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À la découverte d’événements : Les Plumes du Lyon

Les Plumes du Lyon est un nouvel événement organisé par l’initiative étudiante Libr’Air cette année. Il s’est déroulé du lundi 23 novembre au samedi 28 novembre. Son but ? Faire découvrir à ses participants la richesse du patrimoine littéraire lyonnais le temps d’une semaine. Si initialement Les Plumes du Lyon étaient pensées comme un salon physique, ses courageux organisateurs ont su l’adapter en un format digital pour se plier aux contraintes sanitaires.

Rencontre avec Andréa Laporte, la responsable de l’événement.

Bonjour Andréa, pour commencer, peux-tu nous présenter l’événement ?

Nous avions pour ambition de créer le plus gros événement récurrent de l’initiative étudiante Libr’Air. Notre but était qu’il s’adresse aussi bien aux étudiants d’emlyon business school qu’aux personnes extérieures à l’école. Nous  proposions déjà un certain nombre d’événements comme les Book’Ing, les Cuba Libr’Air ou le concours d’écriture “Les Folles Fictions”, mais ils étaient strictement limités à l’école.

Initialement nous souhaitions mettre en place un salon du livre ouvert à tous, afin de prendre de l’ampleur en tant qu’initative étudiante et se faire connaître en dehors des frontières de l’école. Le format était donc originellement plus ambitieux. Nous comptions recevoir des invités, organiser des conférences et des dédicaces. Le but était de mettre en lumière la chaîne du livre lyonnaise et les auteurs locaux. Nous cherchions à faire découvrir la richesse de la littérature de Lyon et s’ouvrir pour cela à tous ses habitants.

En parlant de la richesse du vivier littéraire lyonnais, peux-tu nous décrire les invités les plus célèbres ? 

Il faut savoir que nous avons dû remanier toute notre programmation en passant au distanciel. Pour certains invités, il était impossible de participer à notre événement au format digital. Ils pouvaient soit ne pas être à l’aise avec cette nouvelle configuration, soit la trouver moins intéressante, puisqu’il n’y aurait pas eu de ventes de livres. Finalement, entre notre programmation initiale et notre programmation définitive il n’y avait qu’un invité en commun.

Il s’agissait du duo de youtuber qui s’appelle « Le Mock » . Ils proposent de la vulgarisation littéraire et ont actuellement plus de 70 000 abonnés. Ils avaient déjà réalisé une collaboration avec Arte et étaient très enthousiastes à l’idée de participer aux Plumes du Lyon. Je pense que leur notoriété nous a beaucoup apporté. Nous avions aussi reçu Victor Fleury des Éditions Bragelonne qui gagne en popularité dernièrement. Il a attiré beaucoup de monde lors de sa conférence. Enfin, nous avions pu accueillir Pierre Léauté qui est intervenu sur le thème de l’uchronie, un sujet qui a visiblement beaucoup plu. Si j’ai évoqué les invités les plus célèbres, nous avions en tout sept intervenants d’une très grande qualité tout au long de la semaine.

À part ce bouleversement de programmation, le passage au distanciel a-t-il eu impact important ?

Oui, énormément. Il a fallu changer totalement le visage de l’événement. Initialement, nous l’avions imaginé comme un salon assez classique. Nous prévoyions un stand par auteur ou par maison d’édition pour que les participants puissent aller les rencontrer, discuter avec eux et faire dédicacer leurs livres. En parallèle, il y aurait eu des conférences comme celles que nous avons tenues lors de  l’événement en ligne, avec des sessions de questions/réponses à la fin. Enfin, nous voulions mettre en place des tables rondes et ateliers en petit comité pour pouvoir approfondir les échanges entre les auteurs et le public.

Ce bouleversement soudain a représenté beaucoup de stress. Il a fallu réagir très souvent dans l’urgence. Nous  portions ce projet depuis plus d’un an et demi et nous avions déjà eu quelques tourments. Par exemple, une salle que nous avions réservée s’est avérée trop petite. Il a donc fallu en réserver une autre. Nous avons même dû reporter l’événement en 2019. Finalement, nous avions dépensé beaucoup d’énergie en vain, notamment en septembre et il aurait été vraiment dommage de ne rien concrétiser. En deux ou trois semaines, nous avons repensé tout l’événement pour le passer en digital, donc de nombreuses choses ont dû être modifiées. On a dû annuler le buffet, la salle, les stands etc. et, en parallèle, de nouveaux problèmes se sont présentés comme le choix de la plateforme (Zoom, Facebook, YouTube…).

Malgré tout, le  principal défi a été la communication qu’il a fallu revoir entièrement. Au départ, nous prévoyions une communication assez locale, et surtout physique, avec des affiches et flyers. Tout cela n’a évidemment pas pu être fait. Si nous avons subi beaucoup de stress et de frustration, nous sommes tout de même très fiers du résultat. Tous ces efforts en valaient la peine, sans aucun doute.

Tu disais qu’il avait fallu tout revoir pour passer au digital, quelles adaptations avez-vous fait pour rendre l’événement tout de même interactif ?

Tout d’abord, je tiens à remercier la Corpo [NDLR: corporation des étudiants] qui nous a été d’une grande aide. Notre responsable Corpo, Nicolas, s’est montré très disponible et à l’écoute. Il nous a répondu à chaque fois  pour confirmer la faisabilité de nos idées et leur intérêt. Ensuite, pour engager le public, nous avons proposé des jeux concours durant lesquels deux livres par jour étaient à gagner. Ces jeux ont pu compenser l’impossibilité de vendre des ouvrages et permettre aux participants de tenter de remporter les œuvres des intervenants dont ils ont apprécié la conférence. Ainsi, le public pouvait se faire un avis sur l’auteur et ses écrits durant son intervention, puis participer à notre concours ou se renseigner en librairie pour acquérir ses livres.

Nous avons également compté sur la communication des intervenants. Par exemple, nous avons demandé au « Mock » de faire la promotion de l’événement de leur côté. Cette stratégie a porté ses fruits puisque ce sont eux qui ont attiré le plus de monde.

Ensuite, le bouche à oreille a été primordial. Les intervenants ont pu inviter leur famille ou leurs amis, que ce soit d’emlyon business school ou non. Finalement, nous avons réussi à avoir plus de 500 participants sur la page Facebook. Notre nouvelle communication a donc été assez efficace.

As-tu le sentiment que le côté interactif avec les auteurs s’est malgré tout perdu dans le format digital ?

À mon avis, cela dépend vraiment des gens. Pour certains, le format digital est trop rebutant. Ne pas avoir leur interlocuteur en face d’eux et ne pas pouvoir profiter d’un vrai contact physique ôte beaucoup de charme à l’événement. Tandis que pour d’autres, cette disposition a été un avantage dans le sens où cela leur permettait de surmonter leur timidité. Le digital a pu lever un blocage. Pouvoir écrire ses questions plutôt que de prendre la parole devant une foule en a rassuré certains. À mon avis les deux formats peuvent plaire à des types différents de personnes. Néanmoins, la littérature attire souvent un public plus âgé et moins à l’aise avec le digital. Le format physique fédère donc davantage notre public cible. Par conséquent, c’est celui-ci que nous préférons.

Peux-tu évoquer les moments les plus marquants de l’événement ?

Je ne crois pas que certains moments aient été plus importants que d’autres. Nous avons eu un nombre relativement constant de viewer tout au long de la semaine, sauf peut-être un petit désengagement vers la fin, mais cela est absolument normal. La durée d’une semaine était probablement trop longue, surtout que les horaires des derniers jours n’étaient pas adéquats pour tout le monde. Il ne me semble donc pas qu’il y ait eu de moments plus marquants que d’autres, d’autant que les thèmes des conférences étaient tellement éclectiques que tout le monde a pu y trouver son compte. Chacun a sa conférence favorite. Tous nos intervenants étaient vraiment de qualité. On a eu de très bons retours sur chaque conférence. L’événement dans son ensemble a intéressé beaucoup de monde et c’est le principal !

Donc malgré les difficultés de dernière minute et l’adaptation forcée, vous considérez avoir rempli tous vos objectifs ?

Absolument, nous sommes très satisfaits du résultat. Jusqu’à la dernière minute rien n’était certain. Comme je le disais, nous n’étions même pas sûrs de pouvoir le faire. Sa réalisation a été un grand soulagement. D’autant plus que cet événement nous tient à cœur depuis le premier mandat 2019 de Libr’Air. Selon moi, c’est aussi un succès dans le sens où, même si nous n’avons pas pu le réaliser en physique, nous avons largement préparé le terrain pour le futur mandat. Le démarchage de salle ou d’invités par exemple sont déjà réalisés. Nous espérons de tout cœur que l’événement pourra avoir lieu physiquement l’année prochaine. Nous espérons aussi qu’il puisse être encore meilleur et attirer davantage de monde. Il s’agira alors de la seconde édition des Plumes du Lyon, donc nous profiterons d’une crédibilité supplémentaire ! En continuant ainsi, nous avons pour objectif de nous ancrer dans le paysage culturel lyonnais et de  devenir un rendez-vous annuel attendu !

Tu disais que les prochains mandats auraient l’occasion de faire encore mieux. Quelles sont les pistes d’amélioration ?

Le premier point négatif que nous avons relevé est notre programmation, qui était exclusivement masculine. C’est particulièrement regrettable étant donné qu’initialement, nous avions une bonne mixité parmi nos invités. C’est un point d’amélioration primordial pour que tout le monde puisse se sentir représenté et y trouver son compte. Ensuite, nous aurions pu avoir des titres de conférence plus précis. Les nôtres étaient parfois trop vagues et n’attiraient donc pas forcément le public. Je prends par exemple la conférence intitulée « Bicyclettres ». Nous aurions pu l’appeler « Voyage et littérature » . De mon point de vue, la clé est d’être précis dans les titres pour attirer les passionnés, mais rester varié pour que le grand public y trouve son compte. Bien que nous ayons eu une affluence satisfaisante, il est possible de faire encore mieux durant les prochaines éditions en commençant par ces quelques points.

Veux-tu évoquer un dernier point ?

Tout ce qu’il me reste à dire c’est que, nous, le mandat 2020, sommes très fiers d’avoir pu mener ce projet au bout malgré les contrariétés. Maintenant qu’il est sur les rails, nous espérons vraiment que les prochains mandats pourront perpétuer cet événement et en faire quelque chose de récurrent et ancré dans le paysage associatif. C’est tout le mal que je leur souhaite !


Par Thomas Picchiarini