d’une mission, qui plus est, au Togo, m’a d’autant plus attirée et cela, pour deux raisons. La première, la mission était tournée vers l’éducation, cause à laquelle je suis sensible, en effet, j’estime que l’accès à l’éducation est un droit fondamental et essentiel à la réduction de la pauvreté. La deuxième raison : c’était l’occasion d’avoir une première expérience internationale de ce type pour m’immerger dans une culture extrêmement différente de la mienne. Cela me permettrait de relativiser ma propre culture et d’ouvrir des perspectives sur ma place dans le monde.

Gaëtan :La première de mes motivations est la volonté de réaliser une mission solidaire au moins une fois dans ma vie afin d’aider une population qui n’a pas encore accès à un besoin essentiel : l’éducation.

Ma deuxième motivation était le continent africain. C’est un continent plein de richesses, une culture qui cultive la simplicité de vie et de la joie, un continent que j’admire et que j’ai envie de découvrir. 

Ma troisième motivation était de remettre en question toutes mes perspectives de vie en découvrant et en apprenant aux côtés d’une culture qui perçoit les choses différemment. Que ce soit leur rapport au bonheur, à la satisfaction, à l’accomplissement personnel, ou encore leur environnement de vie, leur alimentation et leurs besoins primaires. Je voulais me mettre dans une difficulté situationnelle pour expérimenter ce retour aux sources de l’être humain et de moi-même.

Finalement, c’est simplement de la curiosité et une envie de découvrir dans un but d’enrichissement personnel, au sein d’un groupe, parce que j’ai partagé cette MISI avec des personnes incroyables.

Mélanie : La curiosité, l’envie de sortir du monde occidental, l’envie de voir comment on peut aider à notre petite échelle.

Maëlys : S’engager et porter un projet qui a du sens et qui est durable, partager cette expérience en équipe, découvrir de manière authentique une culture.

Quelles étaient les missions prévues sur place ?

Périne : Nous devions aider à la construction d’une salle de classe, la salle de classe de CE1 précisément, qui faisait partie de la mission de construction d’une école que Soli poursuit d’année en année. Concrètement, nous devions surtout aider pour le remblayage, qui consiste à remplir la salle de terre pour obtenir un niveau surélevé et homogène sur lequel couler le béton ensuite. Pour cela, nous devions creuser une fosse pour en extraire la terre, que nous transportions dans des sacs acheminés par une chaîne jusqu’à la salle de classe où nous les déversions. Nous avons aussi effectué le ponçage des murs, et l’ensemble de la peinture intérieure et extérieure de la salle de classe.

Gaëtan :

Concrètement, la mission s’est arrêtée à la construction de la salle de classe et à l’inauguration de celle-ci, mais je pense qu’une des missions complémentaires a aussi été de démystifier l’image de l’homme occidental auprès des populations locales et des enfants surtout.

Comment avez-vous organisé la MISI en amont ?

Périne : On s’est réparti les rôles l’image de l’organisaition d’une association :  secrétaire général, trésorier, responsable communication, etc, chacun.e avait un rôle bien défini. L’équipe a été constituée fin novembre, et on s’est rapidement mis au boulot. On a tout de suite lancé notre campagne de crowdfunding, et on a contacté des magasins pour faire des papiers cadeaux chez eux sur le mois de décembre. On a été acceptés au King Jouet de Cordeliers, et on a récolté 3 500€ en un mois ! A partir de janvier, comme on avait bien avancé sur la récolte de fonds, on a commencé à organiser la logistique : les vaccins, les visas, les billets d’avions… Mi-février on avait fait nos vaccins, fin février on avait réservé nos billets, fin mars on avait nos visas.

Gaëtan : Pour organiser la MISI, cela se décompose en 2 temps.

Il y a d’abord eu la récolte des fonds qui s’élevait à un petit peu plus de 7000€, grâce aux emballages cadeaux mais aussi avec une cagnotte en ligne, une tombola et via les paris sportifs. Finalement, nous avons pu récolter la totalité des fonds et même un peu plus, bien avant la mission.

Bien sûr, tout cela s’est accompagné d’une communication sur les réseaux au sujet de notre projet/mission afin de faire grandir la cagnotte et faire voir l’avancée de notre projet aux étudiants et aux donateurs.

Comment la covid-19 a-t-elle changé la MISI ?

Périne : Ce n’était pas l’aspect le plus sympathique du projet. Tout au long de l’organisation en amont du projet, on avait comme une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes : on n’avait absolument pas la certitude de pouvoir partir en mission. Cela a ajouté une charge de travail à l’équipe logistique qui s’occupait de suivre régulièrement les évolutions des conditions de voyage. Pour 16 personnes d’entre nous, on a dû faire plus de démarches administratives : la preuve d’un test PCR négatif de moins de 72h et la preuve du paiement pour le test PCR à l’arrivée au Togo, l’attestation internationale de déplacement, la preuve par une lettre d’invitation de notre asso partenaire du motif de notre déplacement… Bref, une belle galère. Cela nous a aussi coûté 120€ de plus en test PCR effectués au Togo et non remboursés là-bas.

Gaëtan : La crise sanitaire n’a pas eu d’impact direct sur la réalisation de la la MISI puisque la salle de classe a été construite et l’aurait été de toutes manières. Elle a davantage touché l’organisation en amont. C’était surtout de l’incertitude lié au fait de partir ou pas. Personne n’était sûr de rien concernant notre départ jusqu’à ce que l’avion décolle. Il fallait suivre un protocole Covid rigoureux avec test avant le départ et test à l’arrivée.

Mélanie : Il était plus difficile de connaître les démarches de sortie et d’entrée de territoire, avec une réelle incertitude quant à la possibilité de partir ! Cela nous a conduit à engager plus de dépenses dans les vaccins.

Maëlys : Nous avons eu de la chance pour ce qui est de l’impact de la covid-19 sur notre mission : hormis le test PCR nécessaire pour voyager, nous n’avons pas eu trop de contraintes. Nous habitions dans un village un peu reculé, autant dire que le port du masque n’était pas de rigueur !

Quelles étaient les conditions de vie sur place ?

Périne : Les conditions de vie de la mission Togo sont parmi les plus précaires. Ni eau courante, ni électricité, nous dormions dans des tentes, sur le terrain du secrétaire général du village. Nous nous lavions avec des seaux d’eau que nous allions remplir à l’unique puits du village. Les toilettes étaient une simple dalle de béton avec un trou au centre et quatre palissades de bambou autour. L’odeur était donc assez nauséabonde.

Nous vivions aussi avec très peu d’intimité, à 16 en permanence sur le même camp.

Nous mangions bien cependant, et à notre faim, même si nous avions seulement deux réchauds pour faire la cuisine pour une bonne vingtaine de personnes à chaque fois.

Gaëtan : Les conditions de vie étaient très correctes. Nous savions que nous allions faire face à un dépaysement et à un challenge, mais les membres de l’association partenaire ont tout fait pour nous mettre dans les meilleures conditions possibles. Les villageois ont été extrêmement bienveillants envers nous, ils ont respecté notre présence, ont partagé leurs espaces avec nous, leur eau, et nous ont fait découvrir leur culture locale donc on a su être mis à l’aise.

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Nous avions facilement accès aux besoins primaires d’hygiène, avec une douche par jour et des toilettes, quand bien même il s’agissait du modèle local avec un seau d’eau pour la douche et un trou dans le sol pour les toilettes.

Nous avions droit à 3 repas par jour. Certes cela n’était pas des plus diversifié, le manque de protéine s’est fait ressentir sur les corps, mais nous avons toujours eu de quoi manger et à notre faim. Nous dormions en tente, ce qui était très bien, les températures extérieures étaient propices à ce genre de condition et cela s’est très bien passé.

Mélanie : Les conditions étaient plutôt sommaires : nous vivions dans des tentes, sans eau courante ni électricité, mais elles étaient largement suffisantes ! Je n’ai pas ressenti de manque particulier durant la mission.

Maëlys : Sur place nous dormions dans des tentes que nous avions apportées, sur le terrain de Monsieur Paul. Les toilettes se résumaient à un trou au fond du terrain, avec des palissades pour ne pas être au vu et au su de tous. Pour la douche, nous allions chercher l’eau au puits situé à 5 minutes à pied à l’aller, un peu plus au retour et nous utilisions un gobelet.

Décrivez-nous une journée type de votre mission

Maëlys : Lever à 6h, une partie de l’équipe part chercher de l’eau et c’est l’heure du petit déjeuner, puis départ au chantier tant qu’il fait « frais ». Après quelques heures de chantier, nous rentrons au camp, l’équipe cuisine se charge du repas pendant que les autres se reposent ou jouent aux cartes (beaucoup de parties de tarot et de belottes !). Après avoir mangé, petit temps de sieste, la chaleur étant de plus en plus pesante. Retour sur le chantier vers 15h, jusqu’à la tombée de la nuit 2/3 heures plus tard. Le soir nous allons à tour de rôle nous doucher (après être allés chercher notre seau d’eau au puits). Après le repas, nous discutions ou chantions avec les bénévoles togolais.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?

Périne : Le rythme de vie n’a rien à voir, mais vraiment rien. Ici en France, encore plus à Paris, on court sans cesse, on court partout, on passe notre vie à 100 à l’heure et on a toujours l’impression de manquer de temps. Là-bas, on peut passer 2 heures à ne rien faire. Mais littéralement à ne rien faire. A attendre, à profiter. Là-bas, on s’adapte au rythme lent de la terre… Et bon dieu, qu’est-ce que ça fait du bien !

Gaëtan : La simplicité de la vie des populations locales. La vie n’y est pas facile, bien au contraire, mais elle est d’une simplicité incroyable, et dans le bon sens du terme.

Ce qui m’a vraiment le plus marqué c’est ce fonctionnement au jour le jour. Le jour se lève, on nourrit les animaux, on part à la cueillette quotidienne des mangues, des melons et autres fruits, les hommes vont travailler la terre pour le maïs. Ils cuisinent ce qu’ils ont cueilli et  récolté, ils vont chercher l’eau pour étancher leur soif et voilà.

Leur vie est simple et paisible, certes ils sont pauvres, et je pense qu’ils préfèreraient être plus riches, mais leur vie les contente, c’est l’image qu’ils renvoyaient en tout cas. Ils sont heureux comme cela, ils font le marché pour leurs besoins supplémentaires, mais en termes d’alimentation, ils sont quasi-autosuffisants et donc ils ne vendent pas pour vivre, ils vendent pour un tout petit peu plus de « confort ».

C’est cette simplicité de vie qui m’a le plus marqué, de se soucier de ce que l’on fait aujourd’hui, mais d’abord pour aujourd’hui avant demain. C’est un retour à la source de l’être humain que l’on contemple et partage pendant un court instant.

Mélanie : L’état d’esprit, le rapport au temps, à la productivité et à la pression totalement différent du nôtre.  Ils ont moins que nous matériellement parlant, moins de confort, moins de soins et pourtant, ils sont plus heureux que nous !

Maëlys : La chaleur ! Plus sérieusement, je dirais l’accueil des villageois, qui, même si la communication était réduite à des regards ou des sourires, nous ont accueillis chaleureusement, toujours prêts à nous aider à retrouver le chemin du puits !

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait participer à cette MISI ?

Périne : Mon conseil, surtout une fois sur place, est d’aller chercher la différence. Presque tout là-bas est différent. Il faut recevoir 100% de ce qu’on vit là-bas, plutôt qu’être rebuté.e par certaines choses parce qu’on n’a pas l’habitude, ou qu’il nous manque tel ou tel élément de confort. Là-bas, c’est comme ça. Par exemple, monter à 20 dans un bus fait pour 10 où les portes ferment difficilement et où tu peux voir la route par le sol car il y a des trous, le chauffeur conduisant comme dans Mario Kart et avec des secousses te faisant te cogner un peu partout, en croisant un boa au passage sur la route, ça n’arrive pas en France. Mais ici, ça arrive. Il faut vraiment être dans une posture d’acceptation voire d’émerveillement face à tout ce qu’on vit, c’est aussi important pour soi pour profiter que par respect pour toutes les personnes que l’on rencontre là-bas. Finalement, sortir de sa zone de confort – vraiment, faire l’effort d’en sortir- doit être une motivation première pour participer à cette MISI.

Gaëtan : Je ne sais pas tellement quels conseils donner. Il faut s’attendre à découvrir et vivre autre chose, quelque chose que l’on ne vivra sans doute qu’une seule fois dans sa vie et qui nous changera à vie. Il faut accepter de se mettre dans la difficulté pour en tirer les meilleures choses.

Je leur conseillerais cependant de vraiment s’éloigner des réseaux, de poser leur téléphone portable et juste de profiter, de savourer chaque instant, de contempler la beauté des paysages, la simplicité de la vie, le calme … absolument tout. De passer outre la difficulté du climat, de la nourriture, des réactions du corps face à ce qu’il n’a pas l’habitude d’endurer et juste de prendre les moments qui se présentent à soi.

Mon second conseil serait de lever absolument tous les préjugés que l’on peut se faire sur la vie sur place et de prendre les choses comme elles viennent une fois sur place. Pour que l’on soit surpris, subjugués, effrayés parfois mais donc d’autant plus admiratif.

Je ne sais pas si c’est un conseil, mais il faut qu’ils aient la motivation d’aider, d’aider un peuple dans le besoin, d’aider les enfants à accéder au bien qui leur est le plus précieux : l’éducation.

Mélanie : Lâchez prise quand vous êtes sur place, immergez-vous totalement dans l’expérience, le reste attendra plus tard !

Et aussi, rincez bien les pâtes avant de les préparer sinon vous mangerez des pâtes aux moucherons !

Maëlys : C’est une super expérience, mais il faut être prêt à laisser un peu de côté son confort et ses habitudes, se remettre en question aussi. D’une manière pratico-pratique : ne pas oublierpas crème solaire, lampe frontale et beaucoup de smecta !

Une anecdote à nous raconter ?

Gaëtan : Je suis obligé de raconter celle-ci : ma rencontre avec le Mamba noir !

Lors d’une pause à midi, en rentrant du chantier, je discutais avec Paul (un ami de la MISI) des animaux que nous aimerions voir durant notre séjour, ma réponse était un serpent.

Vers 14H, alors que pratiquement tout le monde se reposait du fait d’un soleil de plomb, je me dirige vers les toilettes, et lorsque je déplace la palissade qui sert de porte, je tombe nez-à-nez avec un serpent sur la plaque d’acier qui recouvre le trou. Il me fixe droit dans les yeux et ouvre sa gueule noire en grand devant moi.

J’appelle donc Paul immédiatement pour qu’il vienne voir, mais Ass, le président de l’association Djidjole Afrique ainsi que Mariam, la trésorière, sont les plus réactifs et courent vers moi pour voir de quel serpent il s’agit, c’est là qu’on me dit qu’il vaut mieux que tout le monde s’écarte, le serpent est venimeux et tue un être humain en moins d’une heure après injection du venin : le Mamba noir.

Le serpent se cache sous la dalle de béton qui recouvre le trou des toilettes, c’est alors que le maçon du village ainsi que quelques villageois partent à sa chasse en cassant la dalle des toilettes pour le retrouver.

Après une heure, toujours rien, cependant un lézard sort du trou et tout le monde pense que je me suis trompé et qu’il ne s’agissait que d’un lézard

Persuadé de ce que j’ai vu, je reste devant la dalle de béton à jeter des cailloux jusqu’à ce que le serpent sorte de sa cachette. Et ce n’est qu’une demi-heure plus tard qu’il montre le bout de son nez, j’appelle donc le maçon qui l’assomme et le tue avec un coup de bûche sur la tête et des coups de machettes.

Voilà c’était l’histoire de ma rencontre avec le Mamba.